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Les travailleurs de Renault

21 décembre 2016, 13:42

Brahim E. avait été embauché en 2001, l’ingénieur avait connu une solide ascension jusqu’à devenir directeur de l’ingénierie de la marque au losange au Maroc, puis directeur programme adjoint de la région Europe sur les projets transverses. Évaluations au beau fixe, bonne progression de carrière : tout laissait penser que le cadre du Technocentre de Guyancourt (Yvelines) donnait pleine et entière satisfaction à Renault. Mais, fin septembre, le constructeur automobile réalise qu’une version du Dokker produite dans l’usine de Tanger n’est pas homologable. Dans le but de réaliser des économies, une serrure a été enlevée sur une porte, ce qui rend le véhicule non conforme. Une modification qui aurait été apportée sans être passée par l’étape d’homologation interne au groupe. Un système de baisse de coûts perpétuelle Le bilan économique pour le constructeur est lourd : 43 000 véhicules auraient été rappelés. En tant que directeur de l’ingénierie au Maroc, c’est Brahim E. qui est tenu responsable par Renault. Le 23 novembre, son employeur le convoque à un entretien préalable à sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Bouleversé par la procédure qu’il estime « totalement infondée, profondément injuste », explique la CFDT qui l’accompagnait à cet entretien, Brahim E. fait un malaise cardiaque et décède dans la nuit à l’hôpital. Il avait 44 ans et laisse derrière lui une femme et trois enfants. Depuis, Renault verrouille la communication sur cette affaire, que ce soit vis-à-vis de la presse ou de ses salariés. Jointe par téléphone, la direction s’est simplement dit « attristée et choquée » et annonce avoir mis en place « une cellule psychologique dès le lendemain du décès », jugeant en outre que le fait d’établir des liens entre l’organisation du travail et ce décès n’était « pas pertinent ». Pour le reste, Renault se retranche derrière l’enquête de police en cours. En interne, la direction a mis une semaine à communiquer, par le biais d’un mail particulièrement elliptique, dans lequel l’entretien est pudiquement renommé « entretien avec un représentant de l’établissement ». Mais le CHSCT s’étant autosaisi pour enquêter, le constructeur se retrouve néanmoins sommé de rendre des comptes à la commission ad hoc. Car derrière le cas de Brahim E, tout un système de baisse de coûts perpétuelle est en cause. « Un seul homme n’a pas pu faire de telles modifications sur un véhicule et décider d’outrepasser l’homologation. Il y a forcément d’autres personnes qui étaient au courant », souligne Dominique Perrot, délégué syndical CGT sur le site, pour qui Brahim a joué le rôle de « lampiste ». D’autant que la conception du Dokker avec une serrure en moins se serait étalée sur trois ans, avant d’arriver en production.

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