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Capitalismexit ? La loi du Capital est-elle une règle du passé ?

26 avril 2017, 07:51

Dans un autre pas vers la guerre commerciale mondiale, le Fonds monétaire international au cours du week-end est devenu la deuxième grande organisation économique mondiale à s’écarter de l’engagement à « résister à toutes les formes de protectionnisme ».

À la suite de la décision lors de la réunion du mois dernier des ministres des Finances du G20 de supprimer cette phrase de son communiqué, le FMI a adopté la même ligne de conduite lors de sa réunion de printemps à Washington. Dans les deux cas, l’engagement au « libre échange » a été supprimé à la suite de la pression exercée par le gouvernement Trump, conformément à sa politique de « l’Amérique d’abord ».

La déclaration publiée par le Comité monétaire et financier international du FMI (CMFI) affirme qu’elle cherchait à « promouvoir des règles de jeu équitables dans le commerce international », en supprimant le texte précédent.

Le président actuel du comité, Agustin Carstens, le gouverneur de la Banque du Mexique, a cherché à masquer l’importance de la décision en suggérant que le texte précédent avait été supprimé parce que « l’utilisation du mot protectionnisme est très ambiguë ».

En réalité, l’omission d’un désaveu du protectionnisme est une expression manifeste de tensions commerciales croissantes, fomentées avant tout par le gouvernement Trump.

Ces conflits ne pouvaient pas être complètement aplanis lors de la réunion. Dans sa déclaration au CMFI, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déclaré que l’Allemagne « s’engage à maintenir l’économie mondiale ouverte, à résister au protectionnisme et à maintenir la coopération économique et financière mondiale sur la bonne voie ».

Cette déclaration tranche nettement avec les remarques du secrétaire du Trésor américain Steven Mnuchin. Il a déclaré que les États-Unis « favoriseront une expansion du commerce avec les partenaires engagés dans la concurrence fondée sur le marché, tout en nous protégeant plus rigoureusement contre les pratiques commerciales déloyales ».

Son commentaire visait en particulier les deux principaux pays, la Chine et l’Allemagne, qui ont les excédents commerciaux les plus importants avec les États-Unis. Washington insiste sur le fait que l’économie chinoise n’est pas fondée sur le marché, tandis que les membres du gouvernement Trump ont affirmé que l’Allemagne bénéficie d’avantages injustes parce que la valeur de l’euro est inférieure à celle de l’ancienne monnaie, le deutschemark.

Sans nommer directement l’Allemagne, qui a enregistré un excédent commercial record l’année dernière, Mnuchin a déclaré que « les pays dotés d’importants excédents extérieurs et de finances publiques saines ont une responsabilité particulière pour contribuer à une économie mondiale plus solide. »

La décision du FMI de se plier à la pression des États-Unis est intervenue quelques jours seulement après que le gouvernement Trump a annoncé une initiative majeure visant à imposer des restrictions radicales sur les importations d’acier qui, si elles sont réalisées, auront des répercussions profondes sur le marché mondial de ce produit de base.

En vertu d’une loi peu utilisée datant de 1962, Trump a signé un décret qui lance une enquête sur l’effet des importations d’acier sur la sécurité nationale des États-Unis. Traitant cette décision comme « un jour historique pour l’Amérique », il a déclaré que l’acier était « essentiel pour notre économie et notre armée », et que ce n’était pas « un domaine où nous pouvons nous permettre de devenir dépendants de pays étrangers. »

L’invocation de la « sécurité nationale » est clairement liée à la volonté militariste du gouvernement. Mais l’utilisation de ce texte fait également partie d’une stratégie plus large sur le protectionnisme exposée devant le Congrès plus tôt cette année par deux membres du gouvernement de Trump : Wilbur Ross, secrétaire au commerce, et Peter Navarro, chef du Conseil national du commerce.

Elle s’appuie sur l’utilisation de précédentes lois américaines pour contourner les règles commerciales internationales mises en vigueur par l’Organisation mondiale du commerce, ce qui permet aux États-Unis d’imposer des mesures protectionnistes en toute impunité. Il est remarquable que dans leur contribution Ross et Navarro ont invoqué l’infâme loi Smoot-Hawley de 1930, largement reconnue comme responsable des conflits commerciaux des années 1930 qui ont contribué au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Dans un commentaire paru dans le Financial times sur cette dernière initiative de Trump, le chercheur Chad Brown de l’Institut Peterson et ancien conseiller économique du président Obama, a déclaré que citer la « sécurité nationale » pour justifier des restrictions sur les importations d’acier était synonyme d’engager « l’option nucléaire » sur le commerce.

« C’est une preuve de plus dans la tendance inquiétante où Trump semble vouloir essayer absolument toutes les possibilités offertes par la loi américaine pour arrêter le commerce », a-t-il déclaré.

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