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Que signifie l’adage : « Toute philosophie est fille de son temps. »

15 août 2020, 06:06, par philorévolutionnaire

Kant sur la française en 1798 :
« La révolution d’un peuple spirituellement riche, que nous avons vue se produire de nos jours, peut bien réussir ou échouer ; elle peut bien être remplie de misères et d’atrocités au point qu’un homme réfléchi, s’il pouvait, en l’entreprenant pour la seconde fois, espérer l’accomplir avec succès, ne se déci¬derait cependant jamais à tenter l’expérience à un tel prix ; cette révolution, dis-je, trouve cependant dans tous les es¬prits de tous les spectateurs (qui n’ont pas eux-mêmes été impliqués dans le jeu) une sympathie [c’est Kant qui souligne le mot Teilnehmung] au niveau de ses souhaits, qui confine à l’enthousiasme et dont l’extériorisation même comportait un danger, sympathie donc qui ne peut avoir d’autre cause qu’une disposition morale dans l’espèce humaine. »

Hegel :

« La pensée, le concept du droit se fit tout d’un coup valoir et le vieil édifice d’ini¬quité ne put lui résister. Dans la pensée du droit, on cons¬truisit donc alors une constitution, tout devant reposer dé¬sormais sur cette base. Depuis que le soleil se trouve au firmament et que les planètes tournent autour de lui, on n’avait pas vu l’homme se placer la tête en bas, c’est-à-dire se fonder sur l’idée et construire d’après elle la réalité. Anaxagore avait dit le premier que le nous [en grec : la rai¬son] gouverne le monde ; mais c’est seulement maintenant que l’homme est parvenu à reconnaître que la pensée doit régir la réalité spirituelle. C’était donc là un superbe lever de soleil. Tous les êtres pensants ont célébré cette époque. Une émotion sublime a régné en ce temps-là, l’enthou¬siasme de l’esprit a fait frissonner le monde, comme si à ce moment seulement on en était arrivé à la véritable réconciliation du divin avec le monde. »

Et Hegel encore dans « Leçons de Berlin » :
« Philosophies kantienne, fichtéenne, schellingienne : dans ces philosophies s’est déposée et s’est exprimée sous la forme de la pensée la révolution à laquelle l’es¬prit est parvenu ces derniers temps en Allemagne ; dans leur succession nous avons le cours que le penser a pris. A cette grande époque de l’histoire mondiale [...] seuls deux peuples ont participé : le peuple allemand et le peuple fran¬çais, si opposés soient-ils, ou précisément parce qu’ils sont opposés... En Allemagne, ce principe a fait irruption en tant que pensée, esprit, concept ; en France, c’est dans la réalité effective qu’il a fait irruption. »

En 1849, Klüpfel, bibliothécaire de l’Université de Tübin¬gen, ancien Stiftler, fils d’un Stiftler condisciple de Hegel, écrit dans sa précieuse Histoire et description de l’Université de Tübingen :
« Un jour on planta un arbre de la liberté sur le marché, et nous trouvons autour de lui le philosophe Hegel et le poète Hölderlin, tous deux boursiers à cette époque, et amis enthousiastes de la liberté. »

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