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Quand les puissances occidentales ont soutenu, armé, financé et même organisé des bandes terroristes…

17 septembre 2019, 07:56, par Pablo

Depuis que le quotidien en ligne Público a révélé que les services de renseignements espagnols et européens ont suivi de près les auteurs de l’attentat terroriste d’août 2017 à Barcelone jusqu’au jour même où il a eu lieu, une âpre bataille se livre au sein des médias et de l’establishment politique espagnol. Le reportage de Público a fourni des preuves détaillées, fondées sur des documents internes, que l’État était au courant qu’il allait y avoir une attaque, qui a été menée par un informateur du service de renseignement espagnol. Pourtant, l’establishment au pouvoir s’unit pour dénoncer le rapport et ridiculiser l’idée qu’une conspiration officielle a eu lieu.

En juillet, Público a publié un reportage en quatre parties après un an d’enquête sur les relations entre l’imam Abdelbaki Es-Satty, le chef de la cellule terroriste, et le Centre national de renseignement (CNI). Público a fondé son rapport sur les sources du CNI et ses rapports confidentiels sur Es-Satty et sa cellule, dont elle a publié des extraits sur son site. La documentation de Público le prouve en réfutant le compte rendu officiel selon lequel ces attaquants ont agi sans être détectés, surprenant les services de renseignements européens alors qu’ils préparaient l’attentat terroriste le plus meurtrier en Espagne depuis les attentats à la bombe perpétrés par Al-Qaïda à Madrid en 2004 :

*Le CNI a recruté Es-Satty comme informateur au moins jusqu’en 2014, en utilisant un compte Gmail pour les communications entre Es-Satty et son gestionnaire CNI.

*Les services de renseignement ont falsifié ses dossiers juridiques pour empêcher son expulsion après qu’il eut été reconnu coupable de trafic de drogue. Il a même reçu l’aide du CNI pour qu’il soit installé en tant qu’imam dans la petite ville catalane de Ripoll, alors qu’il était connu pour être radicalisé depuis longtemps, dès 2004, lorsqu’il a été associé aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003.

*Le CNI a effacé le dossier d’Es-Satty afin que la communauté musulmane de Ripoll ne soit pas au courant de son histoire, ce qui a également nui à la police régionale catalane qui a commencé à enquêter sur ces attentats.

*Le CNI connaissait les mouvements de certains membres de la cellule en France, en Allemagne, en Belgique et en Suisse, et suivait les conversations téléphoniques entre eux. Es-Satty a eu des contacts avec des forces islamistes à travers l’Europe impliquées dans la guerre par procuration menée par l’OTAN contre la Syrie, y compris des cercles djihadistes en Belgique. La surveillance intense de sa cellule par le CNI a nécessité la collaboration des services de renseignement européens, dont les services de renseignement français, qui ont reconnu avoir espionné des membres de la cellule d’Es-Satty qui s’étaient rendus à Paris peu avant l’attentat de Barcelone.

*Le CNI a consacré un niveau extraordinaire de ressources aux membres de la cellule, y compris ceux qui n’avaient pas de casier judiciaire jusqu’au jour des attentats. Le CNI, écrit Público, « écoutait et transcrivait toutes les conversations entre ces jeunes musulmans, qui n’étaient pas encore censés être liés à un complot djihadiste, en effectuant les contrôles de renseignement les plus exhaustifs possible, qui exigent des ressources matérielles et humaines considérables ».

*Après l’attentat, des agents de la CNI impliqués dans le traitement d’Es-Satty ont été affectés dans un pays africain éloigné, et un autre a été « transféré dans la capitale d’un pays d’Amérique latine avec sa famille ».

Le reportage de Público est politiquement dévastateur. Jusqu’à présent, aucun de ses détracteurs n’a tenté d’examiner ou de discréditer les documents sur lesquels il est fondé. Il fournit des preuves convaincantes que le gouvernement espagnol, qui cherchait publiquement un prétexte pour imposer la loi martiale avant la déclaration d’indépendance catalane d’octobre 2017, savait qu’une cellule terroriste existait à Barcelone, mais a décidé de ne pas agir pour la démanteler, au prix de centaines de victimes. Cela a d’immenses implications politiques.

Le virage à des formes de gouvernement d’État policier et la légitimation officielle du fascisme en cours en Espagne et dans toute l’Europe sont fondés sur la criminalité d’État et des mensonges politiques. Après l’attaque de la cellule, le CNI a tenté de dissimuler les preuves de leur complicité. Et alors que la police espagnole attaquait brutalement les électeurs pacifiques lors du référendum catalan, la classe dirigeante espagnole virait radicalement vers la droite pour promouvoir le parti profasciste et nationaliste anti-nationalisme catalan Vox. Plus frappant encore, la Cour suprême espagnole a déclaré que Francisco Franco, chef du coup d’État de 1936 contre la république espagnole et fondateur d’une dictature fasciste de quatre décennies, était le chef d’État légitime du pays dès le lendemain de son coup d’État, qui a provoqué la guerre civile espagnole.

Le contenu du reportage de Público s’est répandu sur les médias sociaux et a provoqué l’indignation de larges couches de la classe ouvrière. Las Ramblas, l’avenue du centre de Barcelone où les attaques se sont produites, était remplie d’autocollants disant « 17-A. Arrêtez le silence complice ». Mais l’élite dirigeante a oeuvré sans relâche pour minimiser, déformer et discréditer le reportage. Le gouvernement en exercice du Parti socialiste espagnol (PSOE) a affirmé éhontément que l’ancien directeur du CNI avait déjà fourni les explications nécessaires au Parlement. À la fin du mois dernier, le PSOE, le Parti populaire, les citoyens et Vox ont bloqué pour la deuxième fois les appels des partis nationalistes catalans à une enquête parlementaire sur les attaques de 2017.

La réaction des forces politiques et médiatiques affiliées à Podemos a revêtu une importance particulière. Après avoir cherché pendant des mois à former un gouvernement de coalition avec le PSOE, qui cache le contexte de l’attentat de Barcelone, ses factions se sont unies en affirmant que ce reportage n’avait aucune importance.

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