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Jenny, la femme de Karl Marx

28 mars 2018, 08:32, par R.P.

Lettre de Marx à Engels

Londres, le 8 août 1858

… J’ai été effrayé de voir d’après ta lettre que tu es de nouveau malade et j’ai été d’autant plus peiné de t’avoir ennuyé dans ces circonstances. Je te prie de donner toi-même par retour de courrier des indications sur ton état de santé ou d’inviter le docteur Gumpert à m’écrire…

Lettre de Jenny Marx à Engels

Londres, 14 août 1859

Cher Monsieur Engels,

Le Maure vient de partir pour le Museum et m’a chargée de vous remercier pour le billet de cinq livres que vous nous avez su promptement envoyé. A toute cette malchance vient encore s’ajouter la condamnation au tribunal du comté. L’histoire est d’autant plus vexante que je n’ai eu que cinq minutes de retard, sans quoi le juge m’aurait certainement accordé aussi, comme la première fois, le droit de m’acquitter par mensualités. Vous ne sauriez croire, cher Monsieur Engels, comme il nous est pénible, à Karl et à moi, de vous importuner constamment et de faire appel à votre amitié et à votre bonté dans chaque S.O.S. que nous vous envoyons…

Mes filles, qui répètent en ce moment un duo, et chantent fort joliment, vous saluent de tout cœur, à quoi j’ajoute mon meilleur souvenir.

Votre

Jenny Marx

Lettre de Marx à Engels

Londres, le 5 octobre 1859

Cher Engels,

… Si je ne réussi pas un coup quelconque – et je vois absolument pas comment faire – ma situation ici devient totalement intenable. Freiligrath avait tenté une nouvelle opération avec une lettre de change. Mais hier soir j’ai reçu une lettre de lui disant qu’elle avait définitivement échoué, en même temps que je recevais des sommations du landlord, etc., etc…

Lettre de Marx à Engels

Londres, le 10 octobre 1859

Dear Frederick,

L’argent est arrivé samedi en véritable « sauveur », car une partie de cette bande de fripouilles de créanciers a fait, ce jour-là, une attaque générale. Grand merci…

Lettre de Jenny Marx à Engels

Londres le 23 décembre 1859

Je vous exprime mes remerciements les plus vifs pour le colis de Noël… Je vous fait parvenir en même temps, par Chaplin, le livre de mon frère (« Histoire des campagnes du duc Ferdinand de Breunswick-Lunebourg » par Ferdinand von Westphalen). Il se peut qu’il vous intéresse et vous donne matière à une critique. A dire vrai, « mon cher frère » nous a tout bonnement frustrés de la succession, et il a carrément menti en m’écrivant il y a plusieurs années que l’on n’avait découvert que des papiers sans cohérence, dispersés, inutilisables, dont on ne pouvait faire aucun usage et qui n’avaient à proprement parler aucune « valeur d’échange ». Je pourrais très bien chercher l’esclandre, et il n’y aurait rien de plus facile… Seulement voilà, je me suis adressée à lui la semaine dernière, à l’insu de Karl, pour lui demander de l’argent. Après l’échec des tentatives de Karl pour trouver de l’argent, je me suis décidée, vu notre détresse extrême, à faire cette démarche désagréable devant laquelle j’avais reculé même aux pires moments. Bien que Ferdinand m’ait refusé cette « avance » étant dit-il « réduit à sa pension », il reste que ma lettre me place dans une situation fausse vis-à-vis de lui, et je me suis liée pieds et poings. Pour le moment, je vais devoir me contenter de lui reprocher la singulière façon dont il a traité père dans la préface. Même ce frère fou et égoïste qui a empoisonné la vie de mon père et extorqué à ma mère jusqu’à ses dernier jours une rente annuelle qu’elle devait prélever sur son petit budget de veuve, s’en tire mieux, a droit à plus d’égards et plus de pages que notre père qui était humain et d’une grande noblesse de cœur et d’esprit… Très curieux aussi le fait que, abordant des questions familiales, il ne mentionne pas du tout le remariage de mon père, et ne nomme pas ma seconde mère qui rendit à mon père la vie heureuse et éleva et soigna ses enfants d’un autre lit avec un dévouement, un amour et une abnégation que souvent on n’a guère soi-même pour ses propres enfants. Il a montré la même adresse à nous passer sous silence, mon frère Edgar et moi, car notre existence le gêne. Mais cela m’est indifférent et ne m’afflige guère, il n’y a que père et mère qu’il n’aurait pas dû traiter ainsi, et escamoter – il faut qu’il me le paie. Je suis curieuse de savoir ce que vous direz de l’aspect militaire du livre. C’est la petite Jenny qui recopie l’article d’aujourd’hui à ma place. Je crois que mes filles vont d’ici peu me mettre hors service et je figurerai alors sur la liste des « bons pour l’hospice ». Dommage que je n’aie pas de perspective de retraite pour mes longues années de service comme secrétaire. Adieu aujourd’hui. Meilleur souvenir de tous ainsi que de votre

Jenny Marx

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