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Domination de la France en Afrique : la fin ?

1er février 2020, 07:58, par UATCI

Lors de son récent voyage en Côte d’Ivoire, le président français a donné le feu vert à ses sous fifres de la zone CFA de l’Afrique de l’Ouest pour que le franc CFA prenne désormais le nom de ECO. Cela se fera, a-t-il dit, au courant de cette année. Il a déclaré que son intention était de « rompre les amarres » qui lient le CFA avec l’ancienne puissance coloniale et d’ « écrire une page nouvelle de notre histoire commune qui mettra fin aux oripeaux du passé et aux malentendus … ».

Cette décision a été qualifiée d’« historique » par nombre de dirigeants africains et aussi par une grande partie de la presse officielle africaine. Macron leur a dit que l’État français ne désignera plus ses repré-sentants dans les instances dirigeantes de la banque centrale qui administre le CFA de l’Afrique de l’Ouest.

L’autre changement annoncé par Macron est que les États ouest-africains ne seront plus obligés de dé-poser une partie de leur réserve de change auprès de la Banque de France à titre de garantie mais que l’État français continuera tout de même de garantir la parité de l’ECO par rapport à l’Euro sans toute-fois dire par quel biais il le fera. Mais pour ce qui concerne les pays de la zone CFA de l’Afrique cen-trale, rien ne changera, même pas le nom de leur monnaie.

Le projet de changer le nom du franc Cfa, symboliquement trop chargé de son passé colonial, date d’une trentaine d’années. Il avait même été un temps question de le remplacer par l’Eco dès décembre 2009, puis la date a été reportée à janvier 2015, puis une nouvelle fois reportée. Entre temps, le nom de Cfa a été de plus en plus décrié par l’opinion publique africaine, y compris par certains chefs d’États africains, par des banquiers et hommes d’affaires et plus particulièrement dans le milieu des étudiants et des diplômés.

Tout un courant nationaliste a fait de cette question son cheval de bataille. Il a fait croire que le fait d’avoir une monnaie nationale souveraine était la clé du développement et de l’épanouissement des populations africaines. Mais il n’a pas dit pourquoi les pays qui ont rompu de longue date le lien avec le Cfa, à commencer par la Guinée de Sékou Touré, du Mali de Modibo Keita (qui est par la suite revenu dans le giron du Cfa sous Moussa Traoré), de la Mauritanie ou de Madagascar, ne sont pas aujourd’hui mieux lotis que ceux qui n’ont pas rompu.

En vérité, la création d’une monnaie nationale n’est en rien synonyme de développement économique et encore moins d’un progrès social pour les classes défavorisées. Pour les travailleurs, pour les petits paysans et pour la grande majorité de la population, ce qui est fondamental, ce n’est pas le nom ni la prétendue « souveraineté » de la monnaie qu’ils auront entre les mains pour acheter de quoi manger, se loger, se soigner et éduquer leurs progénitures mais de savoir comment sortir de la misère qui les frappe, que faire quand leurs maigres revenus sont rognés par l’augmentation incessante du coût de la vie.

Les nationalistes veulent masquer aux travailleurs et à l’ensemble des populations pauvres que dans un pays, il y a des exploités et des exploiteurs et que leurs intérêts sont diamétralement opposés. Dans cette société capitaliste, les riches deviennent toujours plus riches tandis que la grande majorité s’enfonce toujours plus dans la misère et dans la détresse.

Les travailleurs n’ont aucun intérêt à se laisser berner par les discours démagogiques des nationalistes sur les prétendus retombées d’un développement économique hypothétique. C’est une utopie dans ce monde dominé par les grandes puissances dont les trusts pillent les richesses aux quatre coins de la pla-nète. La seule chose qui pourra véritablement changer le sort des exploités, c’est leur capacité de s’organiser et de lutter ensemble contre la cause véritable de leur misère, c’est-à-dire le système capita-liste.

Macron va peut-être lâcher quelques concessions symboliques à ce milieu nationaliste mais cela ne changera pas grand-chose aux liens étroits entre l’impérialisme français et ses anciennes colonies. La monnaie est un de ces liens mais il y en bien d’autres, autrement plus puissants.

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