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Qu’est-ce que la révolution en chimie ?

3 juin 2019, 08:11

Diderot dans l’Encyclopédie (article Chymie) :

« Les Chimistes seroient fort médiocrement tentés de quelques-unes des prérogatives sur lesquelles est établie la prééminence qu’on accorde ici à la Physique, par exemple de ces spéculations délicates par lesquelles elle résout les principes chimiques en petits corps mûs & figurés d’une infinité de façons ; parce qu’ils ne sont curieux ni de l’infini, ni des romans physiques : mais ils ne passeront pas condamnation sur cet esprit confus, enveloppé, moins net, moins simple que celui de la Physique ; ils conviendront encore moins que la Physique aille plus loin que la Chimie ; ils se flatteront au contraire que celle-ci pénetre jusqu’à l’intérieur de certains corps dont la physique ne connoît que la surface & la figure extérieure ; quam & boves & asini discernunt, dit peu poliment Becher dans sa physiq. soûterr. Ils ne croiront pas même hasarder un paradoxe absolument téméraire, s’ils avancent que sur la plûpart des questions qui sont désignées par ces mots, elle remonte jusqu’aux premieres origines, la Physique n’a fait jusqu’à présent que confondre des notions abstraites avec des vérités d’existence, & par conséquent qu’elle a manqué la nature nommément sur la composition des corps sensibles, sur la nature de la matiere, sur sa divisibilité, sur sa prétendue homogénéité, sur la porosité des corps, sur l’essence de la solidité, de la fluidité, de la mollesse, de l’élasticité, sur la nature du feu, des couleurs, des odeurs, sur la théorie de l’évaporation, &c. » (III, 409a-b.). »

« Il est clair que la révolution qui placerait la chimie dans le rang qu’elle mérite, qui la mettrait au moins à côté de la physique calculée, que cette révolution, dis-je, ne peut être opérée que par un chimiste habile, enthousiaste et hardi, qui, se trouvant dans une position favorable, et profitant habilement de quelques circonstances heureuses, saurait réveiller l’attention des savants, d’abord par une ostentation bruyante, par un ton décidé et affirmatif, et ensuite par des raisons, si ses premières armes avaient entamé le préjugé ». (Paris, 1753, t. III, p. 409).

« Les chimistes… peuple distinct ayant son propre langage dont l’idiome découle de l’exercice immédiat des sens… qui reflète l’expérience unique qu’ils ont de la diversité de la nature… qui joint intimement leur science à leurs sensations… ».

« Le chimiste Venel se montre fort vexé de se voir refuser l’accès aux « spéculations délicates », la remontée « aux premières origines ». Mais cet interdit épistémologique auquel s’affrontent les chimistes leur donne l’occasion de renverser le problème et de mettre en accusation la métaphysique des physiciens précisément parce qu’elle relève de spéculations gratuites, là où le chimiste est en contact direct avec la matière et ses constituants. La chimie « pénetre jusqu’à l’intérieur de certains corps dont la Physique ne connoît que la surface et la figure extérieures ».

Dans « Le rêve de D’Alembert » :

« … Le corps, selon quelques philosophes, est, pur lui-même, sans action et sans force ; c’est une terrible fausseté, bien contraire à toute bonne physique, à toute bonne chimie : par lui-même, par la nature de ses qualités essentielles, soit qu’on le considère en molécules, soit qu’on le considère en masse, il est plein d’action et de force… »

Dans « Principes philosophiques sur la matière et le mouvement » :

« … c’est qu’ils oublient que, tandis qu’ils raisonnent de l’indifférence du corps au mouvement ou au repos, le bloc de marbre tend à sa dissolution… »

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