Accueil > ... > Forum 42988

En quoi la dialectique de Hegel est révolutionnaire

2 octobre 2018, 05:45, par Robert Paris

Lisons-le…

G.W.F Hegel, dans « Die Verfassung Deutschlands » :

« Tous les phénomènes de notre temps montrent que la satisfaction ne se trouve plus dans la vie traditionnelle ; cette vie se bornait à dominer sa propriété d’une façon ordonnée, à contempler et jouir de son petit monde complètement subordonné, - et puis il y avait aussi la conciliation avec cette limitation par la destruction de soi et par l’élévation de soi au ciel dans la pensée.

D’une part, la misère du temps a attaqué cette propriété ; d’autre part, ses dons luxueux ont aboli la limitation, et dans les deux cas, ce temps a transformé l’homme en maître, et rendu suprême sa puissance sur le réel… La souffrance des hommes et l’aspiration à une vie meilleure ont soufflé sur ce temps. Son élan se nourrit dans l’action des grands hommes, dans les mouvements de nations entières… »

G.W.F Hegel, dans « Cours d’Histoire de la Philosophie » :

« Plus vivace, plus mobile et plus spirituelle est la philosophie française…Le matérialisme et l’athéisme apparaissent ici comme le résultat nécessaire de la pure conscience de soi active. D’une part, ce mouvement négatif fait s’écrouler toute détermination qui représente l’Esprit comme un au-delà de la conscience de soi ; toutes ses déterminations (y compris celles qui le définissent comme esprit), toutes les représentations de la foi en lui et qui l’acceptent comme un être qui existe en dehors de la conscience de soi, toute traditions, tout ce qui est imposé en dehors de la conscience de soi, toute tradition, tout ce qui est imposé par l’autorité disparaît… Logiquement, la conscience de soi se conçoit elle-même comme matière : l’âme est matérielle, les idées sont des mouvements et des modifications du cerveau qui suivent les impressions externes des sens…

L’admirable dans les écrits philosophiques français, et ce qui fait leur importance, c’est leur étonnante énergie… C’est leur caractère qui est admirable, le caractère du sentiment d’indignation la plus profonde contre l’acceptation de tout ce qui était étranger à la conscience de soi… c’est une certitude de la vérité rationnelle qui défie le monde des idées reçues et qui est certaine de sa destruction. Elle a battue en brèche tous les préjugés et en a triomphé…

L’athéisme, le matérialisme et le naturalisme français sont associés avec un profond sentiment d’indignation contre les présupposés non critiques et les valeurs positives de la religion, de droit, de la morale et des institutions civiles…

Il est trop facile de reprocher aux Français leurs attaques contre la religion et contre l’Etat. Il faut avoir un tableau de l’horrible condition de la société, de la misère, de la bassesse qui régnaient en France, pour reconnaître le mérite de ces écrivains…

En ce qui concerne l’Etat, ces philosophes n’ont pas du tout pensé à une révolution ; ils ont souhaité et exigé des améliorations, mais, surtout subjectivement, ils ont souhaité que le gouvernement abolisse les abus, appelle des hommes honnêtes pour faire des réformes…

La révolution française a été rendue inévitable par le rigide entêtement des préjugés, par l’orgueil, la totale absence de pensée, l’avidité. »

G.W.F Hegel, dans « Uber die neuesten Verhaltnisse Würtembergs » (1798) :

« Qu’ils sont aveugles, ceux qui s’imaginent que des institutions, des constitutions, des lois qui ne sont plus en accord avec les mœurs, les besoins, l’opinion des hommes, des lois qui n’expriment plus l’Esprit, peuvent continuer à subsister – que des formes dans lesquelles l’intelligence et le sentiment ne s’intéressent plus sont assez puissantes pour constituer l’unité d’un peuple !

Toutes les tentatives de restituer, par un barbouillage grandiloquent, la confiance en des rapports et des parties d’une constitution que la confiance a quittée, de donner un vernis de belles paroles aux fossoyeurs, non seulement couvrent de honte leur malins inventeurs, mais encore préparent une éruption bien plus effrayante, dans laquelle au besoin de l’amélioration s’ajoutera la vengeance ; et la foule toujours dupée punit aussi la malhonnêteté. Devant le sentiment de l’ébranlement de toutes choses, on peut attendre tranquillement et aveuglément, sans rien faire, l’écroulement du vieil édifice plein de fissures et attaqué dans ses racines… »

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.