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Une revendication juste que seule la classe ouvrière peut porter dans la protestation des "gilets jaunes" : Abolition de tous les impôts indirects !

18 novembre 2018, 10:40, par Robert Paris

Cela fait un bon moment que la classe ouvrière ramasse les coups, est de plus en plus en colère, et se demande comment s’organiser pour faire face, comment s’unir par-delà les divisions catégorielles et corporatistes imposées par les appareils syndicaux, les divisions site par site, public/privé, salariés/retraités/chômeurs, toujours mobilisés séparément, jamais pour de vrais mouvements menaçants pour les classes possédantes mais toujours pour des journées d’inaction à répétition. Nous avons cette fois une occasion de nous organiser pour riposter face à une attaque qui touche toutes les catégories des milieux populaires et, du coup, unifie aussi les travailleurs. Pour une fois, les agents hospitaliers peuvent s’unir aux cheminots, aux postiers, aux enseignants et aussi aux travailleurs du privé.

Il est d’autant plus remarquable de constater l’hostilité virulente des dirigeants syndicaux et de certains dirigeants réformistes. Ces derniers ne veulent pas de l’auto-organisation qu’ils combattent aussi violemment que le pouvoir et la classe possédante ! C’est d’ailleurs particulièrement révoltant de remarquer cette attitude que bien des militants syndicalistes autour de nous ne marchent pas dans les mensonges selon lesquels les gilets jaunes sont des fascistes ou des manipulés par des fascistes, un bobard grossier. Cette attitude est encore plus remarquable si on pense aux dix dernières années où tous les mouvements dirigés par les syndicats ou les intersyndicales ont échoué. Ces prétendus dirigeants de la classe ouvrière n’ont pas un tel bilan positif pour se permettre de dénigrer un mouvement spontané qui démarre et pour lequel bien des choses sont possibles…

Oui, la colère ouvrière peut tout à fait exploser maintenant et se saisir de cette occasion. On l’a vu plusieurs fois dans les jours précédents : les travailleurs en ont marre. Ils l’ont montré par exemple à Marseille, suite à l’effondrement des trois immeubles marseillais. Ils le montrent aussi dans les hôpitaux où la destruction du service public est avancée, où les suppressions de postes d’aides soignantes se multiplient, où les fermetures d’hôpitaux et de service continuent, où les regroupements d’hôpitaux se font en perdant sans cesse des emplois, etc. Dans de nombreux hôpitaux, EPHAD et en psychiatrie, les luttes localisées se multiplient, parfois même sans caution syndicale et hors des syndicats, mais il n’y a pas beaucoup de liaisons entre elles pour le moment. Les postiers en ont marre mais ceux des Hauts de seine ou d’ailleurs qui se battent restent isolés. Les agents d’EDF en ont marre, les agents de l’Energie en ont marre, les enseignants en ont marre et les appareils syndicaux n’organisent que leurs sempiternelles journées d’inaction secteur par secteur, catégorie par catégorie. il faut en finir avec cet encadrement catastrophique des luttes des salariés et pour cela pas de meilleur moyen que de s’organiser nous-mêmes, en comités, en collectifs, avec des assemblées générales qui dirigent véritablement, qui décident des mots d’ordre et des revendications, et d’élire nos délégués dans ces assemblées, afin de réunir des comités localement, régionalement, nationalement ! C’est nous qui payons les coups et c’est à nous de décider des moyens d’y faire face. Les véritables syndicalistes, loin d’être nos ennemis, sauront parfaitement jouer leur rôle dans cette action et nombre d’entre eux l’ont fait dès le début du mouvement.

Avec la mort d’une manifestante, le pouvoir a joué la peur, la menace, le danger de débordement violent mais la violence, elle vient du pouvoir et des classes possédantes, pas de leurs victimes qui ne font que se défendre !!!

Le caractère hors-normes, hors du cadre établi et reconnu (par le pouvoir bourgeois), hors de sa légalité éventuellement, hors des limites prévues par nos ennemis et mis en place par eux, est justement un des points positifs de ce mouvement des gilets jaunes.

Faire en sorte que ce mouvement nous sorte de l’ornière où sont enfoncées les luttes ouvrières, y participer en développant l’organisation des travailleurs, leur liaison inter-entreprise et inter-secteurs, la convergence des luttes dont tout le monde parle sans qu’elle avance, voilà qui peut difficilement être accusé de favoriser l’extrême droite. Par contre, laisser se développer un désespoir social sans perspective, voilà la porte ouverte aux démagogues politiciens d’extrême droite fascistes ou autres menteurs politiciens professionnels. Si nous nous organisons nous-mêmes, nous ne sommes pas manipulés, nous nous informons nous-mêmes, nous prenons nos décisions nous-mêmes et ceux qui essaient de nous faire peur se démasquent comme des faux amis ou de vrais ennemis.

Il faut bien prendre conscience que ce qui est en jeu n’est pas seulement de faire reculer Macron, que cela dépasse largement la seule question des taxes sur l’essence, et même des diverses attaques du gouvernement français actuel qui ne font que prendre la suite de celles des gouvernants précédents (remise en cause des retraite, destruction des services publics et des aides sociales, tout l’argent pour « sauver » le grand capital qui ne s’en effondre pas moins pour autant).

Dans cette situation, Capital ou Travail, c’est la seule alternative. Pour le moment, seul le Capital est organisé et pas nous, travailleurs. C’est cela qui est l’enjeu de la période actuelle : allons-nous être capables de renouer avec le mode d’organisation qui a donné tant de force à la classe ouvrière, les assemblées générales souveraines élisant des délégués à des comités de grève et se fédérant à tous les niveaux.

Les réformistes n’ont pas cessé de nous encadrer pour nous amener à… nous heurter à un mur, que ce soit en votant pour eux ou en les suivant dans leurs stratégies pour perdre. Ils n’ont cessé de dire qu’ils se mobilisaient pour nous, et de nous démontrer ainsi que nous étions impuissants. Nous voyons aujourd’hui que cette prétendue impuissance, nous pouvons très bien la réduire à néant en nous dirigeant par nous-mêmes. Ne perdons pas cette occasion de donner un coup d’arrêt sérieux aux attaques des classes possédantes. Ce n’est pas étonnant que les méthodes « classiques » échouent actuellement car la situation n’est plus celle du réformisme classique : les possédants et leurs gouvernements ne veulent plus céder face aux luttes réformistes car c’est leur système lui-même qui est en bout de course. Les réformistes, empêtrés dans leurs liens avec l’Etat et la bourgeoisie, sont incapables de reconnaître que le système a atteint ses limites et ne peut plus que s’effondrer en nous sacrifiant violemment. C’est pour cela que nous ne pouvons plus rien gagner à laisser les appareils syndicaux exiger le monopole de direction de la lutte. De véritables syndicalistes, ceux qui n’ont pas peur de la lutte des classes, n’exigent pas le monopole de la direction des luttes mais soutiennent le droit des travailleurs de se diriger eux-mêmes !

Les dirigeants « calmes », « légalistes », « responsables » refusent de soutenir les gilets jaunes, mais ils oublient de nous dire que faire quand ce sont les classes possédantes et leurs dirigeants politiques au pouvoir qui cassent la société, qui détruisent la vie sociale, qui démolissent l’équilibre, qui provoquent même par leur mépris comme par leurs actions agressives, l’éruption généralisée.

Oui, ce n’est pas une « simple action revendicative classique » qu’il nous faut ! Oui, c’est d’une insurrection des opprimés qu’il s’agit ! Et c’est bien la seule chose que les classes possédantes et les gouvernants à leurs ordres n’auront pas volé !!! Et cette explosion sociale, c’est à la classe ouvrière d’en prendre la tête, de lui donner des perspectives au fur et à mesure de son développement, de son extension !

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