Accueil > ... > Forum 44837

Un débat avec la gauche communiste conseilliste

25 février 2019, 11:48, par Robert Paris

Plutôt amusant de croire sur parole Boukharine quand il est allié à Staline et contre-révolutionnaire ouvert en 1927 plutôt que de croire Lénine que je t’ai cité plusieurs fois chaque année quand Lénine agit et parle en révolutionnaire et tout au long des années du pouvoir prolétarien !
En tout cas, les faits que je t’ai cités font justice de la prétention de convaincre Lénine du crime de vouloir imposer le parti unique.

Alfred Rosmer écrit dans "Moscou sous Lénine" :

"Lénine a prévu son sort quand il écrivait, à propos du destin de Marx, qu’après leur mort on tente de convertir les chefs révolutionnaires en icônes inoffensives. Staline le présente à l’adoration des foules, prétendant être son humble disciple quand il trahit l’homme et le révolutionnaire. Cependant des écrivains, des historiens, des socialistes ne manquent pas qui affirment que Staline continue Lénine, qu’en tous cas il y a entre eux filiation directe ; le stalinisme serait “ un développement logique et presque inévitable du léninisme ”. C’est, disent-ils, toujours le même régime du parti unique, de la dictature, de l’absence de libertés démocratiques, et si l’appareil de répression s’appelle aujourd’hui M.V.D. il avait nom Tchéka sous Lénine.

Partant d’une boutade, de faits isolés, d’informations de seconde ou troisième main, ils ne voient la réalité qu’à travers les verres déformants dont ils ne peuvent se défaire quand il s’agit de la Révolution d’Octobre, heureux de montrer ainsi que le stalinisme est de même nature que le bolchévisme ; l’odieux régime stalinien devient pour eux une sorte de justification retardée de leur politique. Leur manière d’écrire ou d’interpréter l’histoire était déjà celle de Taine. Quand il entreprit d’écrire l’histoire de la Révolution française, il ne lisait et n’étudiait les textes qu’avec les lunettes du bourgeois français qui avait eu peur pendant la Commune et tremblait encore bien qu’elle eût été vaincue. On ne peut écrire l’histoire d’une révolution qu’à condition de sympathiser avec elle ; sinon on peut rassembler beaucoup de faits et ignorer sa signification. Si on traitait de la sorte l’histoire de la Commune, il n’en resterait pas grand-chose pour les socialistes ; rien que de vains bavardages quand il faudrait agir, dictateurs jouant aux Jacobins, prise et fusillade d’otages. Pourtant les travailleurs ne s’y trompent pas ; ils savent que, malgré ses fautes et ses faiblesses, la Commune reste une grande date du mouvement ouvrier. Et les révolutionnaires de tous les pays qui répondirent à l’appel de la Révolution d’Octobre auraient été bien stupides ou bien aveugles s’ils avaient été capables de prendre pour une révolution socialiste ce qui n’aurait été en réalité qu’un embryon de régime totalitaire, de dictature personnelle.

Une mesure salutaire à condition d’être éphémère devient funeste en durant ; la centralisation de toutes les forces de la révolution nécessaire pour une défense victorieuse étouffe ces mêmes forces si elle n’est que moyen commode de gouvernement. Le soleil peut mûrir ou brûler les récoltes, et c’est la même eau qui féconde la terre ou la détruit. Il est bien facile de se prononcer contre toute dictature, de revendiquer le plein exercice des libertés, mais pour un révolutionnaire c’est se payer de mots et esquiver le vrai problème qu’il est plus aisé d’escamoter que de résoudre. Ce problème, l’anarchiste italien Berneri l’a posé en termes excellents. Il était en Espagne au début de la guerre civile ; certaines conséquences de l’ “ union sacrée ” de toutes les forces anti-fascistes contre Franco l’alarmaient, et il constatait avec peine “ un certain fléchissement de la C.N.T. ” - la puissante Confédération du Travail anarcho-syndicaliste. Il écrivit alors : “ Il faut concilier les “ nécessités ” de la guerre, la “ volonté ” de la révolution et les “ aspirations ” de l’anarchisme. Voilà le vrai problème. Il faut que ce problème soit résolu. ”

La conception du rôle de l’Etat est d’une importance capitale ; Lénine écrivit un livre pour le montrer : socialisme et Etat se développent parallèlement mais en sens contraire ; la montée de l’un coïncide avec le déclin de l’autre ; et la mort de l’Etat marque l’avènement du socialisme. Staline, ici, a renié son “ maître ” si totalement et si ouvertement qu’il a bien fallu le reconnaître ; son Etat est un monstre d’omnipotence et c’est par lui que le socialisme serait réalisé.

Le procès des socialistes-révolutionnaires a lieu en 1921 quand la guerre civile est à peine achevée. Les inculpés sont des adversaires déclarés du régime ; ils sont en guerre ouverte contre lui depuis la dissolution de la Constituante, préparent des attentats. Ils sont jugés publiquement ; ils ont comme défenseurs des chefs socialistes de Belgique, de France et d’Allemagne ; ils revendiquent fièrement leurs actes ; c’est un procès comme on a coutume d’en voir dans toutes les révolutions, mais rien de comparable à ces “ procès de Moscou ” de 1936-37 lorsque Staline amène de vieux révolutionnaires à s’accuser, eux, de crimes qu’ils n’ont pas commis : scènes écœurantes, humiliantes pour la raison, qui n’ont eu d’analogue dans aucune révolution."

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.