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Pourquoi on a comparé le mouvement des Gilets jaunes à la Révolution française ?

5 mars 2019, 10:13, par Brk

Cela fait un peu plus de trois mois que nous, Gilets jaunes, avons débuté notre mouvement et cela malgré toutes les attaques et calomnies, attaques que nous avons subies, attaques physiques, attaques morales, attaques psychologiques, attaques politiques comme attaques répressives, opérations de division et de diversion de toutes sortes. C’est un témoignage de plus non seulement de ma ténacité de notre mouvement mais de sa valeur profonde et de son enracinement chez tous ceux qui sont victimes de la violence de cette société. Nous voulons, avant même de dénoncer la violence par laquelle on attaque notre mouvement, dénoncer la violence de la misère et de l’organisation sociale et politique de cette société, cat c’est cette violence qui nous a mis tous en mouvement.

S’il y a eu les rassemblements des ronds-points, s’ils ont regroupé ceux pour qui les fins de mois sont difficiles, ceux qui se sentent étranglés, ce n’est pas seulement à cause de la taxe sur les carburants, c’est à cause de tout : des bas salaires, des pensions de misère, des allocations chômage qui s’arrêtent ou qui ne suffisent pas pour vivre, des emplois qu’on ne trouve pas comme des emplois précaires, à temps partiel, mal payés qu’on trouve, des sales boulots qu’on accepte ou qu’on n’accepte plus, parce que notre santé ne le permet plus, parce qu’on n’arrive pas à gérer en même temps une famille, comme les femmes seules au foyer, et il fallait, par-dessus tout cela accepter d’avoir un pouvoir qui nous fait de la morale, qui se moque du pauvre monde, qui lance des petites phrases assassines sur les « sans-dents » pour l’un, sur les « fainéants » pour l’autre, et qui traitait les nouveaux misérables, comme les appelait Victor Hugo, comme des voleurs de fonds publics alors que les véritables détourneurs des finances publiques sont au pouvoir ! Je voudrai rappeler que, si on a trouvé parmi les gens en colère quelques manifestants qui étaient violents, ce n’est rien, absolument rien à côté des violences qu’ils ont subies, que nous avons tous subies ! On nous demande sans cesse de dénoncer les casseurs et il est vrai que la casse a été médiatisée et utilisée par le pouvoir depuis le début pour réduire notre mouvement, pour le déconsidérer. Mais nous ne pouvons pas affirmer que les casseurs ne soient pas des personnes poussées à bout par cette société de bandits. Nous savons que certaines casses ont été manipulées par le pouvoir en vue d’attaquer l’ensemble de notre mouvement. Nous savons que certains policiers se sont faits casseurs pour favoriser une telle opération. Nous savons que des policiers ont eu ordre de laisser faire des casses pour que cela nous nuise. Mais nous savons surtout que la véritable casse, c’est celle qui détruit des milliers de vies par le chômage et la misère et elle est organisée d’en haut par toute ces société.

Ainsi, nous, Gilets jaunes, sommes accusés de bloquer une entreprise et nous sommes licenciés quand nous appartenons à celle-ci comme c’est arrivé à des salariés d’Amazon. Mais ce sont les milliardaires et leur gouvernement qui cautionnent les fermetures d’usines, définitives celles-là comme aux Fonderies du Poitou, à Ford Blanquefort ou à Ascoval et ce ne sont que des exemples. On nous montre du doigt dans des cas de vitrines brisées mais combien de commerces et d’artisanats ferment parce qu’ils ont été bloqués par des financiers, par des banquiers. Là, ce n’est pas seulement la vitrine qui est foutue !

Nous sommes entrés en lutte il y a un peu plus de trois mois parce que nous ne voulons plus que d’un côté les pauvres qui crèvent soient plus nombreux et de l’autre les milliardaires soient plus nombreux et plus riches. Nous sommes entrés en lutte parce que nous ne voulons plus que l’argent de nos impôts publics servent autre chose que l’intérêt public, qu’on ferme nos hôpitaux, nos crèches, nos postes, nos gares, nos lignes de transport, nos postes, et que tout l’argent économisant se transforme en instruments financiers, en banques, en spéculations, en vols de toutes sortes par les grands voleurs et avec la caution de ceux qui gouvernent quelle que soit leur étiquette politique, quelle que soient leurs origines et leurs personnalités.

Nous sommes entrés en lutte parce que nous ne voulons plus que, sous prétexte d’une démocratie électorale, on étouffe nos voix, qu’on n’entende jamais parler le travailleur qui est licencié, le boutiquier, l’artisan ou le paysan étranglé par la banque ou par les impôts. Nous sommes entrés en lutte pour décider par nous-mêmes, pour discuter collectivement de nos buts, de nos modes d’action et de nos perspectives et ne laisser personne décider à notre place, en notre nom, qu’il s’agisse du personnel politique, du personnel gouvernemental, des appareils institutionnels de toutes sortes, y compris les appareils syndicaux ou associatifs, quelles que soient les bonnes intentions dont les uns et les autres se parent. Nous ne savions pas nous organiser, nous ne savions pas nous diriger, nous ne savions pas si nous allions parvenir à nous faire entendre, mais ce que nous savions c’est que nous allions cesser de nous taire, de nous laisser faire, de laisser d’autres s’organiser à notre place, d’autres parler à notre place, d’autres décider à notre place.

Trois mois après le début de notre lutte, nous n’avons certes pas remporté la victoire, même s’il y a déjà quelques petites victoires, nous sommes certes plus fatigués qu’au début et certains nous ont quitté provisoirement ou durablement du fait des difficultés ou des déceptions mais les Gilets jaunes sont toujours là…

Nous avons imposé quelques reculs au pouvoir et aux milliardaires que cet Etat couvre. On vient encore d’apprendre que les salariés du trust automobile PSA vont distribuer une prime de plusieurs milliers d’euros à leurs salariés, et ils ne font ainsi que suivre le trust Renault, comme nombre de patrons que le gouvernement a convaincus de faire le calcul de payer une prime plutôt que de se payer une vague de travailleurs rejoignant massivement les Gilets jaunes ! Et le recul de la taxe des carburants est loin d’être le seul point sur lequel nous montré l’efficacité de notre mouvement. Le recul de la réforme des retraites est un exemple aussi important.

Mais ces petites victoires, le gouvernement nous les fait payer bien cher ! Il nous gaze, il nous matraque, il nous attaque à la grenade prétendument défensive alors qu’on n’attaquait pas, il nous tire dessus, en tir direct, à bout portant, au visage, aux membres, il nous incarcère comme des bandits, pire que des bandits, il nous accuse de tous les crimes et réprime bien plus les manifestants pacifiques que les casseurs. Il nous accuse de crimes que nous n’avons pas commis.

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