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Que s’est-il passé au Rwanda avant 1994 pour que Mitterrand et les classes possédantes rwandaises décident de se lancer dans un génocide de plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants

7 avril 2019, 07:21, par Robert Paris

La responsabilité des dirigeants français est bien écrasante. Reste à comprendre pourquoi leurs protégés de la classe dirigeante rwandaise ont voulu ce génocide et comment ils ont trouvé dans la population des centaines de milliers d’exécutants. Dans les années 1988-1991, une vague de mouvements populaires déstabilise la plupart des régimes africains et en renverse même plusieurs (par exemple, la dictature militaire de Moussa Traoré en 1991 au Mali). Le Rwanda en proie aux mêmes problèmes économiques et politiques, le poids de la dette extérieure et celui de la dictature, n’y échappe pas. Le 8 et le 15 janvier 1990, plus de 100 000 manifestants parcourent les rues de la capitale Kigali. “ Au début de l’automne 1990, le Rwanda traversait une crise profonde qui gagnait petit à petit tout le pays ”, écrit M. Gérard Prunier. Les questions brûlantes qui causent cette mobilisation ne sont nullement les questions dites ethniques mais les questions sociales et politiques, la crise, la misère, la corruption du régime et la dictature. C’est la corruption en matière de scolarité qui donne l’étincelle mettant le feu aux poudres. Une enseignante, Agathe Uwilingiyimana, qui sera la première assassinée au démarrage du génocide, dénonce les trafics dans les résultats du baccalauréat qui permettent aux enfants de la classe dirigeante d’être reçus en rayant les premiers de la liste des reçus. Elle subit une violente répression de la part de l’armée, mais la population prend fait et cause pour elle. La mobilisation en sa faveur est impressionnante en va faire d’elle une des leaders de l’opposition démocratique qui vise à la démocratisation du pays, dont le multipartisme.

En fait, la révolte populaire avait une base sociale d’autant plus importante que la classe dirigeante était absolument incapable de satisfaire les aspirations populaires, ayant même du mal à imaginer comment elle allait partager un gâteau sans cesse plus restreint entre des équipes concurrentes de la bourgeoisie, du pouvoir, du FPR et de l’opposition. Les recettes du café et du thé, durement touchées par la chute des cours sur les marchés mondiaux, connaissent une baisse inquiétante. Quant aux espoirs suscités par le développement du tourisme, ils auront été fauchés net avec le déclenchement de la guerre. En 1991, le déficit budgétaire, censé ne pas dépasser 2,6 milliards de francs rwandais, a atteint 10,5 milliards. Les dépenses de l’Etat ont monté en flèche : les effectifs de l’armée, guerre oblige, ont quasiment triplé.

Dans les deux années qui suivent le mouvement populaire contre le régime va aller sans cesse croissant. Il culmine en 1992 avec des manifestations monstres à Kigali et dans les grandes villes. Dans la capitale, c’est presque la moitié de la population qui descend dans la rue et conspue les militaires.

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