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5 décembre et suite : allons-nous laisser à nouveau une mobilisation sociale entre les mains des bureaucraties de l’intersyndicale ?

5 décembre 2019, 06:17, par R.

Avant 2007, par exemple en France, plusieurs mouvements prolétariens ont été menés avec un succès au moins partiel par les travailleurs et les jeunes comme en 1982 contre le blocage des salaires, en 1986 contre la loi Devaquet, en 1993 contre le CIP, en 1995 la lutte commune des cheminots et du secteur public, en 2006 la lutte contre le CPE.

Après 2008, tous les mouvements syndicaux, absolument tous, mènent à des défaites complètes comme en 2010 sur les retraites, en 2013 contre le CICE, en 2014 pour les cheminots, en 2015 pour Radio France et l’Hôpital public, en 2016 sur le Code du travail contre la loi El Khomri, et maintenant en mars-avril 2018 pour les fonctionnaires, les cheminots et bien d’autres catégories.

Entre les deux, les syndicats n’ont pas changé de nature ; c’est la situation de la lutte des classes qui a changé. La crise historique du capitalisme est passée par là et elle ne laisse plus place au réformisme. Depuis la crise systémique, les classes possédantes aiguisent les couteaux. C’en est fini de la collaboration de classe, il faut casser le moral de la classe ouvrière pour préparer le rapport de forces nécessaire quand le système s’effondrera. Pour cela, il faut détruire toute conscience de classe, toute organisation de classe, toute lutte de classe. Les luttes sociales ne sont plus dès lors des occasions de pactiser avec les syndicats mais de leur faire mordre la poussière.

Et ce n’est pas propre à la France. L’Europe a connu des journées d’action massives depuis 2008 mais sans succès, que ce soit en Angleterre, en Espagne, en Grèce, etc. La plus grande grève générale de l’Inde n’a rien donné. La méthode des journées d’action a été utilisée par les directions syndicales et, partout dans le monde, elle n’a mené qu’à des échecs. En Guinée, c’est en 2007 que le mouvement ouvrier s’est retrouvé avec une véritable occasion révolutionnaire, face à un pouvoir faible et a été complètement trahi par la direction syndicale qui s’est fait le rempart de ce pouvoir pourri.

Nulle part au monde, un syndicat ne s’est réellement lancé dans la grève reconductible interprofessionnelle. et ce n’est pas seulement parce que c’est une méthode d’action qui nécessite une volonté déterminée d’une grande masse de travailleurs, mais parce qu’une telle confrontation mène nécessairement à la révolution sociale, ce que les appareils syndicaux ne veulent absolument pas, nulle part au monde, ayant compris que leur rôle consiste au contraire à désamorcer de tels mouvements, comme l’a fait le syndicat Solidarnosc en Pologne ou les syndicats français en 1936 en France, quitte à favoriser ainsi l’extrême droite, par retour de balancier, une fois la classe ouvrière désarmée ! Les syndicats égyptiens ont même détourné une révolution, laissant ainsi le mouvement révolutionnaire aux mains de la petite bourgeoisie et laissant les classes dirigeantes reprendre ensuite l’offensive contre-révolutionnaire. Il en a été de même en Tunisie. Les syndicats algériens ont fait de même lors des débuts de la vague des printemps arabes.

Si les syndicats n’ont pas attendu 2007-2008 et la crise historique du capitalisme pour être capables de trahir les mobilisations ouvrières, quelque chose a par contre fondamentalement changé depuis cet effondrement du capitalisme de 2007.

Ce qui a changé en 2007, c’est le fait que le ressort qui fonde le dynamisme du capitalisme a cassé et que personne ne le réparera. Ce ressort, c’est l’investissement privé productif. On est passé à un stade où le niveau des dettes privées et publiques est tel qu’il est beaucoup plus rentable de spéculer sur elles, par des titres de la dette, subprimes ou autres, que d’investir dans la production, et donc que produire de la plus-value. Toujours à la recherche aveugle du plus grand profit possible, le grand capital privé a donc pris dans les années 2000 un rôle plus destructeur que constructeur, et il démolit par ses spéculations le monde capitaliste lui-même. Les Etats et institutions financières centrales ont beau utiliser tous les fonds disponibles, et bien au-delà même, des sommes colossales dont ils ne disposeront jamais, qu’ils ne rembourseront jamais, qu’ils ne peuvent faire payer à personne, ils n’ont pas pu changer cette orientation nouvelle. Ils n’ont pu que retarder l’échéance où cette tendance irrépressible du capital tuera le système lui-même.

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