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Pourquoi Bohr et Heisenberg rejettent la dialectique des contradictions ?

3 avril 2020, 06:47, par Robert Paris

Ce qui n’est pas dialectique, c’est que les deux termes s’excluent mutuellement, ne coexistent pas, ne fondent pas une réalité supérieure, ne donnent aucune synthèse et restent là, de manière tout à fait séparée.

Louis de Broglie, explique ainsi la thèse de Bohr dans « Le dualisme des ondes et des corpuscules dans l’œuvre d’Albert Einstein » :

« Bientôt M. Bohr allait la résumer en introduisant la curieuse, mais un peu trouble, notion de « complémentarité » suivant laquelle le corpuscule et l’onde sont des « aspects complémentaires de la réalité » qui se complètent en s’excluant, chacun de ces deux aspects ne se manifestant dans l’expérience qu’au détriment de l’autre. En s’orientant vers de telles conceptions, on s’éloignait évidemment complètement de la représentation synthétique des corpuscules et des champs dans le cadre de l’espace et du temps qu’avait rêvée Einstein… »

« Contradiction, voilà le mot fétiche de Bohr. Comme l’avait fait remarquer Wootters et Zurek dans un article de 1979, Bohr n’avait considéré que deux cas extrêmes et contradictoires, celui où on détermine avec certitude par quelle fente chaque électron a passé (d’où disparition de la figure d’interférence) et celui où on ne détermine pas du tout le trajet de chaque électron (ce qui laisse intacte la figure d’interférence). En fait, il y a entre ces deux cas limites toute une gamme de cas intermédiaires, où on détermine avec une incertitude variable le trajet des électrons. Plus cette détermination est certaine, plus la figure d’interférence tend à se brouiller ; plus elle est incertaine, meilleur est le contraste des franges d’interférence. La contradiction qu’évoque la complémentarité autorise donc une certaine forme de mélange. » expose Etienne Klein dans « La complémentarité quantique », article de l’ouvrage collectif « Dictionnaire de l’ignorance » sous la direction de Michel Cazenave.

Une des démonstrations du caractère dialectique de la physique quantique est son histoire elle-même. En effet, en 1925-1926, cette physique se divise en deux branches opposées, l’une fondée par Heisenberg et l’autre par Schrödinger, l’une la mécanique matricielle et l’autre la mécanique ondulatoire, l’une corpusculaire et l’autre ondulatoire, l’une fondée sur la discontinuité et l’autre sur la continuité et c’est la convergence dialectique des contraires qui va donner la physique quantique actuelle, qui a rassemblé les deux. Les corpuscules d’Heisenberg sont conservés et l’onde de Schrödinger aussi. L’onde devient la fonction continue dynamique qui indique la probabilité de présence du… corpuscule discontinu…

Par contre, Schrödinger, dans « Science et Humanisme », s’il reconnait les corpuscules, précise : « Il vaut mieux ne pas regarder une particule comme une entité permanente, mais plutôt comme un évènement instantané. Parfois, ces évènements forment des chaînes qui donnent l’illusion d’être des objets permanents. »

Mais ce n’est qu’une illusion. Les particules ne sont pas des objets fixes. Ce ne sont pas des objets toujours les mêmes. La particule est un ensemble de propriétés qui se conserve et qui est porté par une série changeante de particules virtuelles toujours différentes avec des sauts d’une particule virtuelle à une autre.

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