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Que penser de la thèse du "réchauffement global d’origine anthropique" ?

20 mars 2010, 14:35, par Robert Kandel

L’auteur de cet article choisit de citer quelques extraits de mon ouvrage “Le Devenir des Climats”, publié en 1990.
Depuis 1990, avec l’accumulation et l’affinement des observations du Soleil depuis l’espace, des observations de la Terre depuis l’espace, à la surface, dans l’air et sous la mer, les sciences du climat ont évolué. Mes idées aussi. Avant de me ranger (en 2010 !) parmi les soi-disant « climatosceptiques », l’auteur aurait pu regarder ce que j’ai écrit depuis 1990, en particulier mon « Que sais-je ? » sur « Le réchauffement climatique » (3e édition, 2009 ; 4e édition à paraître) et mon dernier ouvrage (avec Maya Kandel) « La catastrophe climatique » (Hachette/Fayard 2009) ; ou alors mon « Regard » sur « Le changement climatique » paru dans « La Science au présent – 2007 ».

On sait depuis plus d’un siècle que le bilan énergétique de la planète, et donc le climat, dépend de trois facteurs : Soleil, effet parasol, effet de serre. On sait aujourd’hui que l’apport d’énergie solaire a varié de moins de 0,2 % - et de manière cyclique – depuis 1900. On sait que l’effet parasol subit des fluctuations importantes à la suite d’éruptions volcaniques puissantes, et qu’il dépend aussi du « volcan humain » des pollutions de différentes sortes. On sait que les émissions anthropiques (anthropique voulant dire ayant leur origine dans les activités industrielles, agricoles et pastorales des humains) de gaz carbonique ont déjà fait monter la concentration de ce gaz dans l’atmosphère de la planète de 280 ppm (parties par million par unité de volume) en 1850 à plus de 385 en ppm en 2009. De même pour d’autres gaz à effet de serre comme le méthane.

Le gaz carbonique (CO2) et la vapeur d’eau (H2O) ne constituent qu’une très faible fraction de l’air, mais ils dominent l’effet de serre, contrôlant le rayonnement de chaleur de la Terre vers l’espace. Certes le CO2 vient derrière le H2O en tant que gaz à effet de serre, mais les calculs rigoureux ainsi que les mesures montrent sans aucun doute que les gaz (CO2, méthane et d’autres) ajoutés par les activités humaines ont déjà renforcé l’effet de serre de près de 2%. Le CO2 ajouté contribue pour deux tiers à ce renforcement ; et les travaux scientifiques publiés, examinés et résumés par le GIEC, tiennent compte des autres gaz ajoutés, comme ils tiennent compte de l’effet de serre de la vapeur d’eau et des nuages. Ces gaz ajoutés renforcent l’effet de serre, et « forçage » croissant de changement climatique est déjà au moins dix sinon vingt fois plus fort que le forçage cyclique solaire. Evidemment il ne faut pas oublier le facteur six du au fait que la Terre est ronde et son albédo vaut 30% et non zéro.

Connaissant le rôle primordial du Soleil, il est certain que les variations solaires peuvent jouer un rôle dans les variations du climat. Bien sûr, la luminosité solaire a changé depuis quatre milliards d’années. Mais pour le siècle voire le millénaire à venir, rien ne permet de supposer des variations significatives. Quant aux variations « Milankovitch » de l’orbite et de l’axe de rotation de la Terre, qui changent la répartition en latitude et en saison du rayonnement solaire incident et contrôlent le rythme des périodes glaciaires, elles ne deviendront pas significatives avant des millénaires.

Reste la question d’effets subtils de l’activité solaire – rayonnement ultraviolet, particules énergétiques, champ magnétique interplanétaire – effets bien observés dans la haute atmosphère. Se font-ils sentir à la surface, là où vivent les humains ? Possible, et suggéré par certaines analyses des variations climatiques d’un passé lointain. Mais on a tant sorti les taches solaires pour expliquer tant de phénomènes ; restons sceptiques. Certaines des « preuves » avancées ne sont que des pétitions de principe. Restons sceptiques à l’égard de ceux qui invoquent des facteurs d’amplification d’effets microscopiques des variations solaires, tout en voulant négliger le renforcement de l’effet de serre, plus fort par un facteur 10 sinon 100. Regardez ce que j’en pense dans mon article paru dans « La Science au Présent - 2008 ».

Ne me rangez pas parmi les soi-disant « climatosceptiques ». Et quant à votre recensement « de grands climatologues qui n’approuvent pas la thèse du réchauffement anthropique dû à l’effet de serre lié au gaz carbonique », je suis très sceptique. Corrigez les fautes d’orthographe, enlevez les morts qui auraient pu changer d’avis, et enlevez aussi les noms de Paul Reiter, Freeman Dyson et Frederick Seitz, grands scientifiques dans leurs domaines mais pas climatologues pour autant.

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