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Safran, un bel exemple de crash capitaliste qui n’est pas causé par la coronavirus

20 mars 2020, 02:17, par Max

Les arbres montent haut mais ne touchent jamais le ciel.
Les actions montent vite , mais leur chute est encore plus vertigineuse.
Combien de discours des RH (ressources humaines) pour nous inciter à placer nos économies, salaires, retraites dans la banque Safran gérée par Natixis.
Notre travail n’est pas un jeu et nos vies ne sont pas des jetons de casino à mettre dans un bandit manchot.
En 8ans le cours de l’action a été multiplié par 4 pour atteindre 150E. En 1 mois elle est descendu à 50E....en perdant 1/3 de sa valeur.
On nous a répété que si les salaires n’augmentaient plus (ou si peu -1%) on pouvait compter sur les ntéressements&particiations .
Alors chaque année, les profits annoncés dépassent ceux de l’année passée , l’action monte ..et la production stagne, les nouvelles pièces n’arrivent pas mais par contre les déclarations des patrons du secteurs aéronautiques sonttrès loin d’être rassurantes dans la presse...spécialisée : ils ne savent jamais ce qui va se passer sur 6 mois , aucune vision possible sur le long terme >1an (interview dans l’Usine Nouvelle 2017). Ce sont essentiellement les sous traitants fournisseurs qui le disent car en écoutant les déclarations officielles dans les différents salons aéronautiques, dans la presse généraliste, c’est l’euphorie et même parfois l’emballement. Les PDG ne savent pas comment ils vont répondre à la demande des clients !
En réalité , la stratégie consiste à exciter la convoitise des nombreuses branches industrielles du groupe et de leur sous traitants pour qu’ils s’endettent massivement dans des machines couteuses et des lignes de production complètement neuves. Ainsi fait, l’outil industriel se modernise et produit rapidement (mais non sans problème) les pièces, moteurs, train d’atterrissage, nacelles, équipements intérieurs, transmissions de puissance, système électrique, optique, qui vont équiper les avions, hélicoptères, militaires et civils.
Les usines deviennent très productive d’autant que la masse salariale a diminué de moitié dans les usines. Pour 3 départs il y a 1 embauche et encore cela dépend des années. Les effectifs ont fondu comme neige au soleil. Des ateliers de 500 ouvriers passent à 70 !
Dans ces conditions , les capitalistes savent que la productivité va rapidement atteindre son seuil limite avec les risques d’accidents technologiques que cela comporte. Il n’y a plus rien à attendre surtout que les compagnies aériennes revoient à la baisse le renouvellement de leur flotte d’avion : elles ne jurent que par le low cost et donc elles pressent les constructeurs de tirer au maximum les prix ...les décisionnaires n’ont plus le choix que de vendre du rêve . Un secteur a déjà fait ça : celui de l’automobile et d’ailleurs cela va devenir un exemple pour les jeunes cadres directeurs. Réduire les coûts par tous les moyens, quitte à sauter des phases importantes avant la mise en production...
Renault-Nissan avait commencé par fermé 10 usines au Japon , puis elle ferma celle de Belgique à Vilvorde, la plus productive du groupe !
Renault Nissan est passé de la plus alliance entre constructeur de voiture à celle de plus grande banque industrielle finançant , investissant sur le marché mondial comme n’importe organisme financier le ferait. L’Etat actionnaire majoritaire a organisé cette transformation que le gouvernement soit de gauche ou droite, avec les autres actionnaires. C’est un mouvement général du capitalisme qui ne mise plus sur la production réelle rapportant des profits importants , mais sur le détournement complet de l’investissement productif vers la sphère financière.
La nouveauté qui montre bien ce passage est la gouvernance d’entreprise : il y a 2 PDG, un pour l’industriel , un pour la finance et les deux sont officiellement et symboliquement sur un même plan, car le capitalisme ancien ne peut pas complètement effacer sa direction industrielle d’un coup de crayon.
Tous les choix sont par contre dépendant du niveau de rentabilité des capitaux à court terme. Le désinvestissement massif et financier signifie la faillite si les Etats et les banques centrales ne viennent pas au secours de la multinationale. En 2008 si l’Etat américain n’intervient , ce sont 3 géants de l’automobile qui font faillite : General Motors, Ford & Chrysler. Ils seront sauvés et deviendront le symbole du renflouement par l’Etat du capitalisme industriel. Ce sont des centaines de nationalisation qui ne diront jamais leur nom qui permettent au capitalisme de ne pas sombrer en 2008. Les Etats sont donc déjà endettés sur des dizaines de générations et en 2020 rebelote...non impossible. La vérité est que la vieille machine capitaliste ne peut plus respirer car il n’y a plus d’intubateur. Comme disent les médecins actuellement , on doit choisir qui intuber car on manque de tout. Et bien Safran et beaucoup d’autres multinationales sont pareillement condamnées à la mort : elles n’ont pas choisi vraiment cette fin mais elles savaient que les arbres ne montent jamais au ciel.

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