Accueil > ... > Forum 49281

Une pandémie mondialement mortelle, est-ce bien le moment de parler de révolution et de renversement du capitalisme ?

7 juin 2020, 07:30, par arthur

La nouveauté, alors, où est-elle ? Dans le nouveau mode de gouvernance globale qui se met en place sous nos yeux, avec l’assentiment d’une bonne partie de l’opinion qui rêve d’être protégée des autres, et même d’elle-même. Un nouveau mode de gouvernance qui consacre le rôle central d’un nouvel-ancien acteur : le complexe militaro-industriel. En effet, ce que beaucoup considèrent comme une sorte de « coup d’état sanitaire » à la faveur de ce brave Corona, je propose de le penser plus précisément comme un coup d’état militaro-industriel global.

Le coup d’état militaro-industriel global possède au moins quatre dimensions importantes. Premier point et fait très curieux : les militaires ne prennent pas directement le pouvoir. On avait déjà vu cela avec l’actuel président du Brésil par exemple (c’est un ancien militaire, élu après un impeachment qui frisait le putsch). Au contraire, deuxième point, les militaires apparaissent pour l’instant encore comme protecteurs et sauveurs, dispensateurs de nourriture, d’hôpitaux de campagne [28], garants du respect du confinement et peut-être à moyen terme, de la continuité de la production – quand les caissières et les infirmières auront toute rendu leur tablier ou se seront « levées et cassées ». Mais où peut-on partir maintenant, si ce n’est ad matrem ? Troisième point : de qui donc nous protège l’armée ? Car une guerre (version gouvernementale) ou un coup d’Etat (version « mauvais esprit ») se font contre des ennemis. Eh bien, les ennemis, comme vu ci-dessus, ce sont les personnes inconscientes qui bravent l’interdiction de sortir et prétendent se balader sans Ausweis, sans carta de alforria, sans dire vers où, à quelle heure exactement et pourquoi. Les personnes qui font autre chose que (1) consommer de la nourriture (2) consommer des produits de l’industrie pharmaceutique (3) entretenir la force de travail physique et mentale par un petit jogging en solitaire ou en faisant pisser le chien (la promenade du chien c’est un peu la bière des ouvriers de Marx) ou bien sûr (4) aller bosser gratuitement pour soutenir des proches malades, livrer des pizzas ou pour faire tourner les secteurs de l’économie jugés indispensables en haut lieu. Pour être plus précise encore, l’ennemi, c’est n’importe quelle personne « récalcitrante » qui propagerait le virus, même involontairement et sans le savoi (version gouvernementale) et/ou qui désobéirait aux restrictions et obligations édictées par le gouvernement, qui a pris les pleins pouvoirs (version « mauvais esprit »). Or les récalcitrant-e-s potentiel-le-s, bien sûr ce sont les prolétaires qui pourraient refuser d’aller se faire contaminer pour des paies misérables, les rebelles dans l’âme et celles et ceux qui sont « toujours-déjà mort-e-s ».

Mais en fait, et surtout, l’ennemi c’est aussi absolument tout le monde. Puisque le virus peut être en chacun-e d’entre nous. Sans qu’il se voie, sans même que nous en ayons conscience. Plus besoin d’être politisé-e pour être l’adversaire, plus besoin même de croire dans une religion minorisée, d’avoir une couleur de peau, un nom à consonance, un sexe suspect ou d’appartenir à une classe dangereuse. De la présidence jusqu’à la femme de ménage, l’ensemble de la population est suspecte. Alors oui, une nouvelle doctrine de sécurité est née, nationale et transnationale : celle d’une guerre d’un nouveau type qui vise virtuellement l’ensemble de la population. L’« ennemi intérieur » est toujours-peut-être-déjà en nous… Et la guerre lancée par le complexe militaro-industriel, à la différence des guerres classiques, n’obéit pas à la moindre convention [29]. Quant à signer la paix avec un virus… La fin de la guerre risque de tarder.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.