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Double hommage à la Commune de Paris : celui de ses ennemis et celui de ses partisans

14 décembre 2009, 18:05, par Robert Paris

La position des « intellectuels » vis-à-vis de la révolte populaire ne date pas de la Commune :

Baudelaire écrivait déjà, dans « Salons de 1845, à propos d’un sergent de ville, un municipal, qui donnait des coups de crosse à un émeutier :

« Crosse, crosse un peu plus fort, crosse encore, municipal de mon cœur, car en ce crossement suprême, je t’adore et je te juge semblable à Jupiter le grand justicier. L’homme que tu crosses est un ennemi des fleurs et des parfums. (…) Crosse religieusement les omoplates de l’anarchiste. »

Saint Marc de Girardin dans « Le journal des débats » d’août 1832 :

« Les Barbares qui menacent la société ne sont point au Caucase ni dans les steppes de Tartarie, ils sont dans les faubourgs de nos villes manufacturières. »

Ernest Renan dans « Dialogues philosophiques » :

« Il faut avouer que nous ne concevons guère la grande culture régnant sur une portion de l’humanité sans qu’une autre portion y serve en sous-ordre. L’essentiel est que la grande culture s’établisse et se rende maîtresse du monde. L’essentiel est moins de produire des masses éclairées que de produire des grands génies… Si l’ignorance des masses est une condition pour cela, tant pis. La nature ne s’arrête pas devant de tels soucis ; elle sacrifie des espèces entières pour que d’autres trouvent les conditions essentielles de leur vie (…) Le grand nombre doit penser et jouir par procuration. (…) La masse travaille, quelques-uns remplissent pour elle les hautes fonctions de la vie ; voilà l’humanité. (…) Quelques-uns vivent pour tous. Si on veut changer, personne ne vivra. »

Ce n’est pas d’incompréhension que ces intellectuels souffrent, bien au contraire :

Edmond de Goncourt dans son « Journal » :

« Enfermer dans Paris cent mille hommes indisciplinés et démoralisés par leurs défaites, en ces jours de famine qui vont précéder le ravitaillement, n’est-ce pas enfermer la rébellion, l’émeute, le pillage ? »

Ceci le 30 janvier 1871.

Et le 28 mars 1871 :

« Ce qui arrive est tout uniment la conquête de la France par l’ouvrier et l’asservissement sous son despotisme du noble, du bourgeois, du paysan. Le gouvernement quitte les mains de ceux qui possèdent pour aller aux mains de ceux qui ne possèdent pas, de ceux qui ont un intérêt matériel à la conservation de la société à ceux qui sont complètement désintéressés d’ordre, de stabilité, de conservation… »

Cela n’empêchera pas un Zola d’écrire après le massacre de la Commune :

« Le bain de sang qu’il (le peuple de Paris) vient de prendre était peut-être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. »

Georges Sans écrit sur les Communards :

« Ces hommes ont été mus par la haine, l’ambition déçue, le patriotisme mal entendu, le fanatisme sans idéal, la niaiserie du sentiment ou la méchanceté naturelle. »

Leconte de Lisle :

« Nous avons été la proie d’un soulèvement de tous les déclassés, de tous les incapables, de tous les envieux, de tous les assassins, de tous les voleurs… etc. (…) J’espère que la répression sera telle que rien ne bougera plus. »

Francisque Sarcey :

« Dût-on noyer cette insurrection dans le sang, dût-on l’ensevelir sous les ruines de la ville en feu, il n’y a pas de compromis possible. »

Et dans un reste de conscience, Leconte de Lisle :

« Tout n’est pas dit et le jour de cette ruine totale n’est peut-être pas éloigné. Le prolétariat triomphera inévitablement, et ce sera la fin de la France. Après tout, ni le civilisations, ni les nations ne sont immortelles. »

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