Accueil > ... > Forum 1635

Luttes en Afrique 1988-91

6 août 2009, 09:52, par BOL DE BKO

« Je suis là pour le peuple et je ne suis pas venu pour l’opinion internationale ». Ce n’est pas Danton mais Tandja qui s’exprimait ainsi lors d’une conférence de presse, dimanche. Voilà qui boucle la boucle.. Hier, le président nigérien a d’ailleurs fait voter l’armée pour mieux la déployer aujourd’hui si la situation sécuritaire l’exige. L’opposition a juré d’empêcher la tenue du référendum. Cependant, que peut-elle réellement ? Prendre une balle lors d’une marche contre la vie chère, ça passe. Mais pour la rue africaine qui survit plus qu’elle ne vit, donner sa poitrine pour la Vè ou la VIè République, c’est moins évident. D’autant que les politiciens ont réussi l’exploit de faire croire qu’ils sont largement interchangeables et tous décevants. Encore que les forces politiques et sociales du Niger ont démontré au cours de leur long bras de fer avec Tandja que la démocratie c’est aussi la qualité de ses contre-pouvoirs. La probabilité la plus forte est que le référendum se tienne, qu’il soit ponctué de quelques heurts vite maîtrisés, que le taux de participation officiel soit déclaré satisfaisant pour un oui qui ne peut qu’être massif. Poutine avait tout vu et compris qui disait que le plus important n’était pas le vote mais le décompte. Donc, le défi pour Tandja n’est pas de remporter le référendum mais de pouvoir gouverner, ne serait-ce que pour ses trois ans de tazartché. Dans l’adversité, il est vrai, jamais irréversible de la classe politique et des forces syndicales. Et sans l’assistance financière de la communauté internationale. Qui aurait bien pâle figure en validant le règne de Tandja au-delà de décembre prochain. C’est là d’ailleurs que se situe l’enjeu nigérien. Ce n’est pas que Tandja ait prolongé son mandat, ce qui est courant en Afrique, mais qu’il ait touché à une clause intangible de la constitution de son pays dont il est le garant, qu’il ait foulé du pied le verdict de la cour constitutionnelle qui est pourtant sans appel, et enfin renvoyé les juges constitutionnels de leur mission sans en avoir le droit. L’argument du pouvoir de fait, donc du coup d’Etat ne manquera pas d’être exploité par ses adversaires et s’il aboutit, le Niger connaîtra un long isolement international qui pourrait lui faire mal. A moins que son uranium ne plaide pour lui. Ce qui voudra dire que le précieux minerai a aidé Tandja, mais irradié la démocratie.

Bill

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.