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Ce que nous voulons et ... ce dont nous ne voulons plus

30 mai 2009, 09:22

« C’est une bonne idée de vouloir discuter, dans un cercle Zimmerwald [*], de la situation et de la tactique du socialisme (…). Le nom (de ce cercle) trace la perspective juste : face à la multiplicité des organisations qui, pendant la Première Guerre mondiale, en Europe, ont suivi les gouvernements capitalistes et ont ainsi empêché toute lutte ouvrière (union sacrée), un petit nombre de gens se sont réunis pour proclamer leur opposition et appeler au nouveau combat.
Aujourd’hui, il s’agit de petits groupes en face de la masse des socialistes et des syndicalistes gouvernementaux (…). Bien sûr, il ne peut encore s’agir d’autre chose que de discuter des nouvelles formes de lutte et d’organisation. Ou même pas encore de cela : tout ce dont on peut discuter, ce sont des points de vue généraux, de la théorie du développement mondial et de la lutte de classe. Or, vous posez une série de questions à propos de la théorie des conseils ; vous y voyez des contradictions, des difficultés, des impossibilités, et vous désirez plus de lumière, des détails que vous ne trouvez pas dans le livre Workers’ Councils. Mais vous ne devez pas oublier qu’en employant le terme “conseil ouvrier”, nous ne proposons pas de solutions, mais nous posons des problèmes.
Et cela veut dire qu’en tant que petit groupe de discussion, nous ne pouvons pas résoudre ces problèmes, et ce n’est pas nous qui pouvons préserver le monde des crises et des catastrophes ; et même si tous les hommes politiques et chefs d’organisations se réunissaient et voulaient sauver le monde, ils ne pourraient pas eux non plus résoudre ces problèmes.
Seules pourraient le faire des forces de masses, des classes, à travers leur lutte pratique (c’est-à-dire une époque, une période historique de luttes de classes).
Nous ne sommes pas en mesure – et ce n’est pas notre tâche – d’imaginer comment elles le feront ; les gens qui se trouvent pratiquement et à tout moment devant les tâches auront à le faire, pour autant qu’ils en seront capables. Mais alors il s’agira moins de prendre des mesures particulières ou de découvrir des formes d’organisation, que de l’esprit qui anime les masses.
C’est ce que vous soulignez vous-même fort justement. Ce qui importe donc et que nous pouvons faire, ce n’est pas d’imaginer à leur place comment ils doivent agir, mais de leur faire connaître l’esprit, les principes, la pensée fondamentale du système des conseils qui se résument en ceci : les producteurs doivent être eux-mêmes les maîtres des moyens de production. Si leur esprit s’en pénètre, ils sauront eux-mêmes, nécessairement, ce qu’il faudra faire. Nous nous trouvons aujourd’hui dans la même situation qu’autrefois, lorsqu’on a reproché aux socialistes de se refuser à révéler exactement comment ils voulaient organiser la société future et de renvoyer à la révolution : les gens qui feront la révolution auront eux-mêmes à résoudre leurs problèmes. Il en est de même dans le cas qui nous préoccupe : lorsqu’on pose comme principe vivant que les travailleurs veulent être maîtres de leurs moyens de production, on n’a pas besoin de se creuser maintenant la tête pour savoir comment, avec quelles formes d’organisation, cela devra être réalisé. Même si on vous dit : « Dites-Ie nous exactement, sans quoi nous refusons de participer ». C’est de ce point de vue qu’on devrait envisager la discussion sur les moyens de lutte. Par conséquent, la propagande de l’idée des conseils ne signifie pas que si les travailleurs abolissent demain les partis et les syndicats et les remplacent par des conseils toute la situation sera d’un coup changée. Cela signifie que les différences de classe, la domination de classe et l’exploitation ne peuvent être abolies par le parlementarisme et les syndicats, mais seulement au moyen de l’organisation des conseils. Au demeurant, vous pouvez le lire dans Workers’ Councils : les conseils sont le type d’organisation naturel du prolétariat révolutionnaire »

Anton Pannekoek

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