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Mondialisation, financiarisation, guerre permanente, le néo-impérialisme

8 mars 2009, 00:50, par Max

Extrait de la revue Manière de voir de Mars 2009)

Début décembre 2008, après l’annonce brutale de leur licenciement, 240 ouvriers de la société Republic Windows&Doors, à Chigago, ont illégalement occupé leur usine pendant 6 jours.
Tous membres d’United Electrical Radio and Machine Workers of America, petit syndicat très combatif se situant à la gauche du mouvement ouvrier américain. Dons et messages de soutien-dont celui du président élu B.Obama-ont afflué des 4 coins des USA. Et leur audace a payé, puisqu’ils ont obtenu ce qu’ils exigeaient : soixante jours d’indemnités, le versement de leurs congés payés et la prolongation de leur assurance maladie pendant 2 mois

L’occupation de l’usine a été soigneusement préparée. Ayant compris à l’avance que l’entreprise compte fermer cette fabrique pour en acheter une autre où les ouvriers ne sont pas syndiqués, les militants syndicaux envisagent la possibilité d’occuper l’usine, bien qu’ils soient conscients des risques encourus : ils s’exposent à être arrêtés pour violation de la propriété privé. Mais quand ils soumettent l’idée à leurs collègues, tous se disent prêts à passer à l’action. 3 jours après l’annonce par la direction de la fermeture (qui la justifie par le non octroi de crédit par une banque), le syndicat organise une assemblée générale à la cafétéria. Quand le délégué syndical demande qui est prêt à occuper l’usine, toutes les mains se lèvent. Les ouvriers, d’origine hispanique à 80%, se mettent à scander : « Si, se puede !, traduction de « Yes, we can ! » popularisé par le syndicat United Farm Workers Union dans les années 1960 et repris comme slogan électoral par M.Obama.
Informée de l’occupation, Bank of America, l’une des plus puissantes structures financières du pays, affirme que l’annulation des lignes de crédit est une procédure normale, déclenchée par les problèmes de trésorerie qui affectent l’entreprise, depuis l’effondrement du secteur de la construction aux USA.
« la semaine dernière, on découpait du verre pour remplir une commande de 1000 fenêtres, témoigne un ouvrier. Du travail, il y en avait. Et un beau matin, les patrons nous convoquent pour nous dire qu’on doit tous démissionner, qu’on le veuille ou non ». L’occupation démarre le 5 décembre, jour où Bush admet publiquement que le pays est en récession. Au même moment, le ministère du travail publie un rapport révélant que les entreprises américaines ont supprimé 533000 emplois au mois de novembre : la chute la plus grave depuis 1974.
B.Obama va déclarer « lorsque des employés réclament les indemnités auxquelles ils ont droit , je les soutiens sans réserve. Quand le système financier commence à vaciller, le crédit se raréfie, les entreprises réduisent leurs investissements et licencient. Il est donc important d’assainir le système financier. Mais il est tout aussi nécessaire de nous assurer que les aides de l’état ne servent pas seulement à améliorer le bilan des banques et qu’elles parviennent bien jusqu’aux citoyens sous forme de prêts aux particuliers ou aux entreprises. »
La Bank of America vient justement de recevoir une aide fédérale de 25milliards de dollards destinée à relancer l’octroi de crédit. Windows & Doors a reçu elle une aide de la mairie de Chicago de 10millions de Dollars attribuée dans le cadre d’un projet de réhabilitation urbaine.
Les américains envoient aux grévistes argent, nourriture, vêtements, couverture et message de sympathie. Le syndicat crée un site internet (www.ueunion.org/ue_republic.htlm )pour informer de la situation . Face à la détermination des ouvriers et au soutien exprimé, la Bank of America finit par céder et débloque 1,35millions d e dollards pour indemniser les licenciés. Le patron de l’usine, dont le salaire est de 225000 dollars par an, demande que le prêt couvre les mensualités de ses 2 voitures de fonction, une BMW et une Mercedes, ainsi que 2 mois de son salaires ! Mais il doit rapidement renoncer à ces exigences. Liens en texte et images pour en savoir plus.

Il y a 28 ans, un conflit social entamé à l’aube d ‘une nouvelle présidence, celle de R.Reagan, avait connu une tout autre issue.
Quelques jours seulement après l’arrêt de travail de 13000 aiguilleurs du ciel, le 3 août 1981, leur syndicat se vit imposer plusieurs dizaines de milllions de dollards d’amendes. Des poursuites furent engagées contre 72 de ses dirigeants , et les 12000 contrôleurs aériens qui avaient refusé d’obtempérer à l’ordre de retourner sans délai à leur poste reçurent une lettre de licenciement. S’appuyant sur le fait que les aiguilleurs du ciel ne disposaient du droit de grève, Reagan (pour qui leur syndicat, rompant avec l’AFL-CIO, avait pourtant appelé à voter quelques mois plutôt) les avait mis en garde avec beaucoup de solennité : « ceux qui ne répondront pas présent ce matin auront violé la loi et, s’ils ne se rendent pas au travail dans les 48Heures, auront renoncé à leur emploi et seront révoqués ». L’échec cinglant de ce mouvement s’accompagnera d’une chute très brutale –et très durable- du nombre de grèves. Entre 1979 et 1999, le nombre de conflits du travail impliquant au moins mille salariés passe de 235 à 17 ; le nombre de jours de travail « perdus » pour faits de grève, de 20millions à 2millions.

Par ailleurs, le 11 décembre 2008, au terme d’une lutte acharnée qui durait depuis 15 ans, les ouvriers du plus grand abattoir du monde, à Tar Heel, en Caroline du Nord, ont voté pour l’adhésion à un syndicat. Les 5000 employés de Smithfield Packing avait rejeté l’adhésion en 1994 et 1997, après avoir subi de fortes pressions de la direction installée dans un état dont les lois sont très hostiles aux syndicats. Le vote, qui a désigné l’United Food and Commercial Workers (UFCW) pour représenter les employés, constitue l’une des plus grandes victoires syndicales de ces dernières années aux USA, et la plus importante jamais remportée par l’UFCW. Environ 60% des employés de cet abattoir sont afro-américains.

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