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Révolte au Mali contre Moussa Traore

16 avril 2016, 15:04

Le sort du peuple malien aurait pu changer alors car la force revenait au petit peuple, à la rue, aux jeunes, aux femmes et aux travailleurs et ce sont les militaires qui ont tiré les marrons du feu et sauvé la dictature...

Le 26 mars 1991 le dictateur malien Moussa Traoré est chassé du pouvoir après avoir dirigé ce pays durant plus de 22 ans sous la terreur de l’armée et de son parti unique. Il est arrivé au pouvoir par un coup d’État, le 19 novembre 1968, contre le président Modibo Keïta.

Comme son prédécesseur, Moussa Traoré ne tolère aucune contestation. Il n’hésite pas à assassiner ses opposants ou à les enfermer dans la tristement célèbre prison de Kidal. De nombreux opposants sont contraints à l’exil pour échapper à la mort.

Au cours de l’année 1980, un vent de contestation estudiantine secoue son régime. Il la réprime violemment en assassinant le leader étudiant, Abdoul Karim Camara (dit « Cabral »), le 17 mars 1980. Mais loin de calmer la contestation estudiantine, cette répression ne fera que la renforcer. C’est ainsi que l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM) devient le fer de lance de l’opposition au régime.

Le bâillonnement de l’opposition, le racket de la population par les forces de l’ordre ainsi que la corruption qui règne dans toutes les administrations finissent par générer des mécontentements de plus en plus grands dans toutes les couches de la population malienne.

En 1990, un vent de contestation contre le parti unique secoue de nouveau le régime. Bien qu’interdits, des partis politiques opposés au régime se font jour en organisant des meetings et des rassemblements populaires défiant le pouvoir. Les populations soutiennent les associations et ces partis politiques. Même l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali) qui était jusque-là inféodée au régime se détache de lui en déclarant, fin mai 1990, que désormais elle « opte pour l’instauration du multipartisme et du pluralisme démocratique ».

Le régime de Moussa Traoré est aux abois. Tandis que le mécontentement populaire grandit et occupe les rues de la capitale et des autres grandes villes, le dictateur reste de plus en plus cloîtré dans son luxueux palais présidentiel de la colline de Koulouba

Le 17 mars 1991, plusieurs partis et associations politiques défilent dans la capitale pour commémorer l’assassinat du leader étudiant, Abdoul Karim Camara. Quelques jours plus tard, le 22 mars, les organisations contestataires mettent sur pied un Comité de coordination des associations et des organisations démocratiques. Les étudiants et élèves dressent des barricades aux principaux carrefours de la capitale. L’armée réprime et fait plusieurs dizaines de morts. Les corps de dizaines de manifestants touchés jonchent les couloirs du service des urgences de l’hôpital Gabriel-Touré. Le gouvernement envoie des soldats jusqu’à l’intérieur de l’hôpital pour achever les manifestants blessés. Le lendemain, 23 mars, la tuerie continue.

Moussa Traoré reçoit les dignitaires religieux pour tenter de calmer la population, en vain. Le lendemain, 24 Mars, des femmes de Bamako lancent un appel pour faire une marche de protestation contre les tueries du régime. Plus de cent mille personnes participent à cette manifestation et décident de marcher sur Koulouba. L’armée ouvre le feu et fait de nombreuses autres victimes mais la mobilisation populaire ne faiblit pas, le régime de Moussa Traoré agonise.

Le 26 mars 1991, le dictateur est renversé par un coup d’État militaire. Un groupe d’officiers met en place un « Comité de transition pour le salut du peuple » dirigé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT). Moussa Traoré est arrêté et condamné à mort en 1993. Il est gracié en 2002 par Alpha Oumar Konaré et depuis cette date il est libre et mène sa vie au Mali.

Depuis sa chute le multipartisme a été établi au Mali et l’opposition peut s’exprimer plus ou moins librement. Mais le sort des travailleurs et de la population pauvre n’a pas changé pour autant. La corruption et le racket des forces de l’ordre sur la population qui avaient un temps reculé ont refait surface dès que la mobilisation populaire a disparu. Le palais de Koulouba a changé de locataire plusieurs fois mais les caisses de l’État continuent d’être dilapidées par les nouveaux arrivants. Le sort des travailleurs, des petites gens des villes et des campagnes ne changera véritablement que lorsque les exploités prendront eux-mêmes le pouvoir et l’exerceront pour mettre fin à l’exploitation et à l’oppression.

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