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Le monde est bien en état de tempête

9 octobre 2019, 07:49, par WSWS

Port-au-Prince, capitale d’Haïti, et plusieurs autres grandes villes du pays ont été pratiquement fermées ces trois dernières semaines suite à de nouvelles manifestations anti-gouvernementales de masse. Celles-ci éclatent à intervalles réguliers depuis juillet de l’année dernière. Les jeunes démunis des quartiers populaires sont sortis dans les rues par dizaines de milliers pour dénoncer leurs conditions de vie infernales.

Les récentes manifestations ont vu l’érection de barrages routiers et des affrontements avec la police en réaction à l’utilisation aveugle par celle-ci de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de tirs à balles réelles. Selon une organisation haïtienne de défense des droits humains, au moins dix-sept personnes sont mortes depuis le début de la dernière vague de manifestations à la mi-septembre.

Les manifestants dénoncent entre autres : le manque chronique de carburant qui a forcé la fermeture des écoles depuis plusieurs semaines, perturbé les services hospitaliers et provoqué des coupures de courant généralisées ; la chute brutale de la monnaie haïtienne (la gourde) par rapport au dollar américain et une inflation de près de 20 pour cent qui a mis les denrées de base hors de portée de la majorité de la population ; et la dilapidation des fonds publics par les politiciens à tous les niveaux du gouvernement – y compris la présidence, les divers ministères, le sénat et la chambre basse du parlement.

La principale revendication des manifestants, cependant, est que le président haïtien Jovenel Moïse soit démis de ses fonctions et traduit en justice pour son rôle dans des assassinats extrajudiciaires d’opposants à son gouvernement et son implication dans un vaste réseau de corruption. Selon un rapport de 600 pages publié en juin dernier par la Cour Supérieure des Comptes du pays, deux sociétés contrôlées par Moïse se sont vu attribuer des contrats de construction de routes publiques d’une valeur supérieure à un million de dollars, pour lesquels aucun travail réel n’a jamais été effectué. Les contrats ont été attribués sous l’égide de l’ancien président, le néo-duvaliériste Michel Martelly qui, avec l’appui de Washington, a aidé à truquer les élections de 2016 pour porter Moïse au pouvoir.

L’argent pour les faux contrats routiers provenait du fonds PetroCaribe, qui a été constitué sur une période de dix ans à partir de 2007 grâce à la revente par le gouvernement haïtien de pétrole subventionné obtenu du Venezuela. Le montant total ayant transité par ce fonds est estimé à plus de deux milliards de dollars. Attribué par le Venezuela à Haïti et à un certain nombre d’autres pays des Caraïbes, en dépit de l’opposition féroce du gouvernement américain, cet argent était destiné à financer des programmes sociaux et des projets d’infrastructures publiques. Mais il a été largement pillé par l’élite politique haïtienne et ses amis du milieu des affaires.

Outre Moïse, un certain nombre de personnalités politiques de premier plan, dont l’ancien président Martelly, ont été accusées de détournement du fonds PetroCaribe, dont il ne reste que très peu.

Les manifestations de juillet 2018 qui ont déclenché le cycle récurrent de manifestations anti-Moïse ont elles-mêmes été déclenchées par une augmentation allant jusqu’à 50 pour cent du prix de l’essence à la pompe. Cette augmentation a été faite sur ordre direct du FMI. Le gouvernement vénézuélien ayant été contraint de mettre fin au programme d’aide en raison de l’aggravation de la crise économique intérieure, le FMI a insisté pour qu’Haïti cesse de subventionner le prix du pétrole et exerce une pression accrue sur les masses du pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental

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