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Les gouvernants capitalistes sont incapables de défendre notre santé et notre sécurité, faisons-le nous-mêmes !!

11 janvier 2022, 19:18, par marredesjournéesdinaction

À Toulouse, le personnel de l’hôpital des enfants entre en grève illimitée
Les agentes de cet établissement du CHU de Toulouse ont décidé d’arrêter de travailler à partir du 11 janvier pour protester contre la mise en danger des patients et un niveau de souffrance au travail jamais atteint auparavant.
Toulouse (Haute-Garonne).– Avec ses 303 lits et ses 700 soignants, l’hôpital des enfants de Toulouse est une grosse machine… qui craque de toutes parts. Mardi 11 janvier, son personnel lance une grève générale et illimitée alors que l’établissement est saturé depuis septembre. En cause, des enfants qui se retrouvent pour la première fois confronté·es à des épidémies ou à des affections hivernales aussi précoces que virulentes : bronchiolites, gastro-entérites, asthme, laryngites, trachéites, et maintenant la cinquième vague de Covid-19…

« On est censé avoir une infirmière pour deux enfants, on se retrouve à une pour huit », explique Élodie*, une infirmière diplômée d’État. Parfois, c’est pire : « Cette nuit, au dernier moment, une collègue s’est mise en arrêt maladie. Personne pour la remplacer. On s’est retrouvé avec une infirmière pour 19 enfants », renchérit Annie*, une de ses collègues. « Selon les textes, lorsqu’un enfant arrive à l’accueil de l’hôpital, on est censé le voir dans le quart d’heure. Là, on peut avoir jusqu’à 2 h 30 d’attente », rajoute une troisième, Sarah*. Elle poursuit : « Tous les jours, on vient avec la boule au ventre en se disant qu’on va en perdre un. Quand est-ce que ça va arriver et surtout sur qui ça va tomber ? »

Un médecin du travail « stupéfié »
Le 6 décembre, alerté par plusieurs médecins et personnels paramédicaux, Jérôme Sommé, médecin du travail, fait une descente dans l’hôpital des enfants. Le lendemain, il consigne ce qu’il a vu dans un courrier adressé à Anne Ferrer, la directrice générale par intérim. « J’ai été stupéfié par la situation dans laquelle se trouvent actuellement ces professionnels de santé, que ce soit sur le plan de l’ergonomie physique (locaux, matériels), de l’organisation du travail (lits d’aval, ETP médicaux et paramédicaux) et de leur épuisement physique et psychique (allant jusqu’à une souffrance symptomatique verbalisée par certains) », écrit-il dans une lettre que Mediacités a pu consulter.

Il décrit « un manque de moyens humains », mais aussi un « espace collectif de travail inadapté par rapport au nombre de professionnels », un « manque d’ordinateur, un fauteuil éventré ». Il note également un « manque de lits dans l’hôpital obligeant la prise en charge de patients dans les couloirs, huit lors de ma visite et deux enfants présents plus de 24 heures faute de solution pour un transfert sur les urgences pédiatriques ».

En guise de préconisations, il demande à la direction générale de diligenter au pas de charge une « visite des locaux et des services au plus vite afin de constater la situation ». En vain. La direction du CHU ne bronche pas.

Le 15 décembre, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du CHU déclenche une procédure de danger grave et imminent sur l’hôpital des enfants. La quasi-totalité des services est concernée par la dégradation des conditions de travail : absence de personnel de remplacement pour les soins critiques, heures supplémentaires prises sur les jours de repos…

Des agentes accusées « d’abandon de poste » ou de « désertion »
Le lendemain, les membres du CHSCT, dans lequel siègent entre autres les représentants du personnel et ceux de la direction, se réunissent pour enquêter sur le sujet. Ils demandent aux soignantes de venir témoigner devant eux. Rapidement, la réunion s’interrompt, car les infirmières sont empêchées de venir.

D’après elles, des cadres de santé les auraient menacées d’enclencher contre elles des procédures pour « désertion » ou « abandon de poste » si jamais elles se rendaient à cette entrevue. Sollicitée par Mediacités, la direction du CHU de Toulouse n’a pas voulu donner suite....
Confrontée aux propositions des membres du CHSCT, notamment en termes de recrutements immédiats, Muriel Legendre, la présidente du CHSCT, a pour l’heure refusé de donner suite. En réaction, l’inspection du travail a été saisie. Une plainte va également être envoyée au procureur de la République de Toulouse pour « mise en danger et pour manquement de la direction générale du CHU de Toulouse dans l’organisation de la continuité des soins et dans l’obligation générale de sécurité sur la santé des agents à l’hôpital des enfants du CHU de Toulouse ».

Pour les membres du CHSCT, l’établissement est « hors de contrôle » et « la direction ne prend aucune décision ». Ils viennent également d’écrire au ministère de la santé pour l’alerter de cette situation. Mardi 11 janvier, après un rassemblement à 13 h 30 devant l’hôpital, les soignants rejoindront leurs collègues dans le centre-ville de Toulouse à l’occasion d’une nouvelle mobilisation nationale du secteur de la santé. Une de plus…

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