Accueil > ... > Forum 3938

La révolte sociale gronde en Algérie

4 avril 2010, 09:14, par Robert Paris

Relogement Émeutes au quartier Zaâtcha à Alger Par : Ali Farès, Liberté, 10 mars 2010 À la manière de ses habitants plutôt discrets, le bidonville Zaâtcha, mitoyen à la populaire cité Mahieddine dans la commune de Sidi M’hamed, est à peine visible aux gens de passage. Pourtant, il est l’un des plus anciens sites d’habitat [...]

Par : Ali Farès, Liberté, 10 mars 2010

À la manière de ses habitants plutôt discrets, le bidonville Zaâtcha, mitoyen à la populaire cité Mahieddine dans la commune de Sidi M’hamed, est à peine visible aux gens de passage.

Pourtant, il est l’un des plus anciens sites d’habitat précaire d’Alger (construit en 1958) et reste le dernier survivant en plein cœur de la capitale et dans la commune la plus riche du pays. Hier, l’endroit était, encore une fois, le théâtre d’une grande colère amèrement exprimée par des résidents qui ne croient plus aux promesses, maintes fois faites, mais jamais tenues. Alors que les jeunes de ce quartier n’arrivaient pas à contenir leurs nerfs, les “anciens” tentaient de faire passer le message à qui veut les écouter que leur situation est critique. Le service d’ordre est impressionnant mais très en retrait. Ce qui a, d’ailleurs, évité l’affrontement. Il est vrai que la raison était de mise, car pour la majorité des citoyens de Zaâtcha, l’objectif étant d’attirer l’attention des autorités locales qu’il y a quelque part une discrimination dans le traitement d’un même problème, à savoir, le relogement.
“À Diar Echems, il a fallu une seule émeute pour que les responsables réagissent et vite. Cela fait des années que nous ne cessons d’expliquer notre cause aux autorités. Plusieurs députés et responsables sont venus nous voir dont l’actuel P/APN, Abdelaziz Ziari, lors de la campagne électorale. malheureusement rien n’a été fait. Nous vivons dans des conditions inhumaines”, raconte l’un des délégués du quartier. Nacer M.,
50 ans, qui nous a invités dans sa maison. Une mansarde de moins de 4 m2. L’unique pièce sert de cuisine et de chambre à coucher pour cinq personnes. “Nous n’avons pas de sanitaires. Les toilettes sont communes”, dira Nacer né dans cette même baraque. Lui et sa femme sont traités par un psychiatre alors que ses trois enfants souffrent de maladies respiratoires. Il faut dire que les conditions d’hygiène, en dépit des efforts faits par les habitants, sont loin des normes minimales. Ajouter à cela, la toiture de toutes les baraques en amiante. “Quand il pleut, aucun foyer n’est épargné par les infiltrations d’eau. Lors des fortes pluies, à l’exemple de ces derniers jours, c’est bonjour les dégâts. Toutes les maisons sont inondées”, signale son voisin Mahboub.
Ce dernier éclate en sanglots. Reprenant ses esprits, il explique que son père est un ancien moudjahid qui n’a jamais demandé quoi que ce soit. “Le mépris affiché par les responsables en charge de notre problème nous amène à conclure que nous sommes des moins que rien. Et pourtant Dieu seul sait à quel point nous avons la fibre patriotique. C’est justement cette faiblesse qui nous retient en pensant que l’État algérien nous accorde un peu de considération”, lâche ce citoyen.
Un autre habitant nous accoste et nous prie d’entrer dans sa maison minuscule. il travaille comme agent à l’imprimerie de la presse de Bab-Ezzouar. Ils sont sept dans un 5 m2. Sa fille, une adolescente, a failli perdre un pied en tombant d’un “perchoir” aménagé en lit d’occasion. La plupart des habitants de ce bidonville affirment avoir au moins deux membres de la famille asthmatiques (des enfants surtout). Des demandes de logement, toutes les familles en ont formulées auprès de qui de droit. “C’est à croire qu’on en veut aux habitants de ce quartier. Sinon, comment expliquer que sur les trois plus anciens bidonvilles d’Alger, à savoir El-Kettar, ex-Clos Salembier et Zaâtcha, c’est ce dernier qui est toujours-là à témoigner de l’époque coloniale. Les deux autres ont été démolis et les familles relogées. À présent, on fait passer d’autres priorités. C’est sidérant”, conclut un vieux qui a passé les trois quart de sa vie dans ce bidonville à deux encablures du Palais d’El-Mouradia et de l’épicentre de la capitale. Le wali délégué de Sidi M’hamed, Ahmed Khalfi, joint par téléphone, a précisé que “toutes les formalités de relogement des 291 familles qui habitent ce site sont faites. Après Diar Echems et le site du Val d’Hydra qui seront relogés incessamment, nous prendrons en charge le relogement du site Zaâtcha, opération prévue dans les semaines qui viennent”.
À l’heure où nous mettons sous presse, une délégation des habitants, conduite par l’imam de la mosquée du quartier, devait être reçue dans l’après-midi par le SG de la wilaya d’Alger, Ould Salah Zitouni.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.