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Réaction de militants de LO à un tract sur Haiti et inexistence pour LO de la classe ouvrière

2 avril 2010, 11:27, par F. Kletz

Dans les allées de la fête de Presles, organisée par Lutte Ouvrière, déjà, l’an passé (et peut-être avant), notre défunt camarade Granier me faisait remarquer que certaines affiches portaient des slogans stupéfiants.

La phraséologie maoïste de 1968, critiquée à l’époque par LO, y figurait. Il s’agissait de slogans sur le pouvoir populaire.

Granier m’avait déjà fait part de cette dérive dès 2000 ou 2001 dans certains éditos. Je comprenais la critique, mais ne voyais pas l’importance de la démarcation que l’article ci-dessus précise.

La commune ne faisait pas beaucoup la différence entre le prolétariat industriel et les artisans.

La révolution russe a pu gagner parce que les idées que Lénine a longtemps cherché à formuler pour son parti et pour sa classe comprenaient ces distinctions importantes.

Lénine a cherché à préciser, dans un pays à forte démographie paysanne, ceux des paysans qui relevaient -de par leur dénuement ou de par leur propriété plus ou moins grande- du prolétariat agricole ou de la "bourgeoisie" ou de toute forme intermédiaire : le paysan a-t-il une propriété foncière ? de quelle taille ? combien d’ares ou combien d’hectares ? un lopin ? un champ ? plusieurs champs ? un porc ? une basse-cour ? un cheval ? une vache ? plusieurs ? combien ? 2 ou 3 ? un troupeau ?

Ces questions sont cruciales pour comprendre sur qui les révolutionnaires peuvent compter. Le problème qui se pose concerne l’intérêt que les propriétaires ont ou auront directement dans la révolution communiste et prolétaire.

Un petit propriétaire aura objectivement des intérêts communs ou du moins très proches avec les intérêts des prolétaires communistes révolutionnaires. Car les banques et le grand-capital (toujours avides de le déposséder le petit propriétaire au plus bas prix), souhaitent en permanence accroître leur propre capital, et pour cela, exploiter les prolétaires, et en même temps récupérer les petites propriétés, pour accroitre le grand-capital.

Cependant, la conscience subjective de ce petit propriétaire pourra le faire basculer de l’autre côté, il peut à un moment décisif, décider de se réfugier, par peur, et par son intérêt commun de propriétaire, au grand-capital.

Pour les révolutionnaires prolétaires et communistes, il s’agit donc de mener une propagande, appuyée sur l’action indépendante et autonome du prolétariat, pour gagner ces petits propriétaires.

Lorsqu’en politique, un groupe ou une organisation parle de "classes populaires" sans plus faire de distinctions, sans expliquer la dynamique des classes entre elle, c’est qu’il/elle se réfugie derrière des catégories métaphysiques. Or, les catégories métaphysiques servent à tous ceux qui ont intérêt à masquer les dynamiques de changements de la société. A quoi cela sert-il de masquer ces dynamiques de changement ? Simplement à conserver la société telle qu’elle est.

La catégorie de "classe populaire" sert donc à tous les maoïstes (comme le disait LO en 1968 et jusque dans les années 1990), comme à tous les bourgeois, qui n’ont pas intérêt au changement de la société, à laisser en l’état la société.

LO, qui menait cette discussion critique de façon conséquente, s’est ralliée théoriquement à la stabilité de la société capitaliste.

Doit-on, peut-on encore compter sur une telle organisation pour organiser consciemment le prolétariat aux combats sociaux révolutionnaires à venir ?

Poser la question c’est y répondre.

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