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Tunisie : répression d’une révolte sociale à Sidi Bouzid

3 janvier 2011, 19:22, par ahmed

Depuis le 17 décembre et la tentative d’immolation par le feu d’un jeune diplômé vendeur ambulant de fruits qui venait de se faire confisquer sa marchandise, la région de Sidi Bouzid est le théâtre d’un mouvement de protestation croissant qui s’étend aujourd’hui à tout le pays. Étudiants, chômeurs, syndicalistes et opposants politiques descendent dans la rue pour dénoncer le chômage endémique, la corruption et la politique sécuritaire du gouvernement. La répression policière, de grande ampleur, a déjà fait plusieurs victimes. De nombreux jeunes manifestants ont ainsi été blessés, dont au moins neuf par balles, et des dizaines ont été arrêtés. Des avocats et des journalistes ont aussi été arrêtés ou tabassés pour avoir médiatisé ou participé au mouvement de protestation.

Le 17 décembre, le journaliste du site Internet assabilonline Zouheir Makhlouf a été tabassé et s’est fait voler sa caméra par trois policiers en civil armés de bâtons, devant son domicile à Tunis, alors qu’il s’apprêtait à se rendre à Sidi Bouzid pour faire un reportage sur l’immolation du jeûne diplômé.

Le 28 décembre, deux avocats, maîtres Choukri Belaïd et Abderraouf Ayadi, ont été enlevés par des agents en civil. Tous deux venaient de prendre la parole au cours d’un rassemblement de près de 300 avocats, organisé, à Tunis, en solidarité avec le mouvement de protestation de Sidi Bouzid. Ce n’est que lors de leur libération, le lendemain matin, que les proches des deux disparus ont pu savoir où ils avaient été détenus. Me Ayadi a raconté à l’ACAT-France qu’il a été arrêté à la sortie de chez lui à 17h, par sept agents en civil qui l’ont embarqué, sans mandat. Ils l’ont traîné par terre puis l’ont allongé entre les sièges d’une voiture. Il a été cagoulé et pendant le trajet vers un lieu inconnu, un agent pressait son genoux sur le visage de Me Ayadi jusqu’à ce qu’il suffoque. À l’arrivée, ils ont refusé de lui dire où il était. Ils l’ont déshabillé, ne lui laissant que son caleçon et son maillot de corps. Ils l’ont obligé à rester assis sur une chaise une partie de la nuit, le menaçant et lui précisant notamment que ni la France, ni les États Unis ne pourraient venir à son secours.

Le 29 décembre, à Gafsa, Ammar Amroussia, porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie et correspondant du journal Al-badil, a été arrêté, devant témoins, par quatre agents en civil qui n’ont présenté aucun mandat. La veille, A. Amroussia avait pris la parole au cours d’une manifestation au centre de Gafsa. On est sans nouvelle de lui.

Le même jour, le journaliste Mouldi Zouabi a été arrêté dans la ville de Jendouba. Il a été relâché ce matin et souffre de sérieux maux de tête dus aux violences dont il a été victime pendant sa détention.

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