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Grèves ouvrières en Chine

23 janvier 2011, 09:02, par robert

Six mois après une première hausse de 20 %, la municipalité de Pékin relève à nouveau son salaire minimum de 21 %, à compter du 1er janvier. Augmenté d’environ 23 euros, il passera à 133 euros par mois. Les retraités pékinois seront aussi mieux traités avec des pensions en progression de 10,2 % à 260 euros mensuels en moyenne.

Avec une croissance économique vertigineuse depuis trois décennies, la Chine peut de moins en moins maintenir un modèle uniquement basé sur le bas coût de sa main-d’œuvre. En six ans, les salaires des ouvriers migrants ont doublé, soulevant des questions sur le para­digme chinois. Cette année, les suicides survenus dans l’enceinte de l’usine Foxconn, pourvoyeur mondial d’iPhone, et les grèves médiatisées sur des sites de Honda - deux événements « résolus » par des hausses de salaire conséquentes - ont à nouveau interrogé la viabilité de l’usine du monde.

En dehors de la capitale chinoise, plusieurs régions ont relevé le ­niveau de leur salaire minimum. À commencer par la province-atelier du Guangdong, où se concentrent de nombreuses usines ­manufacturières (dont Foxconn) employant près de 30 millions d’ouvriers migrants. À 118 euros, il reste cependant inférieur à celui de Pékin. Fin novembre, Ge Guoxing, responsable des ressources humaines pour la province, annonçait de nouvelles augmentations à venir. Le politicien confiait ses craintes d’une pénurie de main-d’œuvre au lendemain du Nouvel An chinois en février, période pendant laquelle les ouvriers migrants rentrent dans leurs familles et en profitent pour trouver un nouveau travail mieux payé.

Exercice d’équilibriste

Le gouvernement central paraît se livrer une fois de plus à un exercice d’équilibriste. Alors que Pékin a déclaré l’inflation ennemi public numéro un, une hausse des salaires devrait encore tirer les prix à la hausse. Mais le parti doit jongler avec une multi­tude d’objectifs contradictoires dont celui de juguler l’inflation tout en dopant la consommation intérieure, indispensable au rééquilibrage de sa croissance, toujours trop portée par l’investissement et les exportations.

Plus encore, un rapport de l’Institut d’économie de la prestigieuse Université du peuple à Pékin estimait en octobre que la hausse des salaires permettrait également un rééquilibrage géographique en forçant les provinces de l’est de la Chine à monter en gamme et en permettant aux régions de l’intérieur de se développer grâce à un nouvel afflux de main-d’œuvre. Le même rapport prédit d’ailleurs de fortes augmentations des salaires sur les cinq ans à venir. Mais l’impact inflationniste pourrait être limité par le gain en productivité.

Pour les autorités, il s’agit aussi d’acheter un peu de paix sociale. Dans un pays où chacun entend bien profiter des fruits du boom économique, une stagnation des salaires serait mal perçue. D’autant que les niveaux de revenus restent encore bien inférieurs à ceux observés en Europe ou aux États-Unis.

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