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Dégageons aussi les royautés (Maroc, Jordanie et Arabie saoudite) et les émirats ! A bas le féodalisme couplé au capitalisme !

17 février 2011, 15:54, par Robert Paris

Mohammed VI, un roi en or massif

Au pouvoir depuis dix ans, le souverain marocain serait, selon le magazine financier Forbes, l’un des hommes les plus riches du monde. Et sa fortune aurait doublé au cours des dernières années.

Selon Le Journal hebdomadaire, “le budget de l’Etat marocain prévoit une pension et une rente mensuelles de 1,8 million de dirhams [160 000 euros] au profit de la famille royale. Ce montant englobe les pensions versées au roi Mohammed VI et à ses frère et sœurs. Le frère du roi, Moulay Rachid, et ses sœurs ont leurs propres ‘salaires’, versés par l’Etat marocain en contrepartie de leurs fonctions officielles.”

Alors que la crise économique mondiale a eu des répercussions généralement négatives sur les fortunes des monarques du monde entier, Mohammed VI s’en tire plutôt bien : il a vu ses revenus presque doubler, contrairement aux autres. Il est à la tête d’un joli pactole s’élevant à 2,5 milliards de dollars [1,8 milliard d’euros] et il caracole à la septième place des rois les plus aisés du monde sur une liste comprenant quinze souverains. C’est ce que révèle le dernier palmarès du magazine américain Forbes. La publication spécialisée dans l’évaluation des fortunes des grandes célébrités de ce monde, notamment les monarques, place le roi du Maroc à la tête du classement relatif à l’accroissement des richesses pour l’année 2008. Sa fortune dépasse ainsi la fortune de l’émir du Qatar et elle est six fois supérieure à celle de l’émir du Koweït. Il laisse à la traîne les fortunes du prince de Monaco, Albert II, de la reine d’Angleterre, Elisabeth II, et de la reine Beatrix des Pays-Bas. La même source attribue cette augmentation à la hausse importante des prix du phosphate sur les marchés mondiaux de matières premières. “Ce qui est complètement faux, puisque l’Office chérifien des phosphates (OCP) est une entreprise publique et que le roi n’y possède pas de participations”, nuance un retraité de l’OCP. “Il est vrai que, dans le temps, une partie des bénéfices des phosphates était réservée à la monarchie, notamment durant le début du règne de Hassan II, en application d’un décret qui existait depuis le protectorat. Mais, depuis, ce décret a été abrogé”, poursuit-il.

Une telle augmentation de la fortune royale paraît peut-être tirée par les cheveux, mais les faits sont pourtant là : être aussi fortuné dans un pays où plus de 5 millions d’habitants vivent avec 10 dirhams par jour [0,88 euro], où le salaire minimum légal est de 55 dirhams par jour [5 euros], est plutôt troublant. Rappelons que le Maroc est toujours à la 126e place dans le classement du rapport mondial sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et que le taux de pauvreté au Maroc est passé à 18,1 %. La dette extérieure publique du Maroc a enregistré une augmentation de 10 % par rapport à 2007, pour atteindre la somme de 11,9 milliards d’euros. Cela représente 20 % du PIB et 39 % des recettes courantes de la balance des paiements. Cette situation critique rend le train de vie fastueux du roi plus que choquant. Celui-ci perçoit une liste civile de 40 000 dollars mensuels non soumis à l’impôt. Dans son article, Forbes souligne également que l’entretien et la maintenance des douze palais royaux, répartis sur tout le territoire marocain, nécessitent une dépense évaluée à 1 million de dollars par jour. Car le palais est un gros employeur, avec pas moins de 1 100 postes budgétaires pour une masse salariale annuelle d’environ 70 millions de dollars. Le budget dédié au parc automobile est de 7 millions de dollars, auxquels s’ajoutent quelque 2 millions de dollars de dépenses vestimentaires. “Mohammed VI a amassé, depuis qu’il a succédé à son père Hassan II, en 1999, une importante fortune qui fait de lui l’un des monarques les plus riches de la ­planète”, confie une source ayant requis l’anonymat.

“Jamais Hassan II ni la famille royale ne sont apparus dans les classements des fortunes mondiales, établis notamment par le magazine américain Forbes”, ajoute cet observateur. Alors qu’elle était estimée à 500 millions de dollars au début des années 2000, la fortune de Mohammed VI a en effet été multipliée par cinq, à en croire le magazine américain. Et encore, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. La fortune royale a toujours été enveloppée d’un halo de mystère. Rares sont les personnes qui ont osé faire des estimations de cette fortune. Dans les années 1990, Abdelmoumen Diouri, un opposant au régime, avait tenté de faire l’inventaire des biens de Hassan II. L’estimation, fortement contestée par le palais, établissait la fortune royale à quelque 10 milliards de francs en dépôt dans différentes banques européennes et américaines. Elle comprend, au Maroc, une vingtaine de palais, plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles qui ont été pour la plupart confisquées aux colons à la suite de la “marocanisation” instaurée par Hassan II, le groupe Omnium nord-africain (ONA : mines, agro-industrie, communications, assurances, distribution), la Sevam (emballage, embouteillage), Primarios (mobilier), la Compagnie chérifienne des textiles (CCT : textiles, films de serre agricole)… Plusieurs immeubles à Paris et à New York, de nombreuses propriétés en France et aux Etats-Unis. Au début de son règne, l’entourage du monarque avait peaufiné pour lui une image de “roi des pauvres”, qui a vite cédé la place à celle d’un roi amasseur de fortune. Aujourd’hui, il est plus que jamais présent dans le paysage économique du pays. Détenteur de la plus imposante fortune du pays, le roi est à la fois premier entrepreneur, ­premier banquier, premier exploitant ­agricole, etc. “Monarque exécutif”, comme il insiste pour le rappeler dans certains de ses discours, il bénéficie de pouvoirs constitutionnels lui conférant le statut hégémonique de juge et partie. Cette situation suscite de plus en plus de commentaires appuyés de la part d’investisseurs nationaux et étrangers. On se souvient du coup d’éclat de Miloud Chaâbi, patron d’Ynna Holding, qui a appelé à ce que le monarque “sorte des affaires”. La prévalence de la monarchie dans le secteur économique n’a jamais été aussi forte. Elle s’est accentuée depuis la mort de Hassan II. L’argument qui veut que le chef de l’Etat soit aussi aux commandes de l’économie pour mener la locomotive d’un royaume à la ­croissance présente plusieurs limites. La manière déséquilibrée dont sont menées ses affaires et la prédation de ses holdings depuis son accession au trône battent en brèche cette argumentation. La fortune royale a toujours été un grand tabou. L’estimation de Forbes est bien en deçà de la réalité. Et pour cause : du peu que l’on connaît à travers la cotation en Bourse (holdings ONA, SNI et autres), on atteint allègrement 1,5 milliard de dollars. Qu’en est-il du patrimoine foncier hérité de Hassan II, des nombreuses propriétés en France, aux Etats-Unis et en Amérique latine ? “C’est plutôt grâce à ce patrimoine foncier que la fortune du roi a été presque multipliée par deux en l’espace d’une année”, déclare un observateur. La flambée de l’immobilier qu’ont connue le Maroc et le reste du monde en 2006 et 2007 a fortement contribué à remplir les caisses de la monarchie. La montée en puissance du roi dans les affaires ces dernières années n’est que le prélude à des visées plus gargantuesques.

Le roi du Maroc est un des hommes les plus riches du monde alors qu’en 1956, son grand-père ne possédait aucune fortune notable. L’essentiel de cette immense fortune a été accumulé par Hassan II, père du roi actuel en ponctionnant l’économie marocaine. Elle est en grande partie investie à l’étranger.

Dans les années 1990, un opposant au régime, Abdelmoumern Diouri, en avait dressé un inventaire (contesté par le Palais) : quelque 10 milliards de francs déposés dans une vingtaine de banques française, américaine et suisse. Au Maroc, une vingtaine de palais, plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles (confisquées en 1963 aux colons français), le groupe ONA (Omnium nord-africain) présent dans tous les secteurs de l’économie… À l’étranger, plusieurs immeubles à Paris et à New-York, de nombreux pied-à-terre luxueux aux États-Unis et en France, notamment le château d’Armainvilliers (Seine-et-Marne) deux cents pièces et quatre cents hectares de parc… un portefeuille boursier considérable comprenant des titre américains et européens… Des rumeurs ont circulé sur les bénéfices que Hassan II aurait tiré du commerce du haschisch, cultivé au Nord du pays, mais sur ce trafic, rien n’a pu être prouvé.

En janvier 2000, Cheikh Yassine, le chef islamiste, exhortait le nouveau roi à « racheter et dépasser les crimes de son père » en rapatriant la fortune amassée par Hassan II pour alléger la dette extérieure du pays. Le jeune « roi des pauvres » s’est contenter d’interdire la publication de la lettre du vieux cheikh.

On notera que le terme de makhzen qui qualifie l’administration centrale sur laquelle s’appuyaient les sultans, aujourd’hui le roi, a donné en français le mot de « magazin ». C’est d’ailleurs le sens d’origine du mot arabe. À chaque changement de dynastie, la prise du pouvoir s’accompagnait du pillage des richesses des soumis et de leur accumulation dans les entrepôts royaux. Sur ce plan, comme sur bien d’autres, Hassan II a régné dans selon des traditions séculaires. Avec néanmoins une différence notable : ses richesses accumulées aux dépens au pays ont été placées en grande partie à l’étranger car Hassan II n’a jamais été très sûr de terminer sa vie sur son trône.

« Grâce à Tel Quel, les Marocains savent que le salaire du roi est de 36 000 euros mensuels (432 000 annuels), "ce qui reste relativement raisonnable comparé aux hauts salaires des chefs d’entreprises publiques", note le journal. Cette rémunération (dont on ignore si elle est soumise à impôt) s’accompagne toutefois "d’à-côtés budgétaires" de 170 000 euros, qui englobent les pensions versées au roi et à ses frères et soeurs. Le palais, lui, est un gros employeur avec pas moins de 1 100 postes budgétaires (dont 300 permanents au cabinet royal) pour une masse salariale annuelle d’environ 68 millions d’euros. Les rémunérations des conseillers royaux sont alignées sur celles des membres du gouvernement (5 500 euros par mois). S’il est difficile de quantifier le nombre de voitures dont dispose le palais, le budget dédié au parc automobile à 5,7 millions d’euros par an suggère quelques ordres de grandeur : il était prévu pour 2004 de commander pour 380 000 euros de « voitures utilitaires ». Ces chiffres (auxquels on peut ajouter par exemple 2 millions d’euros en dépenses vestimentaires) donneront évidemment le vertige dans un pays où le salaire minimum ne dépasse pas 200 euros et où la communication royale a peaufiné à Mohammed VI au début de son règne une image de "roi des pauvres". (...) le vrai tabou : la fortune personnelle - mobilière et foncière, au Maroc et à l’étranger - de Mohammed VI, comme de ses frères et soeurs. « 4 à 5 milliards de dollars », affirmait il y a quelque temps Forbes, la célèbre revue américaine des affaires. C’est là en tout cas où s’arrête l’enquête de l’hebdomadaire. » (extrait d’un article de José Garçon, Libération, 4 janvier 2005)

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