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Bosnie : les émeutes des salariés sans salaire

11 février 2014, 08:51

L’impuissance du pouvoir en Bosnie à redresser l’économie et à répondre à un appauvrissement de la population a provoqué des manifestations d’une violence inconnue dans ce pays depuis la guerre des années 1990.

Près d’un habitant sur deux en Bosnie est au chômage.

« Ce qui s’est passé ces derniers jours est l’explosion du mécontentement et de la colère qui se sont accumulés dans la population au cours des dernières années », dit à l’AFP l’analyste Srecko Latal.

« Cette exaspération est liée à une situation politique absolument chaotique et à une situation économique et sociale qui s’est sérieusement aggravée », poursuit-il.

Composée depuis la fin du conflit (1992-95) de deux entités, l’une serbe et l’autre croato-musulmane, la Bosnie s’est vu imposer par l’accord de paix de Dayton (Etats-Unis) des institutions politiques extrêmement compliquées et au sein desquelles le pouvoir est partagé entre Serbes, Croates et Musulmans.

La Fédération croato-musulmane est à son tour composée de dix cantons et chaque canton dispose de son propre gouvernement. Cette administration est pléthorique, avec quelque 180’000 salariés pour un pays de 3,8 millions d’habitants.

Corruption et népotisme

Selon des ONG, toutes ces institutions sont gangrenées par la corruption et par le népotisme.

Alors que pour la moindre décision, il faut l’accord des dirigeants des communautés musulmane, serbe et croate, des querelles politiciennes font que les institutions centrales du pays sont en permanence en crise et en situation de blocage.

La communauté internationale, représentée toujours en Bosnie par un Haut représentant disposant de pouvoirs discrétionnaires - actuellement le diplomate autrichien Valentin Inzko -, a néanmoins décidé depuis 2006 de progressivement mettre fin à ses interventions dans la vie politique.

Auparavant, les Hauts représentants imposaient des lois ou limogeaient des élus et dirigeants politiques sans état d’âme pour faire fonctionner le pays.

La Bosnie s’est ainsi retrouvée à la traîne de tous les autres pays des Balkans occidentaux dans son rapprochement avec l’Union européenne.

Mouvement parti de Tuzla

Parti de Tuzla, jadis la plus importante ville industrielle en Bosnie, où des milliers de salariés se sont retrouvés au chômage à cause des échecs en série des privatisations de leurs usines, le mouvement a gagné la capitale et plusieurs grandes villes, notamment peuplées majoritairement de musulmans.

Vendredi, des immeubles abritant des institutions régionales et municipales à Sarajevo, Tuzla (nord-est), Bihac, Zenica (centre) et Mostar (sud), ont été dévastés ou incendiés par des hooligans qui ont rejoint des milliers de manifestants descendus dans la rue pour protester contre la pauvreté et réclamer la démission des autorités.

Les chefs des gouvernements régionaux de Tuzla, Zenica et Sarajevo ont démissionné sous la pression de la rue. Plusieurs centaines de policiers et de manifestants ont été blessés.

Samedi, des manifestations de quelques centaines de personnes ont eu lieu sans incident à Bihac et à Sarajevo notamment.

Explosion du mécontentement

Les Bosniens ont été choqués par ces violences, mais certains analystes mettaient déjà en garde contre le risque d’une explosion du mécontentement populaire.

Le chômage frappe 44% de la population, selon l’agence nationale des statistiques. Néanmoins, la banque centrale estime ce taux à 27,5% en raison du nombre très élevé de personnes employées au noir.

« Le taux élevé du chômage (...) continue de présenter une menace et doit être combattu pour assurer un avenir paisible et prospère à la Bosnie », a mis en garde en janvier la directrice de la Banque mondiale pour l’Europe du Sud-Est, Ellen Goldstein.

Un Bosnien sur cinq vit dans la pauvreté, selon les statistiques officielles. Le salaire mensuel moyen est de 420 euros. Après un recul de 0,5% en 2012, l’économie a crû d’environ 1% en 2013.

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