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Où va la Grèce de Syriza ?

2 mars 2015, 06:31

Je souscris entièrement à cet article. Syriza a battu le record mondial du kolotoumbes politique ou « salto arrière » comme on dit en grec. Le nouveau gouvernement de Tsipras n’a pas annulé l’austérité, il a tout simplement accepté d’honorer les obligations financières grecques. Bien que munie d’un nouveau nom, les « institutions », la troïka est encore là, le Memorandum s’appelle maintenant « Accord » et les Prêteurs ont été rebaptisés « Partenaires ». Telle est l’essence de la « révolution » de Syriza.

L’opinion parmi les radicaux véritables à Athènes est que Tsipras capitulera à bien d’autres égards encore – comme le Wall Street Journal l’a suggéré. Nous savons pertinemment que le « marxiste éclectique » Yanis Varoufakis, le nouveau ministre des Finances de la Grèce, n’est nullement hostile aux privatisations. S’il en était ainsi, que faisait, il y a quelques jours, la 18ème flotte de la marine chinoise dans le port du Pirée, si ce n’était célébrer, à la « porte d’entrée de l’Europe » (le port du Pirée), la présence continue de COSCO, le premier armateur chinois China Ocean Shipping Company, et la privatisation de cette plaque tournante logistique de la Méditerranée ?

Un grand nombre de gens prédisent que le gouvernement Syriza pourrait tomber dans les six prochains mois, ou même avant. Ce sont là les véritables déserteurs de la pseudo-gauche issue de l’école idéologique d’Ernest Mandel et d’autres « révolutionnaires » de salon des années 1960 qui se sont concentrés sur la race, l’ethnie, le genre et l’orientation sexuelle plutôt que sur les rouages de la lutte de classe.

Nous verrons bientôt ce gouvernement de la « gauche radicale », comme il se désigne lui-même, recourir à toute la rigueur de l’Etat bourgeois pour étouffer la classe ouvrière. Le fait que Syriza n’ait pas d’aile syndicale facilitera la tâche.

Au cours des premières semaines qui ont suivi la victoire électorale du 25 janvier, la place Syntagma et les principales places des autres villes dans tout le pays furent inondées de partisans pleins d’espoir. Cependant, le jour où Tsipras a cédé sur tous les points lors de ses « négociations » avec la troïka, très peu de personnes sont venues. Vous ne pouvez pas tromper le public tout le temps.

Un grand nombre de gens parlent de la défaite humiliante du camp grec et signalent le fait que Syriza vient de signer son suicide politique. Ils soutiennent que le fait que Syrisa ait abandonné sa rhétorique préélectorale anti-Memorandum et ses slogans sociaux-démocrates conduira probablement certaines couches radicalisées de la société grecque à se tourner vers d’autres forces politiques pour les représenter.

En cherchant à expliquer le rapide retournement de veste de Syriza, la plupart des gens de gauche ici évoquent la véritable nature du parti et le fait que la Grèce s’est trouvée au centre d’une nouvelle guerre froide et a subi de fantastiques pressions de la part des Etats-Unis pour qu’elle renonce à ses positions. D’autres disent que Syriza bluffait durant ses négociations avec la troïka, et que Tsipras n’a jamais eu l’intention de quitter la zone euro.

Le jeune premier ministre de la Grèce ne s’est jamais rendu compte que s’il avait décidé de quitter ces clubs capitalistes, il aurait eu la vaste majorité de la population du pays avec lui. Tsipras aurait dû dire aux usuriers de dégager et il aurait dû enfiler son treillis pour se préparer à la guerre. Mais, maintenant c’est trop tard… du moins pour Syriza. Tsipras avait dit vouloir punir les « collaborateurs » et les gros capitalistes qui ont saigné à blanc la population grecque. Il aurait pu le faire s’il avait quitté la zone euro mais que peut-il faire à présent qu’il a accédé à leurs exigences ?

Un grand nombre de gens sur la gauche de Syriza avancent maintenant de nouveaux slogans : « Tête haute ! Tout le monde dans la rue ! Nous continuons la lutte contre le nouveau gouvernement du Memorandum et contre la subordination à l’UE et aux patrons ! L’UE est l’abattoir des droits et des besoins de la population. Elle ne peut pas être changée ou réformée. Elle doit être détruite ! »

Le commentaire, peut-être le plus révélateur, est sorti de la bouche du vieux Manolis Glezos, un représentant de Syriza à Bruxelles. Glezos est un symbole de la résistance grecque parce qu’ensemble avec Apostolos Santas (qui est décédé depuis) il avait grimpé le 30 mai 1941 au sommet de l’Acropole pour arracher la croix gammée que la Wehrmacht y avait hissée lorsque les nazis étaient entrés dans Athènes, le 27 avril 1941. Dans une courte interview vidéo, Glezos avait dit que l’on pouvait changer les paroles mais que l’on ne pouvait pas changer le vote du peuple grec le 25 janvier 2015.

La population a voté pour ce que Syriza avait promis : la fin de l’austérité qui était ce que les oligarchies allemande et grecque réclamaient. Elle avait voté pour la promesse suivante de Syriza : « Le lendemain des élections nous supprimerons les lois d’austérité, la troïka et ses conséquences. » Glezos a dit de façon émouvante, « un mois a passé et rien n’a été concrétisé. Personnellement, je demande au peuple grec de me pardonner parce que moi aussi j’ai contribué à créer l’illusion que Syriza tiendrait ses promesses. » Le vieil homme a ensuite lancé un appel à toutes les forces au sein de Syriza « pour organiser des réunions extraordinaires et décider si oui ou non il fallait accepter cette situation. »

La réaction à l’examen de conscience de Glezos a été dure. Alors que certains le félicitent de sa franchise, la plupart des gens lui demande de passer de la parole à l’acte et de quitter Syriza sur le champ.

Evel Economakis

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