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Un camarade nous quitte : Jacques Morand

13 juin 2017, 14:32, par Robert Paris

Le principal dirigeant de Lutte Ouvrière qui s’était impliqué dans la naissance de la coordination des cheminots (comme dans celle des SNECMA), Jacques Morand a défendu dans Lutte Ouvrière un point de vue de classe :

Chers camarades,

Il y a un temps, en 1968 par exemple, nous nous moquions de ces faux communistes, les staliniens en l’occurrence, qui n’avaient pas su, en fait pas voulu évidement, reconnaître la révolte d’une fraction de la jeunesse ouvrière sous prétexte que cette révolte n’avait pas pris les voies qu’ils attendaient ou qu’ils préconisaient. Et c’est un thème que LO a développé bien souvent par la suite et à d’autres occasions et pas seulement dans l’article de Voix Ouvrière dont nous citons un passage dans la tribune de la dernière LDC.

Je crois que nous étions loin d’imaginer, en tout cas j’étais loin d’imaginer que, des décennies plus tard, notre presse et nos différentes déclarations, en particulier certaines signées avec la gauche, montreraient une incompréhension plus ou moins similaire face à l’explosion des banlieues.

Parce que c’est quand même bien, pendant deux ou trois semaines, à une révolte d’une fraction de la jeunesse prolétarienne que nous avons assisté. Et ça, il fallait le dire et le dire clairement. Et ça n’a été dans aucun des textes de la majorité.

Ce sont les chiffres, publiés maintenant par la police ou la justice, qui nous le disent eux-mêmes, c’est la grande presse qui le corrobore, après coup. Ainsi Le Monde de la semaine dernière, mais il n’était pas le seul, toute la presse du Parisien au Figaro l’a repris, en décortiquant à la fin de cette semaine les données fournies sur les jeunes arrêtés, découvrait avec surprise, une surprise réelle ou feinte, que la plupart d’entre eux, je cite Le Monde "sont inscrits dans des formations professionnelles, souvent en apprentissage". Il s’agissait de ceux qui étaient mineurs. Et que la majorité aussi n’étaient absolument pas connus des services de police. Et, quant aux majeurs, eux, ils appartiennent, nous dit la même presse, à cette jeunesse qui travaille ou essaie de travailler, qui va de petits boulots en chômage, d’intérim en intérim.

Eh bien, camarades, si ce n’est pas la jeunesse ouvrière d’aujourd’hui ou une fraction de cette jeunesse, qu’est-ce que c’est ?

Eh oui, c’est cette jeunesse-là, que cela nous plaise ou non, qui a brûlé les voitures, les écoles ou les bus, et qui s’est battue parfois avec la police. Et pour cela elle n’avait pas besoin d’être incitée par les voyous ou les petits trafiquants comme le laissait entendre un premier éditorial de LO(1). Les vrais voyous ou les vrais trafiquants, la jeunesse n’a même pas eu à les écarter de sa révolte, ils se sont écartés eux-mêmes. C’est la police elle-même qui le dit : les quartiers qui sont restés tranquilles sont les quartiers qui ont été contrôlés par les bandes de dealers ou de vrais trafiquants et ça n’a rien d’étonnant car il est bien évident que le business n’aime pas la révolte, qu’elle soit de la jeunesse ou d’autres, et préfère le calme.

De toute manière les chiffres sont là : 4700 interpellés, plus de 3100 gardes à vue et comme on peut soupçonner que la police n’a pas ramassé plus d’un jeune sur dix, et je suis largement au-dessous de la vérité, ça doit plutôt être un jeune sur 20 ou sur 50, ça veut dire que des dizaines de milliers de jeunes des quartiers pauvres sont descendus dans la rue ces nuits-là, actifs ou passifs mais en tout cas sympathisants de ceux qu’on a appelés les émeutiers.

Oui, eh bien cela constitue une bonne fraction de la jeunesse ouvrière actuelle. D’ailleurs ce sont nos ennemis eux-mêmes qui le reconnaissent. Qu’est-ce que ça veut dire quand de Villepin, dans une mesure phare paraît-il, annonce qu’on va les envoyer en apprentissage, est-ce que ce n’est pas une reconnaissance de sa part que ce sont bien des jeunes ouvriers ? Et une autre chose qui nous le montre, c’est la façon dont la justice a frappé. 422condamnations à la prison ferme, 118 mineurs placés en mandat de dépôt, on n’en a pas vu souvent, des mouvements qui ont amené de telles condamnations en aussi grand nombre. En tout cas, camarades, c’est cette analyse de classe qui devrait servir de boussole politique à des communistes, dont le premier but devrait être d’essayer de comprendre le potentiel et aussi les dangers d’une telle révolte qui ne mène nulle part aujourd’hui, mais qu’elle peut contenir dans l’avenir.

Sinon, on en sera réduit, on en est réduit, à déplorer, à plaindre, à essayer d’avancer des solutions qui pourraient ramener le calme et faire rentrer cette jeunesse dans le rang, et c’est ce qu’a fait toute la gauche. Et c’est comme cela qu’on peut se laisser dériver et en venir à signer avec cette gauche, la gauche de la gauche plus exactement, des Verts à la LCR (non pardon, la LCR a fait quelques réserves cette fois-là, une fois n’est pas coutume), une déclaration comme celle que LO a signée avec la Ligue des Droits de l’Homme la semaine dernière. Une déclaration qui n’avait même pas l’excuse d’inviter à une action de protestation, qui n’était qu’un manifeste politique inspiré, comme le disait Trotsky, par les vieilles filles de la Ligue des Droits de l’Homme et qui reflète les sentiments d’une gauche qui est à la fois désemparée et extrêmement inquiète devant la révolte de la jeunesse. Une déclaration, je ne résiste pas à vous lire certains passages, qui d’abord reprend les âneries des républicains de gauche du style : "Nous souhaitons ouvrir une autre perspective que celle qui conduit à l’impasse actuelle, cela passe par la mise à l’ordre du jour de quatre exigences fondamentales : la vérité, la justice, l’égalité et le respect", une déclaration qui propose des solutions tellement ridicules qu’on hésite presque à les citer : "Restaurer la situation dans ces quartiers c’est d’abord restituer la parole à leurs habitants" (la parole, je vous signale que les jeunes l’avait prise là) "Des cahiers de doléance doivent être discutés, ville par ville, selon les principes de la démocratie participative entre représentants des habitants, associations, syndicats, élus locaux et représentants de l’État." Voilà la solution qu’ils préconisaient. Et enfin une déclaration qui, de toute évidence, reflétait cette peur devant cette révolte et surtout la volonté à tout prix de ramener le calme, et je cite encore : "Faire cesser les violences qui pèsent sur des populations qui aspirent légitimement au calme est évidemment nécessaire dans ce contexte, l’action des forces de l’ordre qui doit s’inscrire dans un cadre strictement légal, et ne pas conduire à des surenchères, ne saurait être la seule réponse. D’ores et déjà nous devons ouvrir un autre chemin, si nous ne voulons pas que se poursuivent ou se renouvellent les violences qui viennent de se produire."

Eh bien camarades, LO n’aurait jamais dû, jamais dû signer une telle chose. C’est tout autre chose que les révolutionnaires avaient à dire, d’abord aux travailleurs en général et ensuite, sur les responsabilités du mouvement ouvrier et de la gauche, y compris de cette gauche qui produit de telles déclarations. D’ailleurs, ce n’était pas difficile de prendre cette position, parce que les réactions des travailleurs ont été loin de celles que nous pouvions craindre.

Autour de nous, dans les entreprises, les quartiers populaires et pas seulement dans le milieu immigré, personne n’approuvait bien sûr les voitures brûlées mais beaucoup disaient en même temps comprendre la colère et la rage des jeunes. Et la première semaine, ensuite même si cela a varié ensuite, les télés ou les radios n’arrivaient même pas à trouver dans les cités touchées par les émeutes de braves gens pour condamner les jeunes. Eux au moins avaient bien une conscience, élémentaire peut-être, d’appartenir à la même classe(2).

De toute façon même si ça n’avait pas été le cas, si il y avait eu une révolte générale contre la révolte, ça n’aurait pas été une raison pour ne pas prendre une position juste et expliquer celle-ci. Pourtant, les choses à dire, les positions à prendre, dans le passé notre organisation a su les dire et les prendre, et pas seulement dans un passé lointain ou différent comme en mai 68. Elle les disait encore, il y a 15 ans par exemple, à propos d’émeutes semblables mais beaucoup plus restreintes, à Vaulx-en-Velin, et les camarades de la minorité ont en leur possession des photocopies d’articles de LO de l’époque. Tous ceux qui veulent le vérifier pourront aller le leur demander.(3)

Alors nous souhaitons que notre organisation revienne à la position de classe plus juste qu’elle a su trouver par le passé et ce n’est pas un souhait en l’air. Parce qu’il est bien évident que toutes les prétendues solutions proposées par le gouvernement ne changeront rien, ni au sort des banlieues ni à celui de leur jeunesse, qu’au contraire elles vont les aggraver et qu’il y a toutes les chances que de nouvelles explosions semblables se produisent, peut-être plus violentes et plus aveugles encore. Et que, dans le futur, il va falloir savoir garder le cap.

À propos de souhaits, puisque j’en suis aux souhaits, je voudrais en émettre un : celui que nos écrits servent à soulever les problèmes et les aborder de face, et non à les masquer ou les édulcorer. Et là je voudrais prendre deux exemples récents. Le premier à propos de la Russie et du texte sur la situation internationale présenté à ce congrès, le passage auquel G. Kaldy a fait allusion en ayant mal compris ou mal reçu la critique que la minorité a faite.

En Russie, Gasprom, le trust le plus important tenu à 51% par l’État, c’est-à-dire à 49% par le privé, a racheté récemment une autre entreprise, Simeft, une autre grosse société pétrolière, pour la modeste somme de 13 milliards de dollars à un certain Abramovitch, un de ces nouveaux milliardaires russes. Dans ce texte, cette affaire devient, je vous lis la phrase : "Il ne suffit pas que Poutine ramène en grande pompe les restes de Dénikine en Russie pour que l’opinion publique bourgeoise lui pardonne la renationalisation d’entreprises privatisées, quand bien même ces privatisations étaient le vol pur et simple d’entreprises d’État."

Vous croyez vraiment qu’Abramovitch ne pardonne pas à Poutine de lui avoir remis 13 milliards de dollars qu’il peut réinvestir où il veut, en Russie, en Angleterre ou ailleurs ? Et comment peut-on parler de renationalisation, même entre guillemets, lorsqu’un trust dont l’État n’est qu’en partie propriétaire en rachète un autre ? Imaginez-vous, et j’imagine que cela vous semble bien entendu impossible et à moi aussi, que demain on parle de renationalisation si EDF, qui n’est même pas encore privatisée à 49%, rachète telle ou telle autre entreprise. C’est cela que nous critiquons, c’est le fait de ne pas poser les problèmes ou de les masquer sous des formules.

L’autre exemple que je voudrais prendre, c’est celui fourni par l’article sur la grève SNCF paru dans le numéro de LO d’il y a huit jours, article qui a été depuis, mais depuis seulement, un peu corrigé par l’article de ce jeudi (en réalité daté du vendredi et remis le mercredi).

Dès mardi soir, il était évident que les fédérations de cheminots entendaient stopper cette grève qui n’avait rien de reconductible, en fait on le savait même depuis avant la grève à cause des déclarations du secrétaire même de la CGT. Nous écrivons : "Avant même que les grévistes de la SNCF se soient retrouvés le mercredi 23 novembre en assemblées pour décider de la suite à donner ou pas à leur mouvement, la presse, les radios, les télévisions avaient déjà annoncé que c’était fini, que les cheminots avaient obtenu de petites choses et que cela suffisait comme cela d’embêter les usagers."

Pas un mot de l’attitude des directions syndicales, pas un mot de l’appel hypocrite, en même temps que les radios, des différentes fédérations à stopper le mouvement(4). C’était pourtant elles les premières responsables de l’annonce que, je re-cite, "c’était fini, que les cheminots avaient obtenu de petites choses et que cela suffisait comme cela d’embêter les usagers". Les radios et les télés n’ont fait que refléter à ce moment-là, bien entendu, les conseils sans doute du gouvernement ou de Gallois, mais en même temps, elles ne faisaient que paraphraser les déclarations de la CGT, SUD, FO ou la FGAAC. Eh bien ce que je souhaite, puisque j’ai commencé par des souhaits, c’est que notre journal pose les problèmes, les pose ouvertement et pas à côté ou en édulcorant les choses.

Enfin, je voudrais revenir sur nos propositions d’orientation pour l’année qui vient. À celles-là nous avons eu deux principales objections. D’abord "notre organisation est trop petite, vous rêvez en préconisant de mener une politique vis-à-vis des autres organisations du mouvement ouvrier ou de la gauche". Ensuite, la minorité est accusée de vouloir mettre toute l’organisation en campagne permanente, de lui rajouter un travail militant alors que nous en avons déjà beaucoup. Alors essayons de bien nous comprendre.

Vous pouvez vous rassurer, nous ne voulons pas vous faire coller plus d’affiches, distribuer plus de tracts, tenir plus de meetings ou de réunions publiques, parcourir plus de kilomètres que vous allez le faire dans l’année qui vient, ou plus exactement que nous allons le faire, parce que nous sommes partie prenante de tout cela. Mais cette objection n’est qu’une caricature de nos propositions, ou plutôt, exactement à côté de la plaque(5).

Ce que nous proposons à l’organisation, c’est une intervention de LO sur la scène politique, c’est à dire des gestes et des propositions publiques faites d’abord pour être connues du public militant. Et je voudrais donner un exemple relatif à ce congrès. À la suite de ce congrès nous nous apprêtons à faire connaître par tous les moyens dont nous pouvons disposer, communiqués, conférences de presse, participation d’Arlette Laguiller à des émissions, sa candidature pour les prochaines élections présidentielles. C’est bien et, pas de fausse discussion, la minorité est prête à voter la motion qui nous sera proposée sur cette candidature. Là donc, et à juste titre, nous ne considérons pas que nous sommes trop petits, que notre organisation ne compte pas sur la scène politique, ni que les médias ne lui prêteront aucune attention. Au contraire, nous comptons bien que la nouvelle sera reprise, commentée comme un fait politique qui peut avoir un impact sur la scène politique.

Eh bien ce que nous proposons c’est que la même chose, le même effort soit fait, ni plus ni moins sur le même plan, mais pour tenter de nous adresser aux travailleurs et aux militants sur un sujet qui leur est quand même aujourd’hui plus proche et plus sensible que les élections de 2007 : la nécessité du mouvement d’ensemble pour changer radicalement la situation.

Ce que nous souhaitons et proposons c’est que sortent de ce congrès, non seulement la candidature d’Arlette Laguiller, mais aussi une proposition, un appel, une adresse, appelons-le comme nous voudrons, au mouvement ouvrier et à la gauche, proposition de préparer avec eux ce mouvement d’ensemble et que cette proposition soit popularisée de la même manière et par les mêmes voies que nous allons tenter de populariser la candidature d’Arlette.

Nous ne nous faisons pas d’illusion sur la réponse que nous pourrions recevoir des directions des plus grandes organisations syndicales ou politiques. Mais si Arlette, dans la conférence de presse qu’elle va tenir demain ou après-demain, ne se contentait pas d’annoncer sa candidature mais l’accompagnait de cette proposition publique, officielle si je peux dire, il y a quand même toutes les chances que cela soit aussi repris par les médias.

Et ce qui sortirait publiquement de notre congrès ne serait pas seulement que LO a commencé à préparer les élections qui auront lieu dans un an et demi, mais qu’elle propose maintenant une politique, je dis bien maintenant, au mouvement ouvrier. Une annonce qui pourrait alors être suivie dans les semaines qui viennent de propositions plus précises et plus ciblées à tel ou tel parti, à telle ou telle organisation, et en particulier à la LCR. Une annonce qui permettrait aux militants et sympathisants de LO d’en discuter dans leurs entreprises, leurs quartiers, leurs syndicats, avec les travailleurs et avec d’autres militants qui ne nous connaissent pas mais qui auraient entendu notre proposition.

NOTES

(1) Voir Annexes II, l’éditorial de l’hebdomadaire Lutte Ouvrière n° 1944 du 4novembre 2005

(2) Morand n’a peut-être pas très bien regardé la télévision ni écouté les radios. En fait les jeunes n’attaquaient pas la police, sauf de loin, et ils s’en prenaient surtout aux véhicules ou aux locaux qui se trouvaient près de leur immeuble, voire de leur cage d’escalier. Alors quand les journalistes interviewaient les voisins immédiats, voire les parents des jeunes émeutiers, ces derniers n’avaient pas envie de dire du mal des jeunes. Il y avait deux hypothèses à faire : la conscience d’appartenir à la même classe, selon Morand, ou d’appartenir à la même famille. Choisir la solidarité de classe, dans ce cas, est évidemment partial et abusif.

(3) Les lecteurs trouveront ces articles dans les Annexes II

(4) (Lucienne Plain) Je voudrais répondre à l’intervention de Morand se rapportant à nos articles à propos de la grève "reconductible" de la SNCF du mardi 22 novembre (commencée la veille au soir avec des assemblées générales le mercredi pour décider de la suite). Je rappellerai que l’article dont parle Morand a été écrit le premier jour de la grève reconductible et nous ne savions pas encore ce qu’elle allait donner. En fait nous savions tous, par avance, que les directions syndicales n’avaient absolument pas l’intention de mener une lutte sérieuse. Mais il ne venait à l’idée de personne d’entre nous de dire : "Attention les gars, les syndicats vont vous trahir, ce sont des traîtres et conclusion cette bagarre : ce n’est même pas la peine de l’entamer puisqu’ils vont vous trahir à la première occasion." Le mardi soir nous avons fait une réunion de tous les camarades cheminots de la région parisienne, à laquelle participait la minorité, où Morand a pris la parole mais il n’a pas dit un mot pour souligner la nécessité qu’il y aurait à dénoncer cette trahison devant les travailleurs, alors que les articles de Lutte Ouvrière devaient être remis le lendemain. De plus, la minorité aurait pu, puisque c’était si important, faire ces critiques dans le même numéro de Lutte Ouvrière alors que dans la "Tribune" de la minorité il n’y a pas un mot sur "la trahison" des organisations syndicales. La minorité a préféré attendre que cela soit oublié, pour, deux semaines plus tard, critiquer ce qu’elle non plus n’avait pas fait.

(5) Nous n’avons jamais fait une telle objection et la réponse est, elle, vraiment à côté de la plaque.

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