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La bourgeoisie française, le couteau entre les dents…

16 septembre 2018, 08:09

Cinq ans après le meurtre de Clément Méric et après dix jours de procès, les voyous néo-fascistes qui l‘ont tué ont été condamnés à des peines minimales d’emprisonnement. Durant le procès, la justice qui s’est refusée à reconnaître le caractère ouvertement politique du meurtre, a obscurci les principales questions qu’il soulevait.

Les peines requises par l’avocat général étaient, elles, déjà minimales. Il avait demandé douze ans de réclusion criminelle à l’encontre d’Esteban Morillo, 25 ans, qui a reconnu avoir frappé deux fois Clément Méric au visage, sept ans de prison ferme pour Samuel Dufour, 25 ans, porteur a minima de bagues, « armes par destination », et quatre ans dont deux avec sursis pour Alexandre Eyraud, 29 ans, jugé pour « violences volontaires ».

Après un peu moins de 10 heures de délibération, la cour a décidé d’une peine de prison de 11 ans pour Morillo et de 7 ans pour Dufour. Eyraud, qui était aussi présent lors de l’attaque de Méric, a été acquitté. Une trentaine de gendarmes étaient postés devant la salle d’audience en cas de débordement à l’annonce du verdict.

Des témoins affirment qu’Esteban Morillo avait un coup de poing américain et que les SMS interceptés de Samuel Dufour prouvent que les voyous néo-fascistes étaient bel et bien armés. Mais la justice n’en a pas tenu compte. Malgré la présence d’une vidéo de l’homicide de Méric, il a fallu cinq ans à la police et à la justice pour lancer le procès de ses tueurs.

Pendant les dix jours qu’aura duré ce procès, la justice s’est contentée de chercher à déterminer qui avait porté le coup fatal au jeune militant Méric et si le ou les meurtriers étaient armés. La justice n’a pas pris au sérieux les motivations politiques des trois néo-nazis qui faisaient partie des Jeunesses nationalistes révolutionnaires, le service d’ordre du groupe néo-fasciste Troisième Voie.

La justice a refusé de reconnaître le crime politique alors que celui ci avait été clairement admis par le dirigeant des JNR et de Troisième Voie, Serge Ayoub, après s’être fait porté malade dans un premier temps. Celui qui dispose de réseaux dans la police et le renseignement avait expliqué à la barre que si Méric était mort, c’est qu’« il l’[avait] voulu ».

Toutes les personnes impliquées dans ce crime politique n’étaient pas sur le banc des accusés. Serge Ayoub, appelé par l’ex-petite amie d’Estaban Morillo après mais aussi avant le meurtre et qui avait de plus été en contact avec la préfecture de police de Paris juste après le meurtre, n’a jamais été inquiété.

Lors de son audition, la justice n’a pas essayé de savoir qui était le contact d’Ayoub à la préfecture, malgré le fait que celui-ci avait reconnu avoir « tenté d’appeler la préfecture » et un « contact pour les manifs » pour dire que les « gamins » allaient se rendre, mais pas sans avocat. Il aurait dit à son contact de la préfecture que pour les jeunes ayant frappé Méric à mort, « y aller tout seul, c’est se faire broyer. ». Cette personne contactée par Ayoub n’a pas été convoquée par la justice pour faire la lumière sur cette discussion et l’influence que celui-ci a pu avoir dans le crime ou sur la procédure de police.

Ce qui est ressorti de l’action de la justice et de l’État n’était pas une procédure judiciaire sérieuse. Ceci est directement lié aux virage politique réactionnaire de la bourgeoisie française depuis le meurtre. En 2013, le climat politique officiel en France n’était nullement propice à une investigation de ce meurtre, la classe dirigeante préparant elle-même un vaste tournant vers l’extrême-droite. Les néo-nazis ont été libérés sous contrôle judiciaire. Deux ans plus tard, la France entrait dans l‘état d’urgence.

La couverture de l’extrême droite par la justice et l’État dans l’affaire Méric durant ces cinq ans et les peines minimales prononcées contre les trois néofascistes ne mettront pas fin aux violences de l’extrême droite. Bien au contraire : l’État a donné ici le feu vert pour d’autres affaires Méric.

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