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Editorial 06-04-2009 - Le G20, sommet des faillis

mardi 7 avril 2009, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

G20 : le sommet de la faillite

Les vingt chefs de bande du capitalisme mondial, réunis à Londres, se sont distribués des félicitations. Enfin des gens contents malgré la crise ! Il y a de quoi… Ils étaient tous d’accord ! mais d’accord sur quoi ? Relancer le capitalisme, le moraliser, limiter les profits des entreprises aidées par l’Etat, combattre les paradis fiscaux, éviter le retour au protectionnisme. Au bon ! Il n’y aura plus de profits insolents dans les entreprises qui licencient ? Il n’y aura plus de spéculations fondées sur du vent ? Il n’y aura plus de paradis fiscaux ? Il n’y aura pas de concurrence effrénée entre grandes puissances ? Le capitalisme moralisé, c’est quoi ? Le titre d’un film d’horreur ? Une pièce satirique ? De quoi être plié si on ne payait pas - et cher ! - les frasques de ce système.

Et ces chefs d’Etat réunis à Londres ont entonné tous en cœur qu’ils étaient unis pour faire face ensemble à la crise. Mais, quelques jours avant, ne tenaient-ils pas un autre discours. Obama avec son « achetez américain », Sarkozy avec ses prétendus « véhicules Renault rapatriés de leur site de production en Slovénie ». Ils nous préparent un avenir sans affrontements économiques et militaires ? N’est-ce pas Obama ce fameux défenseur d’un monde plus pacifique qui vient de faire voter la plus grande dépense militaire pour des interventions militaires extérieures des USA ?

Et il faudrait les croire, ces gouvernants, alors qu’ils sont eux-mêmes les meilleurs amis des financiers et des capitalistes qui ont ruiné leurs sociétés en spéculant sur des titres sans valeur. Il faudrait s’imaginer qu’ils ont des solutions face à la crise du système, qu’ils vont faire repartir la machine, en panne malgré l’injection de centaines de milliers de milliards. Quant à leur morale, elle consiste à prendre l’argent public, celui qui devrait servir aux hôpitaux, à l’enseignement, aux transports, et à en faire cadeau à toutes les grandes sociétés qui ont flambé au casino des subprimes ! Ils voudraient même que les peuples les remercient de ce cadeau massif aux riches en prétendant qu’ils sauvent ainsi les travailleurs de la faillite … Il faudrait les croire aussi quand ils prétendent limiter les distributions de bonus, de stocks-options et autres revenus dans les sociétés qui licencient. Ou encore quand ils dénoncent les paradis fiscaux ou la spéculation sans limite ! Cette prétention des incendiaires à éteindre les feux aurait de quoi provoquer un vaste fou rire … mondial, si les peuples, si les travailleurs, n’attendaient plus rien de ces gouvernants et des dirigeants des sociétés capitalistes, s’ils ne comptaient plus sur eux face à la crise, s’ils ne comptaient que sur leur propre force…

Et pourtant, ces gouvernants ont tout fait pour démontrer qu’ils sont du seul côté des financiers et pas des peuples. Un Sarkozy s’oppose bien sûr comme les syndicats patronaux, à ce que les salariés pris en otage se défendent en séquestrant le patron. Martine Aubry se désolidarise elle aussi contre de telles actions. Les dirigeants syndicaux se gardent de lier entre elles les luttes qui éclatent dans tous les secteurs, de Arcelor à Toyota et la tour Eiffel, de l’EDF à Scala et au port du Havre. La raison de cette politique syndicale est le lien de ses dirigeants avec les sommets de l’Etat et des patrons, leur lien avec la société capitaliste.

Eh bien, si nous payons quelque chose aujourd’hui, par la perte de nos emplois, par la réduction de nos salaires, c’est d’avoir trop compté sur cette société pour nous donner les moyens de vivre, nous et nos familles. Car le capitalisme, s’il était vivable pour une fraction de la population des pays riches, était déjà un enfer pour la majorité de la planète. Beau système que le capitalisme pour l’Afrique ! Traduisez : continent « à fric » pour les profiteurs français comme Bouygues possesseur par exemple des mines d’or du Mali, comme Bolloré possesseur du café et du cacao de Côte d’Ivoire, comme Total possesseur du pétrole du Gabon, comme Miferma possesseur du fer de Mauritanie, comme Areva possesseur de l’uranium du Niger. Et on pourrait en dire de même de l’Asie et de l’Amérique latine.

Eh bien, avec la crise, la perspective que se donnent les capitalistes, c’est de faire accepter le même niveau de misère dans les pays riches. Et c’est bien parti quand on voit l’effondrement du niveau de vie non seulement en Ukraine ou en Hongrie, mais aussi en Islande, en Espagne, en Angleterre et en France…

Tant que nous, travailleurs, ne compterons pas sur notre propre force pour changer ce monde-là, tant que nous nous laisserons promener par les dirigeants syndicaux d’une promenade à l’autre, de janvier à mars et de mars à mai et à la saint glinglin, tant que nous écouterons, sagement et alternativement, les mensonges de la gauche et de la droite, pourquoi voulez-vous que les profiteurs ne continuent pas leur sarabande sur le dos de tous les ouvriers de Continental à Sony et de Arcelor-Mittal à Renault, sur le dos des travailleurs de la SNCF et de l’hôpital public ou de l’enseignement ?

Article du « Financial Times » du 3 avril 2009, qui s’intitule lui-même « journal du business » :

« Ce que la Révolution française peut apprendre à l’Amérique

« Il faut bouffer du riche ! », les termes féroces utilisés par certains manifestants la veille du sommet du G20 à Londres évoquent les pires excès de la Révolution française. La colère anti-capitaliste à l’Ouest ne se limite pas à l’Europe. (…) Certes, l’Amérique de 2009 n’est pas la France de 1789, peu avant la prise de la Bastille (cette prison qui symbolisait la nature oppressive du régime monarchique et dont la chute a symbolisé le début de la révolution). La chute de la banque Lehman Brothers, en septembre 2008, n’a rien de commun avec la prise de la Bastille et les symboles du profit ne devraient pas être confondus avec des symboles d’oppression. Il n’y a pas de guillotine qui nous attend au coin de la rue et il faudrait beaucoup d’imagination pour comparer le président Barack Obama à Louis XVI, ou Michelle Obama à Marie-Antoinette.
Cependant, (…), je sens la peur, l’anxiété et un profond sentiment d’injustice, comme à la veille de la Révolution française. Il suffit de remplacer les expulsions de paysans par les enclosures par les licenciements, les aristocrates par les banquiers, et les nobles privilégiés par les aristocrates de la finance qui n’ont pas à payer d’impôts pour leurs stock-options. (…)
L’explosion de révolte populaire qui a accompagné le scandale de l’assureur AIG (…) dévoile la souffrance de l’Amérique profonde. Le peuple de la rue est aussi scandalisé que l’étaient le petit peuple de France au 18ème siècle. La peur pour leur présent et pour leur avenir se combine à la colère contre ceux qu’elle considère comme les responsables de la crise et qui en subissent beaucoup moins les conséquences. Les dirigeants des banques d’aujourd’hui ne sont-ils pas comme les aristocrates d’hier, eux dont les privilèges ne sont plus justifiés par leurs fonctions sociales. Les uns n’avaient plus la fonction d’être les seuls à défendre leur roi avec leur épée et les autres n’ont plus celui de créer et de distribuer les richesses.
Le problème avec l’équipe en économie du nouveau président, c’est que, comme la cour du roi de France dans la période pré-révolutionnaire, il a hérité tous les mauvaises habitudes de l’Ancien régime, mêlant une sympathie excessive pour la logique dépassée du monde de la finance, qu’il a aidé à construire, à une insensibilité aux émotions des gens ordinaires, qu’il tâche d’ignorer. (…)

Si Obama échoue, l’ensemble des lois économiques actuelles d’aujourd’hui va se retrouver en face de la même destinée tragique que celle qui a frappé les droits féodaux de l’Ancien régime. »

Messages

  • magnifique magnifique magnifique magnifique

  • Vendredi 10 Avril 2009 ...Le gouvernement commence à reculer… ou à faire des erreurs. La préoccupation tant du gouvernement que des députés est détournée de leur travail habituel en temps de calme. Leur préoccupation, c’est ce qui se passe dans les usines et dans l’automobile. Exit les bancs de l’assemblée, y compris pour défendre la propriété privée sur Internet.

    D’une part, le texte est impopulaire. C’est une loi sur les téléchargements illégaux, donc de la défense de la propriété dite intellectuelle ou artistique privée. En fait le texte a pour but bien plus de renforcer le poids et d’assurer les intérêts des majors, ces diffuseurs exploitant les talents et s’enrichissant énormément plus que les artistes. Donc, les députés, pour éviter la fronde de leurs électeurs dans leur circonscription, évitent d’aller voter pour la loi du gouvernement.

    D’autre part, les préoccupations vont à l’activité des ouvriers, des travailleurs, tellement en colère contre les licenciements, contre le chômage partiel, qu’ils en viennent, depuis près d’un mois, à séquestrer leur cadres, dirigeants, leurs patrons, leurs tôliers.

    Et effectivement, toute la presse est inquiète :

    EDF et GDF en grève, avec coupure de gaz en Ile de France,

    Faurecia, filiale de 70% de PSA, en grève à Auchel début mars.

    Grève qui a entrainé celle à Toyota depuis le 3 avril (du 3 au 7 avril), grève en partie victorieuse

    Retenue des cadres à Continental, dans l’Oise, (à préciser)

    13 mars, à Dax, les dirigeants de Sony France retenus.

    23 mars, lle patron de France 3M retenu toute une nuit à Pithivier

    32 mars : Pinault retenu plusieurs heures par les salariés de la FNAC

    1er avril plusieurs cadres dirigeants, tôliers de Caterpillar retenus à l’usine de grnoble

    8 avril, retenue des tôliers dans l’Ain, à Scapa, à Bellegarde-sur-Valserine

    9 avril, Faurecia encore, en grève dans l’Essonne avec retenue des tôliers pendant plusieurs heures.

    La période qui précédait mai 1968 a connu la même vague, dans les entreprises d’alors, de retenue des cadres et directeurs. Un an avant, la guadeloupe était mobilisée et réprimée. Cette année tout est concentré, et la répression est assez faible pour le moment. Est-ce à dire que les camarades, le prolétariat va aboutir à un mouvement de la même ampleur ? Quelle chance ce serait ! pas de parti communiste pour encadrer le mouvement comme au mois de mai de nos parents ou grands-parents ! Cela permettra peut-être d’aller plus loin. Mais les syndicats sont là pour occuper le rôle que le PCF a eu à l’époque. Moins forts, moins puissants. Il suffirait d’assez peu, en fait, pour que le prolétariat aille plus loin qu’en 1968, plus loin qu’en 1936.

    Idéaliste ? irréaliste ?

    Pourtant, la presse elle-même semble s’affoler un peu ces temps-ci. Le 9 avril, La Tribune titre : « patrons séquestrés : la contagion qui inquiète »

    Le Figaro : « la dérive inquiétante des mouvements de protestation » (évoquant Caterpillar et Sony, la surenchère d’extrême gauche dans les universités, les socialistes débordés par Besancenot, et les dérapages des rappeurs).

    Même concernant la rémunération des patrons, ils évoquent que « Parisot fait des concessions au gouvernement »... pace qu’elle accpete la surveillance des rémunérations des patrons ! Cela quelques jours après que Toyota ait filé sur le site de Somain, fraichement acquis : 20€ d’augmentation suite au début de grève et 1000€ de prime (400 en avril, 600 en décembre). Les camarades réclamaient 5000€.

    Mais ça serait aux travailleurs eux-mêmes de surveiller les salaires des patrons ! pas plus pas moins payé qu’un ouvrier, point. Rien de plus, rien de moins !

    La presse a des raisons importantes de s’inquiéter.

    Sur le site Sieto Faurécia Somain c’est le 3 avril que les camarades étaient en grève. Suite au rachat du site par TOYOTA, les salariés demandaient 5000 euros de prime de rachat. Ils ont obtenus tout de suite 1000 euros Net de prime (600 euros en avril et 400 euros en décembre) et 20 euros brut d’augmentation générale pour tous.

    De quoi s’interroger : ils étaient préparés à réagir aux grèves. Ils craignent la contagion.

    Si les bourgeois et leur presse sont inquiets, c’est que la situation se tend. Méfions-nous, soyons vigilants. Ils risquent, par peur, de réagir de façon féroce.

    Félicitations au courage des quelques dizaines qui ont initié ce mouvement de grève pour le paiement total des jours de chômage !

    On sent bien que les patrons craignent l’embrasement. Alors que la force des travailleurs s’exprime, est visible, c’est le moment ou jamais d’appuyer là où ça fait mal pour faire reculer les bourgeois et les tôliers. Ils ont peur, ne les laissons pas reprendre leurs esprits, qu’ils lâchent le maximum maintenant.

    Les patrons lâchent des miettes, exigeons le pain, la brioche et le gigot tout entier !

    Commençons par des revendications qui nous concernent tous :

    Chômage payé à 1500 euros pour tous les chômeurs ! Pas un salaire à moins de 2000€.

    Augmentations de 300€ pour tous les autres.

    En période de crise, qu’ils lâchent le magot qu’ils ont accumulé depuis des années.

  • msg mis par moshé.. ce passage de l’éditot ma énormément plus car selon moi c’est très important de dire ce passage a chaque travalleurs si on veu et si on peux.

    Tant que nous, travailleurs, ne compterons pas sur notre propre force pour changer ce monde-là, tant que nous nous laisserons promener par les dirigeants syndicaux d’une promenade à l’autre, de janvier à mars et de mars à mai et à la saint glinglin, tant que nous écouterons, sagement et alternativement, les mensonges de la gauche et de la droite, pourquoi voulez-vous que les profiteurs ne continuent pas leur sarabande sur le dos de tous les ouvriers de Continental à Sony et de Arcelor-Mittal à Renault, sur le dos des travailleurs de la SNCF et de l’hôpital public ou de l’enseignement ?

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