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Editorial 16-06-2009 - Bongo, l’ami de la France

jeudi 11 juin 2009, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

Omar Bongo, dictateur du Gabon, l’ami de la France.

Mais c’est qui « la France » ? Ce n’est certainement pas les travailleurs !

Omar Bongo est mort et les chefs d’Etat des grandes puissances versent des larmes. Sarkozy est le premier à avoir une pensée pour toutes les bonnes affaires que Bongo a permises aux patrons français pendant 41 ans. A Total d’abord, mais aussi à tous les autres : les Bolloré, Bouygues, Eramet... Car, en plus du pétrole, ces trusts exploitent le manganèse, le bois, le transport portuaire et autres richesses multiples du Gabon.

A qui appartient le Gabon ? Certainement pas à son peuple qui ne reçoit même pas les miettes de l’exploitation du pays. Et la reconnaissance des capitalistes français, qui s’exprime par la voix du chef de l’Etat, s’est maintenue par delà les changements de gouvernement, de Mitterrand à Chirac et de Jospin à Sarkozy. Pendant que la population s’agglomérait dans des bidonvilles, que la santé, l’éducation, les transports étaient à l’abandon, des riches, gabonais comme français, se sont sucrés sur l’exploitation des travailleurs gabonais. Pourtant, les travailleurs gabonais se sont battus et ont même menacé en 1990 la pérennité de la dictature sociale. Si les travailleurs français l’ignorent c’est qu’ici « nos » organisations syndicales ou de gauche n’en ont pas soufflé mot, alors même que les capitalistes français et leur gouvernement se solidarisaient avec les exploiteurs et la dictature. Qui se souvient qu’en 1990 a commencé un mouvement de masse au Gabon, des travailleurs et des jeunes, pour renverser la dictature politique et sociale de Bongo et des exploiteurs français et gabonais ? Qui se souvient que ce mouvement a été battu notamment par une intervention militaire française ?

Bien des travailleurs ignorent d’ailleurs que, si la France apparaît plus pacifique, plus prospère, plus agréable à vivre, plus démocratique ou moins répressive que bien des pays dans le monde, c’est grâce aux profits de pillage de type colonial réalisés dans des pays comme le Gabon. L’ancienne puissance coloniale française n’en a jamais fini avec le temps des colonies. Non seulement, elle a gardé ses colonies les plus petites comme les Antilles, la Réunion, la Guyane, elle a gardé une certaine mainmise sur Madagascar et Haïti mais, surtout, elle a maintenu en place des régimes honnis de leurs peuples dans ses anciennes colonies d’Afrique. Et l’Afrique n’est pas un cas à part puisque c’est la France qui a soutenu le roi du Cambodge, Sihanouk, celui même qui, alors qu’il était le chef de l’Etat et « ami de la France », a cautionné et intronisé les khmers rouges responsables d’un génocide ! Et, aujourd’hui, le trust français Total continue à cautionner la dictature birmane avec la caution du gouvernement français, notamment de Kouchner.

C’est avec l’argent tiré de la surexploitation des travailleurs africains, des mines d’or du Mali, des mines de fer de Mauritanie, des mines de manganèse du Gabon, des mines d’uranium du Niger, des puits de pétrole du Gabon ou du Congo, que le capitalisme français dépassé depuis longtemps par d’autres grandes puissances, a pu se maintenir à flot. Mais le prix, ce sont les peuples qui l’ont payé. Les rejets de ces mines ont pollué les villages et villes d’Afrique sans que les prétendus écolos qui nous gouvernent ne s’en émeuvent. Les maladies dues au plomb, à l’arsenic, les cancers, les fausses couches, les déformations infantiles se multiplient dans des populations qui ne tirent aucun profit de l’exploitation de ces minerais. Et ici, personne n’est mis au courant de ce qui se passe. Qui se souvient que le trust qui a fait licencier les ouvriers mineurs de la mine d’or de Morila au Mali est Bouygues ? Qui se souvient que, suite à une grève, il a obtenu que ces mineurs soient incarcérés et condamnés ? Des Français s’étonnent parfois que l’Afrique fournisse toujours son contingent de travailleurs immigrés mais, si une partie de la jeunesse africaine ne rêve que de fuir le pays vers des eldorados occidentaux, c’est parce que ces pays occidentaux riches les ont pillé et continuent de les piller. Non seulement, il n’est pas question pour l’Etat et les capitalistes français de donner une compensation aux peuples d’Afrique victimes de la traite négrière, ni de rembourser le pillage colonial qui a suivi jusque dans les années 50, mais ce pillage continue… Et l’Etat français se donne les moyens politiques, financiers et … militaires, que cela dure toujours.

La gauche et la droite, les organisations syndicales, tous ceux qui prétendent parler en France au nom des travailleurs n’ont jamais vraiment remis tout cela en cause. Pas plus qu’ils ne mettent aujourd’hui vraiment en cause la volonté des capitalistes de faire payer aux travailleurs les frais de la crise. Comme on vient de le constater avec les journées d’action syndicales et de la gauche qui ont fini en queue de poisson. Alors, nous travailleurs, sans suivre nos prétendus représentants, défendons nous-mêmes nos propres perspectives.

Messages

  • Très bon édito, le fond, la forme tout. De la vraie culture ouvrière, rappel de la mémoire. Et puis, c’est bien de ramener la mort d’un dictateur à la réalité de l’exploitation et de la dépossession des travailleurs, surtout dans cette période de crise avec toute la misère qui s’annonce.
    Une question cependant : cette exigence de dédommagement-remboursement des exactions impérialistes, qui la satisfaira ? des Etats ? Les Etats entre-eux vont s’arranger ? Où a-t-on vu un Etat, des Etats, pousser jusqu’au bout l’exigence de justice et d’égalité ? Tout démontre au contraire qu’il n’y a pas d’Etat sans domination, extorsion, subordination. La propriété des grands moyens de production n’est pas abolie tant que subsiste l’Etat. La propriété "privée", tout au plus, et qu’est-ce que ça change ? Ce qu’il faut, c’est abolir la propriété, au delà de l’usage personnel et de l’outil de travail qu’on possède en propre ou qu’on partage (coopératives).
    En régime capitaliste, l’Etat est une petite frappe au service du patron. Dans tous les films de gangsters, les petites frappes prennent la place du patron et poursuivent la même besogne.
    Je rappelle que les partis dits ouvriers étaient aux affaires - ou quasiment - donc constitutif de l’appareil d’Etat en 1945 ( Sétif ), Madagascar (1947). Je rappelle que le CNR débouche aussi sur Sétif et Madagascar, pas que sur la sécu, la Régie, la SNCF, etc.
    Y’a-t-il d’autres postulants ?

  • l edito est bien, c’est un bon raisonnement pour expliquer la complicite des etats bourgois de gauche comme de droite pour leurs interets, ce qui n’est pas le cas de la classe oprimee .je suis d’acord avec Frederic qui a repondu a l’edito sur l’abolition de l’etat. c’est bien egalement d’avoir souligner le mascre de setif parce qu’il a ete commis par un gouvernement communiste.
    dac dac

  • Pour tous ceux qui pensent qu’Obama serait différent :

    Le président des USA, Barack Obama s’est joint à ces condoléances et messages empreints d’émotion. Il s’est dit "attristé" par la mort lundi du président du Gabon Omar Bongo. Le chef de l’Etat fédéral d’Amérique a souligné que « le président a systématiquement mis l’accent sur l’importance de la recherche du compromis et des efforts pour la paix, et fait une priorité de la protection des trésors naturels du Gabon ». Barack Obama a, par ailleurs mis en exergue « son travail en faveur de la protection (de l’environnement) dans son pays et son engagement à résoudre les conflits à travers le continent constituent une part importante de son héritage ».

    "Le président Bongo a joué un rôle important dans le développement et l’amélioration des fortes relations bilatérales qui existent aujourd’hui entre le Gabon et les Etats-Unis", a souligné M. Obama.

    M. Obama a loué M. Bongo pour ses efforts dans le maintien de la paix et la protection environnementale. "Le président Bango mettait toujours l’accent sur l’importance de la recherche du compromis et sur les efforts pour la paix, et la priorité sur la protection des ressources naturelles du Gabon".

    "Son travail dans la conservation dans son pays et son engagement à la résolution de conflits à travers le continent constituent une composante importante de son patrimoine et seront remémorés avec respect", a ajouté M. Obama.

  • bonjours chers leceurs du site.
    je viens de lire l’article consacré au Gabon et j’ai compris le fond de la politique du président gabonnais.
    Omar Bongo est mort et les chefs d’Etat des grandes puissances versent des larmes. Sarkozy est le premier à avoir une pensée pour toutes les bonnes affaires que Bongo a permises aux patrons français pendant 41 ans. A Total d’abord, mais aussi à tous les autres : les Bolloré, Bouygues, Eramet... Car, en plus du pétrole, ces trusts exploitent le manganèse, le bois, le transport portuaire et autres richesses multiples du Gabon.
    A qui appartient le Gabon ? Certainement pas à son peuple qui ne reçoit même pas les miettes de l’exploitation du pays. Et la reconnaissance des capitalistes français, qui s’exprime par la voix du chef de l’Etat, s’est maintenue par delà les changements de gouvernement, de Mitterrand à Chirac et de Jospin à Sarkozy.oui la mort de Bomgo doit faire mal à la classe dirigéante car c’est par lui qu’elle recevait les biens volés à la population et faisait tous population pauvre dans son ensemble sous l’exploitation des dirigéants des grandes puissances comme la france et pleines d’autres.or la classe prolo gabonnaise a souffer pendant 41 ans bien que la france a été le soutient incontestable du gabon pour ses propres intérêts, il faut vite faire la diférence des choses, car la classe des opprimés agbonnais comme français n’ont tiré aucun profit de ses rélations que les dirigéants.donc omar bomgo était là juste pour satisfaire les bessoins de la classe dirigéante et non pour pour intervenir dans les problèmes des prolos( des travailleurs, des élèves,des eétudiants,des chômeurs.etc etc....et si nous voyons que le fils de bomgo veut se présenter aux prochaine élections c’est par ce qu’il a été désigné par la classe dirigéante pour imiter son père solicité par son vol et sa tuérie.....

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