Si la grippe n’existait pas, ils l’auraient inventée
Mêlant toutes les techniques du bonimenteur, les gouvernants du monde entier utilisent la grippe A pour nous faire avaler des pilules. Un jour, c’est la pire des catastrophes qui va nous tomber sur le coin du nez, le lendemain on nous rassure : le gouvernement prend toutes les mesures nécessaires et il n’y a aucun risque. Ainsi, au démarrage du virus, ils se faisaient rassurants pour nous expliquer que la pandémie n’était pas un risque et qu’on pouvait voyager partout dans le monde. Mais à mieux y regarder, leurs mesures ne visent pas la bonne cible : la grippe. La vraie cible, c’est nous !
Sous couvert de grippe A, bon nombre de ministères, organismes publics et entreprises privées en profitent pour se préparer à déréglementer le travail ou à faire passer des attaques contre les salariés : allongement de la durée légale du travail, suppression des jours de repos, flexibilité à outrance, fichage des salariés sont désormais autorisés sous prétexte de grippe A. Ainsi, Renault ou Disneyland annoncent que la grippe leur permettrait de fermer des sites. Une circulaire de la Direction générale du travail, datée du 3 juillet, laisse entendre que la pandémie de grippe pourrait être l’occasion d’un « état d’urgence » dans les entreprises. Le ministère de la Justice mettrait également en place une justice d’exception. Les manifestations et rassemblements pourraient être interdits. Des personnels deviendraient réquisitionnables et déplaçables, comme ceux de l’hôpital public ou des transports. Casse des services publics, licenciements, fermetures, la grippe A pourrait servir de prétexte à des attaques et permettrait de cacher le vrai responsable des maux liés à la crise : le système capitaliste. L’austérité serait présentée comme une conséquence de la grippe.
La question de la vaccination a permis à la population de mesurer à quel point les gouvernements mentent. L’investissement de sommes colossales sous prétexte de fabriquer des vaccins a surtout permis de renflouer sur fonds publics des labos pharmaceutiques, en crise du fait de leurs spéculations. Les gouvernements ont payé d’avance les vaccins aux trusts, sans preuve de leur efficacité, sans preuve non plus que le vaccin soit sans risque, sans preuve même que l’ancien vaccin soit inefficace. Ce n’est pas un hasard si les laboratoires ont obtenu aux USA une clause de non responsabilité en cas d’effets secondaires. De toutes façons, les patients ne peuvent même pas savoir quelle grippe ils auraient contractée : le test, qui est sensé détecter la maladie et vendu 250 euros, les médecins ne savent même pas si il détecte vraiment la grippe A ! Quant à de vraies mesures d’urgence pour faire face à une éventuelle pandémie, il n’y en a pas. Dans les hôpitaux, non seulement il n’y a pas de moyens supplémentaires mais la politique de sacrifices, de « regroupements », de suppression de services, de lits et de postes continue et se développe de plus belle. Par contre, les économies ne se font pas du côté des trusts pharmaceutiques ou des pharmacies. Le Tamiflu, qui se vendait 7,7€ la boite en 2006, les services publics l’achètent maintenant 17,87€ au prix de gros (24,87€ en pharmacie), une chance pour le laboratoire Roche. La grippe vient au secours de la crise du capitalisme. Aux USA, par exemple, le gouvernement a décidé de remplacer les forces policières par les forces armées, sous prétexte de grippe, et affirme, en cas de pandémie, que le pays sera gouverné très fermement. Réponse à la grippe ou à la crise sociale ?
Les coïncidences entre l’apparition de la crise et celle du virus sont troublantes car ce n’est pas la première fois qu’une mystérieuse grippe porcine vient s’abattre pour détourner l’attention : en 1973, au début du choc pétrolier, 40 millions d’Américains se vaccinaient dans l’urgence et la propagande contre la soi-disant souche mutée de la grippe espagnole. De cette grippe (elle aussi porcine) de 1973 il ne reste que des documentaires... et les 4000 victimes du vaccins.
La grippe sert à faire perdre leur boussole aux opprimés en faisant peser sur eux une nouvelle menace qui les détourne de la première. Mais de quoi donc les gouvernements ont-ils besoin de nous détourner ? Avec la grippe, on braque notre regard sur une chose proche, hypothétiquement catastrophique, pour nous empêcher de réfléchir à l’effondrement du capitalisme.
On nous affole, on nous fige ainsi dans l’attente. Et, si on n’y voit pas clair, c’est par manque de perspectives. Lorsqu’ils apprennent à faire du vélo, les enfants gardent la tête droite pour être sûr de regarder bien devant. En politique, c’est pareil : il faut regarder l’objectif. Si on relève la tête, on peut voir que le système s’écroule. Si on veut s’en sortir, il faut avoir un objectif au delà du système capitaliste et prendre les commandes pour empêcher classes dirigeantes et gouvernants de nous lancer dans le mur.