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Situation explosive en Haïti

jeudi 4 février 2010, par Robert Paris

Comment les forces internationales pour sauver Haïti répriment les manifestations populaires, le film

Lire sur Haïti

La Minustah contre le prolétariat haïtien

Ki Solisyon pou peyi a ?

Pwoletarya !!!!!

Le prolétariat haïtien

Qui a une solution pour le peuple d’Haïti ? Le prolétariat !!!

A entendre les média, on pourrait croire que la situation se normalise, que les "difficultés logistiques" seraient résolues et que la population sinistrée est prise en charge par un vaste élan internationale de solidarité. Ce dernier existe bel et bien mais où va aller tout cet argent récolté ? A financer des sociétés des grands pays qui reconstruisent, qui proposent des services de mercenaires et de sécurité ? Clinton a bien expliqué qu’il y avait des profits à faire en Haïti aux patrons et banquiers rassemblés à Davos ! Jeremy Hobbs, directeur général de l’organisation non gouvernementale Oxfam, estime qu’« il y a un risque réel que, dans les semaines et les mois suivant le séisme, des Haïtiens influents politiquement et plus riches accaparent les ressources pour la reconstruction au détriment des plus pauvres de Port-au-Prince ». La réunion de Montréal n’aura pas levé ces inquiétudes : la question de la dette d’Haïti n’y a pas été tranchée, pas plus que celle de la coordination financière des opérations, après que la Banque mondiale eut proposé de gérer un fonds unique pour la reconstruction.

En tout cas, pour ce qui est du peuple haïtien, ces informations sont fausses. La population est plus que jamais menacée par la faim. La plupart des habitants ont épuisé leurs ressources et n’ont vécu ces derniers jours que grâce à la solidarité des habitants, pas grâce à l’"aide internationale" qui ne leur est pas parvenue.

Quelles sont les intentions des puissances occupantes ? Elles n’ont pas l’intention de régler rapidement les problèmes énormes car elles ont bien l’intention d’imposer leur domination en échange. La mise sous tutelle d’Haïti était déjà envisagée avant le séisme par les forces d’occupation internationale d’après les rapports que celles-ci avaient publié. Le séisme a servi de prétexte pour que cette occupation militaire passe pour uen aide humanitaire. en réalité, c’est la lutte des travailleurs haïtiens qui a fait craindre, vu la carence de l’Etat, à une situation insurrectionnelle dans l’île.

Avant même le séisme, les grandes puissances voulaient placer Haïti sous tutelle et domination militaire :

"Une fois qu’un climat sûr et stable aura été instauré, la principale tâche de la communauté internationale sera de mettre sur pied les institutions de l’État haïtien et de créer, d’encourager et de promouvoir l’espace politique dans lequel le peuple haïtien pourra résoudre ses différends sans recourir à la violence. Nous avons soutenu que le meilleur moyen d’appliquer ce type d’approche est de mettre en place une tutelle internationale, qui obligerait les Nations Unies à renoncer à leur engagement actuel à l’égard de la souveraineté et de l’indépendance du pays."

Extrait de L’utilité de placer Haïti sous tutelle internationale

par le major Michael T. Ward

http://www.journal.dnd.ca/vo7/no3/w...

L’occupation militaire durable était donc décidée par la "communauté internationale" bien avant le séisme.....

La situation sociale est explosive. Les forces de répression ne craignent pas de tirer dans la foule. Un petit jeune qui est pris à voler parce qu’il a faim est immédiatement assassiné.

La seule solution face à cette situation catstrophique est le retrait de toutes les forces armées, le désarmement des milices des grands propriétaires, la réquisition des richesses au service de toute la population, l’organisation du peuple travailleur en comités de quartiers et d’usine pour remplacer le gouvernement complètement pourri et rejeter le gouvernorat impérial de Clinton.

HAITI : DE LA NOURRITURE, DES SOINS, DES LOGEMENTS, PAS DES MILITAIRES !

TOUT MOUN GEN DWA VIV

DWA METE BYEN, PWOPRIETE AK KAY MOUN

RÉQUISITION DES PROPRIÉTÉS POUR SATISFAIRE LES BESOINS DE TOUS

Pou yo gen dwa pren pwopriyete yon moun, nan espwopriyasyon

ABA OKIPASYON

A bas l’occupation militaire !

AYITI : NOU PA VLE RETE ANBA DJOL OKENN PEYI ETRANJE

Nous ne voulons pas nous placer sous la tutelle des pays étrangers

GRO PEYI-YO KITE AYITI VIV

Que les grands pays laissent vivre Haïti

REVOLISYON SEL SOLISYON

La révolution est la seule solution

VIVE LES TRAVAILLEURS, SEULE FORCE CAPABLE DE CONSTRUIRE L’AVENIR D’HAITI ! VIVE LA LUTTE DE CLASSE !

Viv Lit travayè ak travayèz peyi d Ayiti ! Viv lit de klas !

VIV LIT TRAVAYÈ YO, VIV LIT KAN PÈP LA !

PAS D’ARMÉES ÉTRANGÈRES, PAS D’ESCADRONS DE LA MORT HAÏTIENS

Aba Lokipasyon ! Ayiti pou nou, pa pou peyi etranje !

NON AU RETOUR DES GALONNES DE L’ARMÉE HAÏTIENNE

Aba Fòs Ame d Ayiti.

GOUVERNEMENT DU PEUPLE TRAVAILLEUR PAR SES COMITÉS DE QUARTIERS ET D’USINES !!!!

You sel solisyon pou Ayiti, se oganizasyon !

Sel fos nou, se pep-la !

Sel pep-la, se fos nou !

La Revolisyon,se sel solisyon pou se pep-la !

PROLÉTAIRES, SAUVONS NOUS NOUS-MEMES !

An nou konte sou fos nou !

Travayè nou rezoud pwoblèm nou noumenm, san entèvansyon etranje !

LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS EST LA SEULE SOLUTION

Gouvènman an tout travayè

Des pancartes de la révolution de 1986 contre Duvalier en Haïti :

"La révolution est la seule solution" !!

"Que les grands pays laissent vivre Haïti"

"Nous ne voulons pas nous placer sous la tutelle des pays étrangers"

PAS D’ETAT POUR NOUS ECRASER !

Lire sur Haïti

Chronologie d’Haïti révolutionnaire en lutte

Comment le peuple travailleur d’Haïti voit les troupes d’occupation


"La Fran­ce pleu­re sur les 40.​000 ca­dav­res de l’île mi­nu­s­cu­le, et le monde en­t­ier s’em­pres­se de sécher les lar­mes de la Répu­bli­que. Mais com­ment était-​ce quand, il y a quel­ques siècles, la Fran­ce a versé le sang à tor­rents pour prend­re les Pe­ti­tes et les Gran­des An­til­les ? En mer, au large des côtes de l’Afri­que de l’Est exis­te l’île volca­ni­que de Ma­da­g­a­s­car. Il y a 50 ans, nous vîmes com­ment la Répu­bli­que au­jourd’hui in­con­solable et qui pleu­re la perte de ses en­fants, a alors so­u­mis les indigènes ob­s­tinés à son joug par les chaînes et l’épée. Nul volcan n’y a ou­vert son cratère, ce sont les bou­ches des ca­nons français qui ont semé la mort et de la déso­la­ti­on. Les tirs de l’ar­til­le­rie française ont balayé des mil­liers de vies hu­mai­nes de la sur­face de la terre jusqu’à ce que ce peup­le libre se pros­ter­ne face cont­re terre et que la reine des « sau­va­ges » soit traînée, comme trophée, dans la « Cité des Lumières ».

Et nous vous avons vus, vous aussi, oh République, en larmes ! C’était le 23 mai 1871, quand le soleil glorieux du printemps brillait sur Paris, des milliers d’êtres humains pâles dans des vêtements de travail étaient enchaînés ensemble dans les rues, dans les cours de prison, corps contre corps et tête contre tête ; les mitrailleuses faisaient crépiter par les meurtrières leurs museaux sanguinaires. Aucun volcan n’avait éclaté, aucun jet de lave n’avait été versé. Vos canons, République, ont tiré sur la foule compacte, poussant des cris de douleur - plus de 20.000 cadavres ont recouvert les trottoirs de Paris !

Et vous tous - Français et Anglais, Russes et Allemands, Italiens et Américains - nous vous avons vus tous ensemble pour une première fois dans une entente fraternelle, unie dans une grande ligue des nations, aidant et vous entraidant les uns les autres : c’était en Chine. Là, vous aviez oublié toutes les querelles entre vous, là aussi vous aviez fait la paix des peuples - pour le meurtre et l’incendie. Ah ! Combien d’individus sont tombés sous vos balles, comme un champ de blé mûr haché par la grêle ! Ah ! Combien de femmes jetées à l’eau, pleurant leurs morts dans leurs bras froids et fuyant les tortures mêlées à vos embrassades ardentes !

Et maintenant, ils se tournent tous vers la Martinique d’un même mouvement et le cœur sur la main, ces meurtriers bienveillants aident, sauvent, sèchent les larmes et maudissent les ravages du volcan. Mont Pelé, géant au grand cœur, tu peux en rire ; tu peux les mépriser, ces carnivores pleurants, ces bêtes en habits de Samaritains. Mais un jour viendra où un autre volcan fera entendre sa voix de tonnerre, un volcan qui grondera et bouillonnera et, que vous le vouliez ou non, balayera toute ce monde dégoulinant de sang de la surface de la terre. Et c’est seulement sur ses ruines que les nations se réuniront en une véritable humanité qui n’aura plus qu’un seul ennemi mortel : la nature aveugle."

Rosa Luxemburg dans "Martinique" (1902)

Haïti occupée militairement : pour lutter contre les risques d’un séisme ? Oui ! Le séisme social !

Que veut dire Haïti occupée par des troupes étrangères ?

La première ile où les esclaves se sont libérés en prenant le pouvoir et en battant les puissances esclavagistes, l’Angleterre et la France, n’a pas besoin de troupes étrangères d’occupation, même si si ces brigands se disent animés des meilleures intentions du monde !!!! Les grandes puissances veulent seulement démanteler les villes, enfermer la population travailleuse dans des camps militairement surveillés, seulement faire travailler la population à du déblaiement et faire partir les autres en exode. Ils veulent seulement écraser l’ile révolutionnaire. Ne soyons pas dupes du matraquage médiatique et politique. Ces puissances-là n’ont jamais eu la moindre intention humanitaire et pacifique !!!

Haïti : l’intervention "humanitaire" cache une guerre contre le peuple haïtien révolté

Le rôle de la Minustah, le film

A bas l’occupation militaire étrangère d’Haïti sous prétexte de séisme, de sécurité des habitants ou de cyclones !

Haïti révolutionnaire qui fait peur aux grandes puissances

Les interventions armées ont apporté à Haïti... misère et massacres...

Haïti : du séisme à la révolte

Comment les forces internationales répriment la population pauvre, le film

Haïti : l’intervention "humanitaire" cache une guerre contre le peuple révolté

C’est sans délai que des forces armées considérables (des dizaines de milliers de soldats) venues des USA, de France et du reste du monde ont débarqué en Haïti, suite au tremblement de terre qui a frappé durement la capitale, Port-au-Prince. Et, malgré un discours médiatique voulant faire croire à une aide humanitaire, la tâche essentielle qui leur est assignée est le rétablissement de l’ordre. Elles sont équipées pour la répression et non pour le sauvetage. Des unités US spécialistes anti-émeutes ont été dépêchées. Les équipes de sauveteurs sont bloquées par la priorité donnée à l’envoi des militaires. Un avion-hôpital et des secouristes avec chiens ont été refusés pour faire passer en priorité les troupes de Marines, spécialistes de la répression des révoltes populaires. Certaines équipes de sauveteurs liées à des ONG n’ont toujours pas pu se rendre sur place tandis que les forces armées sur place sont des centaines de fois supérieures en nombre aux équipes de sauveteurs. Des navires de guerre US sont à proximité d’Haïti pour intervenir en cas d’insurrection générale.

Du coup les secours et les secouristes n’arrivent pas. La plupart des gens n’ont reçu ni aide alimentaire, ni sanitaire et certaines villes n’ont encore vu personne. Aucune force gouvernementale, aucune armée n’a participé aux sauvetages de première urgence réalisés à mains nues par la population elle-même. L’inquiétude des grandes puissances, ce sont les réactions populaires et pas les victimes à sauver et les populations survivantes à aider, contrairement ce que l’on cherche à nous faire croire ici. Si les forces armées du monde se sont empressées d’intervenir, c’est pour éviter que le vide du pouvoir, causé par le tremblement de terre qui a mis à bas les édifices publics, les bâtiments de l’Etat et des forces armées d’occupation étrangères, ne se transforme en tremblement de terre... social. Et ces forces cachent leur crainte du peuple d’Haïti derrière de prétendus pillages, mais, quand on crève de faim, se servir dans les magasins, c’est simplement vital, ce n’est pas un crime !

Pour comprendre le rôle des armées étrangères en Haïti, il faut se rappeler que l’intervention militaire américaine, onusienne ou française ne date pas du tremblement de terre. Elle a pour prétexte la défense de la sécurité de la population civile mais, en fait, elle est le produit de la révolte sociale qu’a connu Haïti lorsque, en 1986, le peuple haïtien s’est débarrassé de la dictature des Duvalier que soutenaient les pays occidentaux. Oui, le peuple travailleur d’Haïti a vécu une révolution, en s’attaquant aux barbares « tontons macoutes » et en renversant la dictature de « Bébé Doc » Duvalier, soutenue par les USA. Le pouvoir a été durablement ébranlé.

Ce n’est que récemment que les grandes puissances occupant Haïti ont pu permettre à l’armée haïtienne de retourner dans ses quartiers généraux. L’échec de cette révolution haïtienne provenait du fait que les partis et organisations sociales, syndicales, religieuses et politiques qui en avaient pris la tête, loin de souhaiter la prise de pouvoir par les opprimés, ne visaient qu’à faire rentrer le peuple dans le rang. Jamais ils n’ont averti le peuple contre l’armée de Duvalier à peine reconvertie. Jamais ils n’ont appelé le peuple à se lier aux petits soldats et ces derniers à ne plus obéir à leur hiérarchie. Au contraire, tous les efforts des dirigeants syndicalistes, religieux, sociaux-démocrates et staliniens ont été de réconcilier le peuple avec l’armée et les classes dirigeantes, avec l’aide d’Aristide, devenu en 1994 la marionnette des USA.

Et les dizaines de milliers de soldats des armées étrangères occupant le pays depuis 2004 ne visent nullement à remettre en cause la dictature et la misère. Ils ont occupé le pays parce que le peuple menaçait le pouvoir et les classes dirigeantes haïtiennes. Cette prétendue « force de paix » n’a fait qu’attaquer violemment la population des quartiers pauvres et des bidonvilles aux côtés des forces armées et des milices locales. Lors des dernières émeutes de la faim en 2008, le petit peuple d’Haïti, entre autres revendications, réclamait le départ des troupes de l’ONU et des troupes étrangères.

Toutes ces forces armées n’ont rien fait contre la classe dirigeante, contre la misère et l’exploitation. Rien face aux cyclones. Celui qui a détruit Gonaïves, la ville la plus révolutionnaire du pays, a laissé le peuple détruit, englué dans la boue sans que cette fameuse « communauté internationale » ne bouge le petit doigt. Le tremblement de terre a achevé de détruire la crédibilité du pouvoir, et les grandes puissances craignent que le peuple haïtien se saisisse de l’occasion pour se débarrasser de ses oppresseurs.

Quant aux travailleurs d’ici, loin de marcher dans la propagande humanitaire hypocrite des grandes puissances, ils devraient souhaiter au peuple haïtien ce que ses oppresseurs craignent le plus : que le peuple se libère et que l’île révolutionnaire renaisse de ses cendres.... !

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Lorsque les Etats occidentaux justifient leur intervention militaire, ils prétendent être bloqués par les émeutes de gens se disputant pour recevoir des vivres et par les pillards. C’est faux ! Les vivres bloqués sur l’aéroport, ce n’est pas à cause de bandits ou d’émeutes... Les Haîtiens dénoncent les troupes étrangères parce qu’ils les connaissent. Depuis 1994 pour les USA, depuis 2004 pour toutes les troupes étrangères, elles occupent le pays et ce n’est pas pour les sauver d’une catastrophe naturelle !!! Elles interviennent contre la population. Elles prétendent que, si les secours n’arrivent pas, c’est dû à l’état des routes. C’est faux ! Elles affirment vouloir sauver le peuple haïtien, c’est faux !

Les forces armées internationales ne surveillent que les quartiers pauvres alors que les riches entretiennent des bandes armées qui pillent, terrorisent et assassinent.

Les horreurs de l’exploitation en Haïti

Les émeutes de la faim

Les bandes armées du pouvoir haïtien intervenant contre la population en 2004

Quand la classe ouvrière haïtienne luttait pour le salaire minimum à 200 gourdes en août 2009 :

Les ouvriers font peur à leurs patrons

Le mouvement de protestation des ouvriers, supporté par des étudiants, a pris une autre allure. Ce lundi, ils ont, pour la troisième fois, investi les rues pour exiger le salaire minimum à 200 gourdes. Bilan : un blessé au moins, deux arrestations, deux véhicules de service de l’Etat incendiés, un autre de l’ambassade américaine endommagé...Ce qui fait peur, entre autres, les industriels.

N’oublions pas qu’en Haïti, il y aune classe ouvrière. Voici une de ses luttes en 2009 :

Les travailleurs de la zone industrielle ont fait entendre leurs voix

Les 4, 5, 11, 12 et 13 août dernier, les ouvriers de la zone industrielle ont gagné les rues de la capitale pour crier leur ras-le- bol des sempiternelles négociations autour de l’ajustement du salaire minimum. Et le dernier jour, ils étaient entre 12000 et 15000 à demander 200 Gourdes (soit 3,57 euros) au lieu des 70 Gourdes (1,25 euros) en vigueur depuis 2003. Avec des branches d’arbre en main, des milliers de travailleurs ont traversé la zone industrielle, avec leur slogan « 200 Gourdes tout de suite », tout en faisant débrayer les ouvriers des autres usines disséminées sur leur parcours pour arriver devant le Parlement où les députés devaient tenir leur séance. Arrivés sur les lieux, les unités de la police et les corps spéciaux les ont attaqués à coup de matraque, et gaz lacrymogènes, etc. pour les disperser. Mais les travailleurs n’ont pas baissé les bras ; ils sont revenus 5 jours de suite, ils ont encerclé le commissariat lorsque des manifestants ont été arrêtés le 10 août et sur leur lancée, le lendemain, des milliers de manifestants ont à nouveau gagné les rues. Ces ouvriers, ces étudiants, ces habitants de quartier faisaient pression sur les députés qui avaient émis un premier vote favorable au 200 Gourdes et qui revenaient sur leur décision face à la pression de la bourgeoisie haïtienne. Depuis la revendication de 200 Gourdes avancée par les ouvriers, les patrons des entreprises et leurs représentants expliquaient sur tous les médias « comment ce salaire allait entrainer le pays à la ruine et obliger les patrons à transférer leurs entreprises ailleurs où le salaire serait plus compétitif qu’en Haïti. ». Et la bourgeoisie haïtienne a repris le même refrain à propos des banques et du commerce : un tel salaire allait faire grimper les prix et mettre les banques en faillite. Il a fallu que quelques ouvriers prennent d’assaut les médias pour expliquer qu’avec 200 Gourdes ils pourraient survivre, mais ne pas vivre décemment. Le président Préval, en bon défenseur de la bourgeoisie a opposé son veto lorsque les parlementaires ont donné leur accord pour le passage au salaire à 200 Gourdes. Il a proposé que le salaire de base des ouvriers de la sous-traitance soit de 125 Gourdes par jour, et a ajouté que si ces ouvriers travaillent plus ils pourront toucher plus puisqu’ils sont payés à la pièce. Ils pourraient même toucher 200 Gourdes par jour, voire plus ajoutait-t-il cyniquement. Le mardi 18 août les députés sont revenus sur leur vote et ont choisi les amendements de Préval et le salaire journalier à 125 Gourdes. Ils ont montré comment ils sont corruptibles et sont en réalité les larbins de la bourgeoisie haïtienne. Ils ont eut peur des ouvriers, mais pas jusqu’à reculer et outrepasser les directives des patrons. Ce n’est que parti remise ! Cette mobilisation, ces manifestations ont permis aux travailleurs qui y ont participé et à ceux qui les ont soutenus de faire l’expérience de l’énorme potentialité qu’il y a dans leurs actions communes. Pendant quelques jours ils se sont libérés les uns les autres de la peur qui les enchainait à leur table de travail, aux ordres du chef, ont pris confiance en eux en allant faire débrayer d’autres usines et surtout en voyant comment les vigiles comme les patrons déguerpissaient à leur arrivée. Ils ont pu dresser la tête et faire valoir leurs revendications. De telles manifestations des ouvriers de la zone industrielle ne s’étaient pas vues depuis juillet 1991 au début du mandat d’Aristide. Elles sont pleines d’enseignements pour les travailleurs compte tenu de l’ampleur des luttes à venir pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Elles ne dépendront pas des palabres des parlementaires, des politiciens, et des soi-disant économistes tous acquis aux intérêts de la bourgeoisie, mais de leur capacité à s’organiser pour pouvoir s’imposer aux patrons et à leurs valets, et exiger la satisfaction de leurs revendications.

Manifestation ouvrière pour le salaire minimum de 200 gourdes en août 2009

Un article de février 2009 :

Par José Antonio Gutiérrez D. 28 Février 2009 Bay kou, bliye. Pote mak, sonje. (« Celui qui frappe oublie, celui qui porte la cicatrice se souvient » Proverbe haïtien).

5 années se sont écoulées depuis qu’Ayiti, paradoxalement la première République latino américaine à s’être émancipé du joug colonial, se trouve sous occupation militaire étrangère. Au sens propre du terme, c’est l’unique pays Latino-américain actuellement sous occupation militaire. Enclavée au milieu des Caraïbes, partageant son territoire avec la République Dominicaine, face à la Floride et à Cuba, cette petite nation est depuis trop longtemps occupée par 7036 soldats et 2053 policiers de l’ONU (qui font partie d’une mission humanitaire, la MINUSTAH). Ce n’est pas la première fois qu’Ayiti est envahi militairement et un profond traumatisme demeure depuis l’occupation américaine (1915-1934) qui endeuilla tous les foyers de la campagne ayisien. Dès lors, l’intervention politique impérialiste, principalement nord-américaine, mais aussi canadienne et française a été constante.

Cependant, cette occupation qui a commencé le 29 Février 2004 est différente : tout d’abord parce qu’elle est à la charge de l’ONU, fournissant un faux-semblant de « légitimité », à la violation de la dignité du peuple ayisien. Mais aussi, cette occupation est radicalement différente des précédentes, car pour la première fois ce sont des pays latino-américains qui envahissent et occupent un autre territoire latino-américain.

En février 2004, après un mois d’insurrection armée, financée et préparée par la CIA contre le gouvernement populiste de Jean-Bertrand Aristide, des troupes des Etats-Unis, de France, du Canada et du Chili, débarquèrent en Ayiti et séquestrèrent le président Aristide. Celui-ci s’était gagné la méfiance de Washington et de Paris, et depuis toujours s’opposait a l’influente oligarchie makoute, réticente a céder un soupçon de son pouvoir, accumulé en deux siècles de vie républicaine. L’excuse de ce débarquement repose sur la soi-disant volonté altruiste de restaurer l’ordre et de protéger la sécurité des aysien (reste que ces sentiments altruistes brillèrent par leur absence durant les années de sanctions économiques de la part des Américains et Français). Le président déchu fut envoyé en République Centrafricaine par avion, et les ‘rebelles’ au service au service de la CIA accumulèrent d’innombrables massacres de milliers de partisans du président Aristide dans les quartiers populaires, les bidonvilles, et établirent un régime de terreur dans les Zones Franches, où opèrent d’importantes entreprises transnationales comme Levis et Walt Disney. Ceci, sans que les défenseurs autoproclamés du peuple ayisien ne s’émeuvent le moindre du monde ! Puis, on installa au pouvoir une marionnette de l’oligarchie haïtienne et de la maison blanche : Gérard Latortue. Et tous ces agissements ne furent finalement rien d’autre qu’un coup d’Etat sui generis dans un pays sans armée, avec la participation de bandes armées au service de la CIA et des armées étrangères.

Ayiti, un protectorat gardé par les casques bleus

A la mi 2004, prétendant donner un sens légitime à l’occupation, mais aussi du fait des difficultés militaires croissantes rencontré par les Etats-Unis en Irak, on fit appel à l’ONU pour qu’elle se charge de la situation chaotique du pays. Ainsi, les Etats-Unis se retirèrent de la scène principale et la présence de l’ONU procura un ‘certificat "humanitaire" à l’occupation. Tel est l’origine de la MINUSTAH : la reprise des activités de forces militaires, putschistes et d’occupation, qui s’imposèrent à sang et à feu et qui perdurèrent encore pendant une longue période après le coup d’Etat de 2004 [1]. Mais, pour que la "soi-disant" action humanitaire et démocratique fût encore plus crédible, et pour que personne ne pût penser qu’Ayiti soit à nouveau victime d’impérialisme, on s’assura que le commandement et le gros des troupes de la MINUSTAH fussent latino-américains. Le Brésil, comme on pouvait se l’imaginer, obtint le rôle principal au sein de la MINUSTAH, aidé par le Chili et l’Argentine. Cependant, pratiquement tous les pays latino-américains ont des troupes en Ayiti, y compris des pays progressistes comme la Bolivie ou l’Equateur [2].

Si cette occupation prouve clairement combien certains cherchent a gagner les faveurs de Washington [3], elle reflète aussi les changements des rapports de forces dans la région et le poids plus important des acteurs locaux pour maintenir la "sécurité régionale", démontrant ainsi que d’autres sont potentiellement intéressés pour établirent, après tout, eux aussi, leur "pré carré" dans la région.

L’élection de Préval en février 2006 n’a pas altéré le caractère d’occupation des forces de l’ONU, et celui-ci a toujours démontré n’être qu’un président "pion"de l’occupation, de l’oligarchie haïtienne et de ses patrons étrangers, poursuivant sur le chemin de Latortue et perpétrant la mise à sac de Ayiti par le biais de la mise en place de traité de libre échange comme les APE avec l’Union Européenne et la loi HOPE avec les Etats-Unis [4].

Pour le moment, il n’y a pas le moindre signe de lever de l’occupation. Ou du moins c’est ce qui ressort de la résolution 1840 (2008) du Congrès de Sécurité de l’ONU, approuvée le 14 Octobre 2008, qui ironiquement commence par les phrases suivantes : « réaffirmant sa ferme détermination de préserver la souveraineté, l’indépendance (…) de Haïti », pour ensuite conclure sur la décision d’étendre le mandat de la MINUSTAH jusqu’au 15 Octobre 2009, « avec l’intention de le renouveler à nouveau » [5]. Ainsi, il s’agit d’une occupation de longue durée, sous laquelle nous pouvons supposer que le projet est de maintenir un protectorat plus ou moins permanent au service des transnationales...

La lente mort de Ayiti occupé

Les effets de l’occupation sur le peuple ont été désastreux : de nombreux autres articles diffusés sur notre site ont fourni une analyse détaillée des ces effets [6]. Le principal d’entre eux a été l’approfondissement, à la force, du modèle de faim, de misère et d’exclusion. Au point qu’en Avril 2008, après la diffusion de grotesques informations selon lesquelles les ayisien n’avait plus d’autre choix que de se nourrir aux galettes de boue, une rébellion éclata dans tout le pays car le peuple, littéralement, mourrait de faim [7].

Un article de la revue "The Economist" (12/02) nous révèle les ‘avancés’ de l’occupation qui se réduisent a deux exemples, pour le moins, dérisoires. Il est raconté, sans aucune honte, que « la mission de l’ONU à amélioré la sécurité : les enlèvements déclarés ont chuté de 722 en 2006 à 258 l’année passée (…). Les rues de Port au Prince sont beaucoup plus propres » [8]. On ne sait s’il faut rire ou pleurer de cette tromperie qui prétend faire passer pour un « succès » la présence de plus de 9000 soldats sur l’île pour seulement avoir des rues plus propres ! Et pour qu’il y ait « à peine » 258 enlèvements ! Sans compter ce que dépense la MINUSTAH : pour la période de Juillet 2008 à Juin 2009, un budget de 601 580 000 US$ à été approuvé… La moitié du budget annuel dont dispose le FISC Haïtien.

Résultat cynique qui confirme que pendant l’occupation on dépense l’argent qui pourrait être utilisé à construire des infrastructures, des habitations dignes, des hôpitaux, des écoles, etc. Ainsi, il y a de l’argent pour maintenir cette occupation qui pourrait trouver une meilleure utilisation dans l’annulation de la dette extérieure haïtienne, très élevée et léguée par les dictatures des Duvalier. Ou encore : il y a de l’argent pour fournir des fusils mais pas pour fournir du pain. De plus, il faut bien voir que cette force militaire, capable de massacrer 10 000 ayisien a été complètement incapable d’aider les milliers de sinistrés après le passage des ouragans, qui dévastèrent l’île haïtienne avec une colère apocalyptique en septembre dernier, tuant 793 personnes, succombant plus de leur pauvreté que du climat [9].

Le même article de l’ « Economiste » affirme que l’économie haïtienne se contractera de 0,5% pendant l’année 2009. Difficile à imaginer pour une économie aussi dévastée et atrophiée, qui a été réduite en miette par deux décennies de violentes répressions des alternatives populaires et démocratiques, qui émergèrent dans l’Ayiti post-Duvalier, et par ses consécutifs cycles de dictatures, d’interventions militaires nord-américaines et de sanctions économiques. Cette histoire récente fait qu’Ayiti est aujourd’hui un pays qui survit « grâce » à la charité ; avec un budget national qui dépend à 65% de prêts et d’aide internationale…

De plus, les casques bleus n’ont pas démontrés être plus respectueux de la population civile que n’importe quelle autre force militaire d’occupation. Tolérants envers les raids makoutes, pour mater certains activistes populaires, ils ont aussi participé à certains massacres et ont pratiqués de manière systématique le viol de femmes et de mineurs ayisien [10].

La résistance ignorée

Il est déplorable de constater que cette occupation se déroule sous notre nez et devant un silence déshonorant de la plupart des mouvements populaires latino-américains. Excepté certaines déclarations d’appui, comme à Lima durant le Sommet des Peuples (Mai 2007), l’occupation qu’endure l’un de nos "peuple-freres" a été ignorée par les responsables de nos propres gouvernements. Depuis trop longtemps, nous nous supportons les arbitrages du « froid pays du Nord » qui fait qu’aujourd’hui nous croyons nos propres républiques incapables de pratiquer des actes de sous-impérialisme. Il semble que le mouvement populaire latino-américain ne comprend pas la gravité de ce qui se déroule en Ayiti. Désormais, les occupations militaires sur notre continent ne seront plus réalisées directement par l’impérialisme nord-américain, si celui-ci peut compter sur un efficace réseau d’appui local des pays latino-américains qui agissent comme des mercenaires [11].

Mais ce protectorat sans fin, que l’on veut instaurer à Ayiti, est confronté à une persistante résistance de la culture ayisien, culture forgée dans une séculaire opposition à l’invasion étrangère et à l’élite locale si éloignée du peuple, tels ses patrons impérialistes. Culture dans laquelle persiste l’orgueilleuse attitude rebelle de l’esclave qui rompu ses chaînes à la fin du XVIII siècle, donnant pour la première fois un sens au mot « liberté » et délivrant ainsi, dans ce geste libertaire, un puissant tourbillon qui inspira toutes les luttes anti-coloniales des deux derniers siècles.

L’aysien est patient et sa résistance l’est aussi. Ils renouvelleront autant de fois qu’ils voudront le mandat de la MINUSTAH et le peuple ayisien continuera à jouer du manducumán, des tambours radas, congos, des tambours de Boukman, des tambours des Grands Pactos, des tambours todos del Vudu. C’est ainsi que toute manifestation se termine par une protestation de répudiation des occupants : ce qui arriva lors des manifestations contre la faim en avril 2008, qui se convertit rapidement en une protestation contre l’occupation [12], et aussi lors de la commémoration de l’élection de Aristide en 1990, célébrée le 16 décembre par des dizaines de milliers de manifestants [13]. Nous savons qu’aujourd’hui, ayant passé le cinquième anniversaire du funeste coup d’Etat, qui ouvrit les portes à l’occupation, des dizaines de milliers d’ayisien sortiront à nouveau manifester dans les rues qui leur appartiennent. Ces rues ‘propres’ grâce, selon "The Economist", à l’occupation. La résistance a des racines très profondes en Ayiti et perdurera pour des milliers de aysien.

José Antonio Gutiérrez D. 28 Février 2009

Messages

  • Dans la presse :

    "Dégradation du climat, manifestations et agressions en Haïti
    Trois semaines après le séisme, le climat se dégradait en termes de sécurité à Port-au-Prince. Plusieurs centaines de manifestants ont défilé dans les rues de la capitale haïtienne, en réclamant au gouvernement travail et nourriture.

    Quelque 300 personnes se sont rassemblées devant la mairie de Pétion-Ville, au sud-est de la capitale haïtienne, où plusieurs milliers de victimes du séisme ont établi un camp de fortune. De rares policiers étaient visibles autour du cortège.

    L’un des manifestants s’est avancé, un bloc de parpaing à la main, et a crié qu’il était prêt à se battre pour le groupe. "Si la police tire sur nous, nous mettrons le feu", ont répondu les manifestants."

  • La colère monte en Haïti où la population affamée s’en prend aux autorités
    De Clarens RENOIS (AFP) – Il y a 18 heures

    PORT-AU-PRINCE — Des coups de feu ont retenti mercredi en Haïti où la tension est montée d’un cran trois semaines après le séisme, comme en témoignaient les centaines de manifestants qui défilaient près de Port-au-Prince pour tancer les autorités et demander de la nourriture.

    Plusieurs coups de feu ont été entendus dans la nuit de mardi à mercredi à Pétion-Ville, dans la banlieue de la capitale, où quelque 300 Haïtiens manifestaient dans la matinée devant la mairie, dans une atmosphère tendue, pour réclamer nourriture, travail et la possibilité pour les enfants de retourner à l’école.

    "Le gouvernement haïtien n’a rien fait pour nous, nous n’avons pas trouvé de travail. Ils ne nous ont pas donné la nourriture qu’il faut", a déclaré Sandrac Baptiste, l’un des manifestants.

    De rares policiers étaient visibles autour du cortège qui a ensuite dévalé en courant une rue adjacente. Un des manifestants s’est avancé, un bloc de ciment à la main, et a crié qu’il était prêt à se battre. "Si la police tire sur nous, nous mettrons le feu", ont répondu en choeur les manifestants.

    Pour la première fois depuis le séisme, des habitants se montraient hostiles à l’égard des journalistes étrangers, leur demandant de quitter les lieux. Mardi, un photographe a été agressé au couteau et dévalisé, près du marché en Fer, au centre-ville de la capitale. Une autre équipe de reporters séjournant dans un hôtel de Pétion-Ville a remarqué qu’un individu s’enquérait de leur numéro de chambre.

    Un rassemblement de moindre importance avait réuni, mardi, une cinquantaine de manifestants devant la Direction de la police judiciaire (DCPJ) où siège temporairement le gouvernement haïtien.

    "A bas Préval !", criaient les manifestants, désignant le président haïtien, René Préval, qui s’est rarement adressé à son peuple depuis le séisme.

    "On n’a pas de tente. On n’a pas de nourriture", protestait l’un d’entre eux, Bousiquot Widmack, tandis que d’autres manifestants, se disant employés de sociétés publiques, assuraient qu’ils n’étaient plus payés, que leurs maisons s’étaient effondrées et qu’ils vivaient désormais dans la rue.

    Un groupe armé a tenté, en vain, d’attaquer samedi un convoi d’aide alimentaire escorté par la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah), a annoncé mardi l’ONU, estimant que la situation sécuritaire reste "stable mais potentiellement volatile".

  • Ariane Lacoursière
    La Presse

    (Port-au-Prince) La distribution de nourriture au camp de la place Saint-Pierre, à Port-au-Prince, devait se dérouler de façon continue pendant deux semaines. Mais sans avertir la population, le Programme alimentaire mondial (PAM) y a mis fin, hier, causant une immense colère chez les sans-abri.

    Rencontrée dans sa tente, où elle allaitait son enfant, Roselyne Edam ne comprenait pas pourquoi son camp n’avait pas reçu la nourriture promise. « Ils sont venus lundi et mardi en disant de ne pas paniquer, qu’ils reviendraient pendant deux semaines tous les jours. Mais là, ils ne viennent plus. On ne sait pas ce qui se passe », a-t-elle dénoncé.

    La porte-parole du PAM, Natasha Scripture, explique qu’il a fallu changer les plans : « Il y avait trop de monde, a-t-elle dit. Ça ne fonctionnait pas. Ça créait des bouchons monstres et de la tension. On va trouver un autre emplacement et on va en informer la population. »

    Stephen Benoît, député indépendant de Pétionville, où se trouve la place Saint-Pierre, accuse le gouvernement de n’avoir aucune emprise sur la distribution de l’aide alimentaire. « Les ONG font ce qu’elles veulent, a-t-il dit à La Presse. Elles font de gros shows médiatiques à des endroits clés, mais elles oublient des tonnes de plus petits camps qui ont aussi besoin d’aide. Comment peut-on accepter que, trois semaines après le séisme, des régions soient toujours oubliées ? »

    M. Benoît a d’ailleurs dirigé La Presse vers un de ces camps oubliés, à la place Boyer, dans Pétionville. Là, la présence d’une journaliste blanche s’est rapidement fait remarquer. Des dizaines de gens sont venus crier leur indignation. « Blanc ! Blanc ! On a faim ! » criaient certains. « Coupon ? Coupon ? » demandaient d’autres, en référence au système de distribution mis en place par le PAM.

    Selon ce système, des bénévoles se promènent dans les camps et donnent des coupons. Le jour de la distribution alimentaire, seules les personnes munies de ces petits papiers peuvent se procurer un sac de riz.

    Quand les bénévoles viennent distribuer les coupons, seuls les plus forts parviennent à se frayer un chemin et à obtenir le précieux papier, dénoncent les habitants des camps. « C’est la jungle, ici, a dit Ketler Borga, qui habite à la place Boyer. Il faut avoir des muscles pour être aidé. »

    « On doit se débrouiller. On n’a rien reçu depuis le début sauf un peu d’eau, a dénoncé Micheline Saint-Île, qui vit avec neuf autres personnes sous une toile. Les gens qui vont venir porter de l’aide devront être prêts. Ça risque de dégénérer, ici. »

    Trois semaines après le séisme, l’aide alimentaire est toujours distribuée de façon aléatoire aux yeux des habitants. La tension commence d’ailleurs à monter à Port-au-Prince. Plusieurs coups de feu ont été entendus dans la nuit de mardi à hier à Pétionville. Hier matin, quelque 300 Haïtiens ont manifesté devant la mairie pour réclamer nourriture, travail et possibilité pour les enfants de retourner à l’école.

    En début d’après-midi, un autre rassemblement a réuni environ 200 manifestants à quelque 4 km de l’ambassade des États-Unis, criant en créole leur besoin d’aide et bloquant la progression d’une longue file de 4x4 américains et de camions de l’ONU.

     Avec l’Agence France-Presse

  • Ayiti-Salè minimòm : Èske ouvriye ak travayè se pa moun yo ye ?

    Salè minimòm lan 200 goud !!!!!!

  • ABA LESPLWATASYON ! ABA OKIPASYON !

    VIV LIT KLAS OUVRIYÈ A ! VIV LIT TOUT TRAVAYÈ ! VIV LIT MAS POPILÈ YO AN JENERAL !

    VIV KONSTRIKSYON KAN PÈP LA AK TRAVAYÈ YO KÒM POTO MITAN ANBA DIREKSYON KLAS OUVRIYÈ A !

  • L’intervention directe des forces armées nord-américaines, montre clairement la charge de subordonné assigné aux troupes de l’ONU. Après être arrivé, les États-Unis ont pris le contrôle de l’aéroport de Port-au-Prince, en empêchant jusqu’à l’atterrissage d’avions du Brésil. Avec l’envoi de 10 000 soldats des États-Unis, les "casques bleus" de l’ONU se convertiront en à peine une force auxiliaire.

    Dans l’après-midi du 16 janvier, la secrétaire d’État des États-Unis, Hillary Clinton, a défendu que le parlement haïtien octroyait une plus grande autorité au président Preval : ”Un décret donnerait au gouvernement une énorme autorité, qui en pratique nous serait déléguée”, a-t-elle affirmé dans un entretien avec le New York Times. Dans ce décret il y aurait le pouvoir de décréter un couvre-feu. Face à la menace d’une stabilité politique et sociale dans le pays, à cause de la calamité, les États-Unis écartent les intermédiaires et se résolvent à assumer directement le contrôle de la situation.

    Une répression, quand il n’est toujours pas possible de compter le nombre total de morts causés par le tremblement de terre, les forces d’occupation se préparent à réprimer de possibles protestations populaires. Tandis que la majorité de la population attend une aide médicale et humanitaire qui n’arrive jamais, le Brésil envoie vers Haïti une cargaison étrange. Conformément au ministre de la Défense, Nelson Jobim, le gouvernement Lula envoie des armes létales, comme armes tirant des balles de gomme, des grandes lacrymogènes et des machettes pour “appuyer les troupes”.

    Cela parce que les troupes de la Minustah sous commandement du Brésil, se préparent déjà à réprimer de possibles manifestations contre le manque de nourriture, d’eau et de médicaments. Ils évaluent que la crise sera plus marquée dans les prochains jours. “Avec le manque d’eau, de combustible et d’aliments, les gens commenceront à être plus indignés", a affirmé Jobim, qui a aussi déclaré que l’occupation militaire devra durer "au moins cinq ans de plus".

    Le général Jorge Armando Félix, Ministre du Cabinet de Sécurité Institutionnelle de la Présidence de la République, a écarté les possibles confusions et il a clairement expliqué que les forces de l’ONU en Haïti n’ont pas de caractère humanitaire mais de "sécurité". “Le bataillon ne peut pas s’écarter de sa mission”, a-t-il déclaré à la presse. En ce 16 janvier, le sous-chef du Commandement et du Contrôle de l’État-Major de défense du Brésil, Paulo Zuccaro, a dit que son pays étudie l’augmentation du contingent militaire en Haïti.

    Pendant ce temps, les Haïtiens disposent de leurs propres forces et de leur propre solidarité pour le sauvetage des blessés et la récolte des cadavres, ainsi que pour la survie quotidienne dans un pays dévasté.

    PSTU

  • L’ancien président américain Bill Clinton, émissaire de l’ONU pour Haïti, est revenu vendredi à Port-au-Prince en pleine agitation populaire face à la lenteur des secours, plus de trois semaines après le séisme qui a dévasté le pays.

    M. Clinton est arrivé en milieu de journée au commissariat de police qui sert de siège au gouvernement haïtien depuis le tremblement de terre du 12 janvier.

    Signe du mécontentement des sinistrés haïtiens, l’ancien président a été accueilli par 200 manifestants réclamant des tentes pour se loger.

    "Nos enfants brûlent sous le soleil. Nous avons droit aux tentes", a lancé Mentor Natacha, 30 ans, jeune mère de deux enfants.

    La manifestation a été dispersée en début d’après-midi mais une trentaine de personnes se sont à nouveau rassemblées dans la foulée. L’une d’elles tendait un portrait de l’ancien président haïtien Jean Bertrand Aristide, en exil en Afrique du Sud depuis son éviction du pouvoir en 2004.

    C’est la deuxième visite à Port-au-Prince de Bill Clinton depuis la secousse qui a fait au moins 212.000 morts.

    Les manifestants semblaient sans animosité à l’égard de M. Clinton, désigné mercredi par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, pour coordonner l’aide internationale à Haïti. Mais beaucoup d’Haïtiens reprochent à leur gouvernement de ne rien faire pour venir en aide au million de sinistrés dénombrés dans le pays.

    "Le gouvernement haïtien n’existe pas pour nous", résumait Béatrice Saint-Julien, qui campe tant bien que mal au milieu des décombres en face du tribunal où dix Américains membres d’une association religieuse ont comparu jeudi pour avoir tenté de sortir illégalement du pays une trentaine d’enfants.

    Leur demande de libération provisoire a été rejetée vendredi, a annoncé à l’AFP leur avocat haïtien Edwin Coq.

    A Washington, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a espéré vendredi une résolution "rapide" de ce dossier. "Nous allons continuer à fournir un soutien (consulaire), comme nous le faisons toujours pour les Américains inculpés", a-t-elle déclaré à la presse.

    Interrogé à ce sujet par l’AFP, son mari a déclaré que leur libération ne faisait "pas partie de (son) mandat".

    Les autorités haïtiennes se sont plaintes que cette affaire ait relégué au second plan les problèmes liés à l’organisation des secours et la reconstruction du pays.

    Selon Patrick Delatour, le ministre du Tourisme, désormais chargé de la reconstruction, l’Etat n’a reçu que 4.000 tentes sur les 200.000 promises.

    M. Clinton a annoncé l’arrivée de plusieurs milliers de tentes supplémentaires au cours des prochains jours.

    Interrogé sur le retard dans l’acheminement de l’aide au pays, M. Clinton a souligné que les institutions haïtiennes comme les organisations internationales avaient payé un lourd tribut au séisme.

    "Les bureaux de ceux qui dirigent le pays ont été détruits", a-t-il rappelé. "Quant aux Nations Unies (...) elles ont perdu leur chef, son adjoint et le plus grand nombre de vie dans l’histoire" de l’organisation.

  • Lors de la manifestation contre Clinton, une mère de famille haïtienne clamait :

    Nos enfants brûlent sous le soleil. Nous avons droit aux tentes !

    Car les tentes n’arrivent même pas....

  • Dans la presse :

    L’ancien président américain Bill Clinton, émissaire de l’Onu pour Haïti, est revenu hier à Port-au-Prince en pleine agitation populaire face à la lenteur des secours, plus de trois semaines après le séisme.

    M. Clinton est arrivé hier en milieu de journée au commissariat de police de Port-au-Prince qui sert de siège au gouvernement haïtien depuis le tremblement de terre du 12 janvier, la présidence et de nombreux ministères ayant succombé au séisme. Signe du mécontentement des sinistrés haïtiens, l’ancien président a été accueilli par quelque 200 manifestants qui réclamaient des tentes pour se loger.

    « Nos enfants brûlent sous le soleil. Nous avons droit aux tentes. Nous avons droit au logement, » a lancé Mentor Natacha, 30 ans, une jeune mère de deux enfants originaire de Pont-Rouge, un quartier du nord de la capitale dont les habitants se plaignent de dormir dehors depuis le séisme.

    C’est la deuxième visite à Port-au-Prince de l’émissaire onusien depuis la secousse qui a fait au moins 212 000 morts selon une dernière estimation des autorités haïtiennes.

    4 000 tentes sur les 200 000 promises
    Les manifestants semblaient sans animosité à l’égard de M. Clinton, désigné mercredi par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, pour coordonner l’aide internationale à Haïti. Mais beaucoup d’Haïtiens reprochent à leur gouvernement de ne rien faire pour venir en aide au million de sinistrés dénombrés dans le pays.

    « Le gouvernement haïtien n’existe pas pour nous », résumait Béatrice Saint-Julien, qui campe tant bien que mal au milieu des décombres en face du tribunal où dix Américains membres d’une association religieuse ont comparu jeudi pour avoir tenté de sortir illégalement du pays une trentaine d’enfants. Leur avocat Edwyn Coq a expliqué qu’il entendait réclamer leur mise en liberté provisoire. « Je travaille à ce qu’ils retrouvent la liberté aujourd’hui », a-t-il dit.

    A Washington, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a espéré hier une résolution « rapide » de ce dossier.

    « Nous allons continuer à fournir un soutien (consulaire), comme nous le faisons toujours pour les Américains inculpés et espérons que l’affaire pourra être résolue rapidement », a-t-elle déclaré à la presse.

    Les autorités haïtiennes se sont plaintes que cette affaire ait relégué au second plan les problèmes liés à l’organisation des secours et la reconstruction du pays.

    Selon Patrick Delatour, le ministre du Tourisme qui est désormais chargé de la reconstruction, l’Etat n’a reçu que 4 000 tentes sur les 200 000 promises par la communauté internationale.

  • Dans la presse :

    Haïti a connu en 2009 un long mouvement social, le premier depuis long­temps. La revendication d’un salaire minimum quotidien de 200 gourdes – 3,50 euros [6] – dans un pays où les trois quarts de la population disposent de moins de 1,50 euro par jour. Le président René Préval, soucieux de préserver l’intérêt des investisseurs, a jugé que c’était trop. L’année précédente, son gouvernement avait laissé monter le prix du riz et de l’huile, provoquant des émeutes de la faim.

  • On pouvait lire dans combat ouvrier en 2009 :

    Haïti
    Préval, le larbin du patronat haïtien

    En Haïti le président Préval a clairement annoncé sa position : il est contre l’augmentation du salaire minimum à 200 gourdes (4euros) par jour pour tous les ouvriers. Il utilise les médias tout azimut pour faire passer ses propositions.
    Pour Préval, les ouvriers qui travaillent dans les entreprises du Parc industriel, la sous-traitance du textile, des pièces électroniques, du cuir, du plastique etc. ne pourront avoir droit aux 200 gourdes, sous prétexte qu’ils travaillent pour des entreprises d’exportations. Et le président leur a préparé un régime spécial : 125 gourdes (2,5€) au premier octobre 2009, puis promesses de 150 gourdes... au 1° octobre 2010 et enfin... au 1° octobre 2012 les 200 gourdes (4€) attendues. Et Préval, ajoute cyniquement que certains pourront toujours toucher plus de 125 gourdes (2,5€) puisque, les ouvriers étant payés à la tache, ils pourront augmenter leur gain journalier et même dépasser 200 gourdes à condition de s’éreinter sur leurs machines et accélérer les cadences.
    Préval reprend le vieil argument du chômage très élevé pour effrayer la population. Certes 60 à 70% de la population active du pays sont au chômage ; certes il est urgent de créer massivement des emplois. Oui la sous-traitance est un secteur nécessitant beaucoup de main-d’oeuvre et donc susceptible de permettre d’atteindre cet objectif. Alors qu’est-ce qui empêche de payer décemment ces travailleurs ? Sinon les patrons comme Grégory Mews de la Chambre de commerce Haïtiano dominicaine qui lance que « l’augmentation de salaire va empêcher la création de 300 000 emplois dans les prochains mois ».
    Pour ceux qui en doutaient, pour ceux qui se berçaient toujours d’illusion à propos du parti de Préval l’ESPWA, pour ceux qui préféraient croire aux promesses électorales, eh bien le président Préval a dit clairement les choses. Il est du côté des patrons, des exploiteurs, des nantis, des profiteurs, et il est contre la population laborieuse d’Haïti. Il est semblable à tous les autres politiciens, intellectuels, larbins que les bourgeois des pays pauvres ou riches prennent à leur service moyennant quelques honneurs et financement.
    La leçon est claire pour les travailleurs en Haïti, comme ici : les travailleurs n’ont rien à espérer des promesses électorales. Pour améliorer leur situation ils n’auront que ce qu’ils seront capables d’arracher par leur luttes.

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