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Haïti : BATAY OUVRIYE

mardi 23 mars 2010, par Robert Paris

La grave détérioration des conditions de vie des classes laborieuses en Haïti, tant dans le cadre de la domination qu’elles subissent directement que dans celui de la dégradation générale, est une dure réalité qui ne cesse d’augmenter. Après le coup d’Etat-embargo au cours desquelles les puissances impérialistes ont littéralement tenté d’étouffer les masses populaires, ceux-là même qui avaient orchestré le coup d’Etat et infligé l’embargo débarquaient pour directement occuper le pays. Cette situation de tutelle se prolonge maintenant, avec des variations de forme, depuis près d’une décennie et contribue à la non-résolution des graves conditions de vie du peuple haïtien.

En dépit des divers ajustements du salaire minimum (de 15 à 36 gourdes en 1995 et de 36 à 70 gourdes en 2003 - US$1.60 - VOIR DÉCRET LE MONITEUR, Avril 2003), les conditions de travail de la classe ouvrière n’ont pas cessé d’empirer : en termes réels, le salaire a diminué de moitié et continue à baisser aujourd’hui. Pis, ces ajustements sont longtemps restés fictif pour de nombreux d’ouvriers, jusqu’à ce qu’ils soient contre-balancés par les taux d’inflation et de dévaluation de la monnaie locale. Ainsi l’exploitation va s’accroissant dans tous les lieux de production, sans exception.

Le climat de répression et de terreur permanente participe au renforcement de cette situation. L’ambiance carcérale des usines est de plus en plus corsée : les troupes d’occupation et la force de police, scrupuleusement organisée et équipée jusqu’aux dents pour garantir toujours davantage l’exploitation, fonctionnent de plus en plus systématiquement...

Parallèlement, si le pouvoir Lavalas avait grandement démobilisé l’élan de lutte manifesté par les masses populaires à partir de 1986, le retour en force des classes dominantes les plus réactionnaires en 2004 constitue un nouveau défi pour les travailleurs et progressistes haïtiens. A partir de la nouvelle conscience construite, nous devons et pouvons construire une véritable alternative populaire.
DANS LES CAMPS

12 mars 2010

AMIS ET CAMARADES DES CAMPS !

Tandis que le gouvernement a achevé de démontrer son incapacité, sa parfaite inaptitude à notre prise en charge correcte ;

Tandis qu’il se révèle conforme à lui-même en cherchant à continuer de consolider sa position avec les mafias-criminels qu’il mettait en place ;

Tandis que les sénateurs et députés corrompus reprennent leurs magouilles pour pouvoir reparaître publiquement et ainsi assurer la continuité de leurs mandats déjà épuisés ;

Tandis que les impérialistes, sur la base de l’« aide » qu’ils sont venu « donner », où ce sont les ONGs qui progressent à une allure fulgurante en consommant les trois-quarts de cet argent, envahissent notre territoire de militaires, comme si ce pays, libéré par un peuple d’esclaves, était à présent un terrain vague ;

Tandis que Préval et son gouvernement ouvre le pays à tous ceux qui désirent bénéficier de l’exploitation accrue des entreprises et usines, au point ou certaines ouvrières meurent de cette domination ; tandis que les bourgeois continuent à faire leurs bénéfices, tirant profit de l’occasion pour augmenter encore plus leur exploitation dans les industries et manufactures…

Tandis que tous les conservateurs collaborent en cherchant à se faufiler de plus en plus près du pouvoir et ainsi participent à la réhabilitation des anciennes structures pourries.

Nous, sous les tentes, sous les bâches, sous de vieux draps, sous des cartons… continuons à endurer les pluies, souffrons, subissons des humiliations et mourrons même dans une situation où nous a placé la misère ; une misère engendrée par les grands propriétaires fonciers, les grands bourgeois, les gloutons « grands mangeurs » et le grand capital étranger, avec leur armées et polices, pour nous forcer d’accepter d’en être arrivés là.

Nos Comités de Camp

Dans beaucoup de camps, des Comités ont été organisés pour extirper « l’aide », pour nous permettre de vivre après la catastrophe naturelle du séisme du 12 janvier 2010. Face à cette catastrophe naturelle, certains ont profité pour nous faire croire qu’il s’agissait d’une malédiction, ce pour nous maintenir dans l’attentisme et masquer le rôle des classes dominantes et de l’Etat réactionnaire dans la création de notre présente situation.

Certes, il existe de nombreux Comités, mais beaucoup d’entre eux sont constitués de petits escrocs alliés à de grands voleurs pour régler leurs affaires personnelles et ensuite se faufiler au sein du pouvoir grand-mangeur. Nos comités à nous ne pourraient être cela. Ils doivent être d’autant plus dynamiques, mais surtout honnêtes, sérieux, conséquents, AUTONOMES ! Ils doivent pouvoir véritablement représenter les populations des camps. Ensuite, nous devrons tenter d’établir une COORDINATION correcte parmi nous, pour avoir plus de force. Dans ce mouvement collectif, nous devrons nous TRANSFORMER pour non seulement pouvoir contrer tous ces larrons qui cherchent à profiter personnellement de la situation, nous utilisant, mais aussi et surtout pour affronter le projet de domination et d’exploitation que les classes dominantes et l’Etat comptent déferler sur nous à nouveau.

Nous, face au projet des classes dominantes de domination et d’exploitation

Le projet de domination et d’exploitation continue à exister, PIRE encore. Effectivement, c’est sur nos dos, à nous travailleurs, nous des masses populaires, qu’il tente de s’asseoir en nous forçant à travailler pour des salaires de misère, tandis que c’est nous qui allons subir, souffrir, tout comme toujours. Nous devons pouvoir RÉSISTER FACE À CE PROJET. C’est pourquoi nous devons développer notre action dès les Comités pour commencer à prendre conscience, commencer à comprendre la situation qui nous affronte clairement, et puis prendre les dispositions pour résister face au martyr qu’ils souhaitent nous imposer à nouveau. Ainsi, les Comités de Camps doivent pouvoir se TRANSFORMER en Comités s’opposant à tout ce qui se présente en face de nous, qu’il s’agisse des petits voleurs ou du projet des classes dominantes d’exploitation et de domination, surtout. Ils doivent se transformer en COMITÉS DE LUTTE. Pour cela, nos intérêts à nous, les intérêts des travailleurs, des masses populaires doivent être placés à l’avant.

La situation politique d’avant le 20 janvier 2010 n’a aucunement changée
La situation politique concrète que nous confrontions avant le séisme du 12 janvier n’a aucunement changée ! Il s’agit toujours de la même situation, même si actuellement les réactionnaires, voleurs et corrompus parlent de changement. Nous avons déjà montré notre désaccord avec cette situation : c’est ainsi que nous nous tenions loin du processus électoral frauduleux qui s’organisait ; ainsi, nous commencions à nous remobiliser pour défendre nos revendications, pour arracher nos droits. Nous nous sommes mobilisés pour tenter d’arracher les misérables 200 gourdes de salaire minimum journalier : Préval nous a bloqué ! Nous nous mobilisions pour tenter d’obtenir les salaires qui nous étaient dus depuis de nombreux mois : la police nous réprima ! Nous nous sommes mobilisés contre les privatisations, contre l’occupation : ils nous ont ignorés ! Nous nous mobilisions pour exiger un enseignement alternatif où il n’y aurait plus d’écoles « loteries » (où l’élève a infiniment plus de chances de « perdre » que de « gagner ») ni d’universités bancales : la police et la MINUSTAH nous tuaient ! Préval les en félicita. En fin de compte, le jour même du 12 janvier, les forces réactionnaires entreprenaient des assassinats en plein jour, prémédités !
A présent, nous entendons dire qu’ils souhaitent nous « déplacer », nous envoyer dans des lieux que nous ne connaissons pas, où nous ne pourrons pas vivre, où nous dépendrons sans fin de cette « aide » venue pour nous « sauver » : ils profitent du séisme pour nous expulser. NOUS NE L’ACCEPTERONS PAS !

La scène politique

Nous nous MOBILISONS pour défendre nos droits, pour ARRACHER NOS DROITS ! Pour cela, nous devons envahir la SCÈNE POLITIQUE véritablement ! C’est là que tout se règle actuellement. Nous ne devons plus permettre qu’elle demeure la chasse gardée des voyous, réactionnaires et voleurs, seuls ayants droit à la parole. Nous devons parler aussi, FORT, tout le temps, avec nos intérêts à nous au premier plan. NOUS DEVONS FAIRE LA SCÈNE POLITIQUE DEVENIR LA NOTRE ! NOUS DEVONS METTRE LA RUE SUR LA SCÈNE POLITIQUE !

Cet Etat n’est pas le notre !

Face à tout cela, nous devons comprendre très clairement que l’Etat existant ne nous représentera pas, ce n’est pas notre Etat ! Au contraire, c’est l’Etat des affairistes, l’Etat des grands-mangeurs, c’est l’Etat des grands bourgeois, des grands propriétaires fonciers, du grand capital impérialiste. Cet Etat est CONTRE NOUS ! Pour représenter et défendre nos intérêts véritablement, il va falloir que nous affrontions la répression qu’ils chercheront à déployer contre nous, tout en réfléchissant, ensemble, et en travaillant, ensemble, pour METTRE SUR PIED UN AUTRE ÉTAT, avec nos intérêts à l’avant-plan, seul moyen pour nous d’assurer nos vies, nos avenirs et ceux de nos enfants. À Batay Ouvriye, nous œuvrons vers cela. JOIGNONS NOS FORCES !

A BAS LE PROJET DE DOMINATION ET D’EXPLOITATION OÙ LES CLASSES DOMINANTES ET L’ÉTAT RÉACTIONNAIRE PROJETTENT DE NOUS ENFONCER ENCORE, ET PIRE ! À BAS LES POLITICIENS VÉREUX ! A BAS LES GRANDES GUEULES, GRANDS MENTEURS QUI CONSIDÈRENT LA SCÈNE POLITIQUE COMME LEUR PROPRIÉTÉ PERSONNELLE ! À BAS L’ETAT GLOUTON, CORROMPU, MAFIA, CRIMINEL DÉFENDANT LES GRANDS PROPRIÉTAIRES FONCIERS, LES GRANDS BOURGEOIS, LE GRAND CAPITAL IMPÉRIALISTE ! À BAS LES DÉPLACEMENTS CRIMINELS QU’ILS VEULENT NOUS IMPOSER ACTUELLEMENT, EN PLUS DE TOUS LES MALHEURS QUE NOUS SUBISSONS DÉJÀ !
VIVE LA LUTTE DES MASSES POPULAIRES HAÏTIENNES !

DÉCLARATION / POSITION, APRÈS LE TREMBLEMENT DE TERRE DU 12 JANVIER 2010

Entre les paroles creuses du gouvernement et les actes concrets d’imposition des impérialistes, le peuple abasourdi…

Chaos, douleur générale, soucis insurmontables et surtout la peine… dépassent le dicible.

De ce séisme du 12 janvier le 2010, resteront des images qui tortureront longtemps les esprits, et des souvenirs enfouis, irrécupérables : de morts tellement chéris, de villes déjà fantômes, de rires disparus…
Mais il est nécessaire, malgré tout, de maintenir la tête froide ; il est obligatoire de poser les problèmes réels, pour visualiser une sortie.
Pour commencer, écarter l’interprétation qui voudrait faire croire que c’est Dieu qui aurait agi, qu’il s’agirait d’une « malédiction »… Cette perspective, très forte parmi ce peuple tellement croyant, occulte toutefois les véritables causes qui sont totalement naturelles et qui, grandement, avaient été prévues par des spécialistes. D’un côté, elle participe à augmenter la résignation face à un tel « acte divin », en nous laissant inaptes et en donnant lieu, donc, à un attentisme, une aliénation ; d’autre part, elle masque l’absence et l’irresponsabilité de l’État qui avait été dûment prévenu et aurait du faire ce qui lui était possible, même avec ses capacités réduites, pour tenter de résoudre au moins certaines des conséquences. De ce point de vue, rien n’a été fait !
Maintenir donc la tête froide - dans la mesure du possible - et poser les véritables problèmes pour, dès lors, déboucher sur des solutions réelles. Trois axes nous aideront à éclaircir la situation :
• Contexte et moment où survint le séisme ;
• Certains dangers qui se présentent à nous ;
• Que faire pour relever un défi si énorme ? À partir de l’intérêt de quelle classe ?

BATAY OUVRIYE

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