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Qui était Thomas Sankara ?

mercredi 17 août 2016, par Robert Paris

L’assassinat de Thomas Sankara a marqué l’Afrique et le monde, un peu comme l’assassinat de Patrice Lumumba ou celui de Che Guevara.

Cette popularité montre surtout l’aspiration des travailleurs et des jeunes africains de connaître enfin un chef de l’Etat honnête et soucieux de développer le pays. L’exemple de Sankara témoigne de l’envie des peuples de croire que cela existe : un dirigeant du monde actuel qui voudrait aider les peuples d’Afrique à s’en sortir en se servant de son pouvoir d’Etat. Une illusion dangereuse, nous semble-t-il… et qui n’est nullement propre aux Africains. Tous les peuples du monde ont rêvé d’un dirigeant qui les défendrait, les comprendrait. Ce sont des utopies catastrophiques...

L’ « homme intègre », pour reprendre l’expression que Sankara a choisie comme nom du peuple de l’ancienne Haute Volta colonisée devenue Burkina-Faso, semble très différent des gouvernants actuels. Car bien des gens sont persuadés que le problème consiste à trouver des dirigeants politiques bourgeois mais intègres !!!

Il semble également que les grandes puissances, singulièrement la France, et aussi la Côte d’Ivoire ne soient pas sans responsabilité dans son assassinat. Mais est-ce que cela signifie que Sankara était du côté des travailleurs et du peuple du Burkina ? Ou seulement que la France et la Côte d’Ivoire (leurs dirigeants) ne voulaient pas d’un ami de Khadafi à la tête du Burkina...

Pour autant, ce chef d’Etat anciennement officier – un capitaine d’armée – est-il devenu un révolutionnaire, a-t-il réellement pris le parti des déshérités comme il l’affirme ?

Poser la question n’est pas une évidence à l’égard de la popularité actuelle du personnage et pourtant son assassinat lui-même pose question … non sur ses adversaires mais sur qui était Sankara… puisque que c’est celui qui était en théorie son plus proche ami qui a organisé son assassinat.

Pour connaître quelqu’un, il ne suffit pas de connaître ses ennemis, mais il suffit par contre de connaître ses amis…

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Messages

  • Sankara parle de "l’inexistence d’une classe ouvrière consciente... et organisée, par conséquent".

  • Quand il etait arrive qu pouvoir Sankara ne tenait pas le meme discours. Dans son discours du 2 octobre 1983 Sankara declarait : "la classe ouvrière voltaïque, jeune et peu nombreuse, mais qui a su faire la preuve, dans ses luttes incessantes contre le patronat, qu’elle est une classe véritablement révolutionnaire"

  • On a souvent oublié que sa première popularité, parmi les militaires, a consisté dans sa participation à un premier conflit contre le Mali, avant d’en organiser un deuxième alors qu’il était au pouvoir...

  • Interview de Sankara en novembre 1983 :

    Q : Il y a quelques mois vous avez dit qu’un militaire non politisé était un criminel en puissance. Dans cette nouvelle étape que vit la Haute-Volta, le militaire va-t-il jouer un rôle beaucoup plus militant que militaire ?

    Thomas Sankara : Nécessairement. D’abord parce que l’armée est une nécessité, un outil, un instrument contre toute sorte d’ennemis, qui peuvent eux aussi employer ces méthodes-là. Il faut leur opposer des professionnels, qui sachent lutter, se battre. Mais d’une part l’armée ne doit pas être un poids pour le peuple, sur le plan du budget, du soutien de l’entretien. D’autre part, l’armée ne doit pas être un moyen de troubler et d’inquiéter les masses. Au contraire on doit les rassurer. En fait l’armée, de part tous les avantages dont elle dispose, doit être à l’avant-garde du combat révolutionnaire. Si bien que, pour nous, l’armée voltaïque, aujourd’hui, est une armée qui est appelée à se transformer fondamentalement. Une armée qui doit quitter son cadre néo-colonial, pour devenir véritablement révolutionnaire aux côtés des masses populaires. C’est-à-dire que maintenant, le militaire ne doit plus se considérer comme une mercenaire, comme un salarié chargé d’exécuter des besognes, basses besognes, étranger au sein du peuple mais au contraire se sentir comme un élément du peuple, et à qui une mission particulière a été confiée. Cela inclut la défense du territoire, la défense des intérêts du peuple, sa protection et sa sécurité. C’est aussi la participation à la formation militaire du peuple et à la résolution des problèmes concrets de celui-ci, donc à la lutte pour le pouvoir économique. Nous verrons les militaires aux champs, gérer des fermes agricoles, s’occuper de l’élevage

  • "Notre révolution n’aura de valeur que si, en regardant derrière nous, en regardant à nos côtés et en regardant devant nous, nous pouvons dire que les Burkinabés sont, grâce à elle, un peu plus heureux." déclarait Thomas Sankara, président du Burkina Faso, treize jours avant le coup d’Etat du 15 octobre 1987 au cours duquel il devait être assassiné.

    Le pays n’a guère progressé : le Burkina est classé au 174e rang sur 177 selon l’indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), 2006.

  • Il y a trente ans, Sankara était assassiné et bien des gens croient devoir le regretter et en font une idole...

    Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara a été assassiné par des soldats de sa propre troupe. Sa disparition fut considérée comme une grande perte par nombre de gens dans le pays et même au-delà car c’était un homme qui avait la réputation d’être intègre et de vouloir effectuer un certain nombre de changements en faveur de son peuple en s’appuyant sur l’armée.

    Il est arrivé au pouvoir par un coup d’État, le 4 août 1983 en compagnie de Blaise Compaoré mais auparavant il a déjà participé au pouvoir en tant que Secrétaire d’État à l’Information en 1981 dans le gouvernement Saye Zerbo puis en tant que Premier ministre de Jean-Baptiste Ouedraogo avant de renverser ce dernier. Il avait déjà une certaine popularité.

    Pour appliquer les directives venant du sommet du pouvoir, il créa le CDR (le Comité de Défense de la Révolution). Celui-ci agissait comme une milice et n’hésitait pas à utiliser l’intimidation et la violence pour imposer la volonté du nouveau pouvoir à la population. Les syndicats qui ne se soumettaient pas à l’État étaient réprimés. Ce fut le cas des enseignants et des étudiants qui furent arrêtés pour avoir fait des grèves revendiquant de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail et d’étude. 2 000 enseignants furent licenciés pour fait de grève en mars 1984. L’opposition fut bâillonnée au nom de la lutte contre l’impérialisme.

    Le fait que son assassinat ne provoqua pas un soulèvement de protestation et d’indignation à la hauteur de sa popularité présumé auprès de la population burkinabé en dit long et ne s’explique pas seulement par la dictature de Blaise Compaoré, n’en déplaise à ce que voudrait faire croire le pouvoir actuel issu du renversement de celui-ci.

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