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La police devrait défendre les citoyens ?

vendredi 20 août 2010, par Robert Paris

Les partis qui essaient de nous faire croire que l’Etat bourgeois « devrait être » au service de la population et non au service des exploiteurs…

Cécile Duflot des Verts déclare le 19 août 2010 à la radio France Info : « Il faut donner aux policiers les moyens de travailler ».

PS :

Le Parti socialiste (PS) affirme mercredi 18 août 2010 qu’avec "la baisse des effectifs dans la police, la sécurité des Français est gravement compromise" par Nicolas Sarkozy, soulignant que le gouvernement envisage de supprimer 3.500 postes de policiers pour les trois ans à venir. "Non content d’avoir déjà supprimé 9.121 postes de policiers et de gendarmes depuis 2007, Nicolas Sarkozy et son gouvernement envisagent de supprimer encore 3.500 postes de policiers dans les trois années à venir", écrit dans un communiqué Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national à la sécurité du PS, reprenant une information donnée par le journal Le Monde en date de mercredi. Il remarque que "si le PS critique le gouvernement, ce n’est pas parce qu’il en ferait trop sur le sécurité, c’est, au contraire, parce qu’il n’agit pas réellement". "Derrière les mots de M. Sarkozy, il y a une réalité qui est celle de l’affaiblissement de l’Etat et de l’autorité, faute d’une puissance publique capable de faire respecter la loi et d’assurer la tranquillité publique", conclut le communiqué déclarant « Il faut évidemment territorialiser la police. Je ne suis pas un fétichiste des mots. On pourra appeler cela police de proximité, police de quartiers. Mais on ne peut plus avoir des policiers qui passent trois jours dans un coin. Il faut une police pérenne des territoires. Il faut également du temps, il n’y a pas que les préfets qui sautent, les policiers aussi. » Claude Bartolone (PS) écrit le 11 juin 2010 : La gauche doit réaffirmer que la sécurité est au cœur des missions régaliennes de l’Etat. Face à l’anarchie, elle doit promouvoir une nouvelle doctrine d’emploi des forces de l’ordre. Qu’est-ce que cela signifie ? Premièrement, une police ancrée dans son territoire, visible dans les rues. Cela suppose de fidéliser les fonctionnaires de police sur leur territoire d’intervention. Deuxièmement, une police d’investigation que l’on dote enfin des moyens d’assumer ses fonctions. Troisièmement, une police d’intervention aguerrie aux opérations de maintien de l’ordre. Enfin, intervenir. On peut attraper le sujet par tous les bouts, mais jamais on ne fera mieux de police avec moins de policiers. La gauche devra poser le débat du nombre de fonctionnaires de police et de gendarmerie en France. Sa première action devra être d’annuler la catastrophique « RGPP » qui débouchera à horizon 2011, non seulement sur la suppression de 4829 policiers et 3500 gendarmes, mais en plus sur la création de missions supplémentaires. Au-delà, un plan de rattrapage sera nécessaire pour que les territoires populaires renouent avec la présence des forces de l’ordre. Et pas seulement en milieu urbain. L’épouvantail de la banlieue ne doit pas être cet arbre qui cache la forêt d’un service public de la sécurité abandonné, y compris en zone rurale et périurbaine. Cela devra aller de pair avec l’affectation de personnels expérimentés sur les territoires les plus sensibles.

Laurent Fabius déclarait déjà : « Je ne reprocherai jamais à tel ou tel gouvernement de faire preuve de fermeté » (le Monde, 10 novembre 2005). Fabius sait de quoi il parle : il était Premier ministre quand, le 12 janvier 1985, l’état d’urgence a été décrété en Nouvelle-Calédonie contre les nationalistes kanaks qui luttaient pour leur indépendance ; le même jour Eloi Machoro, dirigeant kanak, était assassiné par le GIGN.

PCF :

Le PCF a fait une déclaration spéciale sur les attaques policières de Clichy sous bois, dans laquelle il demande de : « Mettre la police au service de toute la nation, ce qui implique : démocratisation, formation, proximité, moyens adaptés » (l’Humanité, 4 novembre 2005). Dans sa déclaration le PC accuse Sarkozy : « Le gouvernement se montre incapable de garantir l’ordre public » (l’Humanité, ibid.) « La ville de Tremblay (93) a eu à subir une lourde épreuve après le « caillassage » et l’incendie de bus dans la cité du « Grand ensemble ». Ce caillassage faisait lui même suite à une importante opération de police l’avant-veille. Nous condamnons ces actes qui aggravent le mal-vivre des habitants, déjà touchés dans leur quotidien par la précarité et la mise en cause des services publics...Le PCF tient à apporter son soutien à François Asensi, Maire de Tremblay qui, chaque jour, doit faire face au désengagement de l’Etat Nous réitérons notre demande et exigeons du Ministre de l’Interieur qu’il entende la population et décide le retour d’une vraie police de proximité dont la permanence est un gage d’efficacité pour la tranquillité publique et le mieux-vivre. Il faut même aller plus loin. » (Déclaration du Parti communiste français du 2 avril 2010). Le Collectif Liberté, Egalité, Justice (CLEJ), regroupant associations et syndicats « de gauche », a lancé un appel intitulé « Face aux dérives policières, mobilisons-nous ! ». Ce texte est une véritable compilation de toutes les illusions sociale-démocrates qui s’effondrent avec la crise générale du capitalisme. D’ailleurs, tous les signataires sont des représentants de la social-démocratie (NPA, P « C » F, Parti de Gauche, Verts, PS…) idéalisant un capitalisme « humain », doté d’une police « démocratique », et complètement dépassés par les luttes de classe et la crise générale du capitalisme. Rappelant les brutalités policières de ces dernières années, notamment « l’usage inapproprié » du flashball, l’appel se cantonne à une posture légaliste d’indignation sur la base de principes et d’institutions bourgeois : « Les signataires s’insurgent contre une dérive continue et permanente des pratiques policières en matière de sécurité publique. Ces dérives sont constatées et dénoncées tant par la Cour Européenne des Droits de l’Homme que par des organisations internationales ou nationales :
 contrôles ou interpellations au faciès,
 délit d’outrage,
 gardes à vue abusives,
 usage humiliant des fouilles à nu (assortie d’une « inspection anale »),
 menottage abusif, méthode d’immobilisation dite de « décubitus ventral »
 abus de la perquisition,
 atteintes au libre exercice des journalistes. Il est inacceptable que la police, dont le principal objet est d’assurer la sécurité des personnes, puisse être perçue, en raison de certaines de ses pratiques, comme une menace. »

LO écrit (Lutte Ouvrière, 8 juillet) : « En contradiction complète avec ses promesses, le ministre Sarkozy a mené dans son domaine la même politique que ses collègues : tours de passe-passe sur les effectifs pour cacher leur baisse, fermetures de postes de police, budgets non pourvus. »

Toujours dans LO en 2005 « Depuis quatre jours, depuis la mort de deux jeunes, électrocutés en cherchant à fuir la police, la ville de Clichy-sous-Bois est le théâtre, chaque nuit, d’affrontements entre la police et plusieurs centaines de jeunes d’un quartier populaire. (…)C’est là-dessus que s’appuie Sarkozy pour déployer toute sa démagogie sécuritaire en promettant de "nettoyer au karcher" La Courneuve, "d’éradiquer la gangrène" à Argenteuil et de s’en prendre à "la racaille", à Clichy-sous-Bois. Et de tenter de se poser en défenseur des quartiers populaires en leur promettant d’y rétablir la sécurité ! (…)Même sur le plan strictement policier, il n’y a pas, dans les quartiers dits sensibles, plus de police de proximité ou de postes de police permanents. La politique de Sarkozy, c’est d’envoyer ponctuellement une armada de CRS pour mener la guerre contre un quartier en s’en prenant à tout ce qui est jeune (…) » – Lutte Ouvrière, 13 avril 2007 :

« Une police de proximité, que réclame entre autres le Parti Socialiste, résoudrait-elle ce problème ? Il faudrait déjà que ce ne soit pas qu’un saupoudrage de quelques policiers lâchés souvent sans formation dans des quartiers difficiles. Il faudrait aussi que les policiers aient une attitude tout autre que celle qu’ils ont lors de leurs actions “coup de poing”, où tout habitant est a priori un suspect. Une police qui serait en contact permanent avec la population, au courant des problèmes de sécurité qu’elle rencontre et soucieuse de les régler, pourrait au moins permettre aux habitants de vivre mieux en contenant la délinquance, à défaut de l’éradiquer. » Pour certains militants de LO ces déclarations ne sont que des aberrations, tout comme par exemple la signature de LO au bas de l’appel de la Ligue des droits de l’homme, en compagnie du PS, du PC, etc. pour demander le rétablissement de l’ordre contre les jeunes assiégés pendant la révolte des banlieues de 2005 (que Hardy, le dirigeant de LO, a qualifiée « d’ânerie mineure »). Alors que les banlieues provoquées par Sarkozy étaient réprimées par sa police : « Banlieues : les vraies urgences (…) Faire cesser les violences, qui pèsent sur des populations qui aspirent légitimement au calme, est évidemment nécessaire. Dans ce contexte, l’action des forces de l’ordre, qui doit s’inscrire dans un cadre strictement légal et ne pas conduire à des surenchères, ne saurait être la seule réponse. D’ores et déjà, nous devons ouvrir un autre chemin si nous ne voulons pas que se poursuivent ou se renouvellent les violences qui viennent de se produire. (…) » Le 14 novembre 2005 Signataires : Les Alternatifs, Alternative citoyenne, Association des Tunisiens en France, ATTAC, ATMF, Cactus républicain/La gauche, CEDETIM-IPAM, CGT, Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Droit Solidarité, Fac Verte, FCPE, Fédération anarchiste, FIDH, FSU, FTCR, GISTI, Les Oranges, Les Verts, LDH, Lutte ouvrière (LO), Mouvement pour une alternative républicaine et sociale (MARS), Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Mouvement National des Chômeurs et des Précaires (MNCP), MRAP, PCF, Rassemblement des associations citoyennes de Turquie (RACORT), Réseaux citoyens de Saint-Etienne, Réformistes et Solidaires (Re-So), Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, Union démocratique bretonne (UDB), UNEF, Union nationale lycéenne (UNL), UNSA, Union Syndicale Solidaires.

Lénine écrivait en 1918 (la Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky) : « Prenez les lois fondamentales des Etats contemporains, prenez leur administration, prenez la liberté de réunion ou de presse, prenez “l’égalité des citoyens devant la loi”, et vous verrez à chaque pas l’hypocrisie de la démocratie bourgeoise bien connue de tout ouvrier honnête et conscient. Il n’est point d’Etat, même le plus démocratique, qui n’ait dans sa Constitution des biais ou restrictions permettant à la bourgeoisie de lancer la troupe contre les ouvriers, de proclamer la loi martiale, etc., “en cas de violation de l’ordre”, mais, en fait, au cas où la classe exploitée “violait” son état d’asservissement et si elle avait la velléité de ne pas se conduire en esclave. »

Lénine dans « L’Etat et la révolution » : "Destruction du pouvoir d’Etat", cette "excroissance parasitaire" ; "amputation", "démolition" de ce pouvoir ; "le pouvoir d’Etat désormais aboli" - c’est en ces termes que Marx, jugeant et analysant l’expérience de la Commune, parle de l’Etat.

Extraits de "Bilan et perspectives" de Léon Trotsky :

« La révolution est une épreuve de force ouverte entre les forces sociales en lutte pour le pouvoir. L’Etat n’est pas une fin en soi. C’est seulement une machine entre les mains des forces sociales dominantes. Comme toute machine, il a ses mécanismes : un mécanisme moteur, un mécanisme de transmission et un mécanisme d’exécution. La force motrice de l’Etat est l’intérêt de classe ; son mécanisme moteur, c’est l’agitation, la presse, la propagande par l’Eglise et par l’École, les partis, les meetings dans la rue, les pétitions et les révoltes. Le mécanisme de transmission, c’est l’organisation législative des intérêts de caste, de dynastie, d’état ou de classe, qui se donnent comme la volonté de Dieu (absolutisme) ou la volonté de la nation (parlementarisme). Enfin, le mécanisme exécutif, c’est l’administration avec sa police, les tribunaux avec leurs prisons, et l’armée. »

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