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Tchad : la grève des travailleurs du pétrole face à une dictature sanglante au service des impérialismes

mardi 5 octobre 2010, par Robert Paris

Le pétrole est une ressource complètement pillée par les impérialismes et la dictature. le peuple ne voit pas la couleur de cet argent, même si la dictature affirme, sans doute pour rire, être "l’industrie pétrolière la plus transparente au monde". les organismes internationaux de contrôle estiment que l’argent du pétrole est détourné dans de nombreux pays, en tête te desquels ils placent la Somalie puis le Tchad comme pays les plus corrompus au monde... Depuis que les salariés du pétrole sont en grève, la direction et le pouvoir ont rejeté toute revendication salariale avec mépris alors que les travailleurs tchadiens du pétrole sont les moins bien payés du secteur.

L’exploitation du pétrole depuis 2003 au Tchad a généré plus de 4,3 milliards de dollars US de recettes, « dépassant largement les estimations de départ », a indiqué ce lundi à N’Djamena le secrétaire éxécutif du Groupe international consultatif du Projet d’exportation pétrolière et d’oléoduc Tchad-Cameroun, Jacques Gérin.

M. Gérin, qui présentait un rapport bilan de l’activité pétrolière au Tchad, a indiqué que malgré un profil de production en deçà des attentes, le pays a largement bénéficié de l’évolution des cours du pétrole sur le marché international ces dernières années, pour atteindre un niveau record de recettes en 2008.

« C’est une manne précoce puisque que cette recette représente sur 5 ans plus de 250% des recettes attendues sur 25 ans par le Tchad, alors que les programmes de capacitation à la gestion des ressources pétrolières ne sont pas encore assimilés », a-t-il estimé.

Les employés tchadiens de la société publique pétrolière chinoise chargée de la construction d’un oléoduc au Tchad ont entamé lundi une grève de trois jours renouvelable pour obtenir de meilleures conditions de vie et de travail, a constaté un journaliste de l’AFP.

Une centaine d’employés tchadiens ont cessé le travail et se sont regroupés lundi à N’Djaména devant l’entrée de la direction générale de la Compagnie nationale pétrolière chinoise (China national petroleum corporation international, CNPCI) chargée de mettre en exploitation le pétrole de Bongor (300 km au sud de N’Djamena), de construire une raffinerie à Djarmaya (40 km au nord de N’Djamena) et un oléoduc reliant les deux sites.

"Nous entrons en grève pour réclamer l’amélioration de notre condition de travail et de notre condition de vie", a indiqué le délégué du personnel Kabe Gédeon, selon qui la grève doit durer trois jours et être renouvelable.

Les cent employés tchadiens que compte l’entreprise, toutes catégories confondues, avaient cessé le travail, toujours selon la même source.

"Nous avons exprimé nos doléances depuis une semaine assorties d’un préavis de grève, a expliqué M. Gédeon. "La direction générale refuse de nous entendre, donc nous sommes obligés d’arrêter de travailler", a-t-il ajouté.

"Le directeur général a dit qu’il n’est pas prêt à négocier, et qu’il faut attendre l’an 2011, quand le premier baril sortira, et qu’à ce moment-là on entamera les négociations" a-t-il dit.

Les employés tchadiens demandent l’augmentation de leurs salaires, des primes de logement, une prise en charge médicale et de leurs frais de transports.

"A comparer avec les autres employés qui travaillent avec le consortium Exxon-Chevron-Petronas, nous sommes très mal payés et nous ne bénéficions pas des (mêmes) avantages" a ajouté le délégué syndical.

Contactée par l’AFP, la direction Générale de CNPCI a refusé de s’exprimer.

Découvert dans les années 1990, le brut tchadien a commencé à être exploité en 2003. Le pays produit aujourd’hui plus de 170.000 barils/jour, pour environ 750 millions d’euros de recettes annuelles.

Il y a deux semaines au Tchad, les travailleurs du secteur pétrolier ont fait une grève de 3 jours dans les riches champs pétroliers de Doba, mais ils ont averti que des débrayages supplémentaires pourraient se produire. Environ 500 travailleurs étaient mécontents de leurs conditions de sécurité et de sûreté dans le travail, ainsi que des retards pris pour répondre à leurs exigences d’augmentation de salaires.

ExxonMobil, société basée aux États-Unis, exploite un grand nombre de sites de production dans les champs pétroliers de Doba, ainsi que les 1063 kilomètres d’oléoduc débouchant au port de Kribi, ouvert sur l’Atlantique, qui se trouve au Cameroun voisin.

Encadrés par la centrale syndicale nationale, l’UST, les travailleurs tchadiens du secteur pétrolier ont mené des actions de grève de trois jours au mois de juillet 2006 pour protester contre des écarts de salaires. Leurs salaires se montaient alors à peine à un tiers de ceux de leurs camarades du secteur pétrolier du Cameroun. Bien que les grèves de 2006 aient un peu amélioré la situation, les écarts restent énormes entre les salaires des travailleurs du secteur pétrolier des deux pays.

Exxon-MNobil exploite l’oléoduc Tchad - Cameroun avec ses partenaires, Patronas de Malaisie et Chevron des Etats-Unis. Les riches champs pétrolier du sud du Tchad produisent actuellement 150 000 barils par jour et devraient produire 200 000 dans un avenir proche. Les réserves de Doba sont estimées à 900 milliards de barils sur 25 ans.

Le développement des champs pétroliers de Doba, ainsi que l’oléoduc de Kribi, vieux de 3 ans, sont pris dans une controverse avec la Banque mondiale. Par exemple, les fonds de la Banque affectés au projet sont bloqués pour une année. La construction de l’oléoduc est aussi associée à de multiples violations des droits de l’homme et des droits syndicaux.

De nombreux contractuels engagés par Chad-Cameroon Contractors, consortium chargé de la construction et formé par les compagnies pétrolières, n’ont pas reçu leur salaire. Parallèlement, le taux de VIH/Sida le long de l’oléoduc est trois fois plus important que le taux moyen national au Tchad et au Cameroun, ce qui donne une image négative de la responsabilité sociale des sociétés partenaires.
Crisis Group a produit une intéressante étude de la crise politique au Tchad vue sous l’angle des conséquences des retombées financières du pétrole et prescrit ses remèdes.

En voici des extraits choisis, marqués par quelques réflexions critiques et suivis d’un commentaire de Zoomtchad :

1.

 « Depuis 2003, l’exploitation du pétrole a contribué lourdement à la détérioration de la gouvernance interne au Tchad, menant à une succession de crises politiques et de rébellions. Les retombées financières – 53 millions de barils rapportant 1,2 milliards de dollars à l’Etat en 2007 – ont attisé les appétits au sein du régime qui ont, à leur tour, nourri des dissensions et débouché sur des rébellions rapidement soutenues par le voisin soudanais. Les revenus du pétrole ont par ailleurs donné au président Idriss Deby les moyens de rejeter tout dialogue politique véritable, et de répondre aux menaces de renversement venues du Soudan par le surarmement… »

2.

– « … En 2004, moins d’un an après le début de l’exploitation du pétrole, le verrouillage de l’espace politique national au profit du président Deby a aggravé les dissensions au sein du pouvoir tchadien et a suscité des tensions dans le pays tout entier. Cette situation a débouché sur des tentatives de coup d’Etat dont les auteurs, proches collaborateurs du président ont, par la suite, rejoint les rangs des opposants armés combattant le pouvoir central. Fragilisé par cette opposition armée soutenue par le Soudan, Deby a décidé, en janvier 2006, de modifier le système initial des revenus pétroliers afin de disposer de plus de fonds pour acheter des armes et consolider son régime ».

3.

– « … L’attribution opaque des marchés des travaux publics a en outre accru le clientélisme politique et la corruption… En définitive, les ressources pétrolières sont devenues pour le pouvoir tchadien une source de renforcement militaire, de clientélisme et de cooptation politiques. Cette situation contribue à verrouiller davantage l’espace politique national et à maintenir le pays dans un blocage persistant qui radicalise les antagonismes entre le pouvoir et ses opposants… »

4.

– «  »… Selon la plupart des études prospectives, des bassins potentiels existeraient actuellement dans les régions de Doseo, Am-Timan, Bongor, toutes situés au Sud. L’existence de ces bassins tendrait à long terme à faire du Tchad l’une des premières réserves pétrolières en Afrique alors qu’il n’occupe actuellement que le neuvième rang africain… »

5.

– « … La remise en cause du système initial de gestion a débouché sur la mise en place d’un système opaque de gestion des revenus pétroliers. Tandis qu’une grande part des ressources est affectée à l’effort de guerre et au rééquipement de l’armée nationale, d’importants fonds sont également consacrés à des investissements physiques (construction des routes, de bâtiments publics, d’établissements d’enseignements) au titre des « grands travaux présidentiels ». Si des investissements physiques sont des réalisations à priori positives, les conditions obscures d’attribution des marchés publics donnent lieu à des surfacturations et aux détournements d’énormes sommes financières au bénéfice de proches du pouvoir… La gestion opaque qui les caractérise contribue également à étendre le contrôle du régime sur différents secteurs de la société, y compris au sein des mouvements d’opposition… »

6.

– « … des dizaines de rues ont été bitumées, des bâtiments publics, des écoles et des hôpitaux ont été construits, de nombreux autres chantiers sont actuellement en cours. Cependant ces travaux cachent également une autre réalité, celle du système opaque qui entoure l’octroi des marchés publics conduisant à la mise en place d’un réseau clientéliste destiné à renforcer la mainmise du régime sur tous les secteurs de la société. Le ministère des infrastructures est la pierre angulaire de ce système. C’est le ministère qui bénéficie actuellement de la plus grosse enveloppe budgétaire après le ministère des finances… Dans le dispositif des travaux publics, le ministère des infrastructures joue un véritable rôle de hub financier auquel sont transférés tous les crédits d’investissements des autres ministères… Ce système permet la monopolisation de tous les crédits d’investissements par un proche du président et l’attribution des marchés publics au gré à gré, sans procédure transparente d’appels d’offre. La corruption qui gangrène l’attribution de ces marchés empêche l’exercice de la règle de garantie lorsque la qualité des réalisations est défectueuse… Ce manque de transparence dans la politique des travaux publics et l’utilisation des fonds pétroliers a permis l’enrichissement des cadres du régime qui ont investi dans des constructions immobilières dans des quartiers périphériques de N’Djamena et l’acquisition de véhicules haut de gamme… ». Crisis group confirme ici le rôle de Adoum Younousmi en tant que courroie de transmission à travers laquelle Deby, sa famille, son clan et ses affidés drainent à leur profit une part importante des ressources du pays.

7.

– Les rédacteurs du document, pêchant par manque de recul historique, attribuent exagérément au seul pouvoir de séduction des retombées financières du pétrole la tentative avortée du coup d’Etat de mai 2004 et celle de mars 2006 supposées initiées par les frères Timane et Tom Erdimi ainsi que leur entrée en rébellion ; tout comme les autres principaux leaders de l’opposition politico-militaire auraient succombé à l’attrait des revenus pétroliers. Ainsi, affirment-ils doctement « … Cependant, plusieurs proches du président ayant participé à la gestion du dossier pétrolier, nourrissaient en silence des ambitions personnelles. Selon la plupart des témoignages, il s’agissait en particulier des frères jumeaux Tom et Timane Erdimi… Les Erdimi, comme les autres principaux leaders de la rébellion, reprochent surtout à Déby d’avoir voulu les écarter de la gestion des nouvelles ressources du pays et d’avoir hermétiquement verrouillé toutes les possibilités d’alternance interne au sein du pouvoir. Cet épisode montre combien les retombées financières du pétrole ont attisé les convoitises parmi les proches du président et ont accéléré la fragmentation de son régime ».

8.

– Crisis group, relevant la communauté de vues franco-américaine par rapport au régime Déby, écrit : « L’alignement américain sur la France lors des votes du Conseil de Sécurité de l’ONU condamnant les attaques contre le régime du président Déby a illustré la volonté des deux pays de préserver le statu quo actuel au Tchad. Ce partenariat franco-américain reflète, au-delà d’une volonté commune de faire rempart contre toute progression de l’islamisme soudanais, un désir de protéger les intérêts politiques français et économiques américains. Enfin, le compromis, en 2006, entre la Banque mondiale et le Tchad, avalisant l’accaparement des recettes pétrolières par le régime tchadien, a été largement facilité par les pressions du département d’Etat américain sur l’institution financière internationale. Le département d’Etat craignait que les menaces du Tchad d’arrêter l’extraction de son brut, ne nuisent aux compagnies américaines et n’influencent le cours mondial du pétrole. ». Crisis group ajoute : « Malgré les problèmes de gestion des revenus pétroliers, le pétrole pourrait être un formidable levier de développement socio-économique du Tchad. Pour ce faire, il est important de créer les conditions d’une meilleure gouvernance pétrolière. Sortir du piège pétrolier implique ainsi d’inclure la question des ressources pétrolières dans le dialogue interne entamé avec l’accord du 13 août 2007. Enfin, il est dans l’intérêt de la communauté internationale et notamment la France, la Chine et les Etats-Unis, de mettre fin à l’engrenage du surarmement, au blocage du dialogue politique et de favoriser une nouvelle gouvernance au Tchad, garantissant l’amélioration de la stabilité du pays à moyen et long terme… Les problèmes liés au pétrole décrits dans le présent rapport sont susceptibles de prendre de l’ampleur dans les prochaines années. Il apparaît urgent qu’ils fassent partie de tout processus visant à améliorer la gouvernance au Tchad. Aider le pays à sortir du piège pétrolier revient donc à inclure cette question parmi les thèmes principaux du dialogue interne entamé avec l’accord du 13 août 2007 et initialement consacré au seul processus électoral. » Et, Crisis Group insiste : « Le gouvernement devrait organiser une table ronde avec les partis de l’opposition, élargie à la société civile et aux représentants des régions productrices de pétrole. » Mais avec cette préoccupation de taille : « Le président Déby juge sa mainmise sur les revenus pétroliers indispensable à sa survie politique, alors il sera peu disposé à étendre ce dialogue à la question pétrolière sans que les partenaires du Tchad appuient fortement le dialogue national… De concert avec les Etats-Unis et la Chine, dont les compagnies pétrolières sont présentes au pays, elle (la France) devrait appuyer l’organisation de la table ronde sur la gouvernance pétrolière et s’impliquer dans le suivi de l’accord du 13 août 2007. Enfin, les trois pays mais surtout la Chine qui a l’avantage d’entretenir des rapports de confiance avec le Tchad et le Soudan devraient consolider les efforts de stabilisation régionale. Ils devraient également presser les deux pays à user avant tout des voies diplomatiques pour résoudre définitivement leurs différends, tout en cessant tout soutien militaire aux rebelles utilisant les deux pays comme base arrière pour lancer des attaques contre Ndjamena ou Khartoum. »

9.

– La conclusion du rapport : « La simultanéité entre le début de son exploitation et la résurgence d’une période de troubles dans le pays a contribué à faire des ressources du pétrole un moteur du conflit tchadien. L’expérience des cinq dernières années a ravivé les doutes et tempéré les espoirs de développement socio-économique grâce à l’exploitation du pétrole. Au fur et à mesure de l’aggravation de la crise interne et de la guerre larvée entre le Tchad et le Soudan, les ressources pétrolières ont pris une place majeure dans la stratégie de conservation du pouvoir étatique. Sans occulter les autres débats internes, une réflexion en profondeur doit être menée sur la question pétrolière. Une telle réflexion passe nécessairement par la redéfinition d’un consensus national sur la gouvernance et l’utilisation des recettes pétrolières. Sans une telle démarche, à l’instar du Nigéria, le risque est grand de voir le piège pétrolier se refermer sur le Tchad. Ses partenaires privilégiés, la France, les Etats-Unis et la Chine, ne peuvent ignorer ce risque d’écroulement du pays, qui serait dramatique pour leurs intérêts respectifs. » Nairobi/Bruxelles, 26 août 2009, par Crisis Group.

IDRISS DEBY

 Né en 1952 à Fada (nord-est du Tchad) d’un père berger, Idriss Déby est un musulman de l’ ethnie Zaghawa, une branche du groupe Gorane que l’on trouve des deux côtés de la frontière tchadosoudanaise. Après avoir passé son baccalauréat, il a fait l’école d’officiers de N’Djaména, puis a obtenu en 1976 une licence de pilote professionnel en France.

 De retour au Tchad, il collabore avec le rebelle Hissène Habre qui chasse du pouvoir en 1982 Goukouni Weddeye , appuyé alors par la Libye. Hissène Habre le nomme commandant en chef de l’armée tchadienne.

 En 1985, il suit les cours de l’Ecole de Guerre à Paris et obtient, à son retour, le poste de conseiller militaire du président Habre.

 En 1989, rien ne va plus entre les deux hommes. En avril, accusés de complot, et craignant d’être arrêtés, Idriss Deby, son cousin Hassan Djamous qui l’a remplacé au poste de commandant en chef, et son demi-frère Ibrahim Itno, ministre de l’Intérieur, s’enfuient de la capitale. Djamous est tué mais Deby réussit à gagner la Libye, puis le Soudan, où il créée une armée, le Mouvement patriotique de Salut (MPS).

 1er décembre 1990. Le tyran et criminel contre l’humanité Hissène Habré est chassé du pouvoir par la France officiellement en raison de son refus de mettre en place un multipartisme préconisé par François Mitterrand au sommet de la Baule. Officieusement parce qu’il a voulu renégocier les accords dits de coopération signés avec la France depuis la fausse indépendance et fermer toutes les bases de l’armée coloniale française sur le sol national. Pour la France cela est inacceptable et son ex-protégé doit quitter le pouvoir.( Alwihda )

Idriss Déby prend donc le pouvoir, soutenu par le régime de Khartoum, avec l’aide de la France qui maintient son dispositif militaire . Accompagné de l’officier de la DGSE Paul Fontbonne, il conquiert N’Djaména sans guère rencontrer de résistance. Hissène Habré s’enfuit avec les liquidités publiques.La Commisson d’enquête sur ses crimes et exactions, présidée par le magistrat Mahamat Hassan Abakar, dénombrera 40 000 personnes tuées ou disparues de 1982 à 1990. Une grande partie des troupes d’Hissène Habré ayant participé au massacre furent dirigées personnellement par l’actuel Président Idriss Déby alors chef d’Etat major des armées.(Dossier Noir de la politique africaine de la France N°13 éd. l’Harmattan, Paris, 1999). Idriss Déby après avoir été, jusqu’en 1989, l’un des piliers du régime de Hissène Habré est porté donc au pouvoir par la France avec l’aide de la DGSE.

 Février 1991 Idriss Déby est reçu officiellement à Paris.

 28 février 1991 Promulgation de la Charte Nationale qui accorde tous les pouvoirs au Président Idriss Déby et remet à 30 mois l’instauration du multipartisme

 Mars 1991 Investi Président Idriss Déby promet la tenue d’une Conférence nationale ayant pour tâche principale l’élaboration d’une nouvelle Constitution

 1992 Les leaders d’opposition politique et syndicaliste expriment le souhait de voir l’armée française assurer la sécurité de la CNS. La France accorde un don de 220 millions de FF en plus de sa coopération militaire. Elle obtient qu’Elf-Aquitaine puisse participer au consortium pétrolier, à direction américaine, appelé à exploiter le pétrole du Sud tchadien.

 Février 1992 Assassinat du Vice-Président de la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme, Me Joseph Behidi.

 Juin 1992 Christian Quesnot, chef d’état-major particulier du Président Mitterrand, met 6 conditions au maintien de la présence militaire française (le plan Epervier) : forte réduction des effectifs de l’armée, tenue de la Conférence nationale, puis formation d’un gouvernement de transition, libération des prisonniers politiques, respect des droits de l’homme, reprise en main de l’administration financière de l’Etat. Seul le second point sera convenablement appliqué.

 Le 18 février 1992, le Nigeria arrête et extrade vers le Tchad 278 opposants tchadiens. Beaucoup d’entre eux étaient du MDD (Mouvement pour la Démocratie et le Développement) que dirigeait Moussa Madela. Au nombre des extradés figuraient également plusieurs dirigeants du MDD : Goukouni Guet, Ahmat Sakhaïr Bidon, Ahmat Hadad Abakar, Oumar Taher et Issa Mahamat Goran. Certains auraient été tués selon l’Amnesty International (Tchad/le cauchemar continue ... Amnesty International).

 Mi-décembre 1992 Le président Déby signe avec la France une convention instaurant un " dispositif d’appui renforcé aux finances tchadiennes " (impôts, finances, trésor, douanes), incluant le déploiement de coopérants français dotés des mêmes pouvoirs que les hauts fonctionnaires tchadiens.Faute de pouvoir empêcher les malversations, ces coopérants devront être retirés.

 Janvier 1993. Le gouvernement annule ou allège une grande partie des mesures du plan d’assainissement. Dans la région du Lac et dans le Sud, exactions des forces armées : 246 personnes tuées, 22 villages brûlés et pillés dans le Logone oriental.

 En avril 1993, 203 personnes égorgées par la garde républicaine à Kouhou Goré.

 En juin 1993, assassinat de M’bailao Mianbé, Directeur du Secrétariat Permanent à la Réinsertion des militaires déflatés.

 3 avril 1994. Prolongation d’un an de la période de transition engagée à l’issue de la CNS.

 Le 6 août 1993, une manifestation fut réprimée à la roquette et à l’arme automatique à N’Djaména, des blessés achevés par les soldats dans les ambulances. Au moins 41 personnes ont trouvé la mort et 150 autres ont été blessées. Les soldats français stationnés au Tchad se sont limités à porter secours aux blessés.

 Fin 1993, Amnesty International dressait le bilan amer des trois premières années du régime Déby : " La terreur règne toujours. On continue de repêcher des cadavres dans les eaux du Chari, le fleuve qui arrose N’Djaména. Plus de 800 personnes ont été exécutées de façon extra-judiciaire. [...] Quels que soient ses mots d’ordre, le gouvernement de Idriss Déby utilise aujourd’hui les méthodes de répression dont il disait vouloir débarrasser son pays à l’époque où il luttait contre le régime de Hissène Habré. Les assassins, les tortionnaires, les ravisseurs qui sévissent au Tchad appartiennent aux forces de sécurité de Idriss Déby ".

 Juin 1994 : Paul Fontbonne s’en va après être resté le " conseiller-Présidence " DGSE de Déby, de décembre 1990 à juin 1994 ;des officiers français " encadrant " la " Garde républicaine " et l’armée.

 Eté 1994 . La DST rassemble à Paris, pour une " réunion de travail ", un certain nombre d’opposants au régime.

 Septembre 1994 " Expédition punitive " de la Garde républicaine dans le Logone, au Sud : tueries, pillages, tortures. La Garde républicaine continue d’être impliquée dans des assassinats politiques et des massacres. La Ligue tchadienne des droits de l’homme a ainsi dénoncé, en septembre 1994, " 72 heures d’expédition punitive et de politique de terre brûlée " dans le Logone, au Sud. " Le bilan des atrocités, des tueries, des pillages en règle et des tortures " serait " indicible ".

 En février 1995, massacres des populations de Goré (Logone oriental) et une commission d’enquête évalue le nombre des victimes à 247 morts et à des dizaines de blessés.

 Le 1er juin 1995, le journal N’djamena Hebdo est mis à sac, le Directeur de publication et ses journalistes sont battus.

 En Août 1995, plusieurs morts en détention dans les villages de Kou douhou, Beissa. Le 16 novembre 1995, cinq mouvements d’opposition (l’ANTD - le FNT - les FARF - le CDR - le FAIDT) créent un rassemblement appelé l’ANR (Alliance nationale de la résistance) dirigée par le Colonel Mht Garfa.

 En juin 1996 : élections présidentielles au Tchad. « Début 1996, le lobby français pro-Déby entreprend une magistrale opération de chirurgie esthétique : transformer un assassin invétéré (depuis le lycée) en chef d’état légitime. L’Elysée ne lésine pas sur la logistique électorale. Il dépêche à N’Djamena le meilleur spécialiste du parti gaulliste, celui qui fut l’année précédente une « pièce maîtresse de la campagne présidentielle de Chirac » : Jérôme Grand d’Esnon, suspecté par le juge Desmures d’avoir occupé un emploi fictif à la mairie de Paris. Un haut lieu du dopage électoral. »( Noir Silence , p.166)

 3 juillet 1996 : Idriss Déby l’emporte au second tour face à Kamougué Wadal Abdelkader. Il a été élu le 3 juillet 1996 avec 69,09% des voix, devançant Abdelkader Wadal Kamougue (30,91%). Il sera investi le 8 août 1996. Selon les organisations Survie et Agir ici, la France aurait largement aidé au truquage des élections de 1996, afin d’éviter un renversement légal du régime.

 Août 1996, asassinat à N’djamena, de Bichara Digui à N’djamena, le Président tchadien est mis en cause.

 10 Septembre 1996. Rapport d’Amnesty International sur le Tchad : « Les autorités françaises ne peuvent pas ignorer que les véhicules tout-terrain, le carburant, les moyens de transmission et les menottes livrés au titre de l’AMT [Assistance Militaire Technique] ont été détournés de leur fonction initiale pour exécuter et tortuter.Manifestement, dans le cadre de l’AMT, la question des droits de l’homme n’a pas sa place. Cela a été confirmé à la délégation d’Amnesty International à N’Djamena en avril 1996 par les autorités françaises qui ont affirmé que ce sujet n’était pas traité par les instructeurs ».

 10 Octobre 1996. dans un rapport sur le Tchad, Amnesty International constate la banalisation de la torture et notamment le recours à l’arbatachar.

 Juillet 1997, Déby reçu officiellement par Lionel Jospin à Matigon et Jacques Chirac à l’Elysée.

 30 Octobre 1997, Déby envoie ses troupes massacrer les FARF ralliées dans leur coordination de Moundou. Laokein Bardé est seul, ou presque, à pouvoir s’échapper. On assassine des personnalités locales, on moleste l’évèque, on enlève des enfants, on tue les parents. Interdits d’inhumation, des corps sont livrés aux cochons. (Agence Reuters, 01.11.1997).

 Octobre 1998, Youssouf Togoïmi ex-ministre de la défense s’oppose au Président Idriss Déby, se retire au Tibesti et crée le MDJT (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad).

 Juin 2000 : La Banque Mondiale approuve le projet de construction d’un oléoduc long de 1 070 kilomètres pour acheminemer le pétrole de la région de Doba vers le port camerounais de Kibri. Le projet, géré par un consortium comprenant les compagnies américaines Exxon-Mobil et Chevron et la compagnie malaisienne Pétronas, a été piloté par la Banque mondiale (BM) qui en a fait son modèle d’investissement et de développement. De grandes entreprises françaises sont censées obtenir des chantiers lors de la construction de l’oléoduc (Bolloré, Bouygues, Alcatel-Alstom, Spie-Trindel). Pour limiter les coûts d’installation, Déby n’a pas hésité à spolier les paysans expropriés et n’a pas respecté ses engagements en matière de protection de l’environnement.

 Le 20 mai 2001, Idriss Déby est réélu. Selon plusieurs sources, émanant de certains observateurs nationaux et internationaux, les fraudes ont été systématisées par le pouvoir. La démission de 8 Membres de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) dont son vice-président, pour cause de fraudes et ainsi que leurs déclarations sur Radio France Internationale (RFI) sont assez éloquentes. La Fédération internationale des droits de l’homme a qualifié d’" État d’urgence de fait ", avec l’arrestation de certains opposants ayant dénoncé la fraude ainsi que de leurs directeurs de campagne.
C’est l’ensemble des salariés et petites gens du Tchad qui sont victimes du pillage des richesses pratiqué par la dictature en faveur des truts internationaux et des grandes puissances. C’est tous ensemble qu’ils peuvent gagner. En février 2009, une grève générale avait montré que tous les travailleurs pouvaient se mobiliser ensemble. L’Union des syndicats du Tchad (UST), qui regroupe trente syndicats et fédérations et revendique plus de 60 000 adhérents, avait appelé à « une grève générale d’avertissement », face à l’augmentation des prix des biens de première nécessité et des matériaux de construction qui connaissent, selon cette centrale, « une hausse vertigineuse », malgré les ressources financières engendrées par la vente du pétrole. Le gouvernement tchadien, tout en reconnaissant des hausses du coût de la vie, n’était "pas disposé" à augmenter les salaires, ni à redistribuer la rente pétrolière. Mahamat Hissène, porte-parole du gouvernement, répondait :

« Augmenter les salaires nous mettrait dans le risque de l’insolvabilité, dès que nous allons perdre nos recettes pétrolières. »

Aux travailleurs et au peuple tchadien de faire ravaler leurs mensonges aux politiciens au service de la dictature et de l’exploitation du peuple !!!
C’est le comble ! Un pays pétrolier qui produit du pétrole à profusion connaît une pénurie depuis des mois, faisant doubler voire tripler le prix du litre de l’essence (il est passé de 500 francs CFA à 1.500 CFA voire plus), c’est inconcevable ! C’est intolérable ! Et les populations ont réagi par des manifestations pour montrer leur colère.

Il y a de quoi être en effet en colère car cette augmentation de l’essence se répercute sur tous les prix, en particulier sur les moyens de transports privés (le transport public n’existant pas). Même les petites gens qui ne possèdent pas de voiture sont concernées parce qu’ils se déplacent en « taxi-moto » (Motos utilisées en villes pour transporter les gens).

Tout a commencé le 11 novembre dernier dans la ville à Sarh, au sud du pays. A l’appel de la section locale du syndicat des enseignants qui étaient en grève pour revendiquer le paiement de leurs salaires et contre le prix trop élevé du litre d’essence, des habitants sont descendus dans la rue dès 4 heures du matin, pour organiser une opération « tintamarre », en frappant sur tout ce qu’ils pouvaient trouver, notamment des casseroles, pour faire le plus de bruit possible. La ville s’est réveillée au son de cette musique improvisée. Il y a eu des affrontements avec les forces de l’ordre. Deux jeunes ont été blessés par balles. Dans l’après-midi, le calme est revenu dans la ville après que les autorités ont annoncé le versement des salaires des enseignants.

Le même jour, à Moundou, autre ville du Sud, des jeunes ont attaqué des citernes de carburant et une essencerie (station d’essence). Des forces de l’ordre ont tiré sur eux pour les disperser ; il y a eu deux morts.

A N’Djamena la capitale, ce jour-là, de jeunes manifestants ont mis le feu aux véhicules administratifs aux environs des lycées, de l’avenue Mobutu, de la Rue des 30 mètres et de la Rue des 40 mètres.

Les autorités qui ont pris peur face à l’ampleur des mouvements de contestation et de mécontentement dans les trois villes, ont dépêché leur ministre des Finances pour annoncer le paiement des salaires des enseignants. Les manifestations ont cessé, un calme précaire est revenu dans le pays mais le problème de la hausse du prix de l’essence n’est toujours pas résolu.

Deby tente de rassurer les populations. Il assure que des mesures ont été prises, pour supprimer les intermédiaires et acheminer le carburant tchadien directement dans les stations-service du pays. Mais c’est du vent !

Un dirigeant d’un parti de l’opposition a affirmé : « Le monopole de la distribution de carburant a été octroyé par le pouvoir à des commerçants qui sont presque tous proches du président de la République. Forts de ce monopole, ils font ce qui leur plaît », avant d’ajouter : « Quand les citernes sortent de N’Djamena, on dit sur les papiers qu’elles vont à Moundou, à Sarh, à Abéché. Mais souvent, celles qui sont destinées à Moundou vont servir les commerçants du Cameroun, celles qui arrivent à Sarh continuent en fait leur chemin jusqu’en Centrafrique, et certaines destinées au nord traversent la frontière pour aller en Libye ou au Nigeria ».

C’est donc une sorte de mafia, un système de vol bien organisé par Deby et son entourage pour s’enrichir de façon illicite. Les populations ont raison de manifester leur colère face à des dirigeants qui ne s’occupent que de leurs intérêts personnels.

Seule la lutte paie !

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