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Quand l’UGTT était du côté de la dictature et pas encore sous la pression de la révolte ouvrière...

mardi 25 janvier 2011, par Robert Paris

L’UGTT, longtemps courroie de transmission du pouvoir, a été le premier cran du pouvoir à céder à la pression de la rue, celle des travailleurs et des jeunes mais cela ne doit pas nous faire oublier le passé de ses dirigeants.

Aujourd’hui encore, le rôle des dirigeants de la centrale n’est pas d’aider les travailleurs à changer la société mais de les en empêcher.

Les membres de la commission administrative de l’UGTT ont affirmé la nécessité que la centrale syndicale soit représentée dans la commission d’enquête sur les assassinats de citoyens et les ordres de tirer contre les manifestants ainsi qu’au niveau de la commission nationale d’établissement des faits sur les affaires de malversations et de corruption.

Ils ont appelé les travailleurs à faire face à toute tentative visant à entraver les activités des institutions de l’Etat et d’être vigilant pour protéger les biens du pays, assurer le fonctionnement des institutions, sauvegarder les intérêts vitaux du pays et remédier au vide politique qui risque de porter préjudice aux intérêts des travailleurs et à l’emploi.

Que veulent dire ces phrases pleines de menaces et de mensonges : qu’il faut défendre un Etat qui tire sur le peuple, qu’il faut craindre un vide de cet Etat que le peuple ne manquerait pas d’utiliser pour un véritable changement. C’est aussi une manière de dire qu’il y a un même intérêt pour le pays : pour les riches et les pauvres, les exploiteurs et les exploités. Non ! La direction de l’UGTT n’a pas changé : c’est seulement la situation sociale qui a changé, ce sont les combats des travailleurs qui nécessitent que l’UGTT change d’attitude pour continuer à encadrer et tromper les travailleurs.

Mais, si la centrale change, c’est pour adapter ses pièges. D’ailleurs on a bien vu que ces dirigeants s’étaient empressés à postuler à des positions de ministres... Pour des gens qui seraient au regret d’avoir si longtemps cautionné Ben Ali et sa sale bande, c’est un peu rapide pour se déclarer eux-mêmes les représentants (sans élection) du peuple... Pourquoi ces dirigeants qui ont milité pour le candidat Ben Ali devraient-ils enquêter sur les accusations contre tous ceux qui ont profité du système Ben Ali ?

Que veut dire, pour une centrale syndicale, être ministres aux côtés de représentants de la bourgeoisie, ce qui est déjà inclus dans la terminologie "union nationale" ?

Cela veut dire que la tromperie syndicale n’est pas encore terminée...

Les travailleurs doivent agir de manière indépendante de tous ceux qui ont partie liée avec la bourgeoisie et l’Etat bourgeois, notamment les dirigeants de l’UGTT même s’ils connaissent des militants honnêtes et courageux de l’UGTT.

"C’est notre histoire, explique Habib Briki, secrétaire général adjoint de l’UGTT, nous avons joué à l’origine un rôle politique. En 1957, Habib Bourguiba [le père de l’indépendance] a fait un gouvernement constitué à 50 % de membres de son parti et à 50 % de l’UGTT. Les volets sociaux et économiques des programmes étaient faits par le syndicat."

Dès les débuts de la République tunisienne, au lendemain de l’indépendance en 1956, l’UGTT et le Parti socialiste destourien, auquel a succédé le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) – ces deux piliers maillent le pays –, ont été parfois étroitement associés, souvent en opposition. Les directions, les secrétaires généraux ont été alternativement très proches du régime ou emprisonnés, voire contraints à l’exil.

Les grèves syndicales majestueuses des années 70 et 80 n’ont plus eu droit de cité sous Ben Ali. Il y a toujours eu des accords et un consensus avec l’ancien président.
Jusqu’à la dernière minute, Jerad était aux côtés de Ben Ali pour une énième tentative de calmer les esprits. Ses déclarations en témoignent. L’absence d’une prise de position claire et sans ambiguïté, avant le 14-Janvier, également.

A Gafsa, lors du soulèvement de tout un peuple, l’UGTT était encore très loin de sa position actuelle... et dénonçait ses membres participant à la lutte !!!

Tout commence le 5 janvier 2008, jour où sont publiés les résultats, jugés frauduleux, du concours d’embauche de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), l’unique moteur économique de la région. De jeunes chômeurs occupent alors le siège régional de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), à Redeyef. Ils sont rejoints par les veuves des mineurs et leurs familles, qui installent leurs tentes devant le bâtiment. Le mouvement s’étend rapidement. Ouvriers, chômeurs, lycéens et habitants multiplient les grèves, les actions et les rassemblements. Sur fond de grande pauvreté et de flambée des prix, tous protestent contre la corruption d’un système local népotique et contre une politique de l’emploi injuste.

Les cinq mille postes de la compagnie ainsi que les fonds destinés à la reconversion sont gérés en collaboration étroite avec l’UGTT. Jusqu’à ces dernières années, la stabilité de la région était obtenue avec une modeste redistribution des bénéfices énormes que génère l’industrie phosphatière, selon de subtils équilibres claniques et familiaux garantis par les dirigeants régionaux de la centrale syndicale et du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Ces dirigeants étaient en même temps les représentants ou les interlocuteurs des principales tribus de la région, les Ouled Abid et les Ouled Bouyahia. La diminution progressive des ressources à distribuer et la généralisation de la corruption, alors même que le cours international du phosphate flambe, ont rompu ces équilibres. La direction régionale de l’UGTT est devenue le centre d’une oligarchie qui ne fait plus bénéficier que ses amis et parents directs des miettes de la rente phosphatière. Elle est le représentant local le plus puissant de ce que les habitants ne voient plus que comme un pouvoir « étranger » injuste.

« Nous, le peuple des mines, nous ne sommes jamais injustes, mais si on est injuste envers nous, alors... » La phrase se conclut sur un juron explicite. La banderole est déployée à l’une des entrées de Redeyef, un quartier pauvre et marginalisé, théâtre d’affrontements récents avec la police. Au fil des mois, depuis janvier, la mobilisation n’a pas faibli. Au contraire, les actions des chômeurs, des diplômés sans emploi de l’université sont renforcées par des occupations et des manifestations, dans lesquelles se retrouve toute la population. Les sit-in des familles des invalides de la compagnie et des morts à la mine se conjuguent aux actions des ouvriers licenciés. Les protestations des mères dont les fils ou les maris sont emprisonnés à la suite des premières manifestations ont débouché sur une grève générale qui touche jusqu’aux petits commerçants.

La nuit, des jeunes patrouillent dans Redeyef par petits groupes pour la protéger, après avoir sonné le rassemblement à l’aide de pierres cognées contre les structures métalliques d’un pont. Ils appellent ça les « tambours de la guerre » et usent d’un vocabulaire qui convoque les traditions des tribus guerrières, prêts qu’ils sont à affronter les policiers... ou à leur voler leurs sandwichs pour les redistribuer. Le ton général reflète une impressionnante cohésion populaire que les forces de l’ordre ne parviennent pas à rompre. En dépit du contrôle étatique des médias, le soulèvement de cette région enclavée représente le mouvement social le plus long, le plus puissant et le plus mûr qu’ait connu l’histoire récente de la Tunisie.

Le pouvoir y a répondu par une répression de plus en plus brutale qui a fait au moins deux morts, des dizaines de blessés et de détenus. Des familles ont été brutalisées, des biens privés saccagés. Le déploiement d’unités blindées de l’armée a renforcé le siège du bassin minier durant le mois de juin. L’escalade de la violence d’Etat se manifeste par l’utilisation de balles réelles, par la multiplication des enlèvements de jeunes pour interrogatoire et emprisonnement, et par des ratissages militaires dans les montagnes environnantes, en vue de retrouver ceux qui tentent d’échapper à la torture.

"Le Bureau exécutif de l’UGTT a annoncé, dans un communiqué publié jeudi, que des mesures disciplinaires sévères seront prises à l’encontre des fauteurs de troubles à Gafsa et Kasserine.

La vie au sein de l’unique Centrale syndicale en Tunisie est loin d’être un long fleuve tranquille depuis plusieurs semaines.

Et pour cause : l’affaire des syndicalistes mécontents qui avaient scandé des slogans hostiles au Bureau exécutif de l’UGTT au cours de deux meeting tenus, fin juin dernier à Gafsa et Kasserine, commence à prendre une tournure sérieuse.

Réuni récemment à l’hôtel Amilcar (banlieue nord de Tunis), le Conseil des secteurs de l’organisation ouvrière a appelé le Bureau exécutif à prendre des mesures disciplinaires sévères à l’encontre des fauteurs de troubles. « Le Bureau démocratiquement élu au congrès de Monastir tenu en décembre 2006 devrait mettre fin à ces débordements », a notamment indiqué un communiqué publié à l’issue de la réunion.

Accusés d’être les « instigateurs » des troubles, Mohamed H’laïem et Slim Ghriss, respectivement secrétaire général et membre du Bureau exécutif du syndicat général de l’enseignement de base devraient comparaître la semaine prochaine pour la deuxième fois devant la commission nationale de règlement.

Selon des sources proches du Bureau exécutif de l’UGTT, cette commission serait en possession d’un enregistrement vidéo prouvant que des instituteurs affiliés au syndicat de l’enseignement de base étaient les auteurs des événements de Gafsa et Kasserine.

La commission nationale de règlement ira-t-elle cependant jusqu’à prendre réellement des mesures sévères à l’encontre des syndicalistes ? Rien n’est moins sûr. « Au cas où la commission ira jusqu’au bout de l’enquête sur ces événements, une véritable boîte à pandore s’ouvrira », estime un ancien secrétaire général adjoint de la Centrale syndicale.

Des syndicalistes de « haut rang », seraient, selon notre interlocuteur, les véritables instigateurs des troubles.

D’autre part, les réactions de la base à la traduction du secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base ont pris des proportions inquiétantes. Quelque 200 syndicalistes appartenant au secteur de l’enseignement ont appelé dans un communiqué rendu public samedi dernier, le Bureau exécutif de l’UGTT à classer l’affaire et insisté sur la nécessité de respecter l’opinion différente et la liberté d’expression au sein des instances de l’organisation."

Bien que le bassin minier de Gafsa compte parmi les plus anciennes concentrations ouvrières de la Tunisie, la conscience de classe y reste parmi les plus basses. Pour casser l’unité des travailleurs et faire face à leur tendance indépendantiste, les différents pouvoirs (colonial, bourguibien puis celui de Ben Ali) ont habilement utilisé les rivalités tribales, la combinaison répression/corruption et la démagogie. L’UGTT, relevant elle aussi de la même logique régionale et tribale, contribue activement à maintenir cet état lamentable. La bureaucratie syndicale de l’UGTT reprend les mêmes pratiques et les mêmes traditions que celles des cellules du parti au pouvoir. En effet, les emplois, les services sociaux… et les pouvoirs locaux sont distribués en quotas tribaux. D’ailleurs, cette logique régionale et tribale du sommet aux bases est l’une des spécificités les plus communes entre le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), parti au pouvoir, et son frère rival, l’UGTT.

Contexte conjoncturel : corruption, chômage et misère

Dans une région où, selon les statistiques officielles, le taux de chômage atteint presque le double de celui du pays (2), le seul espoir reste le concours périodique de la compagnie des Phosphates Gafsa. Les jeunes attendaient les résultats de ce concours considéré comme seul accès à l’emploi. Mais, comme d’habitude, l’administration de la compagnie, les pouvoirs locaux et le syndicat des mineurs dominé par des bureaucrates corrompus et des valets du parti au pouvoir se sont partagés les postes qui seraient par la suite vendus, attribués aux proches ou cédés suivant des réseaux clientélistes. Avec la flambée des prix, la misère qui s’abat sur la région, et la mise en cause des acquis sociaux, les luttes courageuses menées par les jeunes chômeurs diplômés ont convergé avec une riposte spontanée des citoyens de la région qui manifestaient leur refus des résultats annoncés, revendiquant leur annulation et prônant le droit au travail et à la dignité. Des syndicats d’employés et surtout de l’enseignement, influencés ou dominés par la gauche, se sont ralliés aux mobilisations citoyennes. Nombre de jeunes chômeurs et de syndicalistes solidaires ont entamé un sit-in dans le local de l’Union Locale du Travail de Rdeyef. Des travailleurs, des jeunes et des femmes ont mis en place des tentes dans la rue et sur la voie ferrée provoquant l’arrêt momentané de la circulation des trains. Les manifestations se sont multipliées depuis le 05/01/2008 dans les trois villes minières de Rdeyef, M’dhilla, Oum Larayes. Les manifestants résistent à l’embargo policier et aux manœuvres de la bureaucratie syndicale incarnée surtout par l’Union régionale de Gafsa et son secrétaire général qui s’oppose ouvertement aux mobilisations et menace les syndicalistes qui ont rejoint les contestataires. L’activité syndicale du membre de l’exécutif de l’Union Locale de Rdeyef, le secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base, Adnen Hajji, l’un des principaux leaders du mouvement et membre du comité de négociation au nom des manifestants, a été gelée, dans l’attente de sa traduction devant une « commission de discipline » de l’UGTT, instance de punition et de répression des militants syndicalistes opposants et indépendants.

La direction de l’UGTT a appuyé la candidature de Ben Ali à la présidence en 2004 et 2009...

Voici le genre d’articles que l’on pouvait lire il y a peu...

La Commission administrative nationale de l’UGTT soutient la candidature du président Ben Ali à la présidentielle 2009

La Commission administrative nationale de l’Union générale tunisienne du travail(UGTT) a décidé de soutenir la candidature du président Zine El Abidine Ben Ali à l’élection présidentielle de 2009, pour poursuivre la direction du pays sur la voie de la réalisation des objectifs nationaux.

Dans une déclaration publiée, à l’issue de sa réunion, jeudi à Tunis, sous la présidence de M. Abdessalem Jerad, secrétaire général de l’UGTT, la commission administrative nationale de l’organisation syndicale souligne que cette décision intervient en signe de considération aux acquis réalisés au profit des travailleurs et de l’ensemble des Tunisiens, tout au long des deux dernières décennies et, particulièrement, durant les cinq dernières années.

Ces acquis, ajoute-t-elle, démontrent la justesse de sa décision du 17 août 2004 de soutenir la candidature du président Zine El Abidine Ben Ali à la dernière élection présidentielle.

Cette décision traduit, également, la conviction de la commission administrative nationale de la nécessité de poursuivre le soutien des programmes des réformes initiés par le chef de l’Etat et son souci de garantir l’équilibre social et de consolider le processus démocratique, dans le cadre d’une société prospère et solidaire.

Elle exprime, d’autre part, la volonté de l’UGTT de garantir les conditions adéquates pour poursuivre l’action syndicale dans un contexte d’indépendance et de dialogue social constructif, en vue de satisfaire les revendications de l’Union et des travailleurs durant les prochaines années.

La commission administrative nationale de l’UGTT, qui réunit les membres du bureau exécutif national, les secrétaires généraux des fédérations et des syndicats généraux et les secrétaires généraux des Unions régionales du travail, appelle, dans sa déclaration, les syndicalistes et les travailleurs à une participation libre et massive, aux prochaines élections législatives, afin de dynamiser davantage le rôle de la Chambre des députés et de consolider sa composition pluraliste, pour qu’elle assume sa responsabilité constitutionnelle, dans la définition des choix du pays et le suivi de leur exécution.

La commission administrative nationale exprime, en outre, son appui à tous les efforts ayant pour objectif le succès des prochaines élections présidentielle et législatives. Elle fait part de sa confiance en la capacité des Tunisiens à réussir ces échéances électorales et à gagner le pari démocratique, ce qui est de nature à conforter la marche de la Tunisie sur la voie du progrès et à renforcer son rayonnement, dans son environnement régional et international.

La déclaration indique que la réunion de la commission administrative nationale de l’UGTT a permis de passer en revue les prochaines échéances nationales et, en premier lieu, les prochaines élections présidentielle et législatives, en tant que nouvelle étape pour consacrer le pluralisme et consolider le processus démocratique. Elle, en outre, évalué la situation syndicale, sociale et économique, dans le pays.

La commission administrative nationale rappelle, à ce propos, le rôle joué par l’UGTT, dans le mouvement de libération nationale, l’indépendance du pays, l’édification de l’Etat moderne, ainsi que son enracinement dans la réalité nationale, en tant que partenaire actif dans le développement du pays et la conception de son avenir.

Elle relève que les acquis réalisés, au niveau syndical, notamment au cours des cinq dernières années, incitent à atteindre des paliers supérieurs dans l’échelle du respect des droits et des libertés syndicales.

La commission administrative nationale souligne que la Tunisie a réussi, jusqu’à présent, à résorber les incidences négatives des fluctuations mondiales et à réduire leur acuité sur le tissu industriel national, et que l’économie tunisienne est parvenu à réaliser une croissance annuelle de près de 5 %, en plus de l’évolution de nombreux indicateurs du développement social, dans le cadre d’une approche nationale veillant à la corrélation des dimensions économique et sociale du développement, et aux principes de justice et de solidarité.

Elle met, d’autre part, en relief la consolidation du système de négociations adopté, depuis les années quatre-vingt-dix, à travers l’engagement de deux sessions de négociations, en 2005 et en 2008, qui ont abouti à des augmentations régulières des salaires de tous les travailleurs, intellectuels et manuels, et à des améliorations continues de la législation du travail, ainsi qu’à la révision des statuts de la fonction publique et des conventions collectives, et à renforcer le réseau de la couverture sociale.

Le principal acquis, dans ce domaine, fait-elle remarquer, est le début de l’application du nouveau régime d’assurance-maladie, dans le cadre d’un plan global ayant pour objectif de fournir les meilleurs services de santé, aux assurés sociaux.

Elle souligne que le choix des négociations adopté par les partenaires de la production en Tunisie a été un facteur important dans les acquis réalisés, dans le cadre d’une approche nationale fondée sur les principes de solidarité et la répartition des fruits du développement, et ayant pour objectif de résoudre les problèmes de développement et les question du travail, grâce au dialogue constructif, ce qui s’est consacré dans la participation de l’UGTT aux différents dossiers et consultations nationales, notamment la consultation nationale sur l’emploi.

La commission administrative nationale exprime, d’autre part, sa satisfaction des relations de respect mutuel établies entre les partenaires sociaux.

Elle considère que le climat de dialogue social qui règne en Tunisie et qui a été un appui fondamental à la stabilité et à l’invulnérabilité de la patrie, a institué un modèle de conduite civilisationnelle accueilli favorablement par le chef de l’Etat comme il a favorablement accueilli les demandes de l’UGTT, à travers son souci de voir les négociations sociales aboutir à des résultats concrets au profit des travailleurs et sa considération pour le rôle de la centrale syndicale, dans les domaines sociaux et nationaux, ce qui se reflète, en particulier, à travers son soutien au projet de construction de la Maison des travailleurs qui a démarré, le 1er juillet 2009, pour consacrer le rêve de générations de syndicalistes.

Il est à rappeler que l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) ; l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) et l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT) ont fait part de leur soutien à la candidature du président Zine El Abidine Ben Ali, à l’élection présidentielle de 2009. Ces organisations nationales ont souligné l’adhésion de leurs affiliés aux choix du chef de l’Etat pour poursuivre la conduite de la Tunisie sur la voie de l’invulnérabilité et de l’essor.


Le Président Ben Ali reçoit le S.G de l’Ugtt : Engagement renouvelé des syndicalistes et des travailleurs à faire réussir la prochaine élection présidentielle et à voter Ben Ali
(La Presse 05/09/2009)

• Concrétisation de la décision de la commission administrative de l’Ugtt de soutenir le Chef de l’Etat

• Consécration de l’orientation présidentielle pour l’adéquation entre le développement économique et le progrès social

Le Président Zine El Abidine Ben Ali a reçu, hier matin, M. Abdessalem Jrad, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), qui s’est déclaré honoré de rencontrer le Président de la République et de lui transmettre les salutations des membres du bureau exécutif et de la commission administrative nationale de l’Ugtt ainsi que leurs sentiments de considération pour les multiples acquis accomplis en faveur des travailleurs en particulier et des Tunisiens en général.

Le secrétaire général de l’Ugtt a précisé qu’il a fait part au Chef de l’Etat de la satisfaction des syndicalistes et des travailleurs pour les résultats positifs auxquels a abouti le 7e cycle de négociations sociales qui touche à sa fin dans les entreprises publiques.

Il a salué, dans ce contexte, le soutien constant apporté par le Chef de l’Etat à ces négociations et son souci permanent de promouvoir les conditions des travailleurs, à travers l’amélioration de leur pourvoir d’achat et la modernisation des législations du travail, dans le cadre d’un modèle de développement équilibré fondé sur la solidarité entre les différentes catégories sociales.
M. Abdessalem Jrad a réaffirmé, à cette occasion, l’attachement de l’organisation syndicale au dialogue social et son souci de soutenir l’entreprise économique et d’améliorer sa productivité, de manière à conforter la capacité de l’économie nationale à faire face aux incidences de la crise économique mondiale et à multiplier les opportunités de concrétiser les priorités nationales dont, notamment, l’accélération du rythme d’investissement et de création d’emplois dans les différentes régions et la garantie d’une répartition équitable des richesses entre les différentes catégories sociales, en consécration des orientations présidentielles visant à assurer l’adéquation entre le développement économique et le progrès social, dans un climat de dialogue et de concorde.
Le secrétaire général de l’Ugtt a ajouté : "L’entretien a été aussi l’occasion de féliciter le Président Zine El Abidine Ben Ali à l’occasion de la présentation de sa candidature à la prochaine élection présidentielle et de lui renouveler l’engagement des syndicalistes et des travailleurs à contribuer, de manière agissante, à la réussite des prochaines élections présidentielle et législatives et à voter en sa faveur, en concrétisation de la décision de la commission administrative nationale de l’Ugtt de soutenir la candidature du Président Zine El Abidine Ben Ali pour un nouveau mandat présidentiel afin qu’il poursuive la conduite de la marche de la Tunisie sur la voie du progrès et de la prospérité."
En conclusion, M. Abdessalem Jrad a souligné que le Chef de l’Etat a rendu hommage à l’organisation syndicale pour l’importance de son rôle au niveau social et national, se félicitant de l’adhésion des syndicalistes et des travailleurs aux orientations nationales et réitérant le souci constant d’assurer l’égalité des chances entre les différentes catégories sociales et les différentes régions et de faire en sorte que les prochaines élections se déroulent dans le cadre de l’émulation loyale et du respect de la loi, de manière à consolider le processus politique pluraliste en Tunisie et à garantir les attributs de la dignité et de la liberté au peuple tunisien.


Les révoltes de 1978 et de 1980

C’est donc de la classe ouvrière qu’est venue la grande secousse qui ébranla le régime bourguibiste. Fin 1977, début 1978, la montée de la colère ouvrière marquée par une série de grèves avait été telle qu’elle avait fini par entraîner la direction de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), syndicat unique, pourtant bien intégré et dont le principal dirigeant, Habib Achour, était un vieux compagnon de Bourguiba. A la réquisition des travailleurs des entreprises publiques par Bourguiba, le 25 janvier, répondit une grève générale le 26, à laquelle participèrent des centaines de milliers de travailleurs tunisiens, grève générale doublée de manifestations et d’émeutes.

Après une forte croissance économique entre 1970 et 1975, la Tunisie connaît un ralentissement. Il se précise alors que le gouvernement a adopté un processus de libéralisation de l’économie. Critique de cette politique, l’UGTT émerge comme la principale force d’opposition. À la suite du ralentissement économique, le chômage double, provoquant des manifestations d’étudiants et de travailleurs. Pour empêcher une crise, le gouvernement s’entend avec l’UGTT le 19 janvier 1977. Celle-ci s’engage à contrôler les ouvriers en retour d’une augmentation des salaires pendant six mois, chaque fois que les prix augmenteraient de 5%. Mais alors que le gouvernement perçoit l’entente comme un pacte honoraire, et non un contrat, le syndicat considère qu’il s’agit de garanties. Cette mésentente, jointe à la chute de l’économie, mène à une confrontation. En octobre 1977, les ouvriers de Ksar-Hellal déclenchent un arrêt de travail qui aboutit à un premier affrontement avec l’armée. Aux yeux du gouvernement, l’UGTT n’a pas tenu parole. La confrontation survient le 26 janvier alors que l’UGTT appelle à la grève générale. Des milliers de travailleurs et de jeunes, parfois des chômeurs, non affiliés à l’UGTT, descendent dans les rues. À Tunis, les manifestants envahissent le centre-ville et les quartiers huppés, établissant des barricades et vandalisant des édifices publics. L’état d’urgence est proclamé et, pour la première fois depuis l’indépendance, le gouvernement utilise l’armée contre les travailleurs. Elle tire sur les émeutiers. Le mythe de la stabilité tunisienne restera néanmoins ébranlé par ce conflit.

La répression avait été féroce : deux cents morts d’après certains, quatre cents d’après d’autres, des milliers de blessés, des milliers d’arrestations aussi, parmi lesquelles même toute la direction syndicale de l’époque, Habib Achour en tête, condamné alors à dix ans de travaux forcés. Habib Achour allait être gracié en 1981 par Bourguiba et réintégré à son poste. Il pouvait encore servir le régime en trompant les ouvriers, et il l’a fait encore lors des émeutes récentes, mais sur le coup, Bourguiba ne lui avait pas pardonné d’avoir cédé à la pression de la base, et sa condamnation d’alors était un symbole. Au-delà de l’homme, ami voire complice de Bourguiba, elle visait la classe ouvrière qui, elle, venait de montrer qu’elle ne voulait plus être bernée par Bourguiba.

En janvier 1980, un groupe, un commando écrivit la presse, d’une cinquantaine ou d’une centaine d’hommes armés, s’empara de la ville minière de Gafsa, située au centre du pays, et il fallut l’intervention de la police et de l’armée pour vaincre cette insurrection. Le régime prétendit que le commando avait été armé, entraîné et envoyé par la Libye, qui démentit bien entendu. Mais si on n’est jamais parvenu à savoir quel fut exactement le rôle de la Libye dans cette affaire, ce qui est certain c’est que le « commando » était composé de Tunisiens et non de Libyens, qu’il y a d’ailleurs beaucoup de travailleurs émigrés de Tunisie en Libye, en particulier dans la région de Gafsa justement et que, surtout, la population ouvrière de Gafsa accorda une sympathie et un soutien évidents au groupe armé. Le régime avait beau accuser l’étranger, une fois de plus il se battait contre la classe ouvrière tunisienne.

L’insurrection de janvier 1984

Six ans après la grève générale à Tunis, quatre ans après Gafsa, ce fut cette fois toute la Tunisie qui fut prise dans l’incendie. L’émeute a été déclenchée par la hausse du prix du pain (de 80 à 112 %), des pâtes et de la semoule (70 %), qui constituent la nourriture de base d’une énorme partie de la population la plus pauvre. Cette hausse avait été prévue et discutée depuis plus d’un an, elle avait été annoncée depuis des mois. Le 13 octobre 1983 le ministre de l’Économie Abdelaziz Lasram démissionnait de son poste parce qu’il n’était pas d’accord avec l’ampleur de la hausse, craignant probablement les retours de bâton.

Dès le 29 décembre, trois jours avant l’annonce officielle de l’augmentation, les troubles ont commencé. Dans un premier temps l’émeute a touché la moitié sud du pays, dans les campagnes misérables et dans les villes minières et industrielles comme Kasserine, Gafsa, Gabès et Sfax. Puis elle s’est étendue dans le nord où des jeunes ont commencé à manifester en solidarité avec ceux du sud. Elle s’est étendue au Kef, à Monastir et surtout à Tunis.

Ainsi toutes les couches de la population ont été touchées. Dans le sud l’insurrection a pris parfois la forme d’une jacquerie. Dans les villes c’est la population ouvrière qui s’est soulevée. Et dans tout le pays ce sont les jeunes, lycéens, étudiants et surtout chômeurs qui ont été au centre des émeutes.

L’émeute a été ouvertement politique : à Gabès le drapeau tunisien a été brûlé et la statue de Bourguiba a été déboulonnée. A Monastir, sa ville natale, où il se rendait pour préparer les cérémonies du cinquantenaire de son parti, le tout puissant Parti Socialiste Destourien, la voiture de Bourguiba a essuyé des jets de pierres. Mais surtout, l’émeute a pris la forme d’une révolte contre tout ce qui est richesses dans ce pays où la richesse commence avec la possession d’une 2CV. Les voitures ont été brûlées, les magasins pillés, les autobus détruits, tout ce qui appartenait à l’État, y compris des dépôts de machines et des panneaux de signalisation ont été saccagés. La presse et le pouvoir ont bien sûr parlé de vandalisme et montré les images des dégâts à la télévision. En fait, il s’agit d’une lutte des classes pauvres non seulement contre le régime et tout ce qui, de près ou de loin, le symbolise, mais aussi contre les classes riches.

La répression a été féroce. Officiellement les autorités font état de 70 morts. L’hebdomadaire Jeune Afrique en a recensé 143, chiffres approximatifs évidemment. A Kasserine les habitants ont baptisé un de leurs quartiers « Sabra et Chatila »...

Devant l’émeute le pouvoir a été visiblement surpris et désorienté. Bourguiba s’apprêtait aux festivités du cinquantenaire du parti - qui doivent avoir lieu au mois de mars. A Tunis la police s’est avérée au début impuissante et débordée. Il a fallu faire appel à l’armée. Le Premier ministre, Mohammed Mzali, a commencé par accuser des meneurs occultes, des éléments islamiques, des pro-libyens. Aujourd’hui, il semble renoncer à cette version et on parle d’un complot... du ministre de l’Intérieur, Driss Guiga, qui aurait volontairement laissé la police désarmée et aurait fait diffuser par ses services spéciaux des slogans hostiles au Premier ministre. Bourguiba en tout cas vient de limoger son ministre de l’Intérieur.

Mais le régime a beau faire pour tenter d’accréditer, successivement ou ensemble, la thèse de la main de l’étranger, celle des islamistes, ou le complot du ministre de l’Intérieur, pour expliquer les émeutes, il est évident qu’il ne faut pas chercher d’autres explications de la révolte que le régime lui-même et la mesure qu’il a prise concernant les prix des produits de première nécessité.

D’ailleurs, après que l’émeute ait été vaincue, Bourguiba a préféré renoncer à ces augmentations. Le pouvoir a finalement reculé. Pour la première fois depuis l’indépendance, c’est-à-dire depuis 27 ans, le régime de Bourguiba a cédé à la rue. Bien sûr, en agissant ainsi Bourguiba a affecté d’annuler en tant que président de la République une mesure impopulaire prise par son Premier ministre. Et quelques minutes après le discours du chef de l’État une foule en délire est sortie dans la rue, en acclamant Bourguiba. Mais pas seulement, les mêmes jeunes qui s’étaient battus quelques jours auparavant criaient « on a gagné », « le peuple a gagné ». « Fait inquiétant » comme le dit Le Monde et comme le pensent certainement les dirigeants tunisiens. D’autant que le problème de la hausse des prix du pain, des pâtes et de la semoule n’est pas réglé : Bourguiba a annoncé que la mesure était reportée de trois mois, mais qu’une hausse modulée, aurait lieu quand même.

La classe ouvrière tunisienne a amplement démontré sa combativité. Non seulement par sa participation aux émeutes des six dernières années, mais également par de nombreuses grèves qu’elle a su mener avec détermination.

La principale organisation en son sein est l’UGTT qui avait joué naguère un rôle important dans la lutte contre le pouvoir colonial, mais qui l’avait joué sur le terrain du nationalisme et qui, après l’indépendance, est devenue un des piliers du régime.

Les structures de l’UGTT à la base ont servi bien des fois de canal par lequel s’est exprimé le mécontentement ouvrier. Son sommet était cependant profondément intégré.

Le dernier avatar de cette intégration a été l’accord électoral conclu pour les élections législatives de novembre 1981 entre l’UGTT - dont on venait de sortir le dirigeant de prison - et le PSD - dont le dirigeant avait mis le précédent en prison. Mais après la répression anti-ouvrière de 1978, le pouvoir avait besoin de la caution syndicale pour donner un semblant de légitimité à la comédie électorale et au jeu de la « libéralisation ». La direction de l’UGTT s’était aimablement prêtée à la comédie.

Les deux formations, la syndicale et la politique, se sont présentées ensemble, sous l’étiquette « Front National » , et elles ont raflé tous les sièges de députés. L’UGTT pour la première fois est entrée au Parlement où elle a constitué un groupe de parlementaires de 27 députés sur 136.

Dans ces conditions il ne faut pas s’étonner que qui a frappé le PSD et le régime a également frappé, dans une moindre mesure sans doute, l’UGTT.

Lors des récentes émeutes de janvier 1984 l’UGTT ne s’est pas adressée aux émeutiers. Elle s’est contentée de réclamer, pour compenser la hausse du prix du pain, « une revalorisation des revenus de l’ensemble des salariés ». Manoeuvre d’autant plus grossière que même si le gouvernement a, en effet, accepté de négocier en catastrophe un accord d’augmentation salariale dans l’espoir de calmer les salariés, c’est justement la fraction de la classe ouvrière qui n’avait pas de salaire car pas de travail, qui était la plus durement touchée par la hausse du prix du pain.

L’UGTT a donc tout fait pour soutenir le régime.

De même le petit Parti Communiste Tunisien a condamné les « actes de violence » du mouvement de protestation ; ce sont là, a-t-il estimé, « des actes extrêmement regrettables, inacceptables » (déclaration du Bureau Politique du PCT).

En aucun cas, ni l’UGTT, ni le PCT ne sont apparus comme des forces politiques cherchant à encadrer les manifestants, cherchant à proposer une perspective aux travailleurs. Ils ont condamné les violences, et n’ont pas même demandé la démission de Mzali dont le gouvernement avait annoncé la hausse des prix et prenait la responsabilité de faire tirer sur les foules.

HISTORIQUE

En 1956, la déclaration de l’indépendance du pays s’est déroulée dans une atmosphère de désaccord sur le sens de l’indépendance et la nature des accords avec la puissance coloniale. Une guerre civile s’est déclenchée, entre les deux factions du « Destour ». La direction de l’UGTT s’est rangée dans le camp de Bourguiba et l’a aidé à asseoir son pouvoir. En récompense, elle a été associée au pouvoir dès 1956 et adoption des réformes préconisées par l’UGTT... Entre 1956 et 1962, la direction syndicale a soutenu le pouvoir qui a assassiné Salah Ben Youssef (principal rival de Bourguiba), muselé les opposants, réduit la marge d’autonomie des organisations de femmes, d’agriculteurs, d’étudiants et différentes associations... Elle a applaudi la dissolution du Parti Communiste (fondé en 1919)...

Le premier conflit entre le pouvoir et le syndicat est apparu en 1965 : Une réforme économique et une dévaluation du Dinar ont été considérées comme néfastes sur les salaires et l’économie du pays... Le secrétaire Général (Ahmed TLILI, militant anti-colonialiste et dirigeant du parti unique) était emprisonné, puis assigné à résidence. Une direction fantoche a été imposée... La base n’a pas apprécié ce coup de force, quelques remous se font sentir... Le pays a connu des soulèvements de paysans pauvres réprimés par l’armée, dans le centre et le sud. Des opposants ou des manifestants anti-impérialistes sont condamnés à 20 ans de travaux forcés...

Jusqu’en 1972, l’alignement de la direction syndicale sur les positions officielles du pouvoir était sans faille... Des marginaux et des précaires, payés par l’UGTT ont participé à la répression des manifestants contre la guerre au Vietnam, la visite de Rogers (ministre des AE américain) ou de Humphrey (vice président US) ou bien contre l’agression sioniste de 1967 etc. En 1972, le secrétaire Général de l’UGTT (Habib ACHOUR) a prononcé un long discours (retransmis sur les ondes) justifiant la répression des étudiants qui manifestaient contre la dissolution de leur syndicat (UGET) et contre la sélection scolaire et universitaire qui touchait les enfants des classes laborieuses...

Le premier grand conflit visible entre la direction syndicale et la base apparaît en 1973, lorsque les ouvriers du transport urbain observent une grève (avec occupation des dépôts), très suivie, le 2 mai, pour des augmentations de salaires, refusés par le Premier ministre Hédi NOUIRA ( bourgeois libéral notoire et organisateur d’un coup de force contre la deuxième tentative de réactivation de la CGTT, en 1937- 1938). Le gouvernement a réprimé les grévistes, mais a cédé devant l’ampleur de la grève et la détermination des salariés. La direction de la centrale syndicale n’a pas reconnu « la légitimité de la grève ». Le Premier ministre Hédi NOUIRA était un économiste très apprécié par le FMI, la Banque Mondiale et les investisseurs étrangers... Il a privatisé plusieurs secteurs : Terres domaniales, ports, industrie chimique, grands travaux ... Il a permis aux capitaux étrangers d’exploiter le pays et ses habitants, sans aucun respect du salaire minimum ou de la durée légale du travail hebdomadaire (Lois 72 et 74 )... Les capitaux et les bénéfices peuvent être rapatriés en Europe ou au Japon, USA etc sans charges, ni impôts... Les capitalistes tunisiens demandaient les mêmes avantages, ou s’associer avec ces capitalistes étrangers pour faire travailler les salariés « à l’oeil »... De son côté, la direction de l’UGTT, même si elle n’est pas toujours d’accord avec les orientations du gouvernement, n’hésite pas à dissoudre les syndicats « rebelles », comme celui de l’enseignement secondaire qui a observé une grève, en janvier 1975. Le syndicat est dissout et sa direction est exclue le jour même. L’information fut annoncée à la radio officielle... Le parti unique a installé des « cellules professionnelles » dans les entreprises et établissements publics ou privés dont l’objectif est de « faire la police » sur les lieux de travail et s’opposer aux syndicalistes.

Les investisseurs étrangers exigent de leurs salariés un minimum de connaissances, pour lire et comprendre les consignes, les instructions, faire fonctionner les machines etc, mais pas de syndicats... La génération qui arrive sur le marché du travail est assez instruite. Elle est victime de la sélection scolaire et du chômage de jeunes qui ne peuvent plus émigrer librement en Europe...C’est cette génération qui a redynamisé les syndicats dans le secteur privé (agriculture, électronique, textile, agroalimentaire, banques...) et public (pétrochimie, poste et communications, enseignement primaire, santé...) Le libéralisme économique, sans l’ouverture politique du gouvernement NOUIRA a abouti à une crise sans précédent : Le mécontentement a abouti à une grève générale le 26 janvier 1978, réprimée par la police et l’armée (Ben Ali était le directeur de la sûreté nationale), précédée de deux ans de grèves sectorielles touchant tous les secteurs d’activités et toutes les régions... 6 ministres ont démissionné, suite à un désaccord sur la manière de gérer les conflits sociaux et politiques. Sur le plan syndical, c’est la première fois que la direction syndicale approuve un mouvement social large... Le secrétaire général Habib ACHOUR a été contraint de démissionner de la direction du parti unique.

Une direction fantoche a été installée par le pouvoir qui a mis en prison la direction et des centaines de cadres syndicaux. La résistance était d’une ampleur inattendue. Cette direction fantoche n’a jamais réussi à s’imposer et a été limogée par ceux-là même qui l’ont intronisée. Après des affrontements sanglants entre l’armée et des « rebelles » à Gafsa en janvier 1980 et l’intervention de l’aviation française, le régime a levé l’interdiction frappant le PC et a promis une ouverture politique. Une partie de la direction « légitime » est revenue à la tête du syndicat, à partir de 1981, en excluant des centaines de responsables et adhérents actifs, qui n’ont pas entendu son « appel au calme et à la modération ». C’était le feu vert pour leur licenciement du privé comme du public... C’est le début d’une nouvelle étape faite de conflits entre les cadres syndicaux d’une part, la direction syndicale et le pouvoir d’autre part... C’est à cette époque que la direction a interdit les grèves de solidarité, sous peine d’exclusion. Le pays a connu « des émeutes du pain » en janvier 1984. L’armée et la police ont tiré sur les manifestants tuant des centaines. Ben Ali était secrétaire d’Etat au ministère de l’intérieur. Un plan d’ajustement structurel a appauvri encore plus les salariés et la population, le taux de chômage a grimpé, le climat est étouffant. Les quelques journaux indépendants sont étranglés. Le contexte économique et les pratiques de la direction affaiblissent encore plus le mouvement syndical, qui ne s’est pas encore relevé de la répression pendant et après la grève générale... La répression et les rafles s’intensifient, au nom de la lutte contre l’intégrisme (déjà !)... Aucun signe d’opposition, aucune revendication ni aucune protestation ne sont tolérés... C’est dans ce contexte que le 7 novembre 1987, Bourguiba est déclaré « inapte » à exercer le pouvoir, son Premier ministre depuis deux mois prend le pouvoir et le garde toujours...
Aspects de la bureaucratie et de la collaboration de classe :

Depuis le début des années soixante-dix, des négociations tri-annuelles se déroulent entre les syndicats, le gouvernement et les employeurs. Les conditions de travail, les augmentations de salaires, l’exercice des droits syndicaux etc, sont l’objet d’un accord-cadre dans chaque secteur d’activité... A plusieurs reprises, la direction signe un accord contesté par la fédération concernée, c’est l’objet de dissensions qui affaiblissent la position des syndicalistes et des salariés, face au gouvernement et aux patrons, qui sont unis. En 2009, ces accords-cadres doivent être renégociés. Les négociations ont commencé depuis plus d’un an et n’ont pas abouti dans la plupart des secteurs privés. Dans le secteur public, la direction syndicale a imposé aux syndicalistes et aux salariés des accords médiocres, aussi bien sur le plan financier qu’au niveau des libertés syndicales : l’interdiction de l’exercice des droits syndicaux sur le lieu de travail est une des couleuvres que la direction fait avaler aux syndiqués.

Sous la pression de la base, la direction de la centrale syndicale n’a pas soutenu le pouvoir lors des élections présidentielles de 2004 (c’est une première) ou lors de la désignation des « conseillers » (une sorte de sénat consultatif) et a refusé d’y participer. Elle ne n’est plus aussi soumise que pendant les années 90. Cependant, elle soutient plusieurs responsables syndicaux corrompus, très liés aux milieux patronaux, ou sont eux-mêmes des patrons d’entreprises de travail temporaires qui exploitent des ouvriers licenciés... D’autres siègent au parlement dans les rangs du parti au pouvoir. Des opérations douteuses et irrégulières sont couvertes et entérinées lors de certains congrès départementaux ou fédéraux... Les divergences sont réglées parfois par la très puissante « commission de discipline » dont les pratiques inquisitoriales sont redoutables et qui ne prend d’autres mesures que l’exclusion... La direction a trop tardé à soutenir les familles des mineurs de la région de GAFSA, elle a même exclu des responsables syndicaux locaux qui encadraient ce mouvement populaire. Elle traine les pieds pour soutenir, du bout des lèvres, les enseignants exclus (par le ministère) à cause de leur participation à une grève « légale ». Les diplômés chômeurs ont sollicité, en vain, le soutien de la direction syndicale dans leur lutte pour l’emploi et contre la falsification des résultats des concours... Concernant les libertés démocratiques, des lois « anti-terroristes » sont promulguées depuis décembre 2003. Des centaines de jeunes sont arrêtés (environ 2000) et lourdement condamnés, parfois sur des intentions présumées ou des « projets » de départ en Irak pour combattre les soldats américains... La direction de l’UGTT évite d’évoquer la situation des libertés individuelles et/ou collectives... Idem pour la normalisation des rapports avec les occupants sionistes de la Palestine, même si selon le site « Manufactories Association of Israel », la Tunisie a importé pour une valeur de 1,91 milliards de dollars de produits « israéliens » en 2005 et 500 millions de dollars au premier trimestre 2006. Les syndicalistes de base et des structures intermédiaires ont poussé la direction pour organiser des manifestations contre la venue d’une délégation sioniste lors d’une rencontre internationale sur « la société de l’information » (novembre 2005), contre l’occupation de l’Irak, l’agression contre le Liban ou Gaza etc. C’est aussi la base qui refuse de manifester avec le parti au pouvoir, afin d’éviter la récupération. Une contestation des accords de partenariat avec l’Union Européenne a commencé il y a plus de dix ans, chez les syndicalistes des secteurs affectés par « la mise à niveau » et l’application des normes imposées par l’UE. La direction syndicale commence à évoquer les effets négatifs de ces accords sur l’économie tunisienne, après que des entrepreneurs ont commencé à se plaindre...En 2006, officiellement, 350 000 emplois ont été supprimés, suite à l’application des normes exigées par l’UE dans les entreprises tunisiennes.. Les entreprises étrangères qui bénéficient d’énormes avantages ferment sans avertir, sans payer plusieurs mois de salaires et regagnent l’Europe, avec la complicité bienveillante des autorités. Les ouvriers(ères) se battent souvent seuls, ou dans le meilleur des cas avec le soutien d’autres ouvriers(ères) ou des syndicats de base. Plusieurs occupations pour des salaires non payés ou licenciement de représentants syndicaux n’ont pas eu le soutien de la centrale syndicale. Elle appelle les salariés au « patriotisme et à la compréhension des difficultés que rencontrent les entreprises et l’Etat ».

La relation entre les militants et la direction du syndicat reflète la nature des relations entre cette dernière et le pouvoir. Durant plus de dix ans, le secrétaire général Ismaïl SAHBANI (jusqu’en 2002) a transformé l’UGTT en une caisse de résonance du gouvernement et une structure applaudissant toutes les décisions du pouvoir. Rares étaient les grèves reconnues et soutenues par le syndicat. Le nombre d’adhérents a alors chuté...

Lors du congrès de JERBA en 2002, une motion a été votée demandant l’égalité de traitement entre hommes et femmes et l’élection de femmes dans les instances syndicales de direction. Une autre motion limite le nombre de mandats des membres du bureau exécutif à deux. Une liste concurrente (de gauche) s’est présentée, pour la première fois de l’histoire de l’UGTT, face à celle du secrétaire général (par intérim cette fois). En décembre 2006, il y avait deux listes, en plus de celle du secrétaire général. La liste arrivée en deuxième position est conduite par une femme, militante de gauche. Actuellement, des membres du bureau exécutif tentent d’annuler la limitation des mandats, initié par les militants de gauche réunis autour d’une plateforme syndicale, ayant servi de base à l’une des listes....

Les membres du bureau exécutif viennent souvent du secteur public. Ils étaient fonctionnaires, cadres ou agents de maîtrise, techniciens supérieurs... Ils ont des avantages matériels et financiers, non négligeables, qui risquent de les corrompre, les éloigner de la classe ouvrière et des préoccupations des salariés. Ils ont « droit » à d’énormes facilités pour acquérir des logements dans des quartiers résidentiels, huppés. Chaque membre dispose de deux voitures avec chauffeur, des avancements dans leur métier d’origine (ou ailleurs) les assimilant à des cadres de direction. Ils voyagent beaucoup à l’étranger et ont des frais gonflés et un « argent de poche »quotidien qui supérieur à un SMIC mensuel tunisien. Ils distribuent les détachements et les promotions à leurs proches, sur le plan familial, régional ou politique.. Ils ont « droit » à des emprunts (que personne ne rembourse)d’un montant supérieur à 300 fois le salaire minimum mensuel... Ils sont donc susceptibles de « comprendre » les arguments des employeurs qui se plaignent du manque à gagner et rechignent à accorder des augmentations de salaires et à améliorer les conditions du travail. Certains sont permanents depuis des dizaines d’années et n’ont ni l’envie, ni la disponibilité (physique et psychique)de reprendre le travail... Ils se sont éloignés du monde du travail et du salariat. Ils ont d’autres projets personnels... Ceux qui ne sont pas réélus sont « casés » dans des structures consultatives ou des commissions...

Les responsables des structures syndicales départementales ou sectorielles ont des avantages matériels moins importants mais non négligeables... Certains pensent à leur « carrières » syndicales pour monter « en grade » et ne pas reprendre le travail, surtout s’il est plus pénible et moins payé. Le syndicalisme devient dans ce cas un moyen d’ascension sociale...

Les rapports entre l’Etat et la centrale syndicale sont « en dents de scie ». C’est aussi le cas des rapports entre la direction et la base (ou les structures intermédiaires). La direction sait qu’elle n’a pas les mains libres et doit maintenir un équilibre, toujours précaire entre les pressions du camp gouvernement/patrons et les revendications de la base, même si matériellement, le mode de vie des dirigeants syndicaux est plus proche de celui des cadres supérieurs que du salarié moyen.

Tahar MOEZ – Juin 2009

Messages

  • Des bruits courent que le secrétaire général de l’UGTT, Abdessalem Jrad, un fidèle du dictateur déchu et une des dernières personnalités à l’avoir rencontré, quelques heures avant sa fuite, et à lui transmettre « Le soutien inconditionnel de tous les syndicalistes », serait mouillé dans des affaires de corruptions. En effet, Abdessalem Jrad pourrait être épinglé par la commission anti-corruption, et ses proches collaborateurs veulent éviter d’être éclaboussés par les scandales qui pourraient toucher l’UGTT.

  • C’est vrai que tout le monde s’émerveille à tort sur les prouesses de l’UGTT que l’on confond avec le courage des travailleurs et de quelques syndicalistes de base...

  • Tunis le 14 septembre 2007

    Entre « la démocratie à la Jrad »
    et « la dignité à la Zehi »

    C’est vraiment pathétique et répugnant !!

    Par : Kahina. R. R : Syndicaliste

    Au cours des deux dernières réunions du Bureau Exécutif de l’UGTT (la deuxième et la troisième depuis le retour des vacances), si les questions, laissées en suspens, n’ont pas été tranchées à cause, une fois de plus, de l’absence d’une bonne partie des membres du Bureau Exécutif, les contestataires ont, encore une fois, rappelé à Abdessalem Jrad qu’ils dénoncent les mesures unilatérales qu’il a pris sans les consulter. Rappelons que ces mesures, jugées hostiles et injustes envers les syndicalistes militants, allaient de la traduction devant les Comités d’Ordre Régionales et Nationales et du retrait des mises en disponibilité jusqu’à la destitution des responsabilités syndicales.

    Face à la persistance de cette protestation, Abdessalem Jrad a réitéré qu’il ne compte pas revenir sur les décisions qu’il a pris, et que la seule issue, pour le faire contre son gré, c’est de l’obliger à partir (cet énergumène ne partira jamais sauf si c’est le pouvoir qui le lâche comme il l’a fait avec Ismail Essahbani), c’est-à-dire lui « retirer la confiance !! » de la majorité des membres du Bureau Exécutif (Motion de censure). Bref, mis à part le chantage que le « camarade Jrad !! » exerce ainsi sur ses acolytes en brandissant la menace, à peine cachée, de les dépouiller de leurs privilèges, il ne fait, une fois de plus, que nous rappeler son « sens hétérodoxe de la démocratie !! ».

    Par ailleurs, une nouvelle vague d’assaut, plus brutale que celle de l’été, a été déclenchée contre les syndicalistes militants du Secteur de l’Enseignement (surtout les grévistes du 05 et 11 avril 2007) et a donné lieu à :

     des ruptures unilatérales des contrats des enseignants : 100 assistants technologues dans l’Enseignement Supérieur et 03 dans l’Enseignement Secondaire : les M.A.C.A. (Maitres Auxiliaires Catégorie ¨A¨),
     des retraits de responsabilités administratives et pédagogiques qui ont touché 40 Conseillers Pédagogiques Adjoints de l’Enseignement de Base,
     des mutations arbitraires qui ont touché 100 Professeurs de l’Enseignement Secondaire de la catégorie ¨M.A.C.A.¨,
     un refus systématique, de la part du Ministère de l’Education et de la Formation, d’honorer ses engagements envers les enseignants du Secondaire et de Base et de respecter les conventions qu’il a signé avec les Syndicats Généraux des deux secteurs, concernant les mutations des enseignants, les nomination en poste de direction des établissements, l’octroi des primes des « frets pédagogiques »…etc.
     des fins de non-recevoir des demandes d’audience présentées par les Syndicats Généraux de l’Enseignement Secondaire et de Base pour tenter de négocier, avec les responsables du Ministère de l’Education, une solution à ces problèmes et d’étouffer la crise avant qu’elle ne dégénère.
    Face à cette attitude belliqueuse de la part des deux Ministères de tutelle, la Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a réuni son Conseil Sectoriel (le 08 septembre 2007) et pris des mesures d’escalade (port de brassards rouges pour le 05 octobre 2007, compagnes d’affichage et grèves à partir de la dernière semaine d’octobre…). Quant aux Bureaux Exécutifs des Syndicats Généraux de l’Enseignement Secondaire et de Base, ils ont été acculé à des occupations des lieux, dans les locaux du Ministère de l’Education et de la Formation (le mercredi 12 septembre 2007), qui ont duré jusqu’à 23h.00 et ont appelé les Syndicats Régionaux à faire pareil dans les locaux des Administrations Régionales de l’Enseignement, ce qui s’est traduit par des répressions policières sanglantes dans certaines régions.

    Face à cette situation de blocage et de crise, le Bureau Exécutif de l’U.G.T.T. a pris la position du « Spectateur non concerné » et a même adopté une attitude de complicité tout au long de la journée du 12 septembre 2007 (qui a connu les mouvements d’occupation des lieux) et n’a, finalement, dédaigné intervenir, timidement, qu’après la fin des horaires administratives. En effet, le représentant du Bureau Exécutif (Moncef Ezzehi) n’est arrivé au siège du Ministère de l’Education qu’à 18h.30.

    Toutefois, les hauts responsables du Ministère ont laissé des directives sur la base desquelles les portiers ont refoulé Mr. le Secrétaire Général Adjoint de la Centrale Syndicale, Chargé du Département de la Fonction Publique. Ce vaillant représentant des travailleurs, blessé dans sa dignité et celle des travailleurs, s’est vu refusé le droit de représenter la Centrale Syndicale et de négocier au nom de cent milles (100.000) enseignants affiliés à l’UGTT. Pourtant, ce droit est inscrit dans la constitution du pays, dans le code du travail, et les différentes conventions internationales signées per le Gouvernement tunisien. En plus, ce refus vient au moment où une crise grave secoue le pays et risque de perturber la rentrée scolaire et universitaire. Finalement, le « camarade Zahi !! » a accepté l’affront, ravalé sa fierté, s’est retiré et est allé faire un compte rendu au Bureau Exécutif de l’UGTT.

    Devant l’affront infligé à l’UGTT, aux travailleurs en général et au corps des enseignants en particulier, et face à l’intransigeance du Ministère de l’Education et de la Formation qui l’a conduit à bafouer le droit du travail en vigueur, et à renier les engagements pris par le Gouvernement par la signature des conventions internationales et de plusieurs conventions avec l’UGTT et avec les Syndicats Généraux de l’Enseignement de Base et de l’Enseignement Secondaire, les syndicalistes s’attendaient, le lendemain, soit le 13 septembre 2007, à ce que le « camarade Moncef Ezzehi !! » (Secrétaire Général Adjoint Chargé du Département de la Fonction Publique) et le Bureau Exécutif de l’UGTT, prennent une position ferme contre ces dépassements intolérables (qui ferait, éventuellement, oublier le communiqué sur l’enseignement, moue et conciliant, publié par le Bureau Exécutif à l’issue de sa réunion du 11 septembre 2007) et annoncent l’intention de l’Organisation Syndicale de défendre énergiquement les droits et les acquis des travailleurs et ce en réactivant les mécanismes de solidarité syndicale. Ceci permettrait aux différents secteurs, mais surtout à ceux de l’enseignement, d’organiser des Conseils Administratifs en commun, de déclarer des rassemblements de protestation et des grèves communes pour exercer plus de pressions sur un Pouvoir qui ne croit plus aux négociations sociales et qui est tenté, de plus en plus, par le règlement de ses problèmes par la répression policière. Toutefois, ces mesures n’épargneraient pas à l’UGTT la nécessité de déclarer la Grève Générale si le Pouvoir persiste dans cette attitude et s’entête à répondre aux revendications des enseignants et des travailleurs par le mépris et la répression.

    Cependant, force est de constater, que le « camarade Moncef Ezzehi !! » en particulier, et le Bureau Exécutif de l’UGTT en général, ne ressentent plus cette fierté qui caractérise les travailleurs et n’ont gardé aucun sens de la dignité, ou tout au moins ont un sens de la fierté et de la dignité qu’on ignore !!, puisqu’ils se sont contentés d’envoyer une correspondance au Ministre qui reflète, encore une fois, une attitude conciliante et servile et un penchant à sacrifier les droits et les acquis des travailleurs pour sauvegarder la soit disant « paix sociale !! » (Dites, plutôt, leurs intérêts individuels, ceux des mercenaires !!).

    Au total, entre « la démocratie à la Jrad !! » et « le sens de la dignité chez le camarade Ezzahi !! », les travailleurs et les syndicalistes en perdent gros et commencent à en avoir « raz le bol » de cette attitude pathétique mais aussi répugnante.

    Kahina. R. R : Syndicaliste

  • Mardi 18 Janvier 2011, les employés de la société tunisienne d’assurance et de réassurances « STAR » ont fait grève demandant de virer le président-directeur général M. Abdelkarim Merdassi, très connu par les employés par sa corruption et de son utilisation de son poste pour ses intérêts personnels.

    M. Merdassi a donc quitté les lieux après avoir été contacté par le bureau syndical de l’union générale Tunisienne de travail « UGTT » qui lui demandait d’obéir à la demande des employés..

  • Les dirigeants de l UGTT étaient presque tous pro-BEN ALI et utilisaient le syndicat pour "canaliser" le mécontentement , ils n hésitaient pas à chasser de leurs rangs les militants progressistes qui eux subissaient la répression de la police , il n est donc pas surprenant que des membres de l UGTT participent au gouvernement provisoire aux cotés des membres du parti du dictateur ( LE RCD )

    L UGTT doit se démocratiser , organiser un congrès pour élire des responsables représentatifs des travailleurs tunisiens , ce n est qu’après que l UGTT pourra acquérir la légitimité pour participer au processus démocratique pour y défendre les revendications des travailleurs tunisiens .

    Le fait que la centrale syndicale demande à ses membres de partir du gouvernement doit donc être accueilli comme un signal positif mais pour l’instant limité .

  • L’UGTT n’a pas appelé à la manifestation du 14 janvier ; le jour avant elle avait accouru à l’appel du palais et le jour suivant accepté de faire partie d’un gouvernement de coalition. C’est la pression de la base qui l’a fait corriger le tir.

  • Des milliers de personnes ont de nouveau défilé mercredi dans le centre de Tunis et dans d’autres villes tunisiennes en exigeant la révocation des ministres en poste dans le régime du dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali et la dissolution de son parti toujours au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).

    Cinq jours après la fuite de Ben Ali, craignant pour sa vie, vers l’Arabie saoudite, le régime tunisien qu’il a laissé derrière lui reste paralysé et les efforts entrepris pour former un gouvernement « d’union nationale » ont été entravés par l’opposition de masse de la rue.

    « Nous voulons un nouveau parlement, une nouvelle constitution, une nouvelle république ! » scandaient les manifestants défilant sur l’avenue Bourguiba dans le centre de Tunis, défiant une interdiction de se rassembler en public et les forces de sécurité qui bordaient la voie en tirant des grenades lacrymogènes sur les manifestants.

    « Ce sera comme ça tous les jours jusqu’à ce que nous nous soyons débarrassés du parti dirigeant, » a dit un enseignant, Faydi Boni, à l’agence Reuters. « Nous nous sommes débarrassés du dictateur mais pas de la dictature. Nous voulons écarter ce gouvernement qui nous a enfermés pendant 30 ans. »

    Le premier ministre Mohammed Ghannouchi, un fidèle de Ben Ali, qui a tenté de prendre les rênes du gouvernement peu de temps après que le dictateur a fui la Tunisie, a été obligé de reporter la première réunion ministérielle prévue du soi-disant gouvernement d’union nationale.

    En raison de la résistance de masse continue, quatre ministres nouvellement nommés ont été obligés de quitter le gouvernement mardi après avoir tout d’abord accepté d’y participer.

    L’hostilité populaire contre le nouveau gouvernement a été immédiate et intense du fait qu’il n’a changé ni le premier ministre ni les ministres responsables de tous les autres postes clé, dont les ministres de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Intérieur et des Finances.

    Mustapha Ben Jaafar, le dirigeant et l’ancien candidat à la présidentielle du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), parti d’opposition bourgeois, a annoncé avant même de prendre ses fonctions qu’il n’occuperait pas le poste de ministre de la Santé.

    Trois autres figures de l’opposition qui avaient rejoint le gouvernement - Anouar Ben Gueddour, secrétaire d’Etat aux Transports et à l’Equipement ; Houssine Dimassi, ministre du Travail ; et Abdeljelil Bedoui, nommé à un poste nouvellement créé comme « ministre auprès du premier ministre » - ont annoncé qu’ils démissionnaient.

    Tous trois sont des représentants de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), la seule fédération syndicale reconnue sous le régime Ben Ali qui s’était servi de sa bureaucratie pour maintenir l’ordre et contribuer à réprimer la classe ouvrière tunisienne.

    Le secrétaire général de l’UGTT, Abdessalem Jerad, qui avait en 2009 mobilisé la centrale syndicale pour soutenir Ben Ali lors d’une élection truquée a dit mercredi que l’organisation ne participerait pas à un nouveau gouvernement avec des personnalités issues « de l’ancien régime. »

    « Il nous est impossible de participer à un gouvernement qui comprend des symboles de l’ancien régime, » a dit Jera après la réunion avec le premier ministre Ghannouchi.

    Le fait que le dirigeant de l’UGTT est lui-même un tel « symbole » n’échappera pas à de nombreux travailleurs tunisiens. Il est évident que le vieil appareil syndical est en train d’ajuster soigneusement ses actions dans le but d’étouffer le mouvement de masse et de stabiliser le régime. L’UGTT a conclu, sur la base de la mobilisation de masse de la rue, qu’une tentative d’ériger un gouvernement d’union nationale n’était pas viable.

    Dans un communiqué publié mercredi, l’UGTT a dit que ce gouvernement « ne se plie pas aux aspirations des travailleurs et du public pour ce qui est de maintenir les forces d’innovation réelle éloignées des pratiques passées, et pour ce qui est de l’équilibre entre le nombre des membres des anciens gouvernements et du parti dirigeant ; en plus de la marginalisation du rôle des représentants de l’UGTT. »

    Ni Jerad, ni la déclaration de l’UGTT n’a donné une quelconque explication quant à savoir pourquoi l’appareil syndical a tout d’abord essayé de rejoindre le gouvernement d’union nationale.

    Un porte-parole de l’UGTT a aussi précisé qu’alors que l’UGTT réclamait le retrait de toutes les reliques du cabinet du dictateur destitué elle ferait une exception en ce qui concerne le premier ministre Ghannouchi.

  • Forte de 400. 000 adhérents dont le quart environ appartiennent à l’éducation nationale, l’UGTT doit ses ressources et ses moyens qu’à la bonne volonté du pouvoir. C’est dire que jusqu’à une période récente sa direction a de manière zélée servi davantage ses intérêts que ceux des travailleurs.

    C’est ainsi que confrontée à d’importantes luttes impulsées au plan local à Gafsa ou Kasserine et à de puissants mouvements enseignants, cette direction (le Bureau exécutif) n’a pas hésité par exemple en 2006 à prendre des mesures disciplinaires à l’encontre de ceux qui animaient ces luttes et qu’ils appelaient des "fauteurs de trouble" et à faire comparaitre Mohamed H’laïem et Slim Ghriss, respectivement secrétaire général et membre du Bureau exécutif du syndicat général de l’enseignement de base devant la commission nationale de règlement du syndicat.

    C’est dire aussi jusqu’où pouvait être poussé le "dialogue social" et la stratégie d’accompagnement syndical de la dictature en place.

  • Pas si radicale que cela l’UGTT même simplement contre les ancien bénalistes...

    L’UGTT est également "d’accord" pour que le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, issu du régime Ben Ali, soit reconduit, a déclaré l’un de ses dirigeants, Abid Briki. La centrale syndicale est également prête au maintien de deux autres anciens ministres du dernier gouvernement Ben Ali qui occupent des ministères techniques, sur les sept qu’il compte au total sans compter Mohamed Ghannouchi, a-t-il indiqué. "On est d’accord sur le principe du maintien de trois noms, Ghannouchi, (Mohamed Nouri) Jouini (ministre de la Planification et de la Coopération régionale) et (Mohamed Afif) Chelbi (ministre de l’Industrie et de la Technologie), a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion des instances dirigeantes de la centrale.

    L’UGTT, on ne doit pas l’oublier, a été bénaliste et rien ne prouve que les liens avec la direction soient disparus même si la base est différente...

  • L’UGTT a "donné son aval" au gouvernement bénaliste de Ghannouchi !!!

    Les travailleurs, les jeunes, les milieux populaires qui se sont mobilisés ne peuvent en rester là. Ils ne peuvent se contenter de remplacer un chef de l’Etat par un autre, un ministre par un autre. la dictature qu’il faut déraciner est bien plus profondément ancrée au sein de tout le système social.

    Pour donner satisfaction aux aspirations sociales des milieux populaires, il faut s’attaquer aux privilégiés. Il faut que les travailleurs occupent les usines et y donnent la place dirigeante à leurs comités.

    Pour satisfaire les aspirations à la démocratie, il faut aller bien plus loin que la démocratie bourgeoise. Il faut en finir avec la domination des généraux sur leurs soldats, des chefs des forces de l’ordre sur les policiers. Il faut que les travailleurs et les jeunes appellent les policiers et les soldats qui choisissent de se mutiner à s’organiser eux aussi dans des comités qui n’obéissent plus à la hiérarchie de la dictature.

    Il n’y a pas de demi mesure. Ou la révolution va de l’avant ou elle va vers sa mort...
    Dehors les dictateurs !!

    Dehors toute la bande des profiteurs !!!

    Dehors les impérialismes français, américain e t autres !!!

    Union des soldats avec le peuple révolté !!!

    Désarmement de l’Etat-Major !!!!

    Occupation par les travailleurs des entreprises !!!

    Constitution du peuple travailleur en comités locaux fédérés nationalement et prenant la totalité du pouvoir !!!

  • Un membre exécutif de l’UGGT, Mouldi Jandoubli, a appelé les syndicats, les partis politiques et autres représentants de la société civile à agir de façon à convaincre les protestataires que « le Premier ministre n’est là que pour la transition et qu’après les élections, il y en
    aura un autre ».

    Le secrétaire général de l’UGTT a discuté avec le Premier ministre et a obtenu de lui la promesse d’une rencontre...

    la France a affirmé ses « vœux pour le succès du nouveau gouvernement tunisien » et espère que ce dernier « prépare dans les meilleurs délais les conditions des élections ».

    Le piège est là....

  • Depuis le déclenchement de la révolution, la bureaucratie syndicale n’a pas cessé de se présenter comme sauveur du régime pourri. Face à un engagement total et influent des syndicalistes de base, des régions et des secteurs traditionnellement militants, la direction centrale de l’UGTT a adopté une position lâche, qui consiste à sauver le régime de Ben Ali, tout en le maquillant pour qu’il soit plus digéré.

    La pression de la base syndicale, impliquée fortement dans la révolution, la fuite de Ben Ali et le refus massif des manifestants au 1er gouvernement de Ghannouchi , ont obligé cette direction a réviser sa participation à ce gouvernement, et à se rallier momentanément aux slogans du peuple révolté : Dissoudre le RCD, dissoudre les forces de police politique, gouvernement provisoire sans les agents du régime pourri, Assemblée Constituante...

    Dans tout ça, elle n’a pas arrêté ses essaies de trouver une sortie réformiste au régime en place, en coordination étroite avec tous les pourris de la bureaucratie du RCD, de la police, de l’armée et des arriviste parmi les opposants. Les Etats Unis d’Amérique étaient, en arrière plan, le moteur de ces négociations.

    Cette fois la bureaucratie syndicale à repris, à travers le comité Administratif du 27/01/2011, sa confiance et a pu imposé son soutien au 2ème gouvernement Ghannouchi , maquillé de quelques affairistes pro américains.

    Les milliers des militants en Sit-in devant le palais du gouvernement, les manifestants à Tunis et aux autres villes du pays refusent encore et encore les tours joués par le régime pourri et ses alliés. De nouveau les milices du RCD, les forces spéciales de la police et les vendus du RTT (la Radiodiffusion-télévision tunisienne) donnent raison aux révolutionnaires. Même régime, même politique, mêmes pratiques.

    La dispersion musclée du Sit-in ne semble pas assommer la révolution. Les jeunes continuent, depuis l’évacuation, à affronter les policiers dans les rues de Tunis.

    Aujourd’hui, depuis 10h, les manifestants sont déjà dans les rues de Sidi Bouzid, kasserine et Sfax. Devant la place Mohamed Ali à Tunis, se tient un rassemblement qui va certainement aboutir à une grande manifestation.

    La révolution commence dès aujourd’hui à combiner la lutte contre le régime pourri avec la lutte contre la bureaucratie syndicale non moins pourrie.

    La révolution en marche en Egypte ne peut que consolider la résistance et la détermination des révolutionnaires tunisiens.

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