La Belgique entre séparatisme et luttes de classe
Situation économique et sociale en Belgique
Le nationalisme : une arme contre les travailleurs
mercredi 26 janvier 2011, par
Régions administratives
et régions linguistiques
""Oui, il faut se préparer à la fin de la Belgique" titre Le Monde du 6 septembre 2010, citant le parti "socialiste" wallon.
"Espérons d’abord que ça n’arrive pas parce qu’en cas de scission, ce sont les populations les plus fragiles qui en paieront le prix le plus lourd", déclare la ministre de la santé et des affaires sociales du gouvernement actuel, Laurette Onkelinx, dans un entretien publié par le quotidien La Dernière Heure. "D’un autre côté, on ne peut plus ignorer que parmi une grande partie de la population flamande, c’est un vœu", poursuit Mme Onkelinx, également vice-première ministre, "donc, oui, il faut se préparer à la fin de la Belgique. Sans quoi on risque d’être les dindons de la farce."
Un autre responsable francophone, le ministre-président de Wallonie, Rudy Demotte, a appelé sa communauté à envisager désormais "toutes les hypothèses", dont celle de se prendre en mains toute seule sans la Flandre. "Il est certain que nous devons nous prendre en mains nous-mêmes", a-t-il dit à la radio RTBF. Il faut aujourd’hui, estime-t-il, réfléchir à toutes les hypothèses "qui nous imposent de pouvoir nous assumer".
Ces prises de position s’ajoutent à celle d’un autre responsable important du Parti socialiste francophone, Philippe Moureaux. Ce dernier a été le premier à briser le tabou en évoquant dans une interview, vendredi, la scission du pays. "On est jusqu’à présent dans un processus de délitement de l’Etat. On va peut-être entrer dans l’organisation progressive de la séparation", a-t-il dit.
Et il est inutile de citer les responsables politiques flamands qui ne tarissent pas de discours séparatistes du type de "la Wallonie et Bruxelles, ce sont les écuries d’Augias d’une région minée par la corruption, le clientélisme politique et la gabegie financière et administrative".
"Un pays qui n’existe presque plus a-t-il encore besoin de trouver un gouvernement ? La crise politique belge soulève une question inquiétante pour l’avenir de l’UE", écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dirk Schümer.
Depuis des mois, le gouvernement belge est incapable de trouver une issue à la rupture entre Wallons et Flamands...
Faut-il les croire ou est-ce encore leur manière de négocier un arrangement ? Faut-il craindre la disaprtion de la Belgique ?
Faut-il croire à la capacité de l’Etat belge qui en a vu d’autres ? Faut-il penser qu’on assiste à sa fin ? Faut-il s’en réjouir ? Faut-il se battre contre cette fin ? Faut-il s’en moquer ?
Faut-il en accuser les Flamands ou les Wallons ? Ou bien est-ce un signe de la manière dont les classes dirigeantes se préparent à l’avenir ? A quel avenir ?
Quand on choisit d’opposer ainsi les régions entre elles, les travailleurs entre eux, de quoi est-ce le signe ?
La bourgeoisie néerlandophone qui cultive le séparatisme prétend défendre l’identité culturelle !!!
Est-ce que la bourgeoisie néerlandophone serait une adepte de la défense de la culture contrairement à ses sœurs du reste du monde qui ne seraient que des adeptes du profit ?
Curieux discours "culturel" qui dirait : "La Wallonie n’a pas su reconvertir son économie après l’effondrement de son industrie minière. Après la Seconde Guerre mondiale, les Flamands au contraire ont mis le cap sur les nouvelles technologies et le secteur des services. Aujourd’hui, le chômage est deux fois moins élevé chez les néerlandophones que chez les francophones et les Flamands ne veulent plus partager leurs richesses avec ces Wallons misérables. "
N’est-ce pas plutôt un détournement d’une colère sociale ?
Un Flamand écrit :"La Flandre ne souhaite plus « traîner ce boulet économique ». Les Wallons vivent aux crochets de l’Etat, empêche l’économie flamande de prendre son essor et ne peuvent comprendre nos valeurs culturelles ? Nous appartenons déjà à deux pays différents."
Un Wallon écrit : "Dans les entreprises, conseils d’administration et cadres de direction deviennent exclusivement flamands. Ils pratiquent la discrimination envers les employés francophones et le racisme économique envers les entreprises wallonnes. L’armée ferme les casernes en Wallonie. La SNCB a ruiné le rail wallon au profit de la Flandre. L’aéroport de Gosselies est menacé par la jalousie flamande. La police, la sécurité d’état, les ambassades, l’agriculture (boerenbond), les relations extérieurs, la justice, le football, la FM wallonne envahie par des radios flamandes, même l’eau wallonne, tout est dominé par la Flandre. Nous sommes devenus des parias, des colonisés, comme les Congolais jadis, dans notre propre région. Il est urgent de nous libérer de cette vlaamse kolonisatie en union avec la grande famille francophone (Bxl + Wallonie + France), afin d’être plus fort pour assurer notre sécurité sociale, économique et enfin pour nous donner la grandeur qui nous manque tant. La Flandre très militante use, depuis plus de 30 ans, de sa supériorité numérique et politique pour s’approprier les richesses nationales. Elle appauvri volontairement les francophones à son profit et lui reproche ensuite des transferts financiers vers une région qu’elle tente par tous les moyens d’appauvrir. La richesse de la Flandre est artificielle et uniquement liée à l’installation des multinationales en périphérie bruxelloise, territoire devenu flamand et non belge."
Tiens ! Il n’est plus question de la langue !
Y a-t-il des privilèges de Wallons ou une propagande habile des séparatistes Flamands ? On peut lire dans la presse : « ... la partie francophone se fait largement entretenir par la population néerlandophone... » comme si les travailleurs wallons (parlant Français) exploitaient les travailleurs flamand (néerlandophones). Quel meilleur moyen de faire croire à ces derniers qu’avec les patrons flamands ils sont plus proches et y gagnent plus qu’en s’unissant aux travailleurs wallons !
N’est-ce pas plus grave, avec la crise mondiale, que l’avenir d’un Etat qui n’a jamais été celui des travailleurs, même si le peuple et les travailleurs ont cru le contraire.
Est-ce que les classes dirigeantes ne se cachent pas derrière de soi-disant volontés des peuples pour mener leurs propres opérations et quelles sont-elles ?
Voilà quelques questions ?
La manifestation du 23 janvier dernier est loin d’y répondre.
Elle manifeste un certain attachement à la Belgique, à l’Etat au nationalisme plutôt qu’au séparatisme mais, surtout, n’exprime aucun combat contre une force bourgeoise séparatiste ou nationaliste. Derrière cette apparente neutralité, il y a en fait un soutien de fond à toutes les idées et objectifs de la bourgeoisie et aucune lutte contre les buts séparatistes de la bourgeoisie. C’est loin d’être un pas en avant...
Et cette manifestation qui se voulait à l’origine « apolitique », par peur de la voir récupérée par certains partis, est devenue très politique, puisque largement « pro-belge ». Les drapeaux « noir jaune rouge » étaient nombreux et beaucoup de manifestants arboraient un autocollant bilingue proclamant : « Scinder ? Pas en notre nom. »
Le sac de noeuds ne fait que se nouer davantage...
Comment s’en dépêtrer ?
Quand on a affaire à une vielle querelle, embrouillée à plaisir et qui prend un tour radical brutalement, c ’est qu’il y a quelque chose de neuf et pas simplement une reprise des anciennes querelles.
Ensuite, dès que des événements cruciaux ont lieu dans un pays, même si cela semble n’avoir rien à voir, cela a un rapport avec la lutte des classes. Les classes dirigeantes sont toujours déterminées d’abord par celles-ci même si elles sont dans une lutte entre fractions.
SUITE ....A VENIR.....