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Tsunami et catastrophe nucléaire : l’Etat japonais plus que jamais au service exclusif des trusts

lundi 28 mars 2011, par Robert Paris

La population frappée par le tsunami et la catastrophe nucléaire sont quasi abandonnés à eux-mêmes dans le froid, sans couverture, sans nourriture, sans soins, sans logements et doivent se débrouiller seuls. Ceux de la zone contaminée sont encore plus abandonnés et le gouvernement refuse de les évacuer....Dans la zone proche de la centrale, la peur s’ajoute au dénuement. « L’inquiétude et la colère du peuple de Fukushima sont à leur comble », a témoigné Yuhei Sato, le gouverneur de la préfecture. « Il y a 500 refuges où sont installées 100 000 personnes. Elles ont absolument besoin de combustible pour se chauffer mais les vivres, les produits de première nécessité et le carburant n’arrivent pas », s’est-il plaint.w

"Sommes-nous abandonnés ?" Un appel dans le désert a été lancé par le maire de Minami Soma, une commune située à proximité de la zone de confinement de 30 km autour de la centrale de Fukushima, dans laquelle les habitants sont appelés à rester calfeutrés chez eux. "Plus aucun secours n’arrive, ni médicaments, ni essence, ni kérosène. Nous sommes isolés", a-t-il témoigné.

Plus de 20 000 personnes restent isolées, sans secours, sans nourriture ni eau. C’est le cas de hameaux dont les routes d’accès ont été coupées, mais aussi de la poussière d’îles le long de la côte. Une partie de leurs habitants ont été secourus par hélicoptère quatre jours après le tsunami : ils n’avaient plus rien pour s’alimenter. Un demi-million de personnes bivouaquent dans 2 400 centres d’accueil ouverts par les autorités locales. Eux aussi souffrent du froid en raison du manque de combustible.

Emmitouflés jusqu’à la tête, se serrant autour de poêles, ils répondent aux questions des journalistes des télévisions. Certains tremblent encore ; d’autres ont peine à retenir leurs sanglots. Une mère âgée désespère de pouvoir retrouver son fils… D’autres, abattus, semblent prostrés. Ils attendent sans savoir vraiment quoi car les seules informations qu’ils ont sont celles diffusées par les télévisions, accentuant l’anxiété. Ils ont tout perdu et ils risquent, pour ceux qui sont proches de la centrale nucléaire de Fukushima, d’être irradiés. Sans pouvoir fuir. Pour le maire du bourg de Tomizuka, non loin de la centrale, "l’Etat doit préciser l’étendue de la zone dangereuse, et nous dire où aller".

Les camions de transport refusent désormais de s’approcher de cette zone où les particules radioactives ont pu être dispersées. Le manque d’essence paralyse les secours : les approvisionnements arrivent dans les centres urbains mais ne peuvent pas être acheminés dans les campagnes.

A Minami Sanriku (département de Miyagi), petite ville de 17 000 habitants dont 10 000 sont portés disparus, le maire, Jin Sato, n’a reçu aucune directive du pouvoir central, sinon de demander à la population de rester chez elle. "J’écoute la radio pour savoir ce qui se passe. L’Etat a construit ces centrales, c’est à lui de nous aider", dit-il. Située dans une zone qui pourrait être irradiée, la petite ville ne reçoit pratiquement pas de secours en essence, médicaments ou nourriture.

Un milieu riche et puissant dont le coeur bat au ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI), qui a la haute main sur la politique nucléaire, et dont les ramifications comprennent la Fédération des compagnies d’électricité (FEPC), l’Agence de sûreté industrielle et nucléaire (NISA), les groupes industriels qui construisent les centrales - Toshiba et Hitachi en tête - et les opérateurs.

Ce lobby, qui voit d’anciens hauts fonctionnaires des ministères et agences liés au nucléaire "pantoufler" dans des compagnies d’électricité, est passé maître dans l’art de verrouiller l’information. Il finance d’importantes campagnes publicitaires dans la presse et à la télévision pour assurer que le nucléaire est parfaitement sûr.

Sous-informés par les autorités, de plus en plus conscients du risque d’une catastrophe dont ils sont, pour la plupart, dans l’incapacité d’évaluer la gravité, les Japonais sont désormais d’autant plus inquiets que fait aujourd’hui surface, à la lecture de la presse et grâce aux témoignages d’experts nucléaires diffusés sur des chaînes privées de télévision ou sur des blogs, l’arrière-plan nauséabond de ce drame : la puissance de ce que, par pudeur, on nomme le "lobby nucléaire" et qui est une mafia du crime capitaliste.

Alors que la compagnie TEPCO est toujours plus irresponsable dans sa gestion des centrales, n’informe nullement sur les risques, ne prend pas de mesure sérieuse, l’Etat japonais n’exerce toujours aucun contrôle autonome sur la radioactivité ou sur les mesures à prendre dans les centrales, n’intervient pas directement pour lutter contre la catastrophe annoncée, ne prend aucune mesure sérieuse contre le risque nucléaire, n’apporte qu’une aide très faible aux sinistrés mais il est tout à fait mobilisé pour aider les capitalistes....

Ensuite, la crise nucléaire japonaise n’a rien d’un incident nucléaire de type courant, pas même comme Tchernobyl.

En effet, c’est la capitale du troisième pays capitaliste au monde qui est directement menacée de radiations ou de fuite massive de sa population.

Et c’est bel et bien les choix des capitalistes et gouvernants japonais qui sont en cause. Ce sont ces choix qui ont mené à construire des centrales en bord de mer au pays des tsunamis. Ce sont eux qui mènent aujourd’hui à minimiser les risques pour obliger les populations à continuer à travailler dans des zones contaminées.

Ce sont les trusts automobiles qui poussent à la reprise du travail des les entreprises sous-traitantes de l’automobile et travaillant dans la région de la centrale de Fushima.

C’est le trust de l’énergie TEPCO déjà responsable des dysfonctionnements qui ont causé la catastrophe qui impose à ses salariés de travailler dans une zone contaminée sans matériel suffisant de protection...

Les trois principales banques et d’autres sont en discussion pour fournir pour 2.000 milliards de yens de prêts d’urgence à Tepco, a-t-on appris la semaine dernière.

Parallèlement, les émissions de billets de trésorerie ont bondi de plus de 50% lors de la première semaine après la catastrophe, les nouvelles offres totalisant quelque 1.100 milliards de yens. Les taux pour le papier à un ou deux mois montaient à plus de 0,2%, contre 0,11% avant le 11 mars, rapporte le quotidien Nikkei de dimanche.

Après le désastre, la Banque du Japon a injecté des montants records dans le système bancaire pour maintenir un bon niveau de crédit à destination des entreprises touchées. Elle a aussi accru ses achats de billets de trésorerie.

L’action de la société Tokyo Electric Power (Tepco) qui exploite les centrales nucléaires en difficulté a perdu 23,5 %. Par contre les cours des sociétés du btp se sont envolés, en perspective des besoins de reconstruction liés au séisme et au tsunami. Le constructeur japonais Shimizu a par exemple gagné 11,01 % sur la dernière séance. Les agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s ont affirmé aujourd’hui qu’elles n’allaient pas dégrader les notes japonaise, pour l’instant du moins. Officieusement on sait que la fiabilité de la signature japonaise est durablement dépréciée. On estime que les dégâts liés au séisme pourraient coûter jusqu’à 150 milliards de dollars. Comment le Japon qui avait déjà un niveau d’endettement élevé, une croissance économique faible va payer le coût de la construction au prix d’une longue austérité économique ? De plus les coupures d’électricité, la paralysie des moyens de transport, les arrêts de production industrielle pourraient bien coûter des points de croissance à l’économie japonaise. Le Japon pourrait même replonger en récession économique. Est-ce qu’alors les agences de notation seront encore aussi clémentes ? Certains économistes font référence au séisme de Kobé de 1995. A la suite de cet évènement l’économie japonaise avait été revitalisée grâce à la reconstruction, dit-on. La croissance économique avait été de 2,6 % en 1996. Mais à cette époque l’Etat japonais avait encore les moyens d’agir. Déjà la Banque du Japon a injecté 131 milliards d’euros en 2011. Cette somme n’est consacrée qu’à la stabilisation des marchés boursiers pour éviter le krach à la bourse de Tokyo. Ne va t-il pas falloir procéder à une nouvelle injection de fonds, lorsque que l’on constate que la bourse de Tokyo s’effondre malgré cette intervention ? La banque centrale japonaise ne peut même pas procéder à une détente monétaire puisqu’elle pratique déjà une politique du taux zéro. L’économie japonaise ne peut plus compter sur ses institutions.

Pour tenter de l’endiguer, la Banque du Japon a abaissé au début du mois d’octobre son taux directeur dans une fourchette de 0,0% à 0,1%, renouant en pratique avec la politique du taux zéro, et amplifié son dispositif d’assouplissement monétaire.

Selon des traders et des informations de presse, la Banque du Japon a acheté plus de 25 milliards de dollars. Emboîtant le pas à la Banque du Japon, la Banque de France, la Bundesbank allemande, la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne sont également intervenues.

La Banque du Japon agit parallèlement en injectant des liquidités dans l’économie frappée par la double catastrophe du 11 mars.

Le Japon a lancé mardi une mise en garde aux marchés contre toute tentative de faire remonter le yen, quatre jours après une intervention coordonnée du G7 pour stabiliser le cours de la devise nippone.

La devise a flambé la semaine dernière en raison de spéculations sur un rapatriement par les entreprises japonaises d’une partie de leurs actifs à l’étranger afin de faire face aux besoins de la reconstruction du pays, dévasté par un séisme et un tsunami et confronté à une grave crise nucléaire.

Aujourd’hui le principal crime du gouvernement et des classes dirigeantes au Japon est de refuser de dire à la population qu’il faut quitter la zone contaminée, y compris probablement Tokyo...

Rappelons que, lors du bombardement nucléaire de Hiroshima et Nagazaki, le nombre de victimes avait été multiplié par le fait que la population de ces villes ignorait le risque pour les survivants du bombardement de rester près de zones radioactives.

Aujourd’hui, nouveau massacre nucléaire du monde capitaliste contre le Japon et la population ignore une fois de plus le danger de rester sur place... Nouveau crime qui se rajoute à celui d’avoir construit des centrales sur zone de séismes et de tsunamis !!!

Un troisième crime consiste à laisser mourir les survivants de faim et de froid...

Rappelons que, si le Japon est connu comme l’un des pays les plus riches du monde, il détient un record parmi les "pays riches", celui de la proportion de la population vivant au dessous du seuil de pauvreté (avant le séisme) avec 14% contre 7% en France !!!.....

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