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La révolution allemande de 1918-19

lundi 11 février 2008, par Robert Paris

Berlin, 9 novembre 1918

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Sur la révolution en Europe, lire sur le site :

Les puissances impérialistes pendant la vague révolutionnaire
en Europe


Révolutions prolétariennes

La révolution russe de 1905
Le dernier poilu ou la dernière boucherie guerrière ?
La classe ouvrière dans la révolution irlandaise
La révolution russe de 1917 et la vague révolutionnaire en
Europe

La révolution russe vue par Rosa Luxemburg
La révolution allemande de 1918-19

La révolution hongroise de 1919
La révolution italienne de 1919
La lutte des classes dans la révolution chinoise
La révolution chinoise de 1925-1927
La révolution prolétarienne en Espagne en 1931
La révolution espagnole de 1936
La politique des anarchistes dans la révolution espagnole
Textes de la révolution d’octobre 1917
La révolution russe vue par le général contre-révolutionnaire Dénikine
La révolution russe de 1905, vue par Léon Trotsky
La révolution russe de 1917, vue par Léon Trotsky
Défense de la révolution d’octobre par Léon Trotsky
Léon Trotsky
De la révolution bourgeoise à la révolution prolétarienne

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On trouve une chronologie de la révolution allemande à la fin du texte.

« Ainsi, le parti de Lénine fut-il le seul en Russie à comprendre les intérêts véritables de la révolution dans cette première période, il en fut l’élément moteur en tant que seul parti qui pratiquât une politique réellement socialiste.

On comprend aussi pourquoi les bolcheviks, minorité bannie, calomniée et traquée de toutes parts au début de la révolution, parvinrent en très peu de temps à la tête du mouvement et purent rassembler sous leur drapeau toutes les masses réellement populaires : le prolétariat des villes, l’armée, la paysannerie, ainsi que les éléments révolutionnaires de la démocratie, l’aile gauche des socialistes révolutionnaires.

A l’issue de quelques mois, la situation réelle de la révolution se résumait dans l’alternative suivante : Victoire de la contre-révolution ou dictature du prolétariat, Kalédine ou Lénine. Toute révolution en arrive objectivement là une fois dissipée la première ivresse ; en Russie, c’était le résultat de deux questions brûlantes et concrètes, celle de la paix et celle de la terre qui ne pouvaient être résolues dans le cadre de la révolution bourgeoise.

En cela, la révolution russe n’a fait que confirmer l’enseignement fondamental de toute grande révolution, dont la loi vitale se formule ainsi : il lui faut avancer très rapidement et résolument, renverser d’une main de fer tous les obstacles, placer ses objectifs toujours plus loin, si elle ne veut pas être très bientôt ramenée à son fragile point de départ ni être écrasée par la contre-révolution. Une révolution ne peut pas stagner, piétiner sur place, se contenter du premier objectif atteint. En transposant les vérités terre à terre des guerres parlementaires à la petite semaine sur la tactique révolutionnaire, on fait tout juste preuve d’un manque de psychologie de la révolution, d’une méconnaissance profonde de ses lois vitales, toute expérience historique est alors un livre sept fois scellé.

Dans le déroulement de la révolution anglaise à partir du moment où elle a éclaté en 1642, comment, par la logique des choses, les tergiversations débiles des presbytériens, la guerre hésitante contre l’armée royaliste, au cours de laquelle les chefs presbytériens évitèrent délibérément une bataille décisive et une victoire contre Charles 1er, furent ce qui contraignit inéluctablement les Indépendants à les chasser du Parlement et à prendre le pouvoir. Et par la suite, il en fut de même au sein de l’armée des Indépendants : la masse subalterne et petite-bourgeoise des soldats, les « niveleurs » de Lilburn constituait les troupes de choc de tout le mouvement indépendant, et enfin les éléments prolétariens de la masse des soldats, ceux qui allaient le plus loin dans leurs perspectives de bouleversement social et s’exprimaient dans le mouvement des « diggers » représentaient pour leur part le levain du parti démocratique des « niveleurs ».

Si les éléments révolutionnaires prolétariens n’avaient pas agi sur l’esprit de la masse des soldats, si la masse démocratique des soldats n’avait exercé aucune pression sur la couche bourgeoise dirigeante du parti des Indépendants, le Long Parlement n’aurait pas été « nettoyé » des presbytériens, la guerre contre l’armée des Cavaliers et contre les Écossais n’aurait pas connu une issue victorieuse, Charles 1" n’aurait été ni jugé ni exécuté, la Chambre des Lords n’aurait pas été supprimée et la république n’aurait pas été proclamée.

Et la grande révolution française ? Après quatre ans de combat, la prise de pouvoir par les Jacobins s’avéra être le seul moyen susceptible de sauver les conquêtes de la révolution, de faire prendre corps à la république, de réduire le féodalisme en poussière, d’organiser la défense révolutionnaire à l’intérieur comme à l’extérieur, d’étouffer la conspiration de la contre-révolution, de propager la vague révolutionnaire française dans toute l’Europe.

Aucune révolution ne peut garder le « juste milieu », sa loi naturelle exige des décisions rapides : ou bien la locomotive grimpe la côte historique à toute vapeur jusqu’au bout, ou bien, entraînée par son propre poids, elle redescend la pente jusqu’au creux d’où elle était partie et elle précipite avec elle dans l’abîme, sans espoir de salut tous ceux qui, de leurs faibles forces, voulaient la retenir à mi-chemin. (...) Les bolcheviks ont aussitôt défini comme objectif à cette prise du pouvoir le programme révolutionnaire le plus avancé dans son intégralité ; il ne s’agissait pas d’assurer la démocratie bourgeoise mais d’instaurer la dictature du prolétariat pour réaliser le socialisme. Ils ont ainsi acquis devant l’histoire le mérite impérissable d’avoir proclame pour la première fois les objectifs ultimes du socialisme comme programme immédiat de politique pratique.

Tout le courage, l’énergie, la perspicacité révolutionnaire, la logique dont un parti révolutionnaire peut faire preuve en un moment historique a été le fait de Lénine, de Trotski et de leurs amis. Tout l’honneur et toute la faculté d’action révolutionnaires qui ont fait défaut à la social-démocratie occidentale, se sont retrouvés chez les bolcheviks. L’insurrection d’octobre n’aura pas seulement servi à sauver effectivement la révolution russe, mais aussi l’honneur du socialisme international. (...) A cet égard, Lénine, Trotski et leurs amis ont les premiers, par leur exemple, ouvert la voie au prolétariat mondial, ils sont jusqu’à présent encore les seuls qui puissent s’écrier comme Hutten :« J’ai osé » !

Voilà ce que la politique des bolcheviks comporte d’essentiel et de durable. En ce sens, ils conservent le mérite impérissable d’avoir ouvert la voie au prolétariat international en prenant le pouvoir politique et en posant le problème pratique de la réalisation du socialisme, d’avoir fait progresser considérablement le conflit entre capital et travail dans le monde entier. En Russie, le problème ne pouvait être que posé. Il ne pouvait être résolu en Russie. Et en ce sens, l’avenir appartient partout au ’’Bolchevisme’’. » Rosa Luxemburg « La révolution russe » Janvier 1918

« L’ordre règne à Berlin « ( ..) Cette « Semaine Spartakiste » de Berlin, que nous a-t-elle apporté, que nous enseigne-t-elle ? Au cœur de la mêlée, au milieu des clameurs de triomphe de la contre-révolution, les prolétaires révolutionnaires doivent déjà faire le bilan des événements, les mesurer, eux et leurs résultats, au grand étalon de l’histoire. La révolution n’a pas de temps à perdre, elle poursuit sa marche en avant, - par-dessus les tombes encore ouvertes, par-delà les « victoires » et les « défaites » - vers ses objectifs grandioses. Et le premier devoir de ceux qui luttent pour le socialisme internationaliste, c’est d’étudier avec lucidité sa marche et ses lignes de force. Pouvait-on s’attendre, dans le présent affrontement, à une victoire décisive du prolétariat révolutionnaire, pouvait-on escompter la chute des Ebert-Scheidemann et l’instauration de la dictature socialiste ? Certainement pas, si l’on fait entrer en ligne de compte tous les éléments qui décident de la réponse. Il suffit de mettre le doigt sur ce qui est à l’heure actuelle la plaie de la révolution : le manque de maturité politique de la masse des soldats qui continuent de se laisser abuser par leurs officiers et utiliser à des fins contre-révolutionnaires est à lui seul la preuve que, dans ce choc-ci, une victoire durable de la révolution n’était pas possible. D’autre part, ce manque de maturité n’est lui-même que le symptôme du manque général de maturité de la révolution allemande. (...) Mais ce qui fait défaut, c’est la coordination de la marche en avant, l’action commune qui donnerait aux coups de boutoir et aux ripostes de la classe ouvrière berlinoise une tout autre efficacité. Ensuite - et c’est de cette cause plus profonde que proviennent ces imperfections politiques - les luttes économiques, ce volcan qui alimente sans cesse la lutte de classe révolutionnaire, ces luttes économiques n’en sont encore qu’à leur stade initial. (...) De cette contradiction entre la tâche qui s’impose et l’absence, à l’étape actuelle de la révolution, des conditions préalables permettant de la résoudre, il résulte que les luttes se terminent par une défaite formelle. Mais la révolution est la seule forme de « guerre » - c’est encore une des lois de son développement - où la victoire finale ne saurait être obtenue que par une série de « défaites ». Que nous enseigne toute l’histoire des révolutions modernes et du socialisme ? La première flambée de la lutte de classe en Europe s’est achevée par une défaite. Le soulèvement des canuts de Lyon, en 1831, s’est soldé par un lourd échec. Défaite aussi pour le mouvement chartiste en Angleterre. Défaite écrasante pour la levée du prolétariat parisien au cours des journées de juin 1848. La Commune de Paris enfin a connu une terrible défaite. La route du socialisme - à considérer les luttes révolutionnaires - est pavée de défaites. Et pourtant cette histoire mène irrésistiblement, pas à pas, à la victoire finale ! Où en serions-nous aujourd’hui sans toutes ces « défaites », où nous avons puisé notre expérience, nos connaissances, la force et l’idéalisme qui nous animent ? Aujourd’hui que nous sommes tout juste parvenus à la veille du combat final de la lutte prolétarienne, nous sommes campés sur ces défaites et nous ne pouvons renoncer à une seule d’entre elles, car de chacune nous tirons une portion de notre force, une partie de notre lucidité. Les combats révolutionnaires sont à l’opposé des luttes parlementaires. En Allemagne, pendant quatre décennies, nous n’avons connu sur le plan parlementaire que des « victoires » ; nous volions littéralement de victoire en victoire. Et quel a été le résultat lors de la grande épreuve historique du 4 août 1914 : une défaite morale et politique écrasante, un effondrement inouï, une banqueroute sans exemple. Les révolutions par contre ne nous ont jusqu’ici apporté que défaites, mais ces échecs inévitables sont précisément la caution réitérée de la victoire finale. A une condition il est vrai ! Car il faut étudier dans quelles conditions la défaite s’est chaque fois produite. Résulte-t-elle du fait que l’énergie des masses est venue se briser contre la barrière des conditions historiques qui n’avaient pas atteint une maturité suffisante, ou bien est-elle imputable aux demi-mesures, à l’irrésolution, à la faiblesse interne qui ont paralysé l’action révolutionnaire ? (...) La direction a été défaillante. Mais on peut et on doit instaurer une direction nouvelle, une direction qui émane des masses et que les masses choisissent. Les masses constituent l’élément décisif, le roc sur lequel on bâtira la victoire finale de la révolution. Les masses ont été à la hauteur de leur tâche. Elles ont fait de cette « défaite » un maillon dans la série des défaites historiques, qui constituent la fierté et la force du socialisme international. Et voilà pourquoi la victoire fleurira sur le sol de cette défaite. « L’ordre règne à Berlin ! » sbires stupides ! Votre « ordre » est bâti sur le sable. Dès demain la révolution « se dressera de nouveau avec fracas » proclamant à son de trompe pour votre plus grand effroi. » Rosa Luxemburg dans « J’étais, je suis, je serai ! »

En 1919, peu après la défaite de la révolution à Berlin et peu avant l’assassinat de Rosa Luxemburg par les corps francs, fascistes armés et organisés par les dirigeants socialistes comme Ebert alliés à l’Etat Major de l’armée.

1919 Première publication le 18 janvier 1919, première parution française à Paris en mars 1920, dans la Revue Communiste, éditions de L’Internationale Communiste. Texte transcrit à partir d’un exemplaire du Bulletin Communiste.

Œuvres - janvier 1919 Léon Trotsky
Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg

L’inflexible Karl Liebknecht
Nous venons d’éprouver la plus lourde perte. Un double deuil nous atteint. Deux chefs ont été brutalement enlevés, deux chefs dont les noms resteront à jamais inscrits au livre d’or de la révolution prolétarienne : Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Le nom de Karl Liebknecht a été universellement connu dès les premiers jours de la grande guerre européenne. Dans les premières semaines de cette guerre, au moment où le militarisme allemand fêtait ses premières victoires, ses premières orgies sanglantes, où les armées allemandes développaient leur offensive en Belgique, détruisaient les forteresses belges, où les canons de 420 millimètres promettaient, semble-t-il, de mettre tout l’univers aux pieds de Guillaume II, au moment où la social-démocratie officielle, Scheidemann et Ebert en tête , s’agenouillait devant le militarisme allemands et l’impérialisme allemands auxquels tout semblait se soumettre - le monde extérieur avec la France envahie au nord et le monde intérieur non seulement avec la caste militaire et la bourgeoisie, mais aussi avec les représentants officiels de la classe ouvrière - dans ces sombres et tragiques journées, une seule voix s’éleva en Allemagne pour protester et pour maudire : celle de Karl Liebknecht. Et cette voix retentit par le monde entier .En France, où l’esprit des masses ouvrières se trouvait alors sous la hantise de l’occupation allemande où le parti des social-patriotes au pouvoir prêchait une lutte sans trêve ni merci contre l’ennemi qui menaçait Paris, la bourgeoisie et les chauvins eux-mêmes reconnurent que seul Liebknecht faisait exception aux sentiments qui animaient le peuple allemand tout entier. Liebknecht, en réalité, n’était déjà plus isolé : Rosa Luxemburg , femme du plus grand courage, luttait à ses côtés, bien que les lois bourgeoises du parlementarisme allemand ne lui aient pas permis de jeter sa protestation du haut de la tribune, ainsi que l’avait fait Karl Liebknecht. Il convient de remarquer qu’elle était secondée par les éléments les plus conscients de la classe ouvrière, où la puissance de sa pensée et de sa parole avaient semé des germes féconds. Ces deux personnalités, ces deux militants, se complétaient mutuellement et marchaient ensemble au même but. Karl Liebknecht incarnait le type du révolutionnaire inébranlable dans le sens le plus large de ce mot. Des légendes sans nombre se tissaient autour de lui, entourant son nom de ces renseignements et de ces communications dont notre presse était si généreuse au temps où elle était au pouvoir. Karl Liebknecht était - hélas ! nous ne pouvons plus en parler qu’au passé - dans la vie courante, l’incarnation même de la bonté et de l’amitié. On peut dire que son caractère était d’une douceur toute féminine, dans le meilleur sens de ce mot, tandis que sa volonté de révolutionnaire, d’une trempe exceptionnelle, le rendait capable de combattre à outrance au nom des principes qu’il professait. Il l’a prouvé en élevant ses protestations contre les représentants de la bourgeoisie et des traîtres social-démocrates du Reichstag allemand, où l’atmosphère était saturée des miasmes du chauvinisme et du militarisme triomphants. Il l’a prouvé lorsque, il leva, sur la place de Potsdam, à Berlin, l’étendard de la révolte contre les Hohenzollern et le militarisme bourgeois. Il fut arrêté. Mais ni la prison, ni les travaux forcés n’arrivèrent à briser sa volonté et, délivré par la révolution de novembre, Liebknecht se mit à la tête des éléments les plus valeureux de la classe ouvrière allemande . Rosa Luxemburg - Puissance de ses idées.
Le nom de Rosa Luxemburg est moins connu dans les autres pays et en Russie, mais on peut dire, sans craindre d’exagérer, que sa personnalité ne le cède en à celle de Liebknecht. Petite de taille, frêle et maladive, elle étonnait par la puissance de sa pensée . J’ai dit que ces deux leaders se complétaient mutuellement. L’intransigeance et la fermeté révolutionnaire de Liebknecht se combinaient avec une douceur et une aménité féminines, et Rosa Luxemburg, malgré sa fragilité, était douée d’une puissance de pensée virile. Nous trouvons chez Ferdinand Lassalle des appréciations sur le travail physique de la pensée et sur la tension surnaturelle dont l’esprit humain est capable pour vaincre et renverser les obstacles matériels ; telle était bien l’impression de puissance que donnait Rosa Luxemburg lorsqu’elle parlait à la tribune, entourée d’ennemis. Et ses ennemis étaient nombreux. Malgré sa petite taille et la fragilité de toute sa personne, Rosa Luxemburg savait dominer et tenir en suspens un large auditoire, même hostile à ses idées. Par la rigueur de sa logique, elle savait réduire au silence ses ennemis les plus résolus, surtout lorsque ses paroles s’adressaient aux masses ouvrières. Ce qui aurait pu arriver chez nous pendant les journées de juillet
Nous savons trop bien comment procède la réaction pour organiser certaines émeutes populaires. Nous nous souvenons tous des journées que nous avons vécues en juillet dans le murs de Petrograd, alors que les bandes noires rassemblées par Kérensky et Tseretelli contre les bolcheviks organisaient le massacre des ouvriers, assommant les militants, fusillant et passant au fil de la baïonnette les ouvriers isolés surpris dans la rue. Les noms des martyrs prolétariens, tel celui de Veinoff, sont encore présents à l’esprit de la plupart d’entre nous. Si nous avons conservé alors Lénine, si nous avons conservé Zinoviev, c’est qu’ils ont su échapper aux mains des assassins. Il s’est trouvé alors parmi les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires des voix pour reprocher à Lénine et à Zinoviev de se soustraire au jugement, tandis qu’il leur eût été si facile de se laver de l’accusation élevée contre eux, et qui les dénonçait comme des espions allemands. De quel tribunal voulait-on parler ? De celui probablement auquel on mena plus tard Liebknecht, et à mi-chemin duquel Lénine et Zinoviev auraient été fusillés pour tentative d’évasion ? Telle aurait été sans nul doute la déclaration officielle. Après la terrible expérience de Berlin, nous avons tout lieu de nous féliciter de ce que Lénine et Zinoviev se soient abstenus de comparaître devant le tribunal du gouvernement bourgeois . Aberration historique
Perte irréparable, trahison sans exemple ! Les chefs du parti communiste allemand ne sont plus. Nous avons perdu les meilleurs de nos frères, et leurs assassins demeurent sous le drapeau du parti social-démocrate qui a l’audace de commencer sa généalogie à Karl Max ! Voilà ce qui se passe, camarades ! Ce même parti, qui a trahi les intérêts de la classe ouvrière dès le début de la guerre, qui a soutenu le militarisme allemand, qui a encouragé la destruction de la Belgique et l’envahissement des provinces françaises du Nord, ce parti dont les chefs nous livraient à nos ennemis les militaristes allemands aux jours de la paix de Brest-Litovsk ; ce parti et ses chefs - Scheidemann et Ebert - s’intitulent toujours marxistes tout en organisant les bandes noires qui ont assassiné Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg ! Nous avons déjà été les témoins d’une semblable aberration historique, d’une semblable félonie historique, car le même tour a déjà été joué avec le christianisme. Le christianisme évangélique, idéologie de pêcheurs opprimés, d’esclaves, de travailleurs écrasés par la société idéologie du prolétariat , n’a-t-il pas été accaparé par ceux qui monopolisaient la richesse par les rois, les patriarches et les papes ? Il est hors de doute que l’abîme qui sépare le christianisme primitif tel qu’il surgit de la conscience du peuple et des bas-fonds de la société, est séparé du catholicisme et des théories orthodoxes par un abîme tout aussi profond que celui qui s’est maintenant creusé entre les théories de Marx, fruits purs de la pensée et des sentiments révolutionnaires, et les résidus d’idées bourgeoises dont trafiquent les Scheidemann et les Ebert de tous les pays. Le sang des militants assassinés crie vengeance !
Camarades ! Je suis convaincu que ce crime abominable sera le dernier sur la liste des forfaits commis par les Scheidemann et les Ebert. Le prolétariat a supporté longtemps les iniquités de ceux que l’histoire a placés à sa tête ; mais sa patience est à bout et ce dernier crime ne restera pas impuni. Le sang de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg crie vengeance ; il fera parler les pavés des rues de Berlin et ceux de la place de Potsdam, où Karl Liebknecht a le premier levé l’étendard de la révolte contre les Hohenzollern. Et ces pavés - n’en doutez pas - serviront à ériger de nouvelles barricades contre les exécuteurs de basses œuvres, les chiens de garde de la société bourgeoise - contre les Scheidemann et les Ebert ! La lutte ne fait que commencer
Scheidemann et Ebert ont étouffé, pour un moment, le mouvement Spartakiste (communistes allemands) ; ils ont tué deux des meilleurs chefs de ce mouvement et peut-être fêtent-ils encore à l’heure qu’il est leur victoire ; mais cette victoire est illusoire, car il n’y a pas encore eu, en fait, d’action décisive. Le prolétariat allemand ne s’est pas encore soulevé pour conquérir le pouvoir politique. Tout ce qui a précédé les événements actuels n’a été de sa part qu’une puissante reconnaissance pour découvrir les positions de l’ennemi. Ce sont les préliminaires de la bataille, mais ce n’est pas encore la bataille même. Et ces manœuvres de reconnaissance étaient indispensables au prolétariat allemand, de même qu’elles nous étaient indispensables dans les journées de Juillet. Le rôle historique des journées de juillet
Vous connaissez le cours des événements et leur logique intérieure. A la fin de février 1917 (ancien style), le peuple avait renversé l’autocratie, et pendant les premières semaines qui suivirent, il sembla que l’essentiel était accompli. Les hommes de nouvelle trempe qui surgissent des autres partis - des partis qui n’avaient jamais joué chez nous un rôle dominant - ces hommes jouirent au début de la confiance ou plutôt de la demi-confiance des masses ouvrières. Mais Petrograd se trouvait comme il le fallait - à la tête du mouvement ; en février, comme en juillet, il représentait l’avant-garde appelant les ouvriers à une guerre déclarée contre le gouvernement bourgeois, contre les ententistes, c’est cette avant-garde qui accomplit les grandes manœuvres de reconnaissance. Elle se heurta précisément, dans les journées de juillet, au gouvernement de Kérensky. Ce ne fut pas encore la révolution, telle que nous l’avons accomplie en octobre : ce fut une expérience dont le sens n’était pas encore clair à ce moment à l’esprit des masses ouvrières. Les travailleurs de Petrograd s’étaient bornés à déclarer la guerre de Kérensky ; mais dans la collision qui eut lieu, ils purent se convaincre et prouver aux masses ouvrières du monde entier qu’aucune force révolutionnaire réelle ne soutenait Kérensky et que son parti était composé des forces réunies de la bourgeoisie, de la garde blanche et de la contre-révolution. Comme il vous en souvient, les journées de juillet se terminèrent pour nous par une défaite au sens formel de ce mot : les camarades Lénine et Zinoviev furent contraints de se cacher. Beaucoup d’entre nous furent emprisonnés ; nos journaux furent bâillonnés, le soviet des députés ouvriers et soldats réduit à l’impuissance, les typographies ouvrières saccagées, les locaux des organisations ouvrières mis sous scellés ; les bandes noires avaient tout envahi, tout détruit. Il se passait à Petrograd exactement ce qui s’est passé en janvier 1919 dans les rues de Berlin ; mais pas in instant nous n’avons douté alors de ce que les journées de juillet ne seraient que le prélude de notre victoire. Ces journées nous ont permis d’évaluer le nombre et la composition des forces de l’ennemi ; elles ont démontré avec évidence que le gouvernement de Kérensky et de Tseretelli représentait en réalité un pouvoir au service des bourgeois et des gros propriétaires contre-révolutionnaires. Les mêmes faits se sont produits à Berlin
Des événements analogues ont eu lieu à Berlin. A Berlin, comme à Petrograd, le mouvement révolutionnaire a devancé celui des masses ouvrières arriérées. Tout comme chez nous, les ennemis de la classe ouvrière criaient : " Nous ne pouvons pas nous soumettre à la volonté de Berlin ; Berlin est isolé ; il faut réunir une Assemblée Constituante et la transporter dans une ville provinciale de traditions plus saines. Berlin est perverti par la propagande de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg ! " Tout ce qui a été entrepris dans ce sens chez nous, toutes les calomnies et toute la propagande contre-révolutionnaire que nous avons entendues ici, tout cela a été répandu en traduction allemande par Scheidemann et Ebert contre le prolétariat berlinois et contre les chefs du Parti communiste, Liebknecht et Rosa Luxemburg . Il est vrai que cette campagne de reconnaissances a revêtu en Allemagne des proportions plus larges que chez nous, mais cela s’explique par le fait que les Allemands répètent une manœuvre qui a déjà été accomplie une fois chez nous ; de plus, les antagonismes de classes sont plus nettement établis chez eux. Chez nous, camarades, quatre mois se sont écoulés entre la révolution de février et les journées de juillet. Il a fallu quatre mois au prolétariat de Petrograd pour éprouver la nécessité absolue de descendre dans la rue afin d’ébranler les colonnes qui servaient d’appui au temple de Kérensky et de Tseretelli. Quatre mois se sont écoulés après les journées de juillet avant que les lourdes réserves de la province arrivassent à Petrograd, nous permettant de compter sur une victoire certaine et de monter à l’assaut des positions de la classe ennemie en octobre 1917 ou en novembre, nouveau style). En Allemagne où la première explosion de la révolution a eu lieu en novembre, les événements correspondant à nos journées de juillet la suivent déjà au début de janvier. Le prolétariat allemand accomplit sa révolution selon un calendrier plus serré. Là où il nous a fallu quatre mois, il ne lui en faut plus que deux. Et nul doute que cette mesure proportionnelle se poursuivra jusqu’au bout. Des journées de juillet allemandes à l’octobre allemand il ne se passera peut-être pas quatre mois comme chez nous ; Il ne se passera peut-être pas deux mois. Et les coups de feu tirés dans le dos de Karl Liebknecht ont, n’en doutez pas, réveillé de puissants échos par toute l’Allemagne . Et ces échos ont dû sonner comme un glas funèbre aux oreilles des Scheidemann et des Ebert. Nous venons ici de chanter le Requiem pour Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Nos chefs ont péri. Nous ne les reverrons plus. Mais combien d’entre vous camarades, les ont-ils approchés de leur vivant ? Une minorité insignifiante. Et néanmoins, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg ont toujours été présents parmi vous. Dans vos réunions, dans vos congrès vous avez souvent élu Karl Liebknecht président d’honneur . Absent, il assistait à vos réunions, il occupait la place d’honneur à votre table. Car le nom de Karl Liebknecht ne désigne pas seulement une personne déterminée et isolée, ce nom incarne pour nous tout ce qu’il y a de bon, de noble et de grand dans la classe ouvrière, dans son avant-garde révolutionnaire. C’est tout cela que nous voyons en Karl Liebknecht. Et quand l’un d’entre nous voulait se représenter un homme invulnérablement cuirassé contre la peur et la faiblesse ; un homme qui n’avait jamais failli - nous nommons Karl Liebknecht. Il n’était pas seulement capable de verser son sang (ce n’est peut-être pas le trait le plus grand de son caractère), il a osé lever la voix au camp de nos ennemis déchaînés, dans une atmosphère saturée des miasmes du chauvinisme, alors que toute la société allemande gardait le silence et que la militarisme primait. Il a osé élever la voix dans ces conditions et dire ceci : " Kaiser, généreux, capitalistes et vous - Scheidemann qui étouffez la Belgique, qui dévastez le nord de la France, qui voulez dominer le monde entier - je vous méprise, je vous hais, je vous déclare la guerre et cette guerre je la mènerai jusqu’au bout. Camarades si l’enveloppe matérielle de Liebknecht a disparu, sa mémoire demeure et demeurera ineffaçable ! Mais avec le nom de Karl Liebknecht celui de Rosa Luxemburg se conservera à jamais dans les fastes du mouvement révolutionnaire universel. Connaissez-vous l’origine des légendes des saints et de leur vie éternelle ? Ces légendes reposent sur le besoin qu’éprouvent les hommes de conserver la mémoire de ceux qui, placés à leur tête, les ont servis dans le bien et la vérité ; elles reposent sur le besoin de les immortaliser en les entourant d’une auréole de pureté. Camarades, les légendes sont superflues pour nous ; nous n’avons nul besoin de canoniser nos héros - la réalité des événements que nous vivons actuellement nous suffit, car cette réalité est par elle-même légendaire. Elle éveille une puissance légendaire dans l’âme de nos chefs, elle crée des caractères qui s’élèvent au-dessus de l’humanité. Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg vivront éternellement dans l’esprit des hommes. Toujours, dans toutes les réunions où nous évoquions Liebknecht nous avons senti sa présence et celle de Rosa Luxemburg avec une netteté extraordinaire - presque matérielle. Nous la sentons encore, à cette heure tragique, qui nous unit spirituellement avec les plus nobles travailleurs d’Allemagne, d’Angleterre et du monde entier tous accablés par le même deuil, par la même immense douleur. Dans cette lutte et dans ces épreuves nos sentiments aussi ne connaissent pas de frontières.

Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont nos frères spirituels
Liebknecht n’est pas à nos yeux un leader allemand, pas plus que Rosa Luxemburg n’est une socialiste polonaise qui s’est mise à la tête des ouvriers allemands... Tous deux sont nos frères ; nous sommes unis à eux par des liens moraux indissolubles. Camarades ! cela nous ne répéterons jamais assez car Liebknecht et Rosa Luxemburg avaient des liens étroits avec le prolétariat révolutionnaire russe. La demeure de Liebknecht à Berlin était le centre de ralliement de nos meilleurs émigrés. Lorsqu’il s’agissait de protester au parlement allemand ou dans la presse allemande contre les services que rendaient les impérialistes allemands à la réaction russe c’est à Karl Liebknecht que nous nous adressions. Il frappait à toutes les portes et agissait sur tous les cerveaux - y compris ceux de Scheidemann et d’Ebert - pour les déterminer à réagir contre les crimes de l’impérialisme. Rosa Luxemburg avait été à la tête du parti social-démocrate polonais qui forme aujourd’hui avec le parti socialiste le Parti Communiste. En Allemagne, Rosa Luxemburg avait, avec le talent qui la caractérisait, approfondi la langue et la vie politique du pays ; elle occupa bientôt un poste de plus en vue dans l’ancien parti social-démocrate. En 1905, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg prirent part à tous les événements de la révolution russe. Rosa Luxemburg fut même arrêtée en sa qualité de militante active puis relâchée de la citadelle de Varsovie sous caution ; c’est alors qu’elle vint illégalement (1906) à Petrograd où elle fréquenta nos milieux révolutionnaires, visitant dans les prisons ceux d’entre nous qui étaient alors détenus et nous servant dans le sens le plus large de ce mot d’agent de liaison avec le monde socialiste d’alors. Mais en plus de ces relations toutes personnelles, nous gardons de notre communion morale avec elle - de cette communion que crée la lutte au nom des grands principes et des grands espoirs - le plus beau souvenir. Nous avons partagé avec elle le plus grand des malheurs qui aient atteint la classe ouvrière universelle - la banqueroute honteuse de la IIe Internationale, au mois d’août 1914. Et c’est avec elle encore que les meilleurs d’entre nous ont élevé le drapeau de la IIIe Internationale et l’ont tenu fièrement dressé sans faillir un seul instant. Aujourd’hui, camarades, dans la lutte que nous poursuivons, nous mettons en pratique les préceptes de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg. Ce sont leurs idées qui nous animent quand nous travaillons, dans Petrograd sans pain et sans feu , à la construction du nouveau régime soviétiste ; et quand nos armées avancent victorieusement sur tous les fronts c’est encore l’esprit de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg qui les anime. A Berlin, l’avant-garde du Parti Communiste n’avait pas encore pour se défendre de forces puissamment organisées ; elle n’avait pas encore d’armée rouge comme nous n’en avions pas dans les journées de juillet quand la première vague d’un mouvement puissant mais organisé fut brisée par des bandes organisées quoique peu nombreuses. Il n’y a pas encore d’armée rouge en Allemagne mais il y a une en Russie ; l’armée rouge est un fait ; elle s’organise et croît en nombre tous les jours. Chacun de nous se fera un devoir d’expliquer aux soldats comment et pourquoi ont péri Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg ce qu’ils étaient et quelle place leur mémoire doit occuper dans l’esprit de tout soldat, de tout paysan ; ces deux héros sont entrés à jamais dans notre panthéon spirituel. Bien que le flot de la réaction ne cesse de monter en Allemagne, nous ne doutons pas un instant que l’octobre rouge n’y soit proche. Et nous pouvons bien dire en nous adressant à l’esprit des deux grands défunts : Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, vous n’êtes plus de ce monde, mais vous restez parmi nous ; nous allons vivre et lutter sous le drapeau de vos idées, dans l’auréole de votre charme moral et nous jurons si notre heure vient, de mourir debout face à l’ennemi comme vous l’avez fait, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht.

Les Conseils ouvriers en Bavière René Furth

La "République des conseils de Bavière" n’a dure que trois semaines, et sa zone d’influence effective n’a pas dépassé la région comprise entre Munich, Augsbourg et Rosenheim. Mais l’existence des Conseils munichois s’étend sur une durée de six mois, de novembre 1918 au 1er mai 1919. Aucun ouvrage d’ensemble n’a été consacré a leur his­toire, qui fait partie encore du "refoulé" allemand. Les historiens de la "Révolution Allemande" n’évoquent que très accessoirement la tentative bavaroise, ou les Spartakistes ne jouent qu’au tout dernier moment un rôle prédominant.

Deux facteurs particuliers caractérisent la situation en Bavière : une population rurale plus importante que dans le reste de l’Empire (51 % contre une moyenne générale de 34 %, selon les statisti­ques de 1907) un séparatisme commun s toute la population, le militarisme prussien étant considéré à la fois comme le principal responsable de la guerre et comme l’incarnation parfaite d’un centralisme autori­taire et envahissant. Le séparatisme bavarois s’est cependant révélé comme une arme à double tranchant la bourgeoisie ne tardera pas à l’u­tiliser contre les "étrangers" (juifs de surcroît) qui sont venus semer la pagaille en Bavière.

1) LE DOUBLE POUVOlR

Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1918, après une manifestation de masse organisés dans l’après-midi par le parti social-démocrate indé­pendant, la République est proclamée. Un Conseil provisoire des ouvriers, des soldats et des paysans est constitué. Le roi, Louis III de Bavière, apprenant qu’aucun régiment ne tirera sur les rebelles, a quitté Munich.

Le président du Conseil provisoire, Kurt EISNER, est un jour­naliste et écrivain originaire de Berlin, animateur du Parti social-démo­crate indépendant (U. S. P. D.) de Bavière. En février 1918, il a été condamné à la prison comme principal instigateur de la grève de la métal­lurgie (fin janvier). L’espoir d’EISNER, c’est qu’une Bavière démocratique subira moins durement les exigences de l’Entente victorieuse.

EISNER forme un nouveau gouvernement comprenant quatre social-démocrates "majoritaires" (S.P.D.), deux indépendants, un non-affilié. Il annonce en même temps la convocation d’une Assemblés constituante. Fonctionnaires et employés, à la demande du nouveau gouvernement ; se met­tent à sa disposition. D’emblée, EISNER proclame le respect de la proprié­té privée et refuse toute socialisation. Il se montre préoccupé surtout du rôle respectif de l’Assemblée qu’il veut susciter et des Conseils, dans lesquels il voit essentiellement un organe de contrôle et une école de démocratie active. La ligne de partage se fera bientôt entre parti­sans du parlementarisme et partisans des conseils, le refus de l’Assem­blée devenant un des principaux mots d’ordre des éléments les plus radi­caux. En fait, il n’y aura jamais coexistence réelle des deux pouvoirs. ­L’alternative, Conseils ou Parlement, se pose d’ailleurs dans tout l’Empire. Le premier congrès des Conseils d’ouvriers et de soldats (du 16 au 21 décembre i918 à Berlin), à forte majorité S. P. D. se prononce pour une Assemblée nationale. En Bavière, EISNER cherche à mettre sur pied une formule de synthèse, "Conseils et Parlement". Il juge qu’il n’a pas derrière lui des forces populaires suffisantes pour imposer les Conseils, et il sait en même temps qu’un régime strictement parlementaire l’éliminerait du pouvoir. Les élections sont fixées au 12 janvier 1919 (l’Assemblée nationale de Weimar doit être élue le 19) ; Le parti d’EISNER ne recueille que 3 mandats sur 156 (S.P.D. et Ligue paysanne 68 ; Parti démocrate 27 ; Parti populaire bavarois, le plus réactionnaire 38). Les communistes (un groupe Spartakiste s’est formé le 6 décembre) se prononcent pour le boycottage des élections, de même que le Conseil ouvrier révolutionnaire, dont un des animateurs est l’anarchiste Erich MUHSAM. Le 10 janvier, EISNER fait d’ailleurs arrêter douze membres du Parti communiste et du Conseil révolutionnaire, dont Max LEVIEN et MUHSAM. Une manifestation spontanée les fait libérer.

Dès que les résultats des élections sont connus, le S.P.D. et les partis de droite demandent à EISNER de se retirer.

Le 16 février, une nouvelle manifestation de masse, préparée. sur l’initiative du Conseil ouvrier révolutionnaire, exige tout le pou-voir pour les conseils. Le 21, EISNER se rend à la première réunion du Landtag (le Parlement de Bavière) pour présenter se démission de président du ministère. Il est assassiné à coups de revolver dans la rue par un jeune aristocrate. Le lendemain, l’état de siège est décrété à Munich les journaux sont occupés et suspendus pendant dix jours, La situation devient de plus en plus confuse au niveau des institutions qui sont censées exercer le pouvoir. Le landtag se disperse. Un Conseil révolutionnaire central se constitue : il est composé de représentants des conseils et du Conseil ouvrier révolutionnaire, d’un représentant des syndicats et d’un représentant du S.P.D. Le congrès des Conseils bavarois conti­nue de fonctionner parallèlement à ce Conseil central ; il élit le 5 mars un nouveau gouvernement qui n’aura pas l’occasion de se manifes­ter. De plus, à la suite d’un accord intervenu entre social-démocrates ma­joritaires et indépendants, le Congrès décide de remettre ses pouvoirs au Landtag, qui doit se réunir à nouveau la 17 mars. Cette réunion peut avoir lieu, et le Landtag met en place un ministère présidé par le social-démocrate HOFFMANN, dont la tâche essentielle sera par la suite la liquidation et la répression de la République des conseils.

En fait, pendant 45 jours, aucun pouvoir n’arrive à se faire reconnaître ni à se donner les moyens d’agir. C’est le Conseil central qui s’oppose le plus résolument au gouvernement HOFFMMAN, dénoncé dès sa formation comme un instrument de la réaction. Les communistes, représen­tés au Conseil central, restent dans l’expectative et s’opposent à ceux qui réclament la proclamation d’une République des conseils (Max LEVIEN, pourtant, s’était prononcé en ce sens après l’assassinat d’EISNER). Les liens des communistes munichois avec les instances centrales à Berlin semblent avoir été lâches. Leurs principaux représentants sont Max LEVIEN et Eugen LEVINE, deux émigrés russes, anciens socialistes révolutionnaires qui ont quitté leur pays après la révolution da 1905. LEVINE, un des fon­dateurs du K. P, D., est venu de Berlin à Munich début mars pour réorga­niser la rédaction du "Drapeau Rouge" et le parti. C’est sous son influence que les communistes munichois renonceront à réclamer comme premier ob­jectif l’instauration d’une République des conseils,

L’armée reste la force la plus stable. Le 1er mars, une "réso­lution des délégués des casernes munichoises" a assuré le commandant mili­taire de la ville de la confiance des différents corps de troupe. Le S.P.D. fait bloc avec l’autorité militaire (qui proclame son attache­ment au "vrai socialisme") en attendant qu’une solution parlementaire redevienne possible. La seule opposition organisée contre les conseils est menée par la "société Thule", groupement d’extrême droite où mili­tent de futurs chefs de file nazis.

2) "LES REPUBLIOUES DES CONSEILS"

La stagnation devient de plus en plus manifeste. Depuis les élections, plus aucun passage "légal" au socialisme n’est envisageable ; la République déçoit le prolétariat munichois, qui commence à exiger qu’à la révolution politique suive la révolution sociale. L’idée d’une République des conseils se répand. Dans les premiers jours d’avril, les conseils empêchent le Landtag de se réunir. Le 5, les différentes assemblées prennent des résolutions en faveur de la République des conseils.

Elle est proclamée dans la nuit du 6 au 7 par le Conseil cen­tral, avec l’accord du S. P. D., des indépendants, des syndicats et de la Ligue paysanne. Les atermoiements du S. P. D. ont sérieusement entamé sa base ouvrière il ne prend pas le risque de se prononcer contre la République des conseils, mais ne fera rien pour la soutenir. La décision, proposée au Conseil central par l’anarchiste Gustav LANDAUER, est donc adoptée à l’unanimité. Une proclamation au peuple de Bavière, signée par le Conseil central révolutionnaire et le Conseil révolutionnaire des sol­dats annonce que la dictature du prolétariat est entrée dans les faits, et, comme décisions immédiates, la dissolution du Landtag et de la bureau­cratie, la socialisation de la presse, la formation d’une armée rouge. "La République des conseils de Bavière suit l’exemple des peuples russes et hongrois".

Les communistes, invités à cette réunion, n’y participent pas. LEVIWE fait une apparition au milieu Des débats, pour déclarer que le K. P. D. refuse de s’associer à toute initiative à laquelle participerait le S. P. D., compromis par sa politique de guerre, que le prolétariat n’est pas mûr pour une République des conseils qui de toute façon ne pourrait pas tenir sans l’appui de l’Allemagne du nord.

D’autres villes de Bavière proclament la République des conseils. A Munich, de pleine pouvoirs sont conférés à des "délégués du peuple". Parmi d’autres, LANIDAUER est chargé de l’éducation, Sivio CESELL (théoricien de "l’économie libre" et de la "monnaie libre") des finances. Un certain Dr. LIPP, chargé des affaires étrangères, devra vite être suspendu pour troubles mentaux. Mais ces "délégués" ne disposent d’aucun moyen d’action, sinon de leur éloquence dans les réunions qui se succèdent. Pour l’opinion publique, trois hommes représentent la Républi­que des conseils ; LANDAUER, orateur entraînant, qui a une certaine influ­ence auprès du prolétariat politisé, MUHSAM, connu comme poète et comme agitateur, le poète Ernst TOLLER, (affilié à l’U.S.P.D.), nommé président du Conseil central. Pour la bourgeoisie et pour une partie de la population bavaroise, ils incarnent la "bohême littéraire juive".

Ce sont des hommes qui comptent moins sur leurs "pleins pou­voirs" que sur l’initiative créatrice et l’action autonome des masses. La suppression de l’ancien pouvoir doit laisser le champ libre à la recons­truction sociale. Mais l’annonce de la libération ne suffit pas à déclencher le processus qu’ils attendent. De toute façon, leur temps est mesuré.

Dès le 13 avril, sur l’incitation du gouvernement H0FFMAN, réfu­gié à Bamberg, les "troupes de sécurité républicaines" tentent un putsch contre les conseils. Certains membres du Conseil central, dont MUHSAM, sont arrêtés. L’armée rouge résiste, soutenue par les ouvriers acquis aux conseils. Le putsch est vaincu, mais il y a déjà deja victimes : 20 morts, plus de 100 blesssés.

Les communistes, qui ont jusque là concrétisé leur opposition à la "pseudo-République des conseils" (Scheinräterepublick) en regroupant dans un nouveau Conseil central des "hommes de confiance" révolutionnaires élus dans les entreprises et les casernes, affirment à présent que la classe ouvrière a montre sa maturité en s’opposant au putsch et déclarent à leur tour la République des conseils. Ils ne se font sans doute guère d’illusions. Au moins, veulent-ils saisir une chance de galvaniser les forces révolutionnaires dans le reste de l’Allemagne, et laisser un exem­ple qui puisse stimuler les luttes dans l’avenir, C’est une illustration de ce que les Prudhommeaux appellent la "tragédie spartakiste".

Le pouvoir, désormais, est représenté par le Conseil des "hommes de confiance" auquel participent des Indépendants et des social-démocrates ralliés au programme communiste. Il forme un comité d’action avec un exécutif de quatre hommes : LEVIEN, LEVINE, TOLLER et un troisième russe, AXELROD. Une série de décisions est prise pour radi­caliser la situation, grève générale (elle durera jusqu’au 22), confiscation du ravitaillement et des armes, socialisation du logement, arres­tation d’otages. La situation devient de plus en plus difficile. Les vivres et le charbon manquent, les paysans s’opposent aux commandos de réquisition. Le manque d’informations aussi commence à ce faire sentir (les journaux ne paraissent plus). Les rumeurs les plus insensées cir­culent en Allemagne sur la terreur à Munich. L’antisémitisme, cette fois-ci, s’en prend aux "juifs russes". Des corps-francs se rassemblent dans le Nord et en Haute-Bavière à partir du 20 avril, les troupes gouvernementales se mettent un marche vers Munich.

Au sein du comité d’action, les tensions se font de plus en plus vives. Le 27, l’assemblée des conseils d’entreprise rejette la politique des communistes, et élit un nouveau comité d’action, où se retrouve TULLER (qui avait été promu commandant de l’armée rouge pour le secteur nord de Munich). Les communistes se retirent du Conseil, et demandent aux travailleurs de ne pas suivre le nouveau comité d’action. EGELHOFER, un marin de Kiel, est à la tête de l’armée rouge. Le 30 avril, il fait fu­siller 10 otages, dont 6 en fait sont des membres de la Société Thulé qui ont pratiqué la réquisition pour leur propre compte... avec des tampons de l’armée rouge.

Le 1er mai, les troupes gouvernementales et les corps-francs entrent dans la ville. Les combats durent plusieurs jours. Il y aura 600 morts. La répression dépasse en sauvagerie celle qui a sévi ailleurs dans la même période. LANDAUER est frappé à mort, EGELHOFER fusillé sans jugement, LEVINE est condamné à mort et fusillé. TOLLER (sauvé par un mouvement de protestation international) s’en tire avec cinq ans de for­teresse. LEWIEN parvient à s’enfuir, mais disparaît en 1937 dans les purges staliniennes. Plus de 4000 peines sont prononcées. En septembre 1919 encore tombent des condamnations à mort.

Chronologie

1918
28 janvier : Début d’une grève générale des ouvriers allemands pour « la conclusion rapide d’une paix sans annexion », pour la levée de l’état de siège (en place depuis le début de la guerre), pour la libération des prisonniers politiques, et pour la démocratisation des institutions. La grève dure 6 jours et regroupe jusqu’à un million de travailleurs.

15-17 avril : Grèves à Berlin.

Octobre 1918

1er octobre : La Ligue spartakiste (Spartakusbund) appelle à la révolution et à la formation de "conseils ouvriers".

3 octobre : Max de Bade devient chancelier. Entrée de parlementaires du SPD et du Zentrum dans le gouvernement impérial.

25 octobre : Depuis la tribune du Reichstag, le député Otto Rühle (Ligue spartakiste) appelle à « l’abdication de l’empereur » et à la « révolution socialiste ».

30 octobre : À Kiel, les marins de deux navires de guerre refusent d’appareiller. L’expédition ne peut pas avoir lieu.

31 octobre : 400 marins mutins de Kiel sont emprisonnés.

Novembre 1918

1-3 novembre : Manifestations de marins à Kiel pour la libération des 400 marins.

4 novembre : Des conseils d’ouvriers et de soldats regroupent 20 000 révoltés à Kiel : ils demandent la libération des 400 marins et l’abdication de l’Empereur. Création de conseils d’ouvriers et de soldats à Stuttgart[1].

5 novembre : Grève générale à Kiel. Le drapeau rouge flotte sur la ville.

6 novembre : Grève générale à Hambourg. Création de conseils d’ouvriers et de soldats à Hambourg et Brême.

La ligue spartakiste, l’USPD et le SPD demandent l’armistice et l’abdication de Guillaume II.

7 novembre : Soulèvements et création de conseils d’ouvriers et de soldats à Munich, Cologne, Hanovre, Brunswick…
L’émeute chasse la famille régnante, les Wittelsbach, de Munich.

8 novembre : Rosa Luxemburg (ligue Spartakiste) est libérée de sa prison de Breslau. À Berlin, l’USPD annonce le début d’une grève générale pour le lendemain. Soulèvements et création de conseils d’ouvriers et de soldats à Leipzig, Francfort, Dresde… Le conseil ouvrier de Munich proclame la république, et Kurt Eisner (USPD) est élu président du conseil.

9 novembre : La révolution gagne Berlin : la plupart des soldats se joignent aux manifestants.
Face à la menace, Max de Bade annonce de son propre chef l’abdication du Kaiser Guillaume II alors qu’il n’en n’est rien. Après quoi, il démissionne et transmet son poste de chancelier à Friedrich Ebert (SPD).
À 14 heures, Philipp Scheidemann (SPD) proclame la République allemande.
À 16 heures, Karl Liebknecht (ligue Spartakiste) proclame la République socialiste libre d’Allemagne.
La ligue Spartakiste crée le quotidien Rote Fahne (Drapeau rouge).

10 novembre : Guillaume II s’enfuit en Hollande.
Le SPD et l’USPD proclament la création d’un conseil de commissaires du peuple, composé de trois SPD et trois USPD. La Ligue spartakiste dénonce la continuité avec le régime précédent, et refuse de faire partie de ce conseil.

11 novembre : Le nouveau pouvoir signe l’armistice.
Fin de la Première Guerre mondiale.

18 novembre : Dans un article de la Rote Fahne, Rosa Luxemburg demande l’abrogation de la peine de mort.

25 novembre : Conférence des gouvernements régionaux. La plupart soutiennent le conseil et Ebert, mais le président du conseil de Brunswick, Auguste Merges (ligue Spartakiste), demande le transfert du pouvoir aux conseils ouvriers.

28 novembre : à Berlin, des affiches appellent à tuer Karl Liebknecht. Rosa Luxemburg fait l’objet d’attaques antisémites dans la presse de droite.

Décembre 1918

6 décembre : Le Conseil des commissaires du peuple convoque des élections pour une assemblée constituante le 15 février 1919.
Pour la première fois en Allemagne, les femmes ont le droit de vote.

8 décembre : 150 000 manifestants à Berlin à l’appel de la ligue Spartakiste.

12 décembre : Création des "corps francs", troupes paramilitaires conservatrices.

16-21 décembre : Congrès des conseils d’ouvriers et de soldats du Reich. Le SPD y a la majorité absolue.
Le Congrès « donne » le pouvoir au Conseil des commissaires du peuple. Il adopte la révocation de tous les officiers de l’armée, et l’élection de nouveaux officiers par les soldats (cette mesure ne sera pas appliquée).

23-25 décembre : "Noël sanglant". Révolte de la Division du peuple
(Volksmarinedivision). 3 000 marins venus de Kiel s’insurgent après la provocation du chancelier Friedrich Ebert qui décide sous forme de provocation d’arrêter de leur verser leur salaire dans le but de neutraliser ce qu’il considère une menace révolutionnaire. Les insurgés font prisonnier Otto Wels et prennent le palais de la Chancellerie le 23. Le 24, l’armée attaque la Division du peuple et tire. 68 personnes sont blessées ou tuées parmi les marins. Les ouvriers, avertis par le bruit des armes à feu accourent et la troupe est débordée.

27 décembre : Crise au sein du conseil des commissaires : désaccord entre le SPD et l’USPD sur la politique à suivre.

29 décembre : Les trois commissaires USPD démissionnent, en désaccord notamment avec la répression sanglante de manifestations. Ils sont remplacés par trois SPD.
Ouverture du congrès de fondation du Parti communiste d’Allemagne (KPD), autour de la Ligue spartakiste.
30 décembre : Le congrès du KPD adopte le programme proposé par Rosa Luxemburg : tout le pouvoir aux conseils ouvriers, pour la "République socialiste unitaire d’Allemagne".

31 décembre : Contre l’avis de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, le congrès se prononce pour le boycott des élections à la Constituante.

1919

Janvier 1919
Révolte de janvier.

1er janvier : Fin du congrès du KPD.
Election de la centrale de coordination du KPD de 12 membres (dont Kate Duncker, Hugo Eberlein, Paul Frolich, Leo Jogiches, Paul Levi, Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg).

4 janvier : Le préfet de police de Berlin, Emil Eichhorn (USPD), en place depuis le 9 novembre, est destitué par le gouvernement Ebert.
Appel unitaire USPD et KPD à manifester le lendemain contre la destitution de Emil Eichhorn.

5 janvier : Puissante manifestation dans Berlin qui va marquer le début de la révolte de janvier.
Une commission révolutionnaire est élue, dirigée par Georg Ledebour (USPD) et Karl Liebknecht (KPD), ayant pour but de remplacer le conseil des commissaires.
Appel à la grève générale.

6 janvier : Manifestations et combats dans Berlin.

7 janvier : Grèves à Hambourg et Brunswick.

L’armée tire sur les manifestants à Munich.

9 janvier : Combats à Berlin et Spandau.
L’armée tire sur les manifestants à Dresde.

10 janvier : L’armée tire sur les manifestants à Stuttgart.
Les dirigeants du KPD à Nuremberg sont emprisonnés.
Proclamation de la République des Conseils à Brême.

11 janvier : Georg Ledebour (USPD) et Ernest Meyer (KPD) sont arrêtés à Berlin. Rosa Luxemburg (KPD) et Karl Liebknecht (KPD) entrent en clandestinité.
Grève à Leipzig.

14 janvier : Les révoltés sont vaincus à Berlin.

15 janvier : Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont arrêtés, puis assassinés par les corps francs, sur ordre de Gustav Noske (SPD).

16 janvier : Le journal du KPD est interdit.

19 janvier : Élections à l’Assemblée nationale constituante allemande. Boycott du KPD. Le SPD remporte la majorité relative.

20 janvier : Les meurtres de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont connus.
Grèves de protestation pendant trois jours, 8 jours de deuil à Eisenach.
L’état de siège est proclamé à Hambourg.

24 janvier : La police tire sur des chômeurs à Berlin.

29 janvier : Décès de Franz Mehring (KPD), biographe de Karl Marx.
Février 1919

11 février : Friedrich Ebert (SPD) est élu président de la république par l’assemblée.

13 février : Formation du gouvernement : majorité de ministres SPD, et trois catholiques (avec lesquels le SPD a fait alliance).

17 février : Grève générale dans la Ruhr.

21 février : Assassinat de Kurt Eisner (USPD) par un jeune aristocrate.

22 février : L’état de siège est proclamé à Munich.

26 février : Grève générale à Leipzig, jusqu’au 10 mars.

Mars 1919

1er-3 mars : Combats dans Halle : 55 morts.

3 mars : Grève générale à Berlin. Les grévistes exigent le pouvoir aux conseils ouvriers, et la libération des prisonniers politiques (dont Ledebour - USPD). L’état de siège est proclamé (il durera jusqu’au 5 décembre).

5 mars : Combats dans Berlin.

8 mars : La révolte de Berlin est écrasée par l’armée.

10 mars : Leo Jogiches (KPD) est arrêté et assassiné en prison.

12-15 mars : Répression dans Berlin : 1 200 révolutionnaires sont fusillés.

31 mars : Grève générale dans la Ruhr jusqu’au 28 avril.

Avril 1919

3 avril : Grève à Breslau.

7 avril : Proclamation de la République des conseils de Bavière, dirigée par des militants KPD et anarchistes. L’armée attaque la Bavière.

19 avril : Renouvellement du comité exécutif des conseils ouvriers du Grand-Berlin : l’USPD obtient 47% des suffrages, le SPD 25%, le KPD 16%.

Mai 1919

1er-4 mai : L’armée reprend Munich. Fin de la république des Conseils de Munich. Ses dirigeants seront jugés et fusillés.

Juin 1919

6 juin : Eugen Leviné, membre fondateur du KPD, est fusillé en raison de son rôle au sein de la république des Conseils de Munich.

27 juin : Suppression du droit de grève pour les cheminots.

Août 1919

11 août : Adoption de la constitution de Weimar.

18 septembre : Grève des métallurgistes à Berlin.

20 octobre : congrès du KPD. La « gauche », anti-parlementaire et anti-syndicale, est exclue ; elle formera en 1920 le KAPD.

7 novembre : Hugo Haase (USPD) est assassiné.

5 décembre : Fin de l’état de siège à Berlin.

12 décembre : L’interdiction du journal du KPD est levée.

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