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Le crépuscule du Capital n’est pas encore... l’aurore du Travail

jeudi 15 décembre 2011, par Robert Paris

Comment se porte le capitalisme en 2011 ?

D’expédients en méthodes de cavalerie financière, d’artifices en tripatouillages et de comptes truqués en détournements à grande échelle, on pourrait se demander si le capitalisme essaie de se tromper lui-même. L’ampleur de ses agitations est inversement proportionnelle à leur efficacité. Les plus grandes sorties d’argent, les plus grands accords n’ont même plus une journée d’efficacité au thermomètre des marchés financiers qui revient immanquablement au rouge.

En tout cas, la chute vers l’abîme est là. Car, même quand les marchés financiers se portent bien, l’économie réelle continue de reculer. Il n’a jamais été aussi rentable d’investir dans la finance et, conséquemment, il n’a jamais été aussi peu rentable relativement et aussi hasardeux, vue la conjoncture, d’investir dans la production ou le commerce. Tout le monde prévoit ouvertement le recul économique durable et de grande ampleur, comme vient de la faire Merkel. "Il n’y a pas d’économie dans le monde, que ce soit dans les pays à bas revenus, les marchés émergents, les pays à revenus moyens ou les économies hyperavancées, qui sera immunisée de la crise que nous voyons non seulement se dérouler mais s’intensifier", a déclaré Mme Lagarde. Tout va au plus mal et pour longtemps. Mais est-ce une manière de dire la vérité ou de la cacher en se donnant un air inquiet ?

Car on ne répond pas à la question de fond : est-ce un simple recul ou est-ce un effondrement général du système auquel on assiste ? On avait vu le spectre de l’effondrement brutal en 2008. Il a simplement été ramené à un effondrement plus lent grâce à des injections étatiques de sommes astronomiques que les Etats ne reverront plus...

La confiance dans les finances étatiques en sort exsangue et les banques centrales ne sont pas loin de subir la même perte de confiance et la même chute. Les dernières négociations au sommet de l’Europe en témoignent. Certains dirigeants français, comme Sarkozy et Hollande, auraient rêvé que la BCE intervienne massivement pour sortir l’Europe du mauvais pas. Celle-ci est en fait aussi menacée que les Etats et devrait perdre son AAA en même temps que la France et bien des banques européennes....

Après avoir annoncé que l’Europe risquait d’exploser et l’euro avec, ils ont réduit l’Europe à la zone euro dans un accord présenté comme le sauveur... L’accord passe par trois éléments clés : il n’y aura pas de « nouveau traité », et il n’y aura donc pas besoin d’en passer par d’aléatoires référendums ; chaque pays se pliera à l’idée de la « règle d’or, qui interdira les dérapages budgétaires ; les Etats, par le biais de prêts bilatéraux (consentis par les banques centrales nationales), vont renflouer le FMI à hauteur de 200 milliards d’euros pour qu’en retour il vole au secours de la zone euro.

Il est d’autant plus risible de voir l’Europe affirmer haut et fort son idéal de "règle d’or de l’équilibre budgétaire des Etats" inscrit dans la constitution, au moment même où ces mêmes Etats continuent de déverser des sommes astronomiques dans les bourses, pour en relever le niveau, dans l’économie, pour maintenir un semblant d’activité, dans les banques, les assurances, les trusts, pour leur évier une faillite immédiate. Cette règle d’or à mourir de rire, c’est un peu comme si les maquereaux exigeaient eux-mêmes d’inscrire la règle d’or de la chasteté à l’entrée de tous les bordels et autres hôtels de passe...

L’autre potion miracle concoctée par l’Europe a été le contrôle des comptes des Etats par la commission européenne... Vous savez, c’est justement celle qui n’a jamais rien dit sur les comptes grecs, qui n’a eu aucun commentaire sur la perte suivie de la redécouverte des 56 milliards d’euros subitement retrouvés par Berlin, puis sur "l’erreur comptable" avancée par le ministre des Finances irlandais portant sur 3,6 milliards d’euros brutalement retrouvés dans les caisses.... et qui allège la dette irlandaise d’autant. Tout simplement cette somme "retrouvée", les 3,6 milliards d’euros aurait été comptabilisée négativement deux fois.... si bien que "l’estimation de la dette publique en 2010 est diminuée de 3,6 milliards d’euros. Il s’agirait donc de demander au comptable aveugle d’être plus attentif !!! Non ! Il s’agit de demander à ceux qui organisent eux-mêmes le plus vaste des tripatouillages financiers de l’Histoire de prôner le sérieux et la rigueur de méthode et de maintenir les comptes des Etats dans le vert au moment même où ces Etats sont prêts à jeter le plus d’argent public dans les marchés pour satisfaire le dragon...

AAA disait le râle du mourant...

Quant à l’accord financier négocié par l’Europe, il prête encore bien plus à rire. Il suffit de citer comment François-Xavier Pietri, chef du service économique et social de TF1 et LCI, le rapporte pour le journal gratuit Métro :

"On a trouvé deux artifices incroyables. Première astuce : la BCE va ouvrir son robinet à crédit aux banques, jusqu’à plus de cent milliards d’euros, pendant trois ans. On va demander aux banques d’emprunter de l’argent à la BCE, au taux ultracompétitif de 1% pour acheter... des obligations des pays de l’euro, y compris de ceux qui sont surendettés. Les banquiers sont donc les pompiers désignés volontaires et, à Bruxelles, on a promis de ne pas engager leurs responsabilité si un Etat fait faillite. C’est l’Europe qui paiera. Second tour de passe-passe : comme la BCE ne peut pas financer les pays en difficulté, eh bien ce sont les Etats qui vont prêter 200 milliards d’euros au FMI, afin qu’il assure ce financement. Saisissez le raisonnement : à Bruxelles, on prône la vertu, pas de dettes nouvelles.... et puis, en même temps, on nous demande d’emprunter encore un dernier petit coup pour le FMI. Question subsidiaire : si ça ne marche pas ? Qui va payer pour les Etats surendettés ? La BCE ? Non, et c’est là que le piège se referme : les Etats paieront. C’est à dire vous et moi !"

Il s’agit donc de la plus belle méthode de cavalerie financière jamais réalisée : le premier finance le deuxième qui assure le troisième qui prête au quatrième l’argent que le premier n’a pas, ni le second, ni le troisième, ni le quatrième.

Et, au but de toutes ces astuces prétendues, on trouve suspendu l’avenir des êtres humains de la planète...

Quel est l’objectif de ces manipulations des gouvernants ?

Il y en a plusieurs.

Tout d’abord, les bourgeoisies nationales essaient de ne pas être les premières victimes, de ne pas se retrouver comme la Grèce. Sur ce plan, il a bel et bien un développement de la concurrence. Non pas de la concurrence commerciale et industrielle, mais de la concurrence pour parvenir à envoyer les vautours de la finance vers les autres pays ou régions du monde.

Ensuite, il faut faire passer auprès des peuples qu’il s’agit simplement d’une crise, d’une récession, grave certes, mais qui sera suivie d’une remontée au prix de quelques douloureux sacrifices passagers...

Pourquoi cela ne serait pas vrai. On a vu de graves crises et l’économie a fini par repartir.

Oui, mais jamais les investissements privés n’avaient complètement chuté et encore moins pendant trois ans...

Ensuite, avant d’administrer des potions magiques, il faudrait nous expliquer quelle est la véritable racine de la crise, ce que personne ne veut faire. Ils parlent de dette alors que ce n’est qu’un effet de l’effondrement de 2008. Ils parlent de l’euro, mais la zone euro est loin d’être la seule touchée. Les USA et le dollar sont en berne... Sans parler du reste du monde.

Enfin, au travers de ces soi-disant plans de sauvetage, ils font passer un message aux peuples et aux classes ouvrières, une propagande qui a un but : faire monter les rivalités nationales. Faire croire que ce sont les autres qui sont cause de crise. Aux USA, on prétend que le monde irait bien sans les frasques de l’Europe. En France, les frasques, on les attribue plutôt à la Grèce ou à l’Italie et à l’Espagne... etc, etc...

Ce n’est pas seulement une propagande accusatrice contre l’"Etranger", c’est aussi une campagne pour faire monter les sentiments nationaux. Se défendre dans "son pays", disent-ils après avoir prôné la mondialisation à tout crin.

La "démondialisation" serait donc maintenant à la mode...

C’est pure propagande : aucune démondialisation du capitalisme n’est possible dans l’imbrication actuelle du capital. En France, par exemple, les grandes entreprises sont détenues en majorité par des capitaux "étrangers". Leur retrait signifierait l’effondrement de toute l’économie...

La campagne pour la défense nationale de l’industrie, entonnée par tous les courants politiques et syndicaux, est une campagne contre la classe ouvrière. Au moment où le système qui domine le monde est à son dernier souffle, elle vise à ôter toute arme consciente au prolétariat. Elle prépare les fascismes et les guerres régionales ou mondiales, seule véritable perspective d’avenir pour les classes dirigeantes.

Et il est clair que, pour le moment, les forces capables de contrer cette offensive là ne sont pas encore visibles. Cela ne veut absolument pas dire qu’elles n’existent pas potentiellement... Elles creusent discrètement leur voie vers le soleil depuis la discrétion des ténèbres. Et le monde, brutalement étonné pourra s’écrier à la vue du prolétariat révolutionnaire, comme le disait Karl Marx : "Bien creusé, vieille taupe !"

Le grand capital est fichu, mais le prolétariat conscient n’est pas encore à l’œuvre, du moins de manière sensible. Ses forces existent. Sa conscience est vivante. Il lui manque un mode d’expression et d’organisation de masse....

C’est de l’auto-organisation que naitra cette expression et la mise en œuvre de cette force.

Hardi camarades ! Le vieux monde se tord dans ses affres. L’avenir est à nous si nous savons ne pas nous accrocher à ce Titanic....

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