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Où va la Côte d’Ivoire ?

vendredi 20 juillet 2012, par Robert Paris

Où va la Côte d’Ivoire ?

Où va-t-elle se demandent les Ivoiriens ? Les dirigeants politiques ont changé de nombreuses fois en Côte d’Ivoire mais rien n’a changé en bien et même tout a été de mal en pis. Houphouët a eu comme successeur Bédié, puis Gueï, puis Gbagbo, puis maintenant Ouattara. Et alors ? La misère a grandi, les guerres civiles se sont succédées dont la population civile a été l’otage. Ce n’est pas elle qui avait lancé ces guerres intérieures, même si elle y a participé. Et elle ignore toujours pourquoi le pays a été à feu et à sang toutes ces années par les classes dirigeantes, pourquoi la stabilité de l’époque d’Houphouët a été suivie de tant de violences, de tant de sang, de la guerre civile et de la dictature. De plus en plus de gens incriminent l’ensemble des dirigeants politiques, à juste titre bien sûr pour avoir entraîné le pays dans des violences dont le but n’apparaît pas clairement. Et ils désespèrent bien souvent de l’avenir, ne voyant pas d’où pourrait provenir le changement.

Les Ivoiriens sont perdus parce qu’ils ignorent que la Côte d’Ivoire n’est pas le seul pays que les classes dirigeantes aient choisi de livrer aux flammes d’une guerre intérieure fratricide. Les exemples abondent pourtant : du Rwanda au Congo Brazzaville, de l’Algérie au Guatemala, de l’Indonésie à la Birmanie, de la Yougoslavie et de la Colombie au Mexique. Ces bains de sang se sont produits dans des pays qui ont une histoire différente, dans des circonstances qui ne sont pas semblables en tous points et pourtant, le choix de lancer un pays dans le feu et dans le sang est toujours fondé par les mêmes objectifs des classes dirigeantes. Il y a un seul motif pour ceux qui ont les rênes du pays, qui profitent de son exploitation, de le détruire et de l’assassiner : c’est la crainte de la révolution sociale qui monte de manière inévitable du fait d’une crise sociale d’ampleur.

Tout le pays a été volontairement polarisé par l’opposition sanglante Ouattara/Gbagbo, mais la lutte sanglante ne date pas de cette opposition. Le choix de faire basculer le pays dans des oppositions entre politiciens bourgeois liés aux mêmes classes dirigeantes non plus. Cela remonte à 1997-1999. C’est de là que vient l’idée de diviser les travailleurs de Côte d’Ivoire et cette idée n’est venue ni du parti de Gbagbo ni de celui de Ouattara mais de celui de Bédié avec l’ « ivoirité » prétendant séparer « vrais Ivoiriens » et « faux Ivoiriens » en divisant le peuple travailleur et en opposant des frères de classe.

Si le parti d’Houphouët-Boigny s’est lui-même lancé dans cette campagne alors qu’il détenait tout le pouvoir, c’est qu’il voyait monter la colère sociale, colère qui s’était déjà exprimée du vivant d’Houphouët lors des révoltes de 1990. Or le régime ne se croyait pas capable de faire face à une nouvelle vague de révolte sociale et de révolte de la jeunesse.

C’est pour éviter que les travailleurs ivoiriens soient unis face à la dictature des classes dirigeantes que ces dernières ont lancé l’ivoirité et commencé à développer l’idée que les ennemis du régime étaient les partisans de l’opposition, cherchant ainsi à effacer le caractère de classe de la révolte. Aucun parti n’a proposé aux travailleurs de lever leur propre drapeau sans soutenir les différents partis bourgeois. Aucun des politiciens, en effet, ne s’opposait à la domination des classes dirigeantes, cause de la misère et de la dictature. Pas plus le parti de Gbagbo que celui de Ouattara, ni Gueï qui s’est mis au pouvoir suite à la révolte des soldats.

Tant que les travailleurs ne développeront pas des perspectives propres de leur classe, l’ensemble des opprimés de Côte d’Ivoire n’aura pas de leaders ni de perspectives.

Venu au pouvoir dans les fourgons des grandes puissances impérialistes occidentales, Ouattara ne risque pas de remettre en cause le partage des richesses qui a fait de la Côte d’Ivoire un néo-colonialisme et condamné l’immense majorité de la population à la misère et au sous-développement. Il n’y a pas de perspective sociale ni politique dans le cadre de la prison des peuples que représente l’impérialisme. Et il n’y a aucune perspective pour les travailleurs de Côte d’Ivoire, quelle que soit leur origine, leur région, leur ethnie, leur nationalité, sans la mise en place de partis et de comités des travailleurs eux-mêmes. Personne ne sauvera le peuple travailleur sinon lui-même. Il faut pour cela qu’il cesse de chercher des sauveurs en dehors de ses propres rangs et qu’il choisisse ses délégués parmi les travailleurs eux-mêmes, fédère ses comités à l’échelle locale, régionale et nationale. C’est dans ces comités que la politique indispensable au peuple travailleur pourra être discutée et proclamée et ainsi seulement que les travailleurs des villes et des campagnes pourront représenter une perspective pour les jeunes, pour les femmes, pour toutes les couches opprimées de la population.

Attendre un avenir de la réconciliation, de Ouattara ou de Gbagbo ou d’un autre politicien, c’est compter sur les bandits qui ont mis le pays à feu et à sang !

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