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Les chantages d’ArcelorMittal et les politiques syndicales

lundi 24 décembre 2012, par Robert Paris

Les chantages d’ArcelorMittal et les politiques syndicales

Avec PSA, l’entreprise ArcelorMittal est l’une des opérations de licenciements très médiatisée et d’autant plus qu’elle ne symbolise que la dépendance de la lutte des ouvriers auprès d’appareils qui ne l’aident nullement à s’organiser.

Ces licenciements, se produisant en pleine vague de suppressions d’emplois dans toute la France, dans tous les secteurs d’activité, auraient pu, comme ceux de PSA, symboliser une révolte ouvrière unie face à l’action unie, planifiée des patrons. Il n’en est rien. La réaction indignée de toutes les centrales syndicales d’ArcelorMittal face à la proposition de manifestation nationale de soutien aux licenciés de Florange n’a pas seulement rappelé leur volonté de monopoliser la direction des actions sur un terrain purement syndical et apolitique mais aussi leur refus d’action d’ensemble partant d’une lutte localisée. Bien sûr, Mélenchon et le Front de Gauche ne proposaient nullement d’unifier les luttes ouvrières, ni de déborder les centrales, mais seulement de dénoncer le patron Mittal comme si ce patron étranger était pire que les patrons français, comme s’il délocalisait les emplois français alors qu’il licencie partout dans le monde, donc une opération politicienne et nationaliste de surcroît. Mais ces syndicats ne reprochaient à Mélenchon que de marcher sur leurs platebandes et ce dernier a retiré sa proposition dès qu’il a été accusé de donner des leçons aux syndicats.

Et pourtant, il est vrai que c’est en intervenant sur le terrain politique que la classe ouvrière peut se battre efficacement et pas en restant sur le terrain de la lutte site par site, emploi par emploi, en négociant localement et en manifestant syndicalement de manière isolée. Tous les plans de licenciements l’ont bien montré.

Donc les syndicats prétendent détenir un monopole de l’action dans la classe ouvrière, pouvoir auquel elles tiennent au point qu’elles ont manifesté … leur volonté de décider de ne rien faire que négocier !

Les syndicats d’ArcelorMittal ont crié à la trahison du gouvernement après le retrait de la proposition de nationalisation de Montebourg alors qu’ils étaient fiers, la veille, d’avoir bu le café avec le ministre ! Quelques mois ou années avant, ils avaient été fiers de leurs négociations avec Mittal et des promesses de ce dernier cautionnées par Sarkozy ! Quel manque complet de conscience de qui sont les amis et les ennemis. A l’époque, ils se félicitaient, à Florange, de la volonté prétendue de Mittal d’y pérenniser les emplois et affirmaient que c’était leur capacité négociatrice qui avait sauvé les emplois ! Ils ont continué, avec Hollande, ce qu’ils avaient commencé avec Sarkozy : à prétendre que le gouvernement bourgeois devrait nous défendre contre les licenciements de la bourgeoisie !

Les centrales syndicales se gardent bien d’expliquer aux travailleurs quelle est la cause de la catastrophe actuelle : ArcelorMittal, PSA, Renault, les capitalistes désinvestissent pour spéculer… Mais de cela, du fait que c’est tout le capitalisme qui part en quenouille, les dirigeants syndicaux ne veulent pas entendre parler car cela nécessiterait une lutte de classe à laquelle ils ont renoncé depuis longtemps ! Ainsi, la CFDT d’ArcelorMittal en est encore à expliquer que Florange est le plus rentable des sites du trust. Le même discours collaborationniste que celui que tenaient les syndicats de Renault (Vilvoorde, Ryton), ou encore de Continental…

Il n’y a pas un combat pour l’emploi à ArcelorMittal, un autre à PSA, un troisième contre les suppressions d’emplois de cheminots et un autre contre les licenciements chez Renault, SFR, Sanofi ou les banques. C’est un seul combat de classe que les travailleurs ne peuvent mener que s’ils mènent eux-mêmes leur lutte en s’organisant en comités de salariés.

Que feraient de plus des comités de salariés que ne font pas les dirigeants syndicaux ? Prenons l’exemple des licenciements à LIP ! Le comité de salariés, loin de pleurer après les patrons et le gouvernement, avait mené l’action directe, n’avait pas craint de saisir le capital (argent, montres et plans) et de refuser la légalité patronale, pour ensuite réquisitionner l’entreprise et la faire tourner au seul profit des salariés !

Pour les salariés, déçus que la nationalisation (provisoire avec suppressions d’emplois) soit refusée par le gouvernement, il y a une vraie perspective : la socialisation, c’est-à-dire la réquisition par des comités de travailleurs des entreprises qui licencient, sans compter sur gouvernants, législateurs et dirigeants syndicalistes, mais en la réalisant nous-mêmes.

Bien des travailleurs, bien des militants, continuent à s’accrocher aux patrons, au gouvernement et aux centrales syndicales comme à des sauveurs mais il n’y aura aucun autre sauveur que nous-mêmes. Notre avenir ne proviendra que de notre capacité » à faire confiance dans nos propres forces et d’abord dans notre capacité à nous réunir et à décider nous-mêmes de nos revendications et de nos moyens d’action.

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