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Ils parlent de « défendre l’emploi » et ne font que le détruire !

lundi 18 février 2013, par Robert Paris

Editorial

Ils parlent de « défendre l’emploi » et ne font que le détruire !

Partout où les Etats ont entrepris des grands plans soi-disant pour « sauver les emplois », le résultat ne se fait pas attendre : les emplois sont détruits encore plus massivement. La première chose que font ces Etats est de distribuer des sommes colossales aux trusts et banques et, en conséquence, ils commencent par détruire les emplois publics, continuent avec les retraites et les allocations chômage, poursuivent en détruisant la santé, achèvent en détruisant la pérennité des emplois privés comme publics, terminent en construisant des emplois sans avenir pour les jeunes afin d’ « assurer l’avenir » de la jeunesse. Ils font donc exactement le contraire de ce qu’ils prétendent. Détruire les emplois n’est pas une maladie qu’ils combattent mais un objectif qu’ils cherchent à atteindre pour détruire moralement et physiquement, socialement et politiquement, la classe ouvrière. Ils avaient déjà tout fait pour la convaincre qu’elle n’est pas une classe, qu’elle n’a pas besoin d’être organisée socialement et politiquement à part. Le Parti communiste français ne vient-il pas lui-même de prétendre dépasser ses anciennes limites en renonçant à l’alliance du prolétariat industriel et du prolétariat agricole symbolisée par la faucille et le marteau ?

Pourtant, le monde moderne n’a-t-il pas urgemment besoin de cette alliance ? La révolution du monde arabe et du Maghreb n’est-elle pas en train de payer l’absence d’un parti du prolétariat unissant villes et campagnes en laissant la place libre aux partis islamistes ? Les USA eux-mêmes ne sont-ils pas en train de développer une extrême droite violente dans les campagnes du fait de l’absence de cette liaison et de l’absence de toute perspective politique issue des travailleurs de la production industrielle, des bureaux et des commerces ?

Bien des travailleurs se demandent pourquoi ils se retrouvent désarmés face aux attaques patronales et étatiques qui sont plus virulentes que jamais. La réponse est dans l’absence d’organisation de classe, absence d’organisation en comités de travailleurs pour la défense des salaires et des emplois et absence d’un parti politique révolutionnaire des travailleurs. Et c’est à l’échelle mondiale que cette absence d’organisation prolétarienne se fait sentir, la bourgeoisie ayant diffusé partout le message selon lequel une telle organisation équivalait au stalinisme qui a fait faillite.

Examinons en effet la question des emplois et recherchons comment les défendre. Les propositions en ce sens ne manquent pas de la part des politiciens, des gouvernants et des syndicalistes. Il y a un point sur lequel tous ces gens-là se rejoignent et qui est un mensonge pur : les suppressions d’emploi auraient une cause nationale. Le pays serait économiquement affaibli que ce soit du fait d’un manque de compétitivité, selon les uns, d’un manque de volonté du pouvoir politique, selon les autres, d’un manque d’efforts attribué soit aux travailleurs, soit aux hommes politiques, soit encore aux patrons nationaux.

Curieusement, la chute des emplois ne s’arrête pas aux frontières nationales. Le chômage grimpe partout dans le monde, même s’il y a des différences. Ceux qui nous disent que les pertes d’emplois correspondent à des gains dans d’autres pays avouent ainsi qu’ils nous proposent d’abord de nous battre contre les travailleurs des autres pays, en nous rendant plus compétitifs qu’eux, c’est-à-dire en les faisant licencier. On ne peut pas à la fois prétendre « défendre l’emploi en France », ce que tous les hommes politiques font, quasiment de l’extrême droite à la gauche de la gauche et affirmer qu’on veut une amélioration du sort des travailleurs. En effet, plus les travailleurs d’un pays feront des sacrifices, plus ceux des autres pays devront en faire et c’est sans fin.

La cause de l’état catastrophique de l’emploi ne provient nullement de la concurrence internationale car celle-ci ne date pas d’hier. L’effondrement de 2007-2008 dont le capitalisme n’est jamais sorti n’a pas été causé par la concurrence internationale entre salariés. Par contre, cette concurrence place les travailleurs en position faible pour lutter pour la défense de leurs emplois, concurrence qui est développée même à l’intérieur d’un même pays, à l’intérieur d’un même trust, non seulement par les patrons mais par les hommes politiques et les dirigeants syndicaux.

Examinons maintenant les mesures, les réformes, les slogans qui nous sont proposés pour faire face à la chute inexorable des emplois….

Patrons et gouvernants bourgeois, quelle que soit leur couleur politique, la couleur de la classe sociale étant déterminante, proposent la même réponse en trois volets :
 des emplois spécifiques pour les jeunes, plus précaires, moins payés, sans les mêmes droits
 une flexi-compétitivité chargée de rendre les travailleurs du pays plus rentables en les contraignant à se déplacer, à voir leurs salaires, leurs activités, leur charge de travail et leurs sites changer au gré des besoins patronaux sans garantie d’emploi au-delà de la période de ces sacrifices…
 l’aide étatique massive « aux investissements privés » c’est-à-dire aux licencieurs sans aucun engagement de leur part sur l’emploi et avec comme contrepartie des suppressions massives d’emplois publics.

Ce n’est pas une politique pour « redresser l’économie nationale » comme elle le prétend mais une politique de classe pour aider les capitalistes et surtout les plus riches d’entre eux. Curieusement ces derniers se considèrent comme nationaux quand ils sont aidés et comme étrangers au moment de payer des impôts… Et aucun gouvernement ne propose d’inverser cette procédure !

Parce que, contrairement à ce qu’on nous a dit, l’Etat est un organisme au service d’une seule classe sociale, celle des capitalistes. La lutte des classes, loin d’être dépassée est dans l’actualité de tous les jours. Ce n’est pas les patrons des trusts qui se suicident devant Pôle emploi !

La classe capitaliste est organisée à l’échelle nationale comme internationale et tous les Etats, tous les gouvernants, quelle que soit la couleur politique de leurs étiquettes, défendent la même classe sociale, celle des possesseurs de capitaux. Au nom de la démocratie prétendant que nous sommes tous des citoyens, ce sont seulement les travailleurs auxquels on a enlevé leurs droits collectifs de s’organiser, de se réunir, de rédiger leurs propres revendications, de décider des perspectives politiques, de construire leurs propres partis politiques. Bien sûr, on nous répondra que nous avons le droit de vote aux élections politiques et professionnelles. Mais, dans un cas comme dans l’autre, nous n’élisons pas les véritables responsables. Ce ne sont pas les syndiqués CGT qui ont élu Thibaut et Lepaon. Ce ne sont pas les travailleurs non plus. Pas plus qu’ils n’ont choisi le responsable de la banque de France ou de la banque centrale européenne ou le représentant français du FMI, qu’il s’agisse de DSK ou de Lagarde, ni encore le chef des armées ou le chef de la police. Toutes les institutions de la bourgeoisie sont non élues, comme par hasard…

La classe bourgeoise est organisée, dans l’Etat comme au dehors. Ce qui nous manque à nous, travailleurs, c’est bel et bien une organisation de classe en comités à la base, un programme de classe, un parti de classe, qui considère que chaque emploi est à défendre et que notre classe, celle qui produit toutes les richesses, a les mêmes intérêts par delà toutes les frontières, celles des pays, des entreprises, des corporations, des professions, des secteurs, que l’on soit du public ou du privé, avec ou sans CDI, avec ou sans papiers, de la ville ou de la campagne.

Nous, travailleurs, avons d’autres moyens d’empêcher les licenciements et le chômage de masse que d’en appeler à l’Etat bourgeois, de rêver du « bon président », de « rendre la France compétitive » ou d’ « aider les entreprises qui créent des emplois ». Nos armes à nous sont des armes de classe : quand la classe capitaliste nous prend en otage comme viennent de le faire les patrons de Renault et de Peugeot, elles consistent à prendre nous aussi en otage la classe capitaliste, à dépasser les frontières des sites, des entreprises, des corporations, pour bloquer les entreprises. Et surtout pas seulement celles qu’ils veulent fermer, mais toutes les entreprises…

Nos revendications de classe ne consistent pas à proposer aux patrons des plans B comme l’ont fait les CGT de PSA mais à démontrer à la classe capitaliste qu’elle va perdre bien plus qu’elle ne va y gagner, à faire carrément une campagne politique et sociale contre les patrons en démontrant que les licencieurs détruisent des vies, les licencieurs sont des assassins et les assassins doivent être condamnés par le prolétariat… A nous de condamner le système d’exploitation maintenant qu’il se révèle incapable de nous payer. Inutile de pleurer que nous voulons qu’il continue à nous exploiter.

Les plans des patrons et des gouvernants ne peuvent pas viser à redresser l’économie parce qu’il n’y a plus d’économie à partir du moment où des trusts et des banques ne font pas faillite seulement parce qu’elles ont volé l’argent de nos impôts. Le but des plans en question n’est pas économique, ne vise pas à un redressement, et n’est pas social, ne vise pas à défendre la population, il est politique : détruire la confiance de la classe ouvrière dans sa force, dans ses capacités, dans son avenir… Elle vise à retarder l’effondrement pour profiter du délai afin de s’en servir pour opposer les opprimés entre eux, entre Français et immigrés, entre Français et Chinois, et des travailleurs français entre eux, entre public et privé, etc… Si le but des patrons est de casser la classe ouvrière, notre but à nous doit être de développer la conscience de classe, l’unité de notre classe et en particulier sa conscience que son avenir n’est pas le capitalisme.

La faucille et le marteau ne sont pas des outils dépassés mais la marque de la révolution sociale qui monte. Ce qui est dépassé, ce n’est pas le communisme prolétarien (qui a toujours été l’ennemi du stalinisme) mais le système capitaliste qui, malgré des sommes colossales des Etats, est incapable de se relever.

La réponse de classe aux licenciements et au chômage massif, c’est la décision des travailleurs et des chômeurs, le décret du peuple travailleur et pas une loi de l’Etat bourgeois, affirmant que toute suppression d’emploi, toute fermeture d’entreprise, toute interruption ou réduction des allocations chômage, toute expulsion de logement, toute fermeture de compte en banque, toute coupure de gaz ou d’électricité sont des crimes sociaux qui assassinent des familles entières et qui doivent être traités comme tels par les travailleurs et les masses populaires, des crimes collectifs contre lesquels on ne doit pas réagir ni individuellement ni localement mais collectivement.

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