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Le socialisme de William Morris

jeudi 13 mars 2008, par Robert Paris

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"Comment je suis devenu socialiste"

William Morris

16 juin 1894

« (...) au préalable je dirai ce que j’entends par « Socialiste », puisqu’aussi bien le mot n’a plus, à ce qu’on me dit, la même signification claire et nette qu’il y a dix ans. Eh bien ! par Socialisme j’entends un état de société où il n’y aurait ni riches ni pauvres, ni patrons ni esclaves, ni oisiveté ni surmenage, ni travailleurs intellectuels malades de l’intellect, ni travailleurs manuels atteints d’écœurement, bref une société dont tous les membres jouiraient d’une égalité de condition et éviteraient tout gaspillage dans la conduite de leurs affaires, pleinement conscients qu’en lésant l’un d’entre eux on les léserait tous – la matérialisation enfin du sens contenu dans le mot COMMUNAUTE.
(...)
l’étude de l’histoire, l’amour et la pratique des arts m’ont imposé de prendre en haine une civilisation qui ne manquerait pas, si les choses devaient rester en l’état, de faire de notre histoire un tissu d’absurdités et des arts une collection de curiosités anciennes, sans véritable rapport avec la vie du temps présent.
Mais, plus chanceux que bien d’autres dont la sensibilité n’était pas moins artistique, je dus à la conscience de la révolution en gestation au sein de notre odieuse société moderne, à la fois de ne m’être pas figé en un simple détracteur du « progrès » et de n’avoir englouti ni mon temps ni mon énergie dans l’une de ces innombrables entreprises où les demi-artistes de la bourgeoisie placent leur espoir de voir croître l’art, alors même qu’il n’a plus de racines : et je devins Socialiste pratique.
Un mot ou deux en guise de conclusion. Certains de nos amis diront peut-être : qu’avons nous affaire de ces questions d’histoire et d’art. A travers la Social-Démocratie, ce que nous voulons c’est gagner décemment notre vie ; c’est vivre, en quelque sorte, et tout de suite. Assurément, quiconque professe que la question de l’art et de la culture doit primer celle du couteau et de la fourchette (et il en est dont c’est l’opinion avouée) ne comprend rien à l’art, ni qu’il lui faut plonger ses racines dans le sol d’une vie florissante et sereine. Il faut se souvenir en même temps que la civilisation a réduit le travailleur à une portion de vie si congrue qu’il n’est guère en état de donner corps au désir d’une existence qui soit nettement supérieure à celle qu’il doit actuellement subir. L’art a pour mission de lui rendre présent l’idéal authentique d’une vie pleine et raisonnable, une vie dont l’on sentira que ceux qui la mènent ne peuvent se passer davantage du spectacle de la beauté et de sa création – c’est-à-dire de la jouissance du vrai plaisir – que de leur pain quotidien ; ni que personne, ni qu’aucun groupe d’hommes, ne puisse s’en voir interdire l’accès si ce n’est sous l’effet d’une obstruction patente, à laquelle ne doit répondre qu’une résistance farouche. »

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